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Interview

« Le CDR est disposé à négocier sur des bases raisonnables »

JEAN-PIERRE AUBERT LE PRÉSIDENT DU CONSORTIUM DE RÉALISATION (CDR)

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Par Laura Berny

Publié le 10 oct. 2006 à 01:01

Satisfait par l'arrêt de la Cour de cassation qui ne reconnaît aucune faute de la part du Crédit Lyonnais dans le dossier Adidas, Jean-Pierre Aubert, président du CDR, qui va bientôt quitter ses fonctions du fait de l'entrée de l'organisme de défaisance dans le giron de la Caisse des Dépôts début 2007, espère toujours une médiation avec Bernard Tapie, pour en terminer avec cette affaire vieille de plus de dix ans.

C'est un grand jour pour le CDR...

Pour reprendre la formule du maréchal Joffre, je ne sais pas qui a gagné, mais je sais qui aurait perdu... Cet arrêt de la Cour de cassation est d'abord la victoire de la justice, de son indépendance et de sa sagesse. Ses magistrats ont su analyser la réalité des faits sans céder à la pression médiatique autour de l'histoire romancée défendue par Bernard Tapie. Ils ont fait la preuve que le CDR, soucieux de préserver l'intérêt des contribuables, a eu raison de ne pas s'incliner devant l'arrêt de la cour d'appel du 30 septembre 2005.

S'agit-il d'une victoire définitive selon vous ?

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Je crois avoir montré, depuis que je suis à la présidence du CDR, mon impartialité et mon réalisme. Non, ce n'est pas encore une victoire définitive, même si la Cour de cassation a refusé de se prononcer sur l'éventuel préjudice causé à Bernard Tapie puisque aucune faute n'est caractérisée à l'encontre du Crédit Lyonnais, ni de la SBDO. C'est un point capital pour nous, mais la cour d'appel aura à rejuger cette affaire, espérons-le cette fois sur les faits tels qu'ils sont et non tels qu'ils ont été malmenés par la cour d'appel, l'avocat général et le parquet. La réalité c'est que Bernard Tapie a pris lui-même l'initiative de vendre Adidas et a fixé lui-même le prix. Il y a peut-être eu une faute du Crédit Lyonnais de ne pas l'avoir informé par écrit de l'option accordée à Robert Louis Dreyfus, mais il n'y a pas eu de préjudice ! J'espère que la cour d'appel de renvoi reviendra à la vérité des faits.

Un arrangement est-il toujours possible pour éviter cette nouvelle procédure ?

Bien sûr ! Je suis prêt à en terminer si mon conseil d'administration me suit, dès lors que l'on se met d'accord avec les liquidateurs du groupe Tapie sur des bases raisonnables et réalistes. Le CDR est prêt à abandonner ses créances et à combler tout ou partie du passif qui ne serait pas couvert par les actifs, c'est-à-dire pour prendre la proposition du médiateur Jean-François Burgelin qui, je le rappelle, avait été acceptée par le CDR mais refusée par les avocats de Bernard Tapie. Le passif tiers de la liquidation s'élève à près de 50 millions d'euros, ses actifs à près de 40 millions d'euros. Mais pour négocier il faut être deux !

C'était le dernier gros contentieux pour le CDR. Quelle est la facture totale du Crédit Lyonnais ?

Pour le CDR, le coût total de la défaisance a été ramené en dix ans de 16 milliards d'euros en 1995 à 10,4 milliards d'euros en 2005 sur les 28 milliards d'euros d'actifs et les centaines de contentieux qui lui ont été transférés. Sur ce chiffre de 10,4 milliards ne sont pas inclus le coût de financement de la défaisance pris en compte par l'EPFR (1) ni en sens inverse les recettes de la privatisation du Crédit Lyonnais. Par ailleurs, il reste encore un dossier important, celui de EALC aux Etats-Unis, dont on attend une décision de justice en notre faveur d'ici peut-être à la fin de l'année. Il s'agirait d'une créance d'environ 100 millions d'euros. J'espère pouvoir boucler ce dossier avant mon départ le 20 décembre, le CDR entrant en phase de liquidation début 2007.

PROPOS RECUEILLIS PAR L. B.

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