Ali Bennour et Oukil Ramdane ressuscités

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Malgré la pluie qui n’a pas cessé de tomber depuis les premières heures de la matinée, de nombreuses personnes, venues de toute la Kabylie et d’autres régions, étaient présentes, hier 21 octobre, à Maamar, plus exactement au lieudit Ighzer N’Souk, devant la stèle érigée à la mémoire du commandant Ali Bennour et de son infirmier Oukil Ramdane.

Les deux martyrs furent exécutés par la soldatesque française entre le 18 et le 21 octobre 1959, non loin de là au lieu dit L’Ghar Bouarouyène, après avoir été faits prisonniers quelques jours auparavant, à Ighil L’Vir, non loin d’Aït Yahia Moussa.

Aux côtés de M. Hocine Bennour, le fils unique du chahid, étaient également présents à la cérémonie de recueillement le nouveau chef de daïra de Draâ El-Mizan, M. Abdelmadjid Tabat, M. Achène Mansouri, le P/APC de la localité M. Ali Iabdadène, chef de la Kasma des moudjahidine, M. Hadj Amar Mellah, le fils unique du chahid colonel Ali Mellah dit «Si Chérif» qui fut le premier chef de la wilaya IV historique, ainsi que des membres des organisations des enfants de chouhadas, des membres de l’ONM de Tizi-Ouzou et les derniers compagnons du chahid commandant Ali Bennour. Après le dépôt de la gerbe de fleurs au pied de la stèle, la minute de silence et la récitation de la Fatiha du saint coran, M. Ali Iabadène, chef de la Kasma de l’ONM de Draâ El-Mizan a rappelé l’objectif de cette commémoration et le devoir de mémoire envers tous les martyrs de la révolution, avant de céder la parole au nouveau chef de la daïra de Draâ El-Mizan. «Comme vous savez, je viens à peine d’arriver à Draâ El-Mizan et c’est avec beaucoup d’émotion que je suis avec vous aujourd’hui. C’est un très grand honneur pour moi, qui suis un enfant de l’indépendance, d’être ici avec d’anciens compagnons de combat du chahid Ali Bennour, d’anciens moudjahidine et des enfants de nos valeureux chouhada. En tant que responsable de cette daïra que j’ai désormais l’honneur de servir, j’engage toute ma disponibilité dans tout ce que vous pourrez entreprendre pour l’écriture de l’Histoire et la mémoire de notre glorieuse révolution», a déclaré M. Abdelmadjid Tabet avant de céder la parole à M. Ahcène Mansouri. Ce dernier abondera dans le même sens en rappelant notamment l’important rôle de la région de Draâ El-Mizan et de ses moudjahiddine dans le recouvrement de l’indépendance nationale. Signalons néanmoins que M. Hocine Bennour a préféré écourter le temps des interventions, épargnant aux présents, notamment les plus âgés, la pluie battante qui ne cessait de tomber. Le dernier à intervenir fut le tout dernier compagnon de son défunt père qui livra un témoignage très émouvant sur les derniers moments de la vie du chahid : «Le commandant Ali Bennour dit Si Ali Moh n’Ali fut surpris, suite à une dénonciation, au petit matin, dans un abri qui servait d’infirmerie, alors qu’il venait rendre visite aux blessés. Un accrochage avec les soldats français, venus en grand nombre, éclata autour du refuge. Il sera blessé et perdra connaissance. L’armée coloniale ne tarda pas à investir le refuge d’autant plus qu’il n’était occupé que par des hommes invalides ou blessés et n’était défendu, à ce moment-là que par la garde prétorienne du chef de la zone 2. Le commandant Ali Bennour fut ensuite évacué avec quelques autres prisonniers au camp militaire de Draâ El-Mizan, parmi lesquels Oukil Ramdane, Touil et moi même», confiera le dernier compagnon du chahid à une assistance qui l’écouta religieusement. Il ajoutera notamment que «le chahid Si Ali Moh n’Ali est resté digne et a refusé de collaborer avec les officiers français qui n’arrêtaient pas de lui promettre non seulement la vie sauve mais également de l’élever au grade d’officier de l’armée français». L’assistance apprendra également que Ali Bennour avait refusé durant tous les interrogatoires de s’asseoir à côté de ses geôliers préférant se tenir à l’écart. «Au-delà de son sacrifice pour la libération de la patrie, Si Ali Moh n’Ali avait des qualités que peu d’hommes ont. Il était avant tout très humain, estimé et plein de générosité. Dans le combat, c’est son courage exemplaire qui faisait l’admiration de ses hommes, chose dont je fus témoins à ses côtés, dans le même fossé lors de nos nombreuses embuscades», dira l’orateur pour terminer.

Rappelons que le commandant Ali Bennour est né le 10 mai 1927 à Ighil Yahia Ouali, relevant de la localité de Tadmaït. Il s’est engagé dans le PPA/MTLDA en 1948, avant d’intégrer l’organisation secrète (OS) aux côtés de Krim Belkacem. Et c’est sans surprise donc, qu’il se retrouvera, dans la nuit du premier novembre 1954, à la tête d’un groupe de maquisards pour déclencher la révolution au niveau de Tadmaït.

Il gravira très vite les échelons de la hiérarchie militaire de l’ALN jusqu’à devenir membre du conseil de la wilaya 3, avec le grade de commandant de zone. Il faut ajouter, par ailleurs, que son père ainsi que ses deux autres frères sont tombés également au combat, les armes à la main.

Essaid Mouas

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