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lireenpremiere
Description du blog :
Ceci est la page spéciale révisions et approfondissement de Français pour les 1ères du LFAY.
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
06.11.2006
Dernière mise à jour :
26.06.2009

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un grand bravo pour ce travail vraiment complet et qui m'a grandement aidé pour une dissertation. merci d'avoi
Par Aurélia, le 19.12.2012

tu m'as beaucoup aidée, merci. j'avais un devoir maison sur l'engagement et je désespérais de rien trouver. :3
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éplucher les lieux communs a u lieu de savourer une bière, tranquillement assis en terrasse, à jouir du s
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travail très complet ! admirable !
Par Anonyme, le 24.06.2012

merci pour tous ces poèmes, ils m'ont beaucoup aidéd dans mon travail de français :)
Par Anonyme, le 05.02.2011

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Merci aux eleves et aux parents

Publié le 26/06/2009 à 18:16 par lireenpremiere
Beaucoup d'émotion tout à l'heure, pas beaucoup de mots pour dire ce que je ressens...Vous les avez les 14 de moyenne de classe à l'oral- je redonne l'info pour ceux qui n'etaient pas là...plus tard j'ecrirai davantage, après les résultats définitifs!

M.... et rem......pour demain!

Publié le 17/06/2009 à 05:57 par lireenpremiere
Bonne traversée aux premières 2009...faites au mieux!

et aurevoir à ceux que je ne verrai pas le 25 au soir ou le 26 à mon retour!

Christien Ottenwelter

orientation: un powerpoint pour présenter les CPGE

Publié le 17/06/2009 à 02:40 par lireenpremiere
Dans le lycée Blaise Pascal où je suis nommée à Colmar en Alsace, il ya une prépa TSI très intéressante pour ceux qui veulent devenir Ingénieur et il ya un internat!
Consultez le document:
http://www.lycee-pascal-colmar.net/cpge-tsi/index_frame.htm

Les sujets tombés en 2009 au Liban

Publié le 16/06/2009 à 13:48 par lireenpremiere

A une Passante (lucile)

Publié le 15/06/2009 à 10:40 par lireenpremiere
mix entre note du cours, TDC et document internet.

A une passante

La structure

forme fixe du sonnet: oppose l'instant de l'apparition et de la disparition de la passante, le passage de l'éblouissement et de la déploration
v.9 : pivot de cette structure antithétique -> condence l'experience en une phrase nominale et suggère l'evanesence grace aux points de suspension « un éclair...puis la nuit »
rupture des 2 moments du poème aussi par un changement d'énonciation: évoquation de la rencontre au passé dans les 2 quatrains et invocation à l'inconnue disparue à la 2ème personne du s.

l'apparition fulgurante

1er vers: pose le décor urbain de la rencontre
la grande ville: univers hostile, encerclant le « moi », personnification de la rue, déshumanisation des passants, les assonances en « u » et « an » et les allitérations en « r » suggère le bruit assourdissant.
L’effet est amplifié par le double hiatus symétrique du début et de la fin du vers : « rue-assourdissante » (hiatus /u-a/) et « autour de moi-hurlait » (hiatus /a-u/). L’hiatus, qui rend la phrase difficile à articuler, a toujours pour effet d’amplifier la rugosité d’un vers
Renversement de sonorité « la rue...hurlait », l'imparfait duratif: « je » individu solitaire, anonyme dans la foule.
La passante semble eclipser tout ce qui l'environne
apparition: longue phrase
allongement des mots qui semble representer sa silhouette: longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse.Le rythme s’allonge, semblant épouser la progression de la passante vers le narrateur. Il fait monter le suspens que l’auteur a recherché en faisant précéder l’arrivée du mot « femme » par une énumération de quatre adjectifs et noms apposés.
Vers 2-5 : la femme en mouvement. Les vers 2 à 5 présentent la passante en suggérant la progression de la vision : simple silhouette au départ (« Longue, mince … »), puis la vision semble se rapprocher et se détailler (la main au vers 3, la jambe au vers 5). Le vers 5 correspond à une immobilisation de la vision sur une image fixe (« sa jambe de statue »).
Le mouvement semble s’immobiliser au vers 5 avec la comparaison « sa jambe de statue ». Cet arrêt sur image représente peut-être comme une image mentale idéalisée, la dernière que conservera le narrateur après la disparition de la passante.
La description de la passante insiste sur son élégance : son allure générale est « majestueuse » ; le geste de sa main évoque le faste, c’est à dire le luxe (« fastueuse ») ; au vers 5, elle est encore qualifiée par l’adjectif « noble ».
L’habillement est celui d’une bourgeoise : elle porte une robe longue, qu’il faut soulever pour éviter que l’ « ourlet », c’est à dire le bas de la robe, traîne par terre ; un « feston », c’est à dire une pièce de broderie, orne cet ourlet ;
La description suggère aussi la perfection physique : sa silhouette est élancée (« longue, mince »), son corps est à la fois sculptural (« jambe de statue ») et « agile » : deux qualités presque opposées, qui évoquent une beauté parfaite. L’expression « fugitive beauté » confirme cette image d’une femme incarnant pour l’auteur l’Idéal féminin.

Sa tenue de « grand deuil » et sa « douleur majestueuse » = charme de la femme fatale
la diérèse dans les mots à la rime «  majestueuse », « fastueuse », en echo à la statue, la désigne comme une tueuse, « le plaisir sui tue ».

du coup de foudre à l'impossible rencontre

vers 6-8: boulversement du poète par cette apparition
Le récit nous fait passer de la femme à l’homme qui la regarde. Le vers 6 note la paralysie du narrateur (« crispé comme un extravagant ») sous l’effet de la fascination. La fascination est évoquée par les verbes « boire », synonyme de sentir avec avidité, ou encore le verbe « fascine » : l’homme dévisage la femme dont il admire la beauté, s’absorbe avidement dans sa contemplation.
Antithèse entre les mots « douceur » et « tue » (v8), montre l'ambivalence de cette passante: pouvoir de vie et de mort sur celui qu'elle a fait renaitre d'un seul regard
Le portrait moral (vers 5 et 6) : sa grande beauté semble rendre cette femme intimidante, presque effrayante, pour l’auteur.
Les termes moraux utilisés par l’auteur pour décrire la passante reposent sur des antithèses : « son œil » (le regard est traditionnellement considéré comme le miroir de l’âme plutôt que comme un trait du physique extérieur) est comparé à un « ciel », qualification positive, mais un « ciel livide où germe l’ouragan », c’est à dire à un ciel d’orage. Le désir qu’elle provoque chez le poète (« douceur » , « plaisir ») est associé à une idée de mort : « le plaisir qui tue ». La symétrie (2 fois : nom + proposition relative) du vers 6 : « La douceur / qui fascine // et le plaisir / qui tue » traduit bien cette ambivalence.
la conception générale de la Femme dans le poème : un être ambivalent : admirable, infiniment désirable, presque divinisé (comparé à une « statue »), mais produisant sur l’homme qui tombe sous son charme un sentiment de crainte, une sorte de terreur sacrée devant une divinité aux pouvoirs quelque peu maléfiques.
la conception de l’amour développée par le poème: un amour idéalisé, et donc hors de portée et nécessairement douloureux.
l'ouragan et l'éclair: stéréotype du coup de foudre: comme si la passante était interdite à celui qu'elle ravi
Le vers résume d’un mot, « un éclair », l’expérience fulgurante que vient de faire le narrateur, l’illumination, la révélation qui a accompagné un simple échange de regards. Opposé au précédent, le mot « nuit » : la déception de la perte, la disparition de la passante, le retour brutal au réel après le rêve.
La ponctuation particulière du vers renforce le sens de ces deux mots. Après « un éclair », les points de suspension marquent une sorte d’ellipse : quelque chose s’est produit, qu’on ne raconte pas, mais qu’on laisse au lecteur le temps de deviner : le trajet intérieur de la sensation, la répercussion intérieure du regard échangé. Après « puis la nuit », le point d’exclamation dramatise la brutalité du retour au monde réel. le tiret sépare le récit du début de la méditation, et marque peut-être aussi le début d’un passage « dialogué », d’un discours rapporté en style direct.
Vers 9-12: Expression de la déception du poète, après une perte qu’il devine définitive (« Jamais peut-être »)
v11-12: série d'exclamation dans le second tercet, gradation des adverbes de lieu et de temps sur un rythme saccadé (v12) = perte irrémediable.
Les deux derniers vers donnent à la rencontre le sens d’une véritable rencontre amoureuse. Ils étaient faits l’un pour l’autre. Tous deux en ont eu la révélation simultanée (v.14).
Le jeu des pronoms personnels renforce cette affirmation d’une réciprocité, d’un destin commun : Chiasme « je » et « tu » (v13): symétrie entre 2 êtres voués à l'éloignement l’anaphore « Ô toi que j’ … : Ô toi qui … » du vers 14. 
dimension pathétique et tragique: chute du sonnet: iréel du passé, nostalgie d'un amour manqué , connivence de la passante « toi qui le savait », utilisation de « ô ».

un sonnet allégorique
la passante: l’incarnation de l’Idéal.
le portrait peu flatteur que le narrateur donne de lui-même dans ce poème : un être hypersensible, qui ressent la rue, la foule comme une agression (vers1), qui réagit de façon un peu ridicule à la vue de la passante : par opposition avec l’élégance qui se dégage de celle-ci, il se compare lui-même à un « extravagant » (c’est à dire à un fou), « crispé », « buvant » avidement dans ses yeux, c’est à dire la dévisageant avec un regard d’halluciné, un personnage assez grotesque.
ainsi l’apparition de la jeune femme en deuil: une révélation quasi surnaturelle : l’intensité de l’impression reçue apparaît notamment au vers 9 (la comparaison avec un « éclair ») et au vers 10 : « Dont le regard m’a fait soudainement renaître ».
il était dégoûté de la vie, ne voyant autour de lui que médiocrité et laideur, comme mort. C’est pourquoi la vision de la belle veuve prend pour lui le sens d’une révélation : la Beauté existe vraiment dans ce monde, le bonheur, l’élégance, l’Idéal y ont aussi leur place.
la passante: le caractère inaccessible de cet Idéal.
le caractère paradoxal du discours tenu par le narrateur dans les deux tercets: C’est précisément au moment où  la jeune femme disparaît de son champ de vision, où il la sait perdue pour lui, que le narrateur s’adresse à elle à la deuxième personne, se plaît à imaginer entre eux une complicité amoureuse (« ô toi qui le savais »).
L’utilisation de la deuxième personne (« personne de la présence », comme on dit en grammaire) tend à compenser l’absence définitive de l’ « être aimé », à créer de toutes pièces entre le poète et cette femme une intimité qui n’a jamais existé dans la réalité.
il construit dans l’imaginaire le mythe d’un amour partagé : iIl semble se complaire dans la supposition ( le rôle du conditionnel dans « Ô, toi que j’eusse aimée ») d’une relation amoureuse dont l’issue, il le sait bien, ne peut être que tragique.
il n’a aucune chance de retrouver cette femme, sinon comme il le dit au vers 11, «dans l’éternité », c’est à dire dans une hypothétique communion des âmes après la mort, telle que certaines traditions religieuses proposent d’imaginer la vie éternelle. Hypothèse tout à fait invraisemblable elle-même comme semble l’avouer le vers 13 (« jamais peut-être »).
tte complaisance au malheur doit elle être prise comme un trait de caractère propre à l’auteur (masochisme ?) .
Peut-être simplement une intention démonstrative et allégorique : cet amour impossible avant d’avoir été, cette idée d’un bonheur irrémédiablement manqué au moment même où il paraissait possible, illustrent pour le narrateur l’image préconçue qu’il se fait de l’Idéal dans la philosophie pessimiste qui est la sienne : un absolu impossible à atteindre, fugitif par essence (« fugitive beauté »).
Au terme de cette étude, l’histoire de la passante nous apparaît donc moins comme une anecdote réaliste que comme une allégorie de l’inaccessible Idéal, thème cher à Baudelaire.

Doc enrichissant sur les grands auteurs

Publié le 15/06/2009 à 10:01 par lireenpremiere

Nuit Rhénane (lucile)

Publié le 15/06/2009 à 09:21 par lireenpremiere
analyse du poème trouvé dans le TDC que j'ai mit sous forme de note en rajoutant certains éléments qu'on avait vu en cours. J'espère que c'est compréhensible.

Nuit rhénane

sonnet (2 quatrains, 2 tercets): produire une intensité dans une forme brève. Souvent dernier tercet, dernier vers = moment de choc, amène la charge émotionnelle du sens.

l'ivresse
annonce thème de la série des rhénanes
écho au titre alcools
relate un moment d'ivresse ou surgit le surnaturel
vacillement des perceptions entre réel et hallucination
structure: effet de surprise -> expérience du buveur
3 premiers quatrains: progression de l'ivresse
dernière strophe (unique alexandrin): brise en même temps le poème et le verre
« comme un éclat de rire »: rompre l'envoutement au 13ème vers (symbolique), se refuser à l'ivresse en brisant le verre ou faire entendre le rire maléfique des 7 fées aux cheveux vert.
Le tremblement: ébriété et effroi → se propage le long du poème en affectant tous les éléments.
Trembleur: se rapporte au vin, main du buveur. Trembleur mais pas tremblant: + actif que passif.
Une peur active qui se diffuse: flamme, feu, ivresse, vin: active la passion
3ème strophe: l'ivresse se communique au fleuve, au paysage, avec le même tremblements « le Rhin est ivre ou les vignes se mirent » v9
entre le v1 et le dernier: de + en + ivre les sens du poète sont de + en + flous
l'ivresse: risque d'être gagner par un maléfice
3ème strophe: n'a pas réussi à se protéger: ivresse++, le Rhin et personnifié, le Rhin ivre: son reflet (iv-vi: chiasme sonore).
On ne sait plus ou est le ciel, le sol et l'eau, les vignes(terre), les étoiles (ciel) dans le Rhin
jeu sur les homophonie: assonances en « I », allitérations en « t » à partir du vers 10


La mythologie germanique
1ère strophe: légendes et folklores rhénans: personnage du batelier, figures fantastiques des ondines, au nombre magique de 7.
les ondines: rappellent la sirène de « La Loreley » ( séduit les chevaliers pour les noyer). Elles apparaissent sous la lune ( astre: pouvoir et féminité), et tordent leur cheveux en un geste qui rappelle celui d'une flamme ( rime femme, flamme)
2ème strophe: la menace des sorcières
le poète veut s'en protéger: il demande de chanter plus haut pour couvrir le chant du batelier et former autour de lui une ronde protectrice (cercle = symbole magique).
Réclame la présence des filles blondes qui s'opposent aux sorcières.
Blondes: réalité ordinaire (moyen pour échapper aux charmes des ondines), virginité, nattes repliées: sage, pudique, regard immobile
ondines: cheveux vert et long, maléfiques, on imagine par opposition qu'elles n'ont pas un regard immobile.
v.11: inefficacité de ces parades face au chant du batelier et aux incantations des 7 fées: « qui chante toujours à en râle mourir »
« râle mourir »: néologisme = râle-> voix pathétique et mourir-> appelle à la mort et l'agonie

Un poème incantatoire
motif du chant omniprésent: chanson lente du batelier-> chantez plus haut-> incantent l'été
poème: écho de ce chant: auditoire: écoutez, chantez
poème: musicalité qui l'apparente au chant.
La composition en boucle: chanson et aussi symbolise le cercle exploité dans le poème
allitérations, assonances, rythme


le poème n'est pas que lyrique, aussi narratif
le titre cadre spatio temporel
structure circulaire: intensité dramatique
discours rapporté: histoire liée à une chanson entendu, un récit merveilleux.

Recherche de resumes de romans (Jeanne)

Publié le 14/06/2009 à 17:47 par lireenpremiere
Bonsoir,
voila des resumes de romans tres celebres pour donner des exemples dans un eventuel entretien sur le roman ou dans une dissertation. Les resumes sont de qualites inegales. J'ai fait une liste de romans "a lire en premiere" que j'ai trouves dans plusieurs manuels de francais et qui figuraient sur la liste que nous avait donne Mme Ottenwelter en debut d'annee, donc voila, pour eclaircir quelques oeuvres, evidemment il faudrait prendre le temps de les lire, apres le bac, quand on aura plus de temps!!
Bonnes revisions a tous,
Bises,
Jeanne.



Cervantes – Don Quichotte - 1605
Cervantès nous raconte les aventures de ce antihéros qui part sauver le monde. Naïf, bercé par les illusions qu'il a lues dans des romans de chevalerie, il réinvente le monde et vit reclus dans ses rêves. Accompagné de Sancho Pança, son fidèle écuyer, il lutte contre des troupeaux de moutons qu'il prend pour une armée ennemie, se bat contre des moulins en les prenant pour des géants. Pris pour fou il est raillé par tous mais il continuera jusqu'au bout sa recherche de la perfection.

Montesquieu – Lettres Persanes - 1721
Ce n'est pas de leur intrigue que les Lettres persanes tirent leur originalité. Celle-ci est fort simple : deux Persans, Usbek et Rica, arrivent à Paris et communiquent leurs impressions à des compatriotes. Ils reçoivent aussi d'eux des nouvelles de leur pays. Les seuls incidents ou retournements de situation sont d'ailleurs le fait d'une sorte de roman enchâssé : Usbek reçoit de son sérail une quarantaine de lettres qui l'avisent d'une révolte des femmes et du suicide de la favorite Roxane.
C'est donc la composition qui donne au roman tout son prix. La forme épistolaire d'abord : l'échange des lettres multiplie les points de vue, relativise les jugements émis par les personnages ou les infirme malignement par la conduite des faits. Leur psychologie reste aussi évolutive, puisque ces lettres s'échelonnent sur une huitaine d'années (1712 à 1720) : le narrateur peut tour à tour transparaître dans chacune d'elles ou brouiller les pistes en laissant aux personnages la totale responsabilité de leurs propos. Il appartiendra d'ailleurs à notre projet de lecture de déterminer la place du philosophe dans cet écheveau et d'établir les leçons morales qui ne manquent pas de se dégager des nombreux apologues.
Les Lettres Persanes constituent aussi un roman du sérail. Le genre, exotique et licencieux, était fort à la mode. Mais Montesquieu ne s'est pas contenté d'en reprendre les motifs pour de simples raisons tactiques. Si les lettres qui arrivent du harem d'Usbek rachètent par leur parfum le contenu parfois aride des autres échanges, elles n'en constituent pas moins une facette irremplaçable de la réflexion philosophique, à propos notamment de la condition féminine mais aussi des contradictions qu'elles révèlent chez Usbek, pris entre son désir de tolérance et ses réflexes phallocratiques à l'égard de ses femmes.
Enfin le roman vaut par son procédé, que Paul Valéry a nettement formulé : « Entrer chez les gens pour déconcerter leurs idées, leur faire la surprise d'être surpris de ce qu'ils font, de ce qu'ils pensent, et qu'ils n'ont jamais conçu différent, c'est, au moyen de l'ingénuité feinte ou réelle, donner à ressentir toute la relativité d'une civilisation, d'une confiance habituelle dans l'ordre établi.» (Variété II). Ces vertus du «regard étranger» sur nos mœurs, Montesquieu en avait déjà un exemple dans le chapitre Des Cannibales des Essais de Montaigne, mais il exploite jusqu'au bout cette naïveté :
l'étonnement d'Usbek et de Rica déshabille les coutumes de leur allure absolue et fait éclater les différences. Le narrateur n'oublie jamais l'identité des épistoliers (voir L'art de la lettre) afin de jouer mieux de cette fausse ingénuité : l'indignation vertueuse d'Usbek la colore en effet d'une autre manière que la malice de Rica. Il arrive aussi que l'éloge entonné par un des deux Persans résonne pour nous d'une manière très différente : ainsi les vertus qu'Usbek apprécie chez Louis XIV (lettre XXXVII) correspondent à des valeurs orientales où l'Occidental ne percevra qu'absolutisme, arbitraire et goût du paraître.
le "regard persan" favorise ainsi l'ironie à l'égard de coutumes décrites d'un autre point de vue : les périphrases et les italiques aiguisent la satire car elles obligent à redéfinir platement les choses et les désacralisent; le vocabulaire persan appliqué à des valeurs occidentales ridiculise leur ethnocentrisme. A la surprise manifestée par les Persans répond d'ailleurs un autre étonnement : celui des Parisiens, condensé par la formule célèbre de la lettre XXX « Comment peut-on être Persan ? »

Rousseau – Julie ou la Nouvelle Heloise - 1761
Ce roman épistolaire, relate la passion mouvementée entre un jeune précepteur roturier Saint-Preux et son élève, une jeune noble Julie d'Etanges. La différence sociale interdit tout espoir à Saint-Preux et Julie, après la mort de sa mère, accepte d'épouser M. de Wolmar, un homme bon et plus âgé qu'elle à qui son père l'avait promise. Ce mariage provoque une crise profonde entre eux et pousse Saint Preux à faire le tour du monde.
A son retour, désireux de revoir les cousines, il part à Clarens, invité par M. de Wolmar qui - informé du passé - tentera de les guérir en transformant cet amour en amitié. Saint Preux s'émerveille alors du système mis en place à Clarens. Cependant, pendant l'absence de Saint Preux, Julie se jette à l'eau pour sauver son fils cadet et tombe gravement malade. Sa foi, sa sérénité et son courage réussiront à convertir son mari. Elle meurt en confiant à Saint Preux l'éducation de ses enfants ainsi qu'en lui réitérant son amour.
Julie ou La Nouvelle Héloïse est un roman épistolaire, en six parties et cent soixante trois lettres, qui connut un très grand succès aux XVIII° et XIX° siècles. Reprenant la situation d'Héloïse et Abélard, Rousseau y crée des personnages qui sont les reflets de ses idéaux : il dira dans Les Rêveries du Promeneur Solitaire avoir donné vie à des êtres selon [s]on cœur. Cependant n'y voir qu'une grande et belle histoire d'amour serait passer à côté de toute la richesse du livre qui influencera son siècle et même le suivant, en effet par le biais de ses personnages, Rousseau expose déjà les idées, concepts et théories qu'il développera dans ses œuvres futures.

Chateaubriand – Atala - 1802
Probablement conçu d'abord comme un épisode de l'épopée américaine des Natchez, puis remanié pour illustrer dans le Génie " l'harmonie de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain ", mais publié séparément dès 1801, Atala est en quelque sorte l'acte de naissance de Chateaubriand romancier : " C'est de la publication d'Atala que date le bruit que j'ai fait dans ce monde... "
Cette " sorte de poème, moitié descriptif, moitié dramatique ", qui amalgame un conte américain et des récits d'explorateurs aux souvenirs du voyageur de 1791, connut un succès égal à ceux de La Nouvelle Héloïse (1761) ou de Paul et Virginie (1788). En flattant le goût du public pour l'exotisme et son penchant naturel pour une histoire d'amour pur et contrarié, Chateaubriand allait au-devant de la réussite. Par-delà ce triomphe auprès des lecteurs de l'Empire, Atala peut être tenu pour le premier récit de toute une poétique romanesque où la passion sera décrite comme sacrifiée et la mort comme fatal corrélat du désir.
En Louisiane, un vieil Indien aveugle, Chactas, raconte sa vie à René, un jeune Français qui souhaite vivre au milieu des Indiens. – Recueilli et élevé par un Espagnol, Lopez, le jeune Chactas est fait prisonnier par les ennemis de sa tribu ; une Indienne de religion chrétienne, Atala, le sauve et s'enfuit avec lui. Un terrible orage les oblige à s'abriter sous un arbre ; là, Atala révèle à son compagnon qu'elle est en réalité la fille de Lopez. Le couple finit par trouver refuge dans la mission du père Aubry. Désireux d'épouser celle qu'il aime, et séduit par l'œuvre accomplie par le missionnaire, Chactas est prêt à se convertir. Mais Atala, qui a été consacrée par sa mère à la Vierge, et qui craint de ne pouvoir rester fidèle à ce vœu, s'empoisonne. Elle a toutefois le temps de révéler son secret à Chactas, qui l'ensevelit, puis se convertit. Bien plus tard, le narrateur retrouve la petite-fille de René : il apprend d'elle que Chactas, René et tous les membres de la tribu des Natchez ont été massacrés par les Français.

Stendhal – Le Rouge et le Noir – 1830
Julien Sorel a dix-neuf ans. C'est un jeune homme d'origine modeste. Il est le fils d'un charpentier brutal. Sa condition le prédestine aux travaux de force. Mais Julien Sorel, ambitieux , rêve de gloire et s'évade dans la littérature . Il puise son imagination dans les Confessions de Rousseau, Les Bulletins de la Grande Armée, et Le mémorial de Sainte Hélène.
Mais sur les conseils du curé de son village, il envisage d'entrer au séminaire.
Grâce à l'abbé Chélan, qui l'a pris en sympathie ,Julien est engagé par Monsieur de Rénal, le maire légitimiste de la ville. Ce dernier, par vanité, recherche un précepteur pour ses enfants..

Timide et indocile dans un premier temps, Julien Sorel ne tarde pas à trouver un certain attrait à cette nouvelle vie. Il tombe sous le charme de Mme de Rênal et devient son amant.
Grâce à la tendresse qu'elle lui manifeste Julien connaît alors un bonheur éphémère.
La maladie de son jeune fils réveille les remords de Mme de Rênal, qui se croit punie par Dieu; tandis qu'à l'inverse cette crise morale décuple l'amour de Julien. Le soir même , une lettre anonyme adressée à M de Rênal dénonce cet adultère. Colère du mari trompé qui oblige Julien à quitter verrières. Ce départ n'altère en rien l'amour profond que lui porte Mme de Rénal, et qui ne se démentira pas.
Julien décide de se rendre au séminaire de Besançon.
Ce dernier se retrouve parmi des séminaristes qui sont pour la plupart frustres et grossiers. Il y passe des moments pénibles jusqu'à ce que l'abbé Pirard lui propose de devenir le secrétaire du Marquis de la Mole. Julien quitte le séminaire, puis rend, au prix d'une dangereuse escalade, une dernière visite de nuit à Mme de Rénal. Il doit abandonner à l'aube cette femme plus passionnée que jamais et s'enfuir sous les coups de fusil vengeurs de M. de Rénal. Il part pour Paris afin de prendre ses fonctions auprès du Marquis de la Mole.
Ayant gagné la confiance du Marquis, Julien est chargé, par ce dernier d'effectuer une mission secrète : aller à Strasbourg pour transmettre le compte rendu d'une réunion de conspiration à laquelle il a assisté en tant que secrétaire . Après avoir rempli sa mission, Julien rencontre le prince Korasoff, dont il s'était fait un ami . Le prince le devine amoureux. Sur ses conseils, il entreprend de séduire la Maréchale, Madame de Fervacques. Rendue jalouse par cette manœuvre, Mathilde de la Mole se rend compte qu'elle est amoureuse de Julien. Elle lui avoue qu'elle est enceinte et prévient son père de son souhait d'épouser son secrétaire. Julien est immédiatement convoqué par le Marquis. Il parviendra à calmer son courroux et Mathilde réussira à convaincre son père de la laisser épouser Julien. Le marquis fait anoblir Julien , qui devient ainsi le Marquis Sorel de Vernaye, et lui permet d'obtenir un brevet de lieutenant.
Julien s'apprête à épouser Mathilde de la Mole, lorsqu'une lettre de madame de Rênal adressée au Marquis de la Mole dénonce l'ambition et l'immoralité de son ancien amant. Julien , ivre de colère, se rend de Paris à Verrières , entre dans l'église et tire, en pleine messe, sur son ancienne maîtresse , sans toutefois la tuer.
Emprisonné, rendu à sa solitude, Julien se rend compte qu'il n'a jamais cessé d'aimer Mme de Rênal. Il médite sur sa destinée et mesure l'étendue de la vanité de ses efforts de réussite sociale. Jugé, il est condamné à mort.

Balzac – Le père Goriot – 1834-1835
Rastignac est un jeune homme de petite noblesse. Il vient à Paris esperant y rencontrer la fortune. Mais il n'a ni l'argent, ni la connaissance de la société parisienne necessaires.
Une de ses cousines lointaines, Madame de Beauséant, une des dernières grandes dames, le prend sous son aile pour l' aider à appréhender ce monde qu'il ne connait pas. Grâce aux femmes, il va apprendre les moeurs de cette société pervertie et en s'adaptant parviendra à en gravir les échelons.
Cependant dans ce monde déluré, un homme, le Père Goriot, est l'emblème même du désintêressement. Il se sacrifie pour ses filles, qui en retour ne lui offrent que le mépris. Rastignac, touché par le devouement de ce père pour ses filles et voyant comment ces dernières le traitent, comprend cependant que malgré lui il devra s'adapter aux coutûmes de ces gens et agir comme eux pour parvenir au sommet.

Alexandre Dumas - Les 3 Mousquetaires - 1844
Ce roman de cape et d'épée, écrit en collaboration avec Auguste Maquet a d'abord été publié en feuilleton dans Le Siècle du 14 mars au 14 juillet 1844. Puis il fut publié chez Baudry la même année. Il constitue le premier volet d'une trilogie qui comprend aussi Vingt ans après (1845) et Le Vicomte de Bragelone (1850) qui transportera les lecteurs de la régence d'Anne d'Autriche jusqu'aux premières années du règne de Louis XIV.
Pour écrire ce roman, Alexandre Dumas s'est inspiré des mémoires de M. D'Artagnan, œuvre de Courtilez de Sandras (1709)
Ce roman de Dumas est l'un des romans le plus traduits dans le Monde.
Les 67 chapitres de ce roman racontent l'histoire d'un jeune gascon, d'Artagnan, venu chercher fortune à Paris. L'action se situe en 1625, sous le règne de Louis XIII. Le jeune gascon, courageux et rusé, est muni d'une lettre de recommandation de son père pour M. de Tréville, commandant des Mousquetaires. Très vite, d'Artagnan devient l'ami de trois gentilshommes, mousquetaires du roi, Athos (comte de la Fère), Porthos (du Vallon) et Aramis (Chevalier d'Herblay). Une vieille rivalité oppose les mousquetaires du roi aux gardes du Cardinal de Richelieu. Le quatuor se constitue d'ailleurs, à la suite d'un combat victorieux contre les gardes du Cardinal.
Athos, le comte de la Fère, a été ruiné par un tragique mariage avec une aventurière; Porthos, un géant, dont le véritable nom est du Vallon, est un compagnon plutôt débonnaire ; Aramis, chevalier d'Herblay, oscille, lui, constamment entre le mysticisme et amours galantes.
Les quatre amis au service du couple royal vont sauver la reine Anne d'Autriche des perfides manœuvres de Richelieu. Sur une insinuation du cardinal, le roi invite la reine à porter, lors du prochain bal de la cour, les douze ferrets de diamants, qu'il lui a naguère offerts. Or celle-ci a donné la précieuse parure à son amant, le duc de Buckingham.
D'Artagnan va se retrouver aux prises avec la perfide Milady de Winter, redoutable agent du cardinal, qui s'avère être aussi l'ancienne épouse d'Athos. Il va tomber également amoureux de Constance de Bonacieux, fidèle femme de chambre de la reine Anne d'Autriche.
D'Artagnan et ses amis sont chargés de récupérer les bijoux en Angleterre. Ils doivent affronter les agents de Richelieu, menés par le sombre Rochefort, et surtout Milady. Poursuivis par les gardes de Richelieu, au terme d'un parcours semé d'embûches, d'Artagnan et les Trois Mousquetaires réussissent à rapporter les ferrets à la reine. Alors que les mousquetaires brillent à nouveau au siège la Rochelle, Milady, qui a commandité le meurtre de Buckingham et fait empoisonner Constance Bonacieux, femme de chambre de la reine et aimée de d'Artagnan, est arrêtée et exécutée. D'artagnan, réconcilié avec le cardinal de Richelieu est promu lieutenant. Athos se retire à a campagne, Porthos se marie et Aramis devient prêtre

Melville – Moby Dick - 1851
'Pour faire oeuvre grandiose, il faut un sujet grandiose.' C'est sans doute Melville qui parle ici par l'entremise d'Ismaël, le narrateur de 'Moby Dick' (1851). Sur les conseils d'un ami, il décide d'utiliser ses souvenirs de marin baleinier pour son nouveau livre, rédigé dans la foulée de 'Redburn' (1849) et de 'Vareuse-Blanche' (1850) qui mettaient à profit son expérience dans la marine marchande et la marine de guerre. Très vite, ce récit documentaire sur la pêche de la baleine va s'enfler pour se métamorphoser en une épopée tragique et grandiose. Une fois remanié, le texte fait place à un navire-monde américain (le Pequod cosmopolite au nom indien) ; à un personnage métaphysique digne des grandes figures de la tragédie shakespearienne : Achab, le capitaine mutilé, monomaniaque, rejouant le destin d'un roi biblique ; à son affrontement mortel avec un cachalot blanc traqué comme on poursuit un innommable secret, mais qui incarne aussi les immaîtrisables violences de la nature ; à un équipage bigarré, tour à tour foule, choeur et peuple - toute une humanité où le drame le plus poignant côtoie la farce et le pittoresque. Considéré aujourd'hui comme un chef-d' oeuvre, 'Moby Dick' - ici présenté dans une nouvelle traduction - n'a pas connu lors de sa publication le succès des précédentes aventures maritimes de Melville. Les comptes rendus parus dans la presse furent médiocres, voire hostiles. Au point que son auteur en conçut de la rancoeur et de la colère, qu'il insuffla dans le roman suivant : 'Pierre ou les Ambiguïtés' (1852). Ce dernier fit sombrer la baleine dans l'oubli tant il déchaîna de violence et de haine. Il dépeint les relations 'ambiguës' (incestueuses ?) que Pierre, apprenti écrivain, entretient avec Lucy, sa fiancée, et avec Isabel, sa demi-soeur. Tenu dès lors pour un auteur dangereux, irrévérencieux et dépravé, Melville fut notamment accusé d'avoir violé la sainteté des liens familiaux.
Flaubert – Madame Bovary - 1855
Charles Bovary, officier de santé médiocre malgré de laborieuses études, épouse en secondes noces Emma Rouault, la fille d'un gros fermier des environs de Tostes, petit village normand où il a ouvert son cabinet. D'une sensibilité romanesque exacerbée, la jeune femme a cru que le mariage allait lui ouvrir les portes de ce monde de "félicités" que ses lectures d'enfance lui avaient fait miroiter. Mais, très vite, elle ne peut supporter la médiocrité de son mari, de ses relations et de la vie de Tostes faite de routines désespérantes. Une invitation à un bal donné au château de la Vaubyessard lui a d'ailleurs prouvé qu'il peut exister une "autre vie", de passions, de luxe et de "noblesse". Constatant le dépérissement de sa femme, Charles décide donc de "changer d'air" et accepte un nouveau poste dans le gros bourg de Yonville-l'Abbaye.
Malgré un bref dépaysement, Yonville se révèle pourtant à Emma comme un autre Tostes. Le petit monde du village, dominé par les personnalités du pharmacien Homais et du curé Bournisien, respire encore la bêtise et la mesquinerie. La jeune femme croit pourtant trouver un dérivatif à son "ennui" en la personne du jeune clerc de notaire, Léon Dupuis, dont les allures de jeune romantique la séduisent. Mais celui-ci quitte le village pour Paris, puis Rouen sans avoir osé se déclarer. Après une période de profonde dépression où alternent caprices et colères, Emma se prend, lors des comices agricoles de Yonville, d'une passion effrénée pour Rodolphe Boulanger, un hobereau des environs aux allures de dandy. Homme à femmes, celui-ci est vite impressionné par les excès passionnels d'Emma et rompt brutalement avec elle après quelques mois d'une liaison exaltée.
Quand Emma se remettra physiquement de cette seconde rupture, ce sera pour se lancer avec frénésie dans une vie de dépenses et de désordres qui inquiètent Charles...

Hugo – Les Miserables - 1862
À son retour du bagne où il a passé de nombreuses années à la suite du vol d'un pain, Jean Valjean choisi de mettre sa vie au service du bien, grâce à l'aide de Mgr Myriel. Sous le nom de Monsieur Madeleine, il devient maire de Montreuil-sur-Mer. Aimé et respecté de ses concitoyens, il verra pourtant son passé le rattraper sous les traits de l'inspecteur Javert, qui le hait de longue date et entretient l'idée fixe de l'emprisonner à nouveau. Contraint de fuir une fois encore en entraînant avec lui Cosette, une orpheline qu'il a recueillie, Jean Valjean le trouvera sans cesse sur son chemin. Réfugié à Paris, où une révolution gronde, parviendra-t-il à échapper à son persécuteur et à trouver la paix ?
Jean Valjean a été condamné au bagne en 1795, pour le vol d'un pain, jugement qui symbolise l'oppression qu'impose une société injuste à une population écrasée.
Mgr Bienvenu, évêque de Digne, chrétien véritable, sera l'un des premiers à aider Jean Valjean.
Fantine, ouvrière a été séduite par l'étudiant Tholomyés. Elle est obligée de confier son enfant, Cosette, aux Thénardier.
Cosette, la fille de Fantine, sera laissé en nourrice chez les Thénardier qui la maltraiteront .
La famille Thénardier, un couple de cabaretiers sordides qui exploite la "pauvre" Cosette.
Gavroche, gamin de Paris, jeté sur les pavés comme beaucoup d'autres enfants, est seul, sans amour, sans gîte, sans pain, mais joyeux car libre
Marius, étudiant, petit-fils d'un grand bourgeois, Monsieur Gillenormand, et fils d'un colonel disparu à Waterloo, découvre la misère du peuple et se rallie au socialisme. Il tombera amoureux de Cosette
Le policier Javert incarne l'intransigeance républicaine. Pas de rémission pour un ancien forçat, pas de grâce pour Valjean

Dostoïevski – Crime et Chatiment - 1866.
Raskolnikov, principal personnage de ce roman, est un jeune étudiant. C’est un être riche en forces intellectuelles et morales que son ami Razoumikhine définit ainsi : « Sombre, triste, altier et fier ; dans les derniers temps et peut-être même avant, impressionnable et hypocondriaque . Généreux et bon. Il n’aime pas exprimer ses propres sentiments… Terriblement refermé. Tout l’ennuie ; il demeure étendu sans rien faire ; il ne s’intéresse à rien de ce qui intéresse les autres . il a une très haute opinion de lui-même, et, semble-t-il, non sans raison… »
Par manque d'argent Raskolnikov a interrompu ses études. Rêveur solitaire, il rejette la morale collective. Se considérant comme un homme hors du commun, il veut éprouver les limites de sa liberté par la pratique du mal et la transgression arrogante de l’ordre moral. C’est pour cela qu’il considère qu’il est en droit de commettre un délit, et même prendre la vie d'autrui, pour le bien de l’humanité.
Désirant secourir sa sœur qui est sur le point d’épouser un rustre pour aider sa famille, il décide d'assassiner une vieille usurière afin de lui voler son pécule. Raskolnikov est conforté dans sa théorie par un « acte d’évasion » de Napoléon « d’une morale commune « : « Si un jour, Napoléon n’avait pas eu le courage de mitrailler uen foule désarmée, nul n’aurait fait attention à lui, et il serait demeuré un inconnu. »
Mais son forfait ne se déroule pas comme prévu : certes il tue l'usurière, mais il assassine aussi sa sœur. De surcroît, le butin est beaucoup plus maigre que prévu . Cet échec lui fait prendre conscience que la liberté et l'indépendance morale qu’il recherchait sont perdues.
Ses rêves de «surhomme» l’abandonnent et Raskolnikov découvre l’humilité : il n’est qu’un homme. Pris d’un fort sentiment de culpabilité, il se rend à plusieurs reprises chez le juge Porphyre et éveille ainsi ses soupçons. Bien que le juge soit convaincu de la culpabilité de Raskolnikov, Porphyre entend obtenir des aveux complets.
Raskolnikov se rapproche alors « sans s’en apercevoir de ceux-là même qu’auparavant il tentait de dominer de son mépris » . il fait la connaissance de Sonia, une jeune prostituée. Il est ému par son dévouement. elle vend son corps pour faire face à la misère du foyer familial. Raskolnikov confesse son crime à Sonia, qui le pousse à se livrer à la justice. Il est condamné à la déportation en Sibérie.
Comme l’écrit Ettore Lo Gatto, professeur de littérature russe à l’Université de Rome : » Il (Raskolnikov) accepte la condamnation des hommes et se sauve ainsi moralement. Il rejoint la lumière en s’abandonnant au courant de la vie pour se laisser porter à quelque port, renonçant à la lutte, s’agrippant aux valeurs élémentaires de l’homme pour y retrouver la bonté originelle : c’est la tragique salvation russe par la soumission passive ».

Proust – Du cote de chez Swann – 1913
Swann, est un homme du monde parisien et un amateur d'art. Il a rencontré Odette de Crécy, une demi-mondaine, chez les Verdurin, des bourgeois enrichis férus d'art, eux aussi, mais snobs. Très amoureux, Swann rend une deuxième visite à Odette. La suite du roman montrera que Swann " perd son temps " avec cette femme. Le " temps perdu " dont il est en effet question dans le titre de l'œuvre À la recherche du Temps perdu, est à la fois le temps passé qu'on ne peut plus rattraper, mais aussi le temps gaspillé en frivolités dans les salons mondains par ex., le temps que l'on gâche pour des femmes qui n'en valent pas la peine. Il n'est pas raisonnable d'aimer des femmes médiocres, car elles nous ôtent le plus souvent notre énergie, et nous empêchent de nous consacrer à un travail véritable. Ainsi, Swann a-t-il engagé une étude sur Vermeer qu'il ne finira jamais... Mais si l'on perd son temps pour une femme, on réalise aussi un apprentissage...

Kafka – Le proces – 1925
Le Procès est un roman très moderne qui s’inscrit dans la ligne de penser des auteurs du XXe siècle. Les situations sont impossibles, les personnages irréels. Personne ne pourrait croire à la plausibilité de cette histoire, pourtant on la met en relation avec notre vie. À sa mort, Kafka a demandé à Max Brod de brûler ses documents, mais celui-ci ne l’écoute pas, et avec les chapitres achevés du Procès, il réussit à reconstituer le roman.

Sans aucune raison, Joseph K. est arrêté chez sa logeuse. Pendant un certain temps, K. mène sa vie normalement malgré cela, jusqu’à ce qu’il soit convoqué pour un interogatoire. K. suit alors les conseils de son oncle et prend un avocat et entretient une liaison érotique avec l’infirmière de celui-ci. K. abandonne ensuite son avocat et essaye de faire avancer son procès insolite. Il n’est jamais libéré de l’accusation, dont il ne connaît pas le motif d’ailleurs, et un an après, il continue à vivre avec sa honte.
Finalement, la Loi dans le Procès, c’est la vie. On ne la comprend jamais vraiment, mais on doit tenter de la compendre seul. Et si on la repousse, elle revient toujours nous " hanter ".

Gide – Les faux-monnayeurs – 1926
Les Faux-monnayeurs est le titre d'un roman écrit par André Gide, publié en 1925 dans la Nouvelle Revue française (NRF). Alors que Gide a déjà écrit de nombreuses œuvres à cette époque, telles Les Caves du Vatican, il affirmera dans la dédicace à Roger Martin du Gard que c'est son "premier roman" (qualifiant ses publications antérieures de "récits" ou de "soties").
Construit avec minutie, ce roman multiplie les personnages, points de vues narratifs et intrigues secondaires diverses autour d'une histoire centrale. Par la liberté de l'écriture, la multiplicité des angles de vue et les ruptures dans la narration chronologique, Gide se détache de la tradition littéraire du roman linéaire. À travers le personnage d'Edouard, dans lequel il projette sa propre personne, il montre les limites de la prétention du roman à reproduire le monde réel et ouvre ainsi la voie à la recherche plus large d'une écriture créatrice.
Ce roman aujourd'hui est considéré comme l'un des plus importants du XXe siècle, précurseur de mouvements littéraires à venir comme sera le Nouveau Roman.
Par ailleurs, Gide illustre dans cette œuvre les idées sur l'homosexualité et la pédérastie qu'il théorise dans divers essais comme le Corydon.
L'histoire centrale est celle de trois personnages, deux jeunes garçons lycéens et un homme de 38 ans, durant les quelques mois d'un été et d'automne.
Bernard, lycéen parisien de 17 ans sur le point de passer son bachot, tombe par hasard sur des lettres appartenant à sa mère et découvre qu'il est le fruit d'un amour interdit entre cette dernière et un amant de passage. Il en conçoit un profond mépris pour l'homme qui l'a pourtant élevé, mais qui n'est pas son père et qu'il pense alors n'avoir jamais aimé. Pourtant, Alberic Profitendieu, le père de Bernard, a malgré lui une préférence pour celui-ci. Après avoir laissé une lettre d'adieu très froide et très dure à son père, il décide de fuir la maison - mais ne sachant où passer sa première nuit, il se réfugie chez un de ses amis et camarade de classe, Olivier. Ce dernier est un garçon timide en manque d'affection, qu'il cherche à combler auprès de ses amis proches ou de son oncle Édouard dont il est amoureux - amour réciproque, mais que ni l'un ni l'autre ne parviennent à exprimer. Cependant, à la suite d'un concours de circonstances, Bernard se retrouve engagé par Edouard, qui exerce le métier d'écrivain, en tant que secrétaire et ils s'en vont tous deux pour un séjour dans les montagnes.
Par dépit et jalousie, Olivier se laisse séduire par le comte de Passavant, écrivain à la mode, riche, dandy et pédéraste mais également cynique et manipulateur, qui convoitait le garçon depuis un moment et profite de ses états d'âme pour se l'accaparer. L'influence du comte sur le garçon est pernicieuse : Olivier devient mauvais, brutal, détestable même aux yeux de ses meilleurs amis. Il finit par s'en rendre compte et sombre dans une dépression noire, sans savoir comment faire machine arrière. Au cours d'une soirée mondaine, il se saoule et se ridiculise devant tout le monde puis sombre dans une torpeur éthylique. Il est rattrapé et soigné par l'oncle Édouard, dans les bras duquel il achèvera la nuit. Au matin, il tente de se suicider, non pas par désespoir dira-t-il, mais au contraire parce qu'il a connu un tel bonheur cette nuit-là qu'il a senti n'avoir plus rien à attendre de la vie. Il finira par rester vivre chez son oncle, grâce à la bienveillance de sa mère qui devine bien les relations liant son frère à son fils, mais ne veut pas les détruire.

Faulkner – Le bruit et la fureur – 1929
Les préfaces sont généralement écrites pour ne pas être lues. Ou alors comme des postfaces lorsqu’on veut approfondir son plaisir. Il serait cependant dommage de faire l’impasse sur celle du Bruit et la Fureur tant les précisions apportées par le traducteur permettent d'aborder le récit plus facilement.
L'histoire en deux mots : celle de Quentin, Benjamin, Jason et Caddy, les quatre enfants de Jason et Caroline Combson entourés de leurs domestiques noirs. Quentin qu'un amour incestueux lie à Caddy se suicidera à Harvard pendant que Caddy répudiée par son mari confiera sa fille (prénommée Quentin en hommage au frère disparu) à ses parents. Benjamin, débile mental, pleure l'absence de sa soeur Caddy. Jason s'occupe mais surtout profite de sa mère (ultra névrosée) et de sa nièce, ulcéré par le déclin de sa famille il se mure dans le ressentiment et la haine. Autour des Combson gravitent les serviteurs noirs dominés par la figure de Dilsey, incarnation de la bonté.
Pour entrer dans les livres de Faulkner il faut en accepter le tempo et sortir de l'habituel rythme binaire de lecture. Le récit de Benjamin qui en constitue la première partie, est une mélopée lente et répétitive qui emporte le lecteur petit à petit. L'écriture s'apprécie dans la longueur et demande de s'y laisser absorber. Voilà un écrivain à qui les extraits ne peuvent pas rendre justice, et dont on n'ira pas reprendre des formules brillantes pour attirer le chaland.
La deuxième partie relate la dernière journée de Quentin avant son suicide. Cette fois Faulkner sur un texte de facture à priori plus classique multiplie les dissonances. Comme la lumière vient se diffracter sur un prisme, le texte vole en éclats. Faulkner fait exploser l'ordonnancement traditionnel. La préface se réfère à l'impressionnisme, c'est pourtant le cubisme qui vient à l'esprit tant les perspectives sont tordues, imbriquées les unes dans les autres, les angles multipliés et les points de vue superposés. D'ailleurs la construction de l'histoire ne respecte pas non plus la chronologie : la première partie se déroule le 7 avril 1928, la seconde en 1910, la troisième le 6 avril 1928 et la quatrième le 8 avril1928.
Des échos du passé resurgissent dans la mémoire de Quentin et viennent oblitérer le présent, au point de lui faire perdre pied avec la réalité. La lecture est une véritable épreuve (à tous les sens du terme), mais le récit ne livre sa beauté qu'au prix de cette épreuve. Au delà de la démarche extrêmement ambitieuse de l'écrivain, c’est l'écriture qui frappe, elle ne lâche pas les personnages, ne s’autorise pas de virtuosité vaine, ni de digression, juste les personnages et leur histoire.
Jason est le narrateur de la troisième partie. Là encore le texte est étouffant, Jason crache sa hargne et justifie sa médiocrité par des chances qui ne lui auraient pas été accordées contrairement à son frère décédé et à sa soeur. C'est le discours haineux et désespéré de celui qui s'exonère à l'avance de toutes ses bassesses. Si dans la partie précédente Faulkner consentait des moments de grâce, des respirations (description du soleil dans les arbres et sur les baigneurs, souvenir du nègre sur son cheval, la compagnie de la petite fille), on reste ici dans la lie de l'humain. Et à cet égard, l'emploi de la première personne implique encore davantage le lecteur.
Dans la dernière partie, l'histoire s'accélère et l'auteur reprend la parole, Quentin s'enfuit en piochant trois mille dollars dans la cassette de son oncle. Jason se lance à sa recherche.
Ce livre est une véritable déflagration. Non seulement à cause des personnages et de leur destin mais aussi de l'écriture, de son rythme, de ce forage dans la détresse humaine. On le lit une première fois, on en ressort commotionné mais on n'en est pas quitte avec lui. On sait qu'il faudra y retourner un jour.

Celine – Voyage au boute de la Nuit – 1932
Bardamu fait l'expérience sordide de la Première Guerre mondiale, sur le front et à l'arrière. Il migre ensuite dans les colonies africaines, devient ouvrier aux Etats-Unis, avant d'ouvrir un cabinet de médecine en France. Ce livre est un formidable réquisitoire contre les idées militaristes, colonialistes et capitalistes de l'époque. La nouveauté réside aussi dans l'écriture, hachée, imitant le parler populaire.

Malraux – L’espoir – 1937
Le roman L’espoir d’André malraux est profondément inscrit dans l’Histoire, puisque la guerre d’Espagne, dans la période allant de juillet 1936 à mars 1937, constitue la toile de fond du roman. Elle oppose les insurgés et leurs appuis (l’armée espagnole, la majeure partie de la garde civile, la Phalange, l’Eglise, aidés par Hitler et Mussolini) aux républicains (une minorité de l’armée, et les mouvements de gauche, aidés par l’Escadrille internationale mise sur pied par malraux, et plus tard par les Brigades internationales). Les deux camps se mènent une lutte acharnée et épuisante. Le passage étudié se situe au chapitre 11 de la sous-partie « Sang de gauche » de la partie Le Manzanarès, vers novembre 1936. Ce dernier désigne une rivière à l’ouest de Madrid et place donc la bataille dans la capitale au cœur du roman : les nationalistes, qui ont proclamé Franco chef de l’armée, chef du gouvernement, et chef de l’état, décident de bombarder la ville. Par ailleurs, « Sang de gauche » est la reprise d’une expression tenue par un anarchiste devant le corps ensanglanté d’un républicain. C’est dans ce contexte de drame, annoncé par les titres de partie et de sous-partie, qu’a lieu la bataille de Sierra Guadarrama. Manuel, ancien ingénieur du son, communiste, promu à plusieurs reprise jusqu’à devenir colonel du côté républicain, mène le combat des blindés, dans un paysage boueux et pluvieux. La confiance, essence du commandement selon Manuel, et qu’il avait placé dans ses troupes, a été trahie. En effet, il voit tous ses officiers tués les uns après les autres d’une balle dans la nuque (Chapitre 5), car des phalangistes se sont infiltrés dans ses troupes et ont démoralisé jusqu’à faire fuir certains soldats. Dans ce chapitre, ce n’est pas le cas des franquistes qui pose problème : ils sont tous abattus...C’est celui des soldats dupés par les phalangistes et qui se sont échappés pour passer à l’ennemi. Manuel n’est impliqué qu’à titre de colonel du régiment et ne peut rien faire pour défendre ces hommes condamnés à mort qui le supplient, à genoux dans la boue, d’intervenir en leur faveur.
Pourquoi l’auteur a t-il choisi, à cet instant, de confronter Manuel et les deux condamnés à certaines des questions essentielles que pose la guerre? Quelles sont ces interrogations et leurs enjeux? Quelles réponses leur sont livrées?

Sartre – La nausee
“La nausée” (1938) : À Bouville, petite ville de France, Antoine Roquentin, intellectuel solitaire, célibataire de trente-cinq ans, vit retiré après avoir vécu une vie de voyages dont, très vite, il s'est lassé. Il travaille à la rédaction d'un mémoire qui traite de la vie d'un aristocrate du XVIIIe siècle, Monsieur de Rollebon. “La nausée” est le journal qu'il a entamé lorsqu'il s'est aperçu, en ramassant un galet au bord de la plage, que les objets ou la perception qu'il en avait avaient changé. À force d'observer une racine, il ne sait plus la nommer. Les objets les plus ordinaires semblent animés d'une vie propre. Lorsqu'il ramasse une feuille de papier, il n'a plus le sentiment de se saisir d'un objet inanimé mais bien d'être touché, comme si celui-ci s'était transformé en animal vivant. Le monde inanimé des choses provoque en lui une impression d'écœurement douceâtre, de nausée. Un après-midi, après s'être examiné longuement dans la glace de sa chambre d'hôtel, il perd le goût de lui-même, ne se reconnaît pas. Comme une nouvelle nausée s'annonce, il se réfugie au café, “Le rendez-vous des cheminots”, dont l’ambiance est le seul rempart qu'il ait réussi à opposer à cette agression, la musique et l'atmosphère bruyante semblant le protéger. Il passe par une série de désillusions et se demande même s'il n'est pas en train de devenir fou. Les mythes rassurants qui justifiaient son existence s'effondrent les uns après les autres dans la dérision. Mais ces désillusions sont autant de démystifications. L'illusion des aventures se dissipe. Simple leurre aussi que les moments parfaits que son ancienne amie, Annie, prétendait créer. À la bibliothèque, son étude sur Monsieur de Rollebon le laisse indifférent ; déçu par les résultats hypothétiques de son travail, il écarte la narration historique et observe plutôt les autres lecteurs et plus particulièrement l'Autodidacte. Ce clerc de notaire, héros grotesque de la culture, a la particularité de vouloir lire systématiquement tous les livres de la bibliothèque municipale en en suivant l'ordre alphabétique. Quant aux gens de bien, qui se figurent avoir trouvé leur place dans la société et l’occupent avec bonne conscience, qui sont engoncés dans leur respectabilité arrogante, qui paradent à la sortie de la messe ou au musée de Bouville, ils sont démasqués par le narrateur qui voit en eux des «salauds». Il rompt tous ses liens avec cette société mesquine, conventionnelle, étouffante, pour mettre à nu l'existence. S'il lui arrive de se laisser aller à quelque lyrisme, ses exaltations passagères se brisent vite : l'horreur de la nature et du monde l'emporte et la nausée le poursuit. Tout en effet est de trop, les hommes comme les choses ; d'obscures menaces pèsent sur la ville, et des proliférations monstrueuses surgissent des campagnes environnantes. Il se sent de plus en plus mal à l'aise devant l'existence des choses puis devant sa propre existence soumise au regard des autres et il la ressent progressivement comme «une mollesse, une faiblesse de l'être». S’il pense à se tuer, il découvre que son suicide lui-même serait dépourvu de sens : il se sentent «en trop» dans un monde «trop plein». Le dimanche, il s'essaie à l'aventure des promenades sur la jetée, mais la vraie mer est «froide, noire et pleine de bêtes». Tous ces instants mis bout à bout lui font pressentir que le sentiment d'aventure serait tout simplement celui de l'irréversibilité du temps. Un déjeuner avec l'Autodidacte, qui ne cesse de l'admirer, provoque une nouvelle nausée. Les propos du clerc sont si naïfs, si empreints d'humanisme et de bonne volonté, et surtout d’un socialisme sorti tout droit de la littérature, que Roquentin ne peut s'empêcher de le contredire, lui faisant sentir que les gens qui les entourent ne savent même pas qu'ils existent. La nausée, ce sont les objets qui existent, c'est le monde qui existe sans que les gens ne distinguent la mince pellicule dont se parent les objets et les êtres. Roquentin perçoit leur réalité, leur existence. Roquentin peut enfin nommer sa nausée : c'est l'expérience de l'absolu, de l'absurde irréductibilité du monde car exister, c'est être là, gratuitement, et lorsqu'on s'en rend compte, on ne peut échapper à la nausée. Anny, une ancienne amie, lui donne rendez-vous à Paris. Se remémorant le temps passé avec elle, ses mises en scène qui dépouillaient leurs rapports de la banalité de la répétition mais qui les compliquaient aussi, il songe aux moments parfaits qu'elle prétendait créer. Il la retrouve, mais elle ne croit plus aux moments parfaits ; elle se survit et nie la similitude de leur découverte. De retour à Bouville, Roquentin apprend que l'Autodidacte a fait scandale et a été renvoyé de la bibliothèque pour pédophilie. Au “Rendez-vous des cheminots”, tout en faisant ses adieux, Roquentin écoute une dernière fois son disque préféré qui a le pouvoir de le transporter ailleurs, là où l'écœurement que distille l'existence des choses se dissipe. Il constate que, s'il est une justification, c'est celle de l'œuvre d'art. La solution est peut-être là : écrire non pas une œuvre historique, l'Histoire ne parlant que de ce qui a existé et jamais un existant ne pouvant justifier l'existence d'un autre existant, une histoire «belle et dure comme de l'acier, et qui fasse honte aux gens de leur existence», une œuvre de fiction.

Gracq – Le rivage des Syrtes – 1951
Ce roman évoque les derniers moments de la principauté d'Orsenna , avant sa destruction par le Farghestan, l'adversaire de toujours.
A la suite d'un chagrin d'amour, Aldo, un jeune aristocrate de la principauté d'Orsenna souhaite quitter cette ville moribonde. Il demande et obtient un poste d'observateur dans une garnison lointaine. Il se retrouve dans la province éloignée et côtière des Syrtes. La mission, à laquelle le destinent son origine aristocratique et son éducation, consiste en la surveillance du rivage des Syrtes. De l'autre côté de la mer se trouve le Farghestan, un pays dont la principauté d'Orsenna est en guerre depuis trois siècles. Du rivage, Aldo aperçoit presque la capitale du Farghestan , le port de Rhages.
Depuis longtemps , les hostilités se sont enlisées dans une sorte de trêve tacite. Aldo personnifie cette attente. « Sa vie de garnison se déroule lentement, dans une atmosphère pesante, entre de longues promenades et d'interminables soirées dans la ville voisine, villégiature à la mode ». Il passe ses journées à rêver ou à monter à cheval. Mais rien n'arrive jamais. Son regard reste braqué sur le rivage adverse. Tout distille l'ennui et la solitude. Pour tenter d'échapper à cet ennui, Aldo consulte les cartes, ce qui semble effrayer les autres officiers. Ils craignent que toute initiative puisse rompre cette trêve incertaine. La princesse Vanessa Aldobrandi , jeune femme qu'il a rencontrée auparavant à Orsenna , l'invite dans sa résidence de Maremma.
Au cours d'une sortie en mer, Aldo s'approche trop près des côtes du Farghestan. Il va franchir la ligne fatidique et provoquer ainsi la rupture du cessez-le-feu tacite et la reprise des hostilités. En cédant à ce désir, Aldo choisit inconsciemment le cataclysme plutôt que la lente asphyxie. Il perce ainsi l'abcès qui immobilise la principauté. « Orsenna accèlère son destin et se saborde pour échapper à son destin ».

Michel Butor, L’emploi du temps - 1956
Dans le roman « L’emploi du temps » de Michel Butor, le narrateur, Jacques Revel, passe un stage d’un an à Bleston, ville anglaise imaginaire. Un dimanche, il décide de faire une promenade à la campagne. Mais il remarque que cette campagne dont il rêve, n’existe pas.
L’extrait présent a trois parties : dans la première, Jacques Revel va jusqu’à un rond- point où il entre dans un café : la conversation avec le patron forme la deuxième partie, la fin raconte le retour.
Cette structure circulaire montre l’impossibilité de sortir de la ville, l’emprisonnement de l’homme, le caractère labyrinthique de la ville. La réaction du narrateur est qu’ il se sent malheureux, triste : « de longs serpents de vase » s’enroulent autour de sa poitrine, ses « mâchoires se » crispent : C’est même plus que la tristesse : Il est désolé et il ressent une profonde déception. Il est impuissant, car la ville ressemble à un labyrinthe dont on n’arrive pas à sortir. Et pourtant, il comprend qu’ après Bleston, il y a d’autres villes.
Ayant visité ces villes imaginées, il sent qu’ il n’a rien atteint, que rien ne s’ est passé. Les rues et les maisons se ressemblent et sont seulement des reproductions. Tout est symétrique et monotone. Il n’y a pas de choses différentes pour s’orienter.
Le ciel est gris et la ville semble comme un lieu sans fin , où on est perdu, on se sent abandonné : le sentiment de la solitude saisit Jacques Revel : Il semble que le temps s’est arrêté. On est au désespoir et on se dit « C’était comme si je n’ avançais pas, c’étais comme je n’étais pas arrivé à ce rond-point ».
Tout est monotone et triste. Voilà pourquoi le narrateur est désorienté : il ne sait pas où il se trouve et à qui et à quoi il peut se fier, parce qu’il n’ y a pas d’endroit particulier, pas d’élément remarquable, pas d’événement impressionnant qui puisse servir de repère.
Après avoir lu trois textes sur la ville: celle qu’on ne peut pas définir (Georges Perec), la ville qui dévore la campagne (Roger Ikor) et la ville qui ressemble à un labyrinthe (Michel Butor) et où on est prisonnier, je me pose une question : Si cette ville est tellement négative , pourquoi est-ce qu’on construit des villes pareilles ?
La ville a des avantages naturellement parce que tous les lieux où on voudrait aller sont accessibles et la vie y est confortable.
Mais un jour on en a plein de dos. Ce sont les conséquences incontrôlées : la pollution, trop de gens sur un espace exigu et un bruit terrible. Pour ceux qui aiment la nature, l’argument le plus important est que la campagne disparaît de plus en plus et que la ville devient de plus en plus grande.
Un jour, il n’y aura plus de campagne et l’homme comprendra ce qu’ il a fait, mais alors ce sera trop tard.



notes sur les textes (Jeanne)

Publié le 14/06/2009 à 17:42 par lireenpremiere
Preface de Berenice

temoignage sur le processus de creation d’une piece
-attaque a un homme precis : abbe de Villars
Structure :
1. Violence des passions et bienseance + simplicite d’action
2. Simplicite d’action conforme au projet classique
3. Vraisemblance
4. Plaire et toucher = premiere regle
5. Explication de l’ignorance de ceux qui critiquent
6. Conclusion : critique de 4-5 auteurs qui sont dans le noir

-citation latine de Suetone : belle infidele, « qui aimait passionnément ». Action connue, justifie la violence des passions, Mise en avant des emotions, CL : violence, excite, tristesse, passions. Passion : pater, souffrance.
-Invitus, invita : malgre lui, malgre elle, amorce de la tragedie de Berenice. Deux personnages se sont quittes sans le vouloir. Ancre sa tragedie dans un theme « ancien », respect du classicisme.
-« cœur du spectateur » : souci du public, moderne.
-evocation de la violence des passions, se rapproche de la conception d’Aristote, terreur devant divinites, pitie devant des heros predestines. Projet cathartique.
-sujet « antique » = chez Suetone : metamorphose de Titus le debauche a Titus l’empereur « delice du genre humain ».
-analogie avec la separation Virgile et Enee et Didon, epopee , poeme narratif = « assez de matiere pour tout un chant d’un poeme heroique… ? » question oratoire, rendre le lecteur a l’evidence
-Berenice ne se tue pas car elle n’a pas fait l’amour avec Titus : « n’ayant pas ici avec Titus les derniers engagements que Didon avait avec Enee ». au XVIIe : amant = amoureux
-tragique lie a la fin, a la separation.
-pour Racine, la tragedie n’a pas besoin de sang, mais de passion, d’une action grande, heroique, noble. Tristesse majestueuse : oxymore, rapproche la piece de l’elegie.
-Racine prone l’economie = en dire le moins pour exprimer le plus, la litote ± grandiloquence du baroque

-2eme paragraphe : Racine reprend sa definition et evoque la simplicite d’action. Argument d’autorite : les Anciens, Horace, Sophocle, Terence, Plaute, Menandre = les anciens. Horace, poete latin, auteur d’un art poetique « Ut Pictura poesis »,

-simplicite permet la vraisemblance, antithese un jour / une multitude d’action. Question rhetorique de Racine montre qu’il n’y a pas de vraisemblance quand il n’y a pas de simplicite. Unite d’action sert la vraisemblance.
-anticipation du reproche : « Il y en a qui pensent que … » mais simplicite ± manque d’invention, au contraire. « toute l’invention consiste a faire quelque chose de rien ».
-on entend la voix des adversaires : « il y en a », « ils ne songent pas » = preface polyphonique.
-eloge de sa propre qualite d’artistes : en expliquant que ceux qui croient que c’est un manque d’invention : « dans leur genir, ni assez d’abondance, ni assez de force. ».
-« toute l’invention » = insistance, prend le moins (toute) pour en dire le plus.
-argument d’autorite : la piece n’a jamais dementi son succes.
-modernite dans la question de reception du public. « Je » tres present dans la preface

-developpe l’idee du succes de la piece : plaire et toucher. Ce n’est plus plaire et instruire. Racine respecte le classicisme mais innove aussi.
-defense contre les attaques directes de l’abbe de Villars.
-reproche des artistes aux critiques = artistes rates, cliche. Ils se servent des prefaces et des pamphlets pour se faire un nom.
-« mais je lui pardonne », persiflage, « ce que je ne lui pardonne pas », sorte de concession.

Reponses aux questions d'entretien [Theatre - Mai Ngoc]

Publié le 14/06/2009 à 17:05 par lireenpremiere
Ces reponses ne sont pas encore corrigees par M. Ottenwelter donc si vous trouvez des fautes ou des contresens alors signalez-moi svp ou corrigez les vous-memes!

Je commente les réponses.!


Théâtre

Quelles sont les caractéristiques du théâtre classique :
_ Règle des trois unités
_ Règle de la bienséance et de la vraisemblance
Ces règles avait pour but de ne pas éparpiller l'attention du spectateur avec des détails comme le lieu ou la date, l'autorisant à se concentrer sur l'intrigue pour mieux le toucher et l'édifier.
Pensez à la règle principale: plaire et toucher cf préface de Bérénice
et aussi au précepte qui vaut pour tout le classicisme: plaire et instruire.

Pourquoi certaines troupes utilisent-elles les services d’un dramaturge ? Sens de ce mot ?
_ Un dramaturge est un auteur de pièces de théâtre, pas seulement le mot a un deuxième sens emprunté à l'allemagne : dramturge signifie une personne qui aide le metteur en scène et al troupe à travailler le texte, c'est un spécialiste de la littérature qui apporte des éclairages d'histoire littéraire: par exemple François Regnaut spécialiste du vers racinien pour Chéreau.

_ Pour pouvoir bien respecter le sens de la pièce car par les choix et les interprétations, le metteur en scène peut infléchir le sens de la pièce. Deux représentations peuvent avoir des directions divergentes. Donc pour éviter de commettre les contresens et de défaire l’oeuvre.

Pourquoi a-t-on pu dire que le texte de théâtre était « troué » ?
_ Le texte de théâtre était « troué » car une oeuvre théâtre est également destinée à être vue et entendue mais non seulement à être lue. Dans ce cas, l’action se déroule sur une scène théâtre et existe vraiment. Tout est plus vivant, le personnage n’est plus un être de papier enfermé dans le livre et il est incarné par un acteur vivant en chair et en os.

Qu’est-ce que la scénographie ?
_ La scénographie est une pratique artistique dont le théâtre constitue l’ancrage historique et fondateur.
_ La scénographie se caractérise par un processus de travail comprenant la mise en œuvre des espaces relatifs à la représentation.
_ La scénographie matérialise le découpage de l’espace et du temps de l’action envisagé par la mise en scène, selon les choix dramaturgiques.

ETEs-vous surs de comprendre? la scénographie concerne la création de l'espace théâtral ex le travail de Gilles Aillaud dans la mise en scène de Bérénice pour la mise en s ène de Gruber.

Qu’appelle-t-on une farce, un vaudeville, un drame romantique ?
_ Farce, une des formes de la comédie médiévale, relevant d'un comique de l'outrance et du bas corporel. La farce est un genre dramatique qui a comme but de faire rire et qui a souvent des caractéristiques grossières, bouffonnées, et absurdes.

_ Vaudeville : Genre théâtral mineur désignant, au XVIIe siècle une pièce entrecoupée de chansons ou de ballets. A la fin du XIXe siècle, le vaudeville est une comédie légère, divertissante et populaire, fertile en intrigues et en rebondissements. Elle repose souvent sur des séries de quiproquos (situation résulte d’une méprise) , des hasards, sur des situations grivoises: mari trompé, femme adultère, tromperie du mari avec la bonne._

Drame romantique : Refus de la règle des trois unités jugée trop contraignante. Refus de la règle de bienséance : par souci de réalisme, les Romantiques veulent montrer sur scène ce qui existe. On délaisse parfois le vers pour la prose et l'on privilégie le pittoresque et l'émotion : on mêle, selon le mot d'Hugo, « le sublime et le grotesque ». « Il n'y a ni règles ni modèles », écrit-il encore. ( exemple Hernani, Ruy Blas de Hugo, Lorenzaccio de Musset)_
Le héros romantique est un individu original, qui évolue et dont le destin est illustré par la pièce. Le héros romantique est généralement un marginal, il incarne le « mal du siècle ». Le héros romantique est porté par ses désirs, ses défis mais il rencontre la fatalité : il est sacrifié par l'histoire et meurt.

Pourquoi dit-on que le théâtre représente principalement des conflits ?
_ S’il n’y avait pas de conflit, il n’y aurait pas de véritables dialogues. Or le théâtre = échanges verbaux.
_ Dans le théâtre, on fait vivre la condition humaine en actes et scènes or la condition humaine n’est jamais plate mais toujours marquée par disputes, conflits. (Cherchez des exemples: Titus et bérénice, Orgon et toute sa famille à propos du tartuffe, Antigone et Créon..) Le théâtre met en scène des luttes pour satisfaire des désirs: amour, pouvoir , rapport de forces entre des personnages)

Pourquoi le théâtre a-t-il une dimension ouvertement politique en Occident ?
_ Dès l’Antiquité, aux temps du développement de la philosophie et de la démocratie, le théâtre devint sujet à des interrogations politiques.
_ Peut aussi utiliser le registre épique.
(Très insuffisant: le théâtre est un art qui se déroule en assemblée donc dimension collective des débats représentés, influence sur le public, des discours sont proférés par des personnages qui expriment des désirs et luttent pour faire connaître la vérité, pour obtenir le pouvoir: thème de la tragédie comme dans Bérénice ou beaucoup de pièces de Corneille, mais aussi rapport maître/valets chez Marivaux par exemple, et thème politique des drames romantiques: Lorenzaccio qui cherche à se débarrasser du tyran de Florence, plus près de nous réflexion sur la société, sur la guerre, les pièces de Brecht ets on théâtre épique qui parlent de l'exploitation du peuple CF la Bonne Ame de Sechuan...sujet à creuser) Pensez aussi au théâtre à thèse:Les justes de Camus sur la question du terrorisme ou Rhinocéros qui traite de la montée du nazisme par un apologue ou même Ubu Roi de Jarry qui évoque également la dictature.

Comment une tragédie est-elle structurée ?
_ Ecrite généralement en alexandrins dans un style élevé (« le sublime »), elle présente une action en cinq actes, dont le dernier marque le plus souvent la « catastrophe » tragique quand les tensions accumulées dans les actes précédents se libèrent avec violence.
_ le premier acte correspond à l’exposition de la situation des personnages
_ le second voit apparaître l’élément perturbateur (retour de Thésée dans Phèdre, rupture entre Titus et Bérénice dans Bérénice, décision du sacrifice d’Iphigénie dans Iphigénie...)
_ dans le troisième acte, les protagonistes cherchent une solution au drame, tout paraît encore possible
_ dans le quatrième acte, l’action se noue définitivement, chez Racine du moins, les personnages n’ont plus aucune chance d’échapper à leur destin
_ au cinquième acte, l’action se dénoue enfin, entraînant la mort d’un ou de plusieurs personnages.

Quelles sont les règles de la tragédie classique ?
_ La règle des trois unités : l’action unique doit se dérouler dans un seul lieu et ne pas excéder vingt-quatre heurs.
_ Les règles de bienséance et de vraisemblance excluent la représentation de la mort et du sang et imposent le critère de crédibilité de l’action jouée.

Les procédés comiques au théâtre

Pour faire rire au théâtre, il existe différents procédés qui reposent sur des moyens différents.
Le comique de situation : Il intervient lorsque c'est la situation en elle-même qui devient drôle. Cela peut être le cas lorsqu'on met un personnage en difficulté, en particulier lors de l'apparition d'un personnage qui dérange
Le comique de geste : Il intervient souvent au théâtre. De nombreux éléments en font partie, comme les coups de bâtons, les positions ridicules, les expressions du visage, le ton de la voix, mais aussi les costumes parfois extravagants ou ridicules.

Le comique de caractère: La comédie met en scène des personnages qui ont des défauts, des vices. Pour faire rire, l'auteur accentue volontairement à l'excès ces défauts.

Le comique de mots : Les auteurs de comédie usent et abusent des bons mots en faisant de la langue française un vivier de jeux de mots... En jouant sur les mots, sur la langue, il est possible de provoquer le rire du spectateur.

Le comique de mœurs : Plus général, ce comique se retrouve dans l'ensemble d'une pièce de théâtre. Le dramaturge (= auteur de pièces de théâtre) peint les vices et les moeurs de son temps. Dans Le Malade imaginaire, Molière dresse un portrait assez satirique des médecins de son temps. Il souhaite, dans ses comédies montrer les vices de son temps pour les ridiculiser.

(Donner des exemples de scènes précises)

Relations maîtres-valets au théâtre
_ Le théâtre met aussi en scène les rapports hiérarchiques parfois conflictuels entre personnages appartenant à des classes sociales opposées :
_ Maîtres et esclaves : un maître aristocrate veut rétablir un droit injuste à son profit et son serviteur remet en cause les privilèges de la noblesse, dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais.

Théâtre et hypocrisie : la thématique du « masque »
_Pour Aristote, l’art en général imite la nature. Même si le personnage de théâtre peut évoquer une personne appartenant au domaine de la vie réelle, même si le corps et la voix de l’acteur lui donnent une certaine réalité, nous savons bien que ce personnage n’existe pas, que tout est faux sur la scène, et que l’acteur joue un personnage qui s’évanouira lorsque il quittera son costume.
_ La volonté d’imiter le réel a pour objectif de créer l’illusion théâtrale, c’est à dire d’amener le spectateur à prendre pour vrai ce qui n’est qu’un fiction. On peut remarquer qu’illusion a la même origine latine que le mot ludique qui se rapporte à l’idée du jeu.
_ Le processus d’illusion amène le spectateur à s’identifier au personnage. L’identification au héros est un plaisir essentiel au théâtre pour le public et celui-ci peut donc plonger ses racines dans l’inconscient.
(Intéressant mais un peu hors sujet: ne parle pas du "masque". rappel: personna en latin: ce à travers quoi on fait passer le son et en même temps :personne, c'est-àdire une absence ( pardoxe dus sens du mot 'personne "qui désigne à la fois un néant et la singularité individuelle.
Hypocrite en grec = comédien, celui qui feint, qui fait semblant. (d'où la condamnation des comédiens par l'Eglise catholique, ils font profession de mentir!)
Hypocrites? le libertin Dom Juan et Tartuffe, tous les deux de grands acteurs!

Le théâtre a-t-il pour fonction d’instruire ou de distraire le public ?
_ Distraire : car une pièce de théâtre comme tout autre genre est écrite dans une esthétique littéraire. A l’époque du 18è siècle, c’est aussi une mode de divertissement des nobles.
_ Aussi une fonction d’instruire, de critiquer : nous apprend sur les événements historiques d’une époque. Critique : par ex dans les œuvres de Molière, critique morale, mais aussi critique sociale et politique. Peuvent nous apprendre les vices d’une société à travers les procédés comiques -> mise en avance de la fonction satirique.

(il faudrait des exemples concrets)

Qu’est-ce qu’on appelle la mise en scène ? A quoi sert-elle ? Quels problèmes pose-t-elle ?
_ La mise en scène est un travail d’association , d'élaboration et d'agencement des éléments de la représentation théâtrale. Elle est également l’une des principales composantes de l’art dramatique.
_ Permet de faire exister l’action dans une espace plus vivante, réaliste. La mise en scène est plus apte que le texte à faire croire le lecteur à l’œuvre car elle permet un accès plus direct à la compréhension avec le jeu des acteurs, les jeux de la lumière, de la sonorité.
_ Même dans le cas où le texte écrit par l’acteur contient peu de didascalies, il est lui-même la limite naturelle de la liberté interprétative du metteur en scène : on ne peut faire dire n’importe quoi à un texte. La mise en scène, sans être une plate explicitation du texte, doit [url]toujours[/url] ( discutable dans le théâtre contemporain: cf la problématique "servir le texte ou s'en servir". Exemple de la mise en scène de Fischbac et Montet pour Bérénice. Ne pas figer la notion de théâtre en se limitant au théâtre de représentation, pensez aussi au théâtre de perforamnce aujourd'hui, faites sentir qu'il ya débat et parfois très polémique) rester à son service, et ne pas le faire mentir. En commettant un contresens, le metteur en scène défait l’œuvre écrite par l’auteur.
Le théâtre peut-il se passer de mise en scène ?
_ Même si une pièce de théâtre apparaît tout d’abord sous forme textuelle et que toute pièce n’est pas mise en scène en tant que représentation, il est néanmoins inadéquat de dire que le théâtre peut se passer de mise en scène car :
_ Etymologiquement, le mot théâtre renvoie à l’action de regarder. C’est dire si le genre est voué, dès son origine, à la représentation et au spectacle. Il est ainsi à la fois un texte et un spectacle qui entrent en résonance avec la sensibilité et les préoccupations d’une époque. A chaque représentation, le texte reçoit de nouvelles significations à travers le jeu des acteurs, les choix du metteur en scène ainsi que les réactions des spectateurs. Ex Tartuffe, Bérénice

_ D’autre part, la mise en scène amène non seulement la possibilité de visualiser des espaces scéniques et des jeux concrètement mais aussi celle d’entendre la musicalité des répliques avec toutes les assonances et allitérations. Représenter permet donc une création de rapport scène-salle. Pour pouvoir transmettre entièrement la beauté d’une œuvre au destinataire, il serait plus intéressant de concevoir ces deux voies comme complémentaires, afin de créer une voie plus grande, plus accessible et plus abondante menant à la découverte d’une œuvre théâtrale.


En quoi la mise en scène peut-elle influencer la réception d’une pièce par le public ?
_ Le metteur en scène dirige la transformation du texte en spectacle ; cette fonction est aujourd’hui si essentielle qu’on considère parfois le metteur en scène comme le créateur de la pièce, au même titre que l’auteur. Par ses choix et ses interprétations, le metteur en scène peut infléchir le sens de la pièce, voir le changer totalement en influençant sur le ton par ex. Ainsi, deux mises en scène d’une même pièce peuvent prendre deux directions divergentes, chacune insistant sur en tel aspect de la pièce. Le metteur en scène dispose donc d’une grande liberté. (des ex)
_ D’autre part, l’interprétation que donnent les comédiens de leur personnage est essentielle dans la perception du sens de la pièce par le spectateur : suivant le ton qu’ils adoptent, le public perçoit l’ironie d’une réplique ou en reste au premier degré.

Quelles qualités faut-il pour être un bon comédien ?
_ Bonne capacité de contrôler sa voix et son corps
_ Une capacité de s’oublier soi-même, d’être sous la peau de quelqu’un d’autre
_ Bonne concentration en travail car une pièce de théâtre ne peut être représenté sur scène qu’une seule fois, différente d’un film.

Comparaison théâtre/cinéma :
_D'un côté, des plans fixes où entrent et sortent des acteurs et de l'autre, une multitude de plans différents qui intègrent les protagonistes. Et souvent, le fait d'imaginer le portage d'une pièce de théâtre sur grand écran la rendrait beaucoup moins crédible. En effet, il serait difficile d'adapter une pièce comme Le Cid de Pierre Corneille au cinéma, car la présence de réplique sous forme de vers et d'un langage à forte inspiration poétique ne correspond pas du tout au style cinématographique.
_ Une représentation ne peut être jouée une seule fois sur scène : le jeu des acteurs doit être perfectionné à l’absolu tandis qu’au cinéma, on peut refilmer plusieurs fois une même scène.


Les fonctions du théâtre :
Theatre : distraire
Lorsqu’on allait au théâtre, c’est tout d’abord dans le but de se distraire. A l’origine, le jeu des acteurs était centré sur les actions, d’où l’élaboration de la farce et de la commedia dell’arte, genre de théâtre comique populaire en Italie (les comédiens portent des masques).
Le théâtre peut aussi être considéré comme comme un lieu de rencontre : les spectateurs partagent le plaisir de regarder ensemble et aussi partagent leurs opinions sur la pièce.
Théâtre : porteur d’un message, d’une critique :
_ Au théâtre, les comédiens miment des situation de la vie dans un décor copiant la réalité. Le théâtre fait donc portrait de la vie des personnages mais aussi la société dans laquelle ils se trouvent. Ainsi, le théâtre est tout a fait apte de critiquer les moeurs, les défauts d’une société. Ex : Tartuffe s’attaque à la fausse dévotion, l’hypocrisie de la réligion.
_ Le théâtre engagé du 19è siècle qui permet aux auteurs d’affirmer lerus opinions politiques (Victor Hugo avec Hernani ou Cromwell qui critique Bonaparte en particulier)
_ Le théâtre existentialiste qui nous pose les questions sur la liberté du choix, la notion de bonheur: Sartre et les Mouches avec l’histoire du jeune Oreste qui, par sa prise en conscience de la véritable liberté, commet un double meutre

Qu’est-ce qui intéresse le spectateur avant tout ?
_ Le jeu des acteurs qui donne la vraisemblance de la représentation car le théâtre est avant tout un lieu d’illusion, ainsi la représentation doit être capable de faire croire au spectateur de ce qui passe sur scène.
_ L’histoire (la fable) – le contenu de la pièce qui donne la vraisemblance et l’attraction de la pièce: la réception d’une pièce dépend de ce facteur car le spectateur va décider de suivre ou pas la représentation selon son plaisir et sa curiosité éprouvés pour la pièce.

Mise en abyme au théâtre (théâtre dans le théâtre)
_ Le procédé de la mise en abyme est un procédé artistique qui consiste à représenter une oeuvre dans une oeuvre (mini production), Il permet de représenter l’activité artistique au sein même de l’oeuvre.
_ La mise en abyme permet donc une remise en question de l’illusion dramatique, dans la mesure où elle rappelle au spectateur le caractère fictif du procédé de production artistique. Elle fait appel à l’esprit critique du spectateur en l’invitant à réfléchir sur la nature même du théâtre. (Des ex)

Pourquoi Bérénice n’est-elle pas considérée comme une tragédie comme une autre ?
_ Une structure simple : L’action est très limitée dans cette pièce. En effet, Racine revendique la simplicité de son sujet et se moque de ceux qui multiplient les péripéties et les coups de théâtre. Bérénice n’est donc pas une tragédie d’action. La pièce ne se termine non plus par un bain de sang. Si la mort n’est pas au dénouement, elle est quand même omniprésente dans la tragédie. Surtout lors des paroles de séparation des deux personnages.
_ Racine n’interroge pas la relation amoureuse mais le fond des âmes et des corps
passionnés, dévorés par l’esprit de la conquête, de possession. La tristesse se joue surtout dans l’aveu de la séparation par Titus au début de la pièce puis elle se trouve dans le processus de se désillusionner des personnages. Ainsi Racine parle de « la tristesse majestueuse » dans sa préface.

La modernité de Bérénice ?
_ Traite le thème d’un amour entre deux personnes de différentes cultures. La question d’aimer sur un territoire étranger. C’est un thème universel et qui peut s’approprier à n’importe quelle époque.
_ Bérénice invite aussi le lecteur et le spectateur à réfléchir sur la question du choix entre un amour passionnant mais dévastateur et un amour héroique de type sacrifice.