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Rémi Le Bailly vous a répondu en direct

" Sauf effet de contamination totale qui entraîne un ralentissement considérable de l'économie, voire une récession mondiale comme en 2008-2009, je ne pense pas que le Cac 40 puisse descendre bien en-dessous des niveaux actuels ou, au pire, du seuil des 4.000 points. " 

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Chat exceptionnel avec Rémi Le Bailly, lundi 24 août à 16 heures
Publié le 24 août 2015 à 11:00

Rémi Le Bailly :Bonjour. Heureux de vous retrouver pour ce chat après la coupure de l'été... Mais nettement moins de le faire dans les conditions du jour avec un marché qui s'effondre et de lourdes inquiétudes que vous exprimez logiquement au travers de vos nombreuses questions. On démarre tout de suite.

LEMPHI : Bonjour, pensez-vous que cette chute du Cac est due à un mouvement de panique (et, que dans ce cas, il s'en suivra un mouvement de hausse) ou que la crise en Chine est suffisamment grave pour que la baisse s'amplifie ? Cordialement.

Rémi Le Bailly : C'est la seule question qui vaille. Techniquement, la séance du jour ressemble à ce que l'on appelle une séance de capitulation : une très forte baisse du marché qui touche de façon indiffériencée toute la cote avec des volumes extrêmement nourris. 

Au palmarès des plus fortes baisses de l'histoire du Cac 40, la séance actuelle arrive au 15e rang... Mais au plus fort de la baisse, il y a quelques dizaines de minutes, elle pointait au deuxième rang derrière le recul de 9,04 % enregistré le 6 octobre. 

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S'il s'agit vraiment d'une séance de capitulation, on peut penser que le plus gros de la baisse est passé. Mais cela suppose que la crise chinoise reste sous contrôle. Qu'il ne s'agisse que du ralentissement anticipé depuis plusieurs mois de l'économie chinoise et non d'un atterissage brutal. 

Dans la première hypothèse, la décision de la Banque de Chine de faire baisser le yuan et les mauvaises statistiques auraient été le prétexte de dégagements qui ont sans doute maintenant eu lieu. Dans la seconde, les conséquences peuvent être beaucoup plus sérieuses. 

Je penche toujours pour la première hypothèse, mais on ne peut avoir de certitudes à l'heure actuelle. 

thecq : Jusqu'où le Cac 40 peut-il descendre à votre avis ?

Rémi Le Bailly : Difficile à dire. Qui imagineait vendredi que nous perdrions en séance jusqu'à 8,6 % ! 

On peut se servir des seuils graphiques. Ceux des 4.800 et 4.600 points que nous évoquions dans le dernier numéro de l'hebdo ont été explosés. Le suivant se situe, selon Trading Central, à 4.120 points, niveau correspondant au plus bas touché lors de la réévaluation surprise du franc suisse en janvier dernier. 

La résistance suivante, nettement plus puissante, est la zone des 3.800-4.000 points qui constitue un véritable support. D'ailleurs, Trading Central reste positif sur le marché à un horizon hebdomadaire. 

Sauf effet de contamination totale qui entraîne un ralentissement considérable de l'économie, voire une récession mondiale comme en 2008-2009, je ne pense pas que l'indice puisse descendre bien en-dessous des niveaux actuels ou, au pire, du seuil des 4.000 points. 

Storse : Bonjour. En deux semaines, j'ai perdu tous les gains acquis en plusieurs mois et la spirale baissière continue ... Je suppose que ma question est celle que tout le monde se pose : que doit-on faire ?

Rémi Le Bailly : Effectivement, il y a deux semaines, on s'interrogeait sur un possible retour du Cac 40 vers ses plus hauts annuels et maintenant on s'interroge sur un possible retour vers les niveaux du début de l'année, voire plus bas. Cette baisse, qui a atteint près de 19 % au plus bas du jour (le Cac 40 avait dépassé les 5.200 points le 5 août), rappelle avec une amplitude encore plus forte les mouvements enregistrés en fin d'année dernière. En décembre, le Cac 40 avait plongé de 9,4 % en l'espace de 10 jours avant de se reprendre. La comparaison est sans doute encore plus valable avec l'évolution enregistrée en octobre. Entre le 30 septembre et le 16 octobre, le Cac 40 avait chuté de 14,2 % avant de se reprendre.  4

J'ai titré "les pistes d'investissement" dans le dernier hebdomadaire "Garder son sang froid". Je reste sur cette ligne là, même si je vous avoue que je ne m'attendais pas à une telle chute aujourd'hui. Je vous conseille donc de ne pas vendre. Même si cela paraît assez banal comme réflexion "tant que l'on a pas vendu on a pas perdu". Si vous n'avez pas besoin de votre argent à court-moyen terme, c'est une erreur de vendre.

Paul-Jean : Bonjour Monsieur Le Bailly. J'ai acheté un appartement "en l'état de futur achèvement". Je dois le financer au plus tard au dernier trimestre 2016. Je dispose pour cela, en grande partie, d'actions Air Liquide. Compte tenu de la situation boursière actuelle, je m'inquiète vivement de la suite des évènements. Ma question est donc de savoir quel serait le meilleur moment pour céder mes actions en vue d'honorer le paiement de mon appartement (sans trop risquer de pertes). Je vous remercie sincèrement pour votre réponse. Bien cordialement. Paul-Jean

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Rémi Le Bailly : Vous êtes un cas particulier de la question précédente puisque vous vous situez dans une optique d'assez court terme. L'action Air Liquide est revenue à son niveau du début d'année. Si l'hypothèse que j'évoquais tout à l'heure d'un ralentissement brutal de l'économie chinoise se vérifie, Air Liquide, comme tout le marché, ira plus bas. Sinon, elle remontera. 

Dans ces conditions, pour ne pas remettre en cause votre achat immobilier, j'aurais tendance à vous conseiller de vendre au moins en partie vos actions Air Liquide. Mieux vaut risquer un manque à gagner que de remettre en cause votre achat immobilier.

Si vous êtes familier des produits dérivés, vous pouvez aussi couvrir partiellement votre position en actions Air Liquide avec des puts. Attention toutefois à la volatilité implicite très élevée quand les marchés enregistrent de très fortes fluctuations. D'ailleurs, les cotations de certains produits dérivés étaient perturbées cet après-midi. 

Même si je continue à penser qu'il s'agit d'un mouvement violent de baisse mais pas du début d'une très forte crise, je n'en suis, bien évidemment pas certain (personne ne l'est). Donc, dans votre cas, il me semble indispensable de privilégier la sécurité. 

Jean-Paul : Bonjour Rémi. Au delà de la sévère correction que les marchés subissent en ce moment, ne doit-on pas adopter pour les mois à venir une stratégie de gestion de son portefeuille très opportuniste qui consisterait à systématiquement prendre ses bénéfices à partir d'un seuil que l'on se fixerait en début d'année afin de pouvoir se replacer sur les marchés lors de corrections. Je pense en effet que même si par le passé cette stratégie n'a pas forcément fait ses preuves, une stratégie de gestion de portefeuille à moyen terme ne me semble plus du tout adaptée à un environnement extrêmement volatile dont les causes sont nombreuses et bien entendu difficiles à prévoir ainsi qu'à une information en temps réel qui ne fait qu'ajouter à cette volatilité. J'ajouterai à cela que lorsque la hausse des marchés est initiée par des mesures d'accompagnement de type QE et non par une hausse du résultat des entreprises ou de l'amélioration de l'environnement économique, ce type de hausse suivi de correction est pratiquement inévitable. D'avance merci pour votre réponse. Jean-Paul.

Rémi Le Bailly ; Même si votre question est longue (c'est tout autant une réflexion qu'une question d'ailleurs), j'ai tenu à la faire figurer car elle met bien en évidence l'évolution de marchés devenus de plus en plus volatils depuis quelques années. 

Est-ce à dire qu'il ne faut plus faire que du trading ? Je ne le crois pas. Dans l'idéal oui peut-être, mais personne n'a un sens du timing suffisant pour acheter au plus bas (vous auriez peut-être été tenté de racheter en milieu de semaine dernière après une baisse d'un peu moins de 10% en quelques jours). 

Je pense qu'il faut avoir un socle de portefeuille basé sur une gestion de moyen terme en achetant des sociétés en croissance que ce soit au niveau de l'activité, des parts de marchés ou des bénéfices. Sur le long terme, la valorisation boursière rejoint la croissance des profits. 

A côté de ce socle, on peut laisser une place, sans doute plus grande qu'avant, à une gestion opportuniste. Elle peut se faire à court terme en jouant sur les indices avec des trackers ou des produits dérivés (turbos ou warrants par exemple) pour y mettre de l'effet de levier. A un peu plus long terme, elle peut se faire, comme vous l'indiquez, en gérant son portefeuille d'actions en se fixant des objectifs. Vous pouvez combiner les deux en réalisant des ventes partielles sur votre portefeuille de long terme. 

En résumé il faut être actif mais pas systématique. 

ladegai : Pensez-vous que cette baisse puisse être mise à profit pour des rachats de valeurs cycliques telles que Zodiac Aerospace ou Faurecia ?

Rémi Le Bailly : C'est tentant de racheter les valeurs qui ont le plus baissé et donc les cycliques. Je serai toutefois très prudent sur les valeurs liées aux produits de base comme ArcelorMittal. Sur l'automobile, la sanction me semble excessive même si le ralentissement du marché automobile chinois est réel. Donc pourquoi pas acheter Faurecia, qui d'ailleurs ne perd plus que 2,7 % après en avoir abandonné 7,7 %. Nous conseillons aussi l'achat de Zodiac pour le moyen terme mais la société est tout de même confrontée aux difficultés de son activité sièges.

On peut aussi profiter de la baisse pour se replacer sur des valeurs moins cycliques qui ont été emportées par la baisse et qui ont pourtant revu leurs perspectives ces derniers temps comme Ingenico, Safran, Sopra Steria ou Thales.

edo : Bonjour. Pouvez vous m'indiquer svp si les plus-values d'un contrat d'assurance vie ouvert depuis 1992 échappent ou non à la taxation fiscale en cas de cloture ? Merci.

Rémi Le Bailly : Une petite question "hors Bourse" pour finir. La réponse est un peu compliquée. Les versements réalisés avant 1997 ne sont pas soumis à l'impôt, ceux réalisés après le sont mais de façon réduite puisque votre contrat a (nettement) plus de 8 ans. Rappelons que la fiscalité de l'assurance-vie est plutôt douce. Vous pouvez retirer sans avoir à payer d'impôt 4.600 euros de plus-value ou d'intérêts (9.200 euros pour un couple) par an (il s'agit de plus-values et non de sommes retirées qui peuvent donc être plus élevées). Au-delà la fiscalité est de 7,5%. 

Si vous effectuez aujourd'hui un retrait partiel, votre assureur calculera la quote-part exonérée d'impôt (versements avant 1997) en fonction des différents versements effectués. Ensuite, s'appliquera l'abattement (4.600-9200 euros) sur la partie soumise éventuellement à l'impôt. Le fisc ne considère pas que ce sont les premiers euros placés qui sont les premiers retirés mais raisonne au prorata des sommes versées. 

Ce chat exceptionnel se termine. Je vous retrouverai, dans un climat je l'espère plus appaisé, la semaine prochaine. D'ici là "gardez votre sang froid". Une précision pour finir : j'ai oublié de donner dans ma réponse en début de chat, l'année de la plus forte baisse historique du Cac 40 (- 9,04 %) c'était en 2008 (le 6 octobre). 

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