/g Les songes de Descartes
TdM RRR / Le Recueil des Récits de Rêve - édition de Guy Laflèche TGdM

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Les songes de Descartes
Situation Localisation Notes Variantes Références Bibliographie

Adrien Baillet, la Vie de M. Descartes, biographie, 1691

Table des trois songes dans le chapitre de Baillet

Livre 2, chapitre 1

      Après avoir rapporté de suite (a) les affaires qui se sont passées en Allemagne sous les yeux de M. Descartes, nous nous sommes fait un plus grand jour pour exposer aux yeux des autres ce qui se passa dans son esprit (b) et dont il fut le seul acteur peu de temps après s'être engagé dans les troupes du duc de Bavière (1). Nous avons remarqué qu'après avoir quitté sur la fin de septembre de l'an 1619 la ville de Francfort, où il avait assisté au couronnement de l'empereur, il s'arrêta sur les frontières de Bavière au mois d'octobre, et qu'il commença la campagne par se mettre en quartier d'hiver. Il se trouva en un lieu si écarté du commerce (c), et si peu fréquenté de gens dont la conversation fût capable de le divertir, qu'il s'y procura une solitude telle que son esprit [ne] la pouvait avoir dans son état de vie ambulante (d). S'étant ainsi assuré des dehors (e), et par bonheur n'ayant d'ailleurs aucun soin ni aucune passion au dedans qui pussent le troubler, il demeurait tout le jour enfermé seul dans un poêle (f), où il avait tout le loisir de s'entretenir de ses pensées. Ce n'étaient d'abord que des préludes d'imagination et il ne devint hardi que par degrés en passant d'une pensée à une autre, à mesure qu'il sentait augmenter le plaisir que son esprit trouvait dans leur enchaînement. Une de celles qui se présentèrent à lui des premières fut de considérer qu'il ne se trouve point tant de perfection dans les ouvrages composés de plusieurs pièces et faits de la main de divers maîtres que dans ceux auxquels un seul a travaillé (2). Il lui fut aisé de trouver de quoi soutenir cette pensée, non seulement dans ce qui se voit de l'architecture, de la peinture, et des autres arts, où l'on remarque la difficulté qu'il y a de faire quelque chose d'accompli en ne travaillant que sur l'ouvrage d'autrui, mais même dans la police (g), qui regarde le gouvernement des peuples, et dans l'établissement de la religion, qui est l'ouvrage de Dieu seul.

      Il appliqua ensuite cette pensée aux sciences, dont la connaissance ou les préceptes se trouvent en dépôt dans les livres. Il s'imagina que les sciences, au moins celles dont les raisons ne sont que probables et qui n'ont aucune démonstration, s'étant grossies peu à peu des opinions de divers particuliers, et ne se trouvant composées que des réflexions de plusieurs personnes d'un caractère d'esprit tout différent, approchent moins de la vérité, que les simples raisonnements que peut faire naturellement un homme de bon sens touchant les choses qui se présentent à lui. De là il entreprit de passer à la raison humaine avec la même pensée. Il considéra que pour avoir été enfants avant que d'être hommes, et pour nous être laissés gouverner longtemps par nos appétits et par nos maîtres, qui se sont souvent trouvés contraires les uns aux autres, il est presque impossible que nos jugements soient aussi purs, aussi solides qu'ils auraient été si nous avions eu l'usage entier de notre raison dès le point de notre naissance et si nous n'avions jamais été conduits que par elle.

      La liberté qu'il donnait à son génie, ne rencontrant point d'obstacles, le conduisait insensiblement au renouvellement de tous les anciens systèmes. Mais il se retint par la vue de l'indiscrétion (h) qu'il aurait blâmée dans un homme qui aurait entrepris de jeter par terre toutes les maisons d'une ville, dans le seul dessein de les rebâtir d'une autre manière. Cependant comme on ne trouve point à redire qu'un particulier fasse abattre la sienne, lorsqu'elle le menace d'une ruine inévitable, pour la rétablir sur des fondements plus solides, il se persuada qu'il y aurait en lui de la témérité à vouloir réformer le corps des sciences ou l'ordre établi dans les écoles pour les enseigner, mais qu'on ne pourrait le blâmer avec justice d'en faire l'épreuve sur lui-même sans rien entreprendre sur autrui. Ainsi il se résolut une bonne fois de se défaire de toutes les opinions qu'il avait reçues jusqu'alors, de les ôter entièrement de sa créance, afin d'y en substituer d'autres ensuite qui fussent meilleures ou d'y remettre les mêmes après qu'il les aurait vérifiées et qu'il les aurait ajustées au niveau de la raison. Il crut trouver en ce point les moyens de réussir à conduire sa vie beaucoup mieux que s'il ne bâtissait que sur de vieux fondements, ne s'appuyant que sur les principes qu'il s'était laissé donner dans sa première jeunesse, sans avoir jamais examiné s'ils étaient vrais.

      Il prévoyait pourtant qu'un projet si hardi et si nouveau ne serait pas sans difficultés. Mais il se flattait que ces difficultés ne seraient pas aussi sans remède, outre qu'elles ne mériteraient pas d'entrer en comparaison avec celles qui se trouveraient dans la réformation des moindres choses qui touchent le public : il mettait une grande différence entre ce qu'il entreprenait de détruire en lui-même et les établissements publics de ce monde, qu'il comparait à de grands corps dont la chute ne peut être que très rude et qui sont encore plus difficiles à relever quand ils sont abattus qu'à retenir quand ils sont ébranlés; il estimait que l'usage avait adouci beaucoup de leurs imperfections et qu'il en avait insensiblement corrigé d'autres, beaucoup mieux que n'aurait pu faire la prudence du plus sage des politiques ou des philosophes. Il convenait même que ces imperfections sont encore plus supportables que ne serait leur changement : de même que les grands chemins qui tournoient entre des montagnes deviennent si unis et si commodes à force d'être battus et fréquentés qu'on se rendrait ridicule de vouloir grimper sur les rochers ou descendre dans les précipices sous prétexte d'aller plus droit. Son dessein n'était pas de cette nature. Ses vues ne s'étendaient pas alors jusqu'aux intérêts du public. Il ne prétendait point réformer autre chose que ses propres pensées et il ne songeait à bâtir que dans un fonds qui fût tout à lui. En cas de mauvais succès, il croyait ne pas risquer beaucoup puisque le pis qu'il en arriverait ne pourrait être que la perte de son temps et de ses peines qu'il ne jugeait pas fort nécessaires au bien du genre humain.

      Dans la nouvelle ardeur de ses résolutions, il entreprit d'exécuter la première partie de ses desseins qui ne consistait qu'à détruire. C'était assurément la plus facile des deux. Mais il s'aperçut bientôt qu'il n'est pas aussi aisé à un homme de se défaire de ses préjugés que de brûler sa maison. Il s'était déjà préparé à ce renoncement dès le sortir du collège : il en avait fait quelques essais premièrement durant sa retraite du faubourg Saint-Germain à Paris et ensuite durant son séjour de Breda (3). Avec toutes ces dispositions, il n'eut pas moins à souffrir que s'il eût été question de se dépouiller de soi-même. Il crut pourtant en être venu à bout. Et à dire vrai, c'était assez que son imagination lui présentât son esprit tout nu pour lui faire croire qu'il l'avait mis effectivement en cet état. Il ne lui restait que l'amour de la vérité, dont la poursuite devait faire dorénavant toute l'occupation de sa vie. Ce fut la matière unique des tourments qu'il fit souffrir à son esprit pour lors. Mais les moyens de parvenir à cette heureuse conquête ne lui causèrent pas moins d'embarras que la fin même. La recherche qu'il voulut faire de ces moyens jeta son esprit dans de violentes agitations, qui augmentèrent de plus en plus par une contention (i) continuelle où il le tenait, sans souffrir que la promenade ni les compagnies y fissent diversion. Il le fatigua de telle sorte que le feu lui prit au cerveau et qu'il tomba dans une espèce d'enthousiasme, qui disposa de telle manière son esprit déjà abattu qu'il le mit en état de recevoir les impressions des songes et des visions. /a/

      [0] Il nous apprend que le dixième de novembre mil six cent dix-neuf, s'étant couché tout rempli de son enthousiasme et tout occupé de la pensée d'avoir trouvé ce jour-là les fondements de la science admirable (j), il eut trois songes consécutifs en une seule nuit, qu'il s'imagina ne pouvoir être venus que d'en haut. [1] Après s'être endormi, son imagination se sentit frappée de la représentation de quelques fantômes (4) qui se présentèrent à lui, et qui l'épouvantèrent de telle sorte que, croyant marcher par les rues /b/, il était obligé de se renverser sur le côté gauche pour pouvoir avancer au lieu où il voulait aller, parce qu'il sentait une grande faiblesse au côté droit dont il ne pouvait se soutenir. Étant honteux de marcher de la sorte, il fit un effort pour se redresser, mais il sentit un vent impétueux qui, l'emportant dans une espèce de tourbillon, lui fit faire trois ou quatre tours sur le pied gauche. Ce ne fut pas encore ce qui l'épouvanta (5). La difficulté qu'il avait de se traîner faisait qu'il croyait tomber à chaque pas, jusqu'à ce qu'ayant aperçu un collège ouvert sur son chemin, il entra dedans pour y trouver une retraite et un remède à son mal. Il tâcha de gagner l'église du collège où sa première pensée était d'aller faire sa prière, mais s'étant aperçu qu'il avait passé un homme de sa connaissance sans le saluer, il voulut retourner sur ses pas pour lui faire civilité et il fut repoussé avec violence par le vent qui soufflait contre l'église. Dans le même temps il vit au milieu de la cour du collège une autre personne qui l'appela par son nom en des termes civils et obligeants et lui dit que s'il voulait aller trouver Monsieur N. il avait quelque chose à lui donner (6). M. Descartes s'imagina que c'était un melon qu'on avait apporté de quelque pays étranger. Mais ce qui le surprit d'avantage fut de voir que ceux qui se rassemblaient avec cette personne autour de lui pour s'entretenir étaient droits et fermes sur leurs pieds, quoiqu'il fût toujours courbé et chancelant sur le même terrain et que le vent qui avait pensé le renverser plusieurs fois eût beaucoup diminué. Il se réveilla sur cette imagination et il sentit à l'heure même une douleur effective qui lui fit craindre que ce ne fût l'opération de quelque mauvais génie qui l'aurait voulu séduire (7). Aussitôt il se retourna sur le côté droit, car c'était sur le gauche qu'il s'était endormi et qu'il avait eu le songe. Il fit une prière à Dieu pour demander d'être garanti du mauvais effet de son songe et d'être préservé de tous les malheurs qui pourraient le menacer en punition de ses péchés, qu'il reconnaissait pouvoir être assez griefs pour attirer les foudres du ciel sur sa tête, quoiqu'il eût mené jusques-là une vie assez irréprochable aux yeux des hommes.

      Dans cette situation il se rendormit après un intervalle de près de deux heures dans des pensées diverses sur les biens et les maux de ce monde. [2] Il lui vint aussitôt un nouveau songe dans lequel il crut entendre un bruit aigu et éclatant qu'il prit pour un coup de tonnerre. La frayeur qu'il en eut le réveilla sur l'heure même et, ayant ouvert les yeux, il aperçut beaucoup d'étincelles de feu répandues par la chambre. La chose lui était déjà souvent arrivée en d'autres temps et il ne lui était pas fort extraordinaire en se réveillant au milieu de la nuit d'avoir les yeux assez étincelants pour lui faire entrevoir les objets les plus proches de lui. Mais en cette dernière occasion, il voulut recourir à des raisons prises de la philosophie et il en tira des conclusions favorables pour son esprit, après avoir observé en ouvrant puis en fermant les yeux alternativement la qualité des espèces (k) qui lui étaient représentées. Ainsi sa frayeur se dissipa et il se rendormit dans un assez grand calme.

      [3] Un moment après il eut un troisième songe, qui n'eut rien de terrible comme les deux premiers. Dans ce dernier, il trouva un livre sur sa table sans savoir qui l'y avait mis. Il l'ouvrit et, voyant que c'était un dictionnaire, il en fut ravi dans l'espérance qu'il pourrait lui être fort utile. Dans le même instant, il se rencontra un autre livre sous sa main qui ne lui était pas moins nouveau, ne sachant d'où il lui était venu. Il trouva que c'était un recueil des poésies de différents auteurs, intitulé Corpus poetarum etc. /c/ (8) Il eut la curiosité d'y vouloir lire quelque chose et à l'ouverture du livre il tomba sur le vers « Quod vitae sectabor iter ? Etc. » (9). Au même moment il aperçut un homme qu'il ne connaissait pas, mais qui lui présenta une pièce de vers, commençant par « Est et non » (10), et qui la lui vantait comme une pièce excellente. M. Descartes lui dit qu'il savait ce que c'était et que cette pièce était parmi les idylles d'Ausone qui se trouvaient (l) dans le gros recueil des poètes qui était sur sa table. Il voulut la montrer lui-même à cet homme et il se mit à feuilleter le livre dont il se vantait de connaître parfaitement l'ordre et l'économie. Pendant qu'il cherchait l'endroit, l'homme lui demanda où il avait pris ce livre et M. Descartes lui répondit qu'il ne pouvait lui dire comment il l'avait eu, mais qu'un moment auparavant il en avait manié encore un autre qui venait de disparaître, sans savoir qui le lui avait apporté, ni qui le lui avait repris. Il n'avait pas achevé qu'il revit paraître le livre à l'autre bout de la table. Mais il trouva que ce dictionnaire n'était plus entier comme il l'avait vu la première fois. Cependant il en vint aux poésies d'Ausone, dans le recueil des poètes qu'il feuilletait et, ne pouvant trouver la pièce qui commence par « Est et non », il dit à cet homme qu'il en connaissait une du même poète encore plus belle que celle-là et qu'elle commençait par « Quod vitae sectabor iter ? ». La personne le pria de la lui montrer et M. Descartes se mettait en devoir de la chercher lorsqu'il tomba sur divers petits portraits gravés en taille douce, ce qui lui fit dire que ce livre était fort beau, mais qu'il n'était pas de la même impression que celui qu'il connaissait (11). Il en était là, lorsque les livres et l'homme disparurent et s'effacèrent de son imagination, sans néanmoins le réveiller. [4] Ce qu'il y a de singulier à remarquer, c'est que doutant si ce qu'il venait de voir était songe ou vision (12), non seulement il décida en dormant que c'était un songe, mais il en fit encore l'interprétation avant que le sommeil le quittât. Il jugea que le dictionnaire ne voulait dire autre chose que toutes les sciences ramassées ensemble, et que le recueil de poésies intitulé Corpus poetarum marquait en particulier et d'une manière plus distincte la philosophie et la sagesse jointes ensemble. Car il ne croyait pas qu'on dût s'étonner si fort de voir que les poètes, même ceux qui ne font que niaiser (m), fussent pleins de sentences plus graves, plus sensées et mieux exprimées que celles qui se trouvent dans les écrits des philosophes. Il attribuait cette merveille à la divinité (n) de l'enthousiasme et à la force de l'imagination, qui fait sortir les semences de la sagesse (qui se trouvent dans l'esprit de tous les hommes comme les étincelles de feu dans les cailloux) avec beaucoup plus de facilité et beaucoup plus de brillant même que ne peut faire la raison dans les philosophes. M. Descartes, continuant d'interpréter son songe dans le sommeil, estimait que la pièce de vers sur l'incertitude du genre de vie qu'on doit choisir, et qui commence par « Quod vitae sectabor iter ? », marquait le bon conseil d'une personne sage ou même la théologie morale (13). Là-dessus, doutant s'il rêvait ou s'il méditait, il se réveilla sans émotion et continua, les yeux ouverts, l'interprétation de son songe sur la même idée. Par les poètes rassemblés dans le recueil il entendait la révélation et l'enthousiasme, dont il ne désespérait pas de se voir favorisé. Par la pièce de vers « Est et non » /d/, qui est « Le oui et le non » de Pythagore (10), il comprenait la vérité et la fausseté dans les connaissances humaines et les sciences profanes. Voyant que l'application de toutes ces choses réussissait si bien à son gré, il fut assez hardi pour se persuader que c'était l'esprit de vérité qui avait voulu lui ouvrir les trésors de toutes les sciences par ce songe. Et comme il ne lui restait plus à expliquer que les petits portraits de taille-douce qu'il avait trouvés dans le second livre, il n'en chercha plus l'explication après la visite qu'un peintre italien lui rendit dès le lendemain (14).

      Ce dernier songe, qui n'avait eu rien que de fort doux et de fort agréable, marquait l'avenir selon lui et il n'était que pour ce qui devait lui arriver dans le reste de sa vie. Mais il prit les deux précédents pour des avertissements menaçants touchant sa vie passée qui pouvait n'avoir pas été aussi innocente devant Dieu que devant les hommes. Et il crut que c'était la raison de la terreur et de l'effroi dont ces deux songes étaient accompagnés. Le melon dont on voulait lui faire présent dans le premier songe signifiait, disait-il, les charmes de la solitude, mais présentés par des sollicitations purement humaines. Le vent qui le poussait vers l'église du collège, lorsqu'il avait mal au côté droit, n'était autre chose que le mauvais génie /e/ qui tâchait de le jeter par force dans un lieu où son dessein était d'aller volontairement. C'est pourquoi Dieu ne permit pas qu'il avançât plus loin et qu'il se laissât emporter même en un lieu saint par un esprit qu'il n'avait pas envoyé, quoiqu'il fût très persuadé que ç'eût été l'esprit de Dieu qui lui avait fait faire les premières démarches vers cette église (15). L'épouvante dont il fut frappé dans le second songe marquait, à son sens, sa syndérèse (o), c'est-à-dire les remords de sa conscience touchant les péchés qu'il pouvait avoir commis pendant le cours de sa vie jusqu'alors. La foudre dont il entendit l'éclat était le signal de l'esprit de vérité qui descendait sur lui pour le posséder.

      Cette dernière imagination tenait assurément quelque chose de l'enthousiasme (o) et elle nous porterait volontiers à croire que M. Descartes aurait bu le soir avant que de se coucher. En effet c'était la veille de Saint Martin, au soir de laquelle on avait coutume de faire la débauche au lieu où il était, comme en France (16). Mais il nous assure qu'il avait passé le soir et toute la journée dans une grande sobriété, et qu'il y avait trois mois entiers qu'il n'avait bu de vin. Il ajoute que le génie qui excitait en lui l'enthousiasme (p), dont il se sentait le cerveau échauffé depuis quelques jours, lui avait prédit ces songes avant que de se mettre au lit et que l'esprit humain n'y avait aucune part.

      Quoi qu'il en soit, l'impression qui lui resta de ces agitations lui fit faire le lendemain diverses réflexions sur le parti qu'il devait prendre. L'embarras où il se trouva le fit recourir à Dieu pour le prier de lui faire connaître sa volonté de vouloir l'éclairer et le conduire dans la recherche de la vérité. Il s'adressa ensuite à la sainte vierge pour lui recommander cette affaire qu'il jugeait la plus importante de sa vie. Et pour tâcher d'intéresser cette bien-heureuse mère de Dieu d'une manière plus pressante, il prit occasion du voyage qu'il méditait en Italie dans peu de jours pour former le voeu d'un pèlerinage à Notre-Dame De Lorette. Son zèle allait encore plus loin /f/ et lui fit (q) promettre que, dès qu'il serait à Venise, il se mettrait en chemin par terre pour faire le pèlerinage à pied jusqu'à Lorette, que si ses forces ne pouvaient pas fournir à cette fatigue, il prendrait au moins l'extérieur le plus dévot et le plus humilié qu'il lui serait possible pour s'en acquitter. Il prétendait partir avant la fin de novembre pour ce voyage. Mais il paraît que Dieu disposa de ses moyens d'une autre manière qu'il ne les avait proposés. Il fallut remettre l'accomplissement de son voeu à un autre temps, ayant été obligé de différer son voyage d'Italie pour des raisons que l'on n'a point sues et ne l'ayant entrepris qu'environ quatre ans depuis cette résolution (17).

      Son enthousiasme le quitta peu de jours après et, quoique son esprit eût repris son assiette (r) ordinaire et fût rentré dans son premier calme, il n'en devint pas plus décisif sur les résolutions qu'il avait à prendre. Le temps de son quartier d'hiver s'écoulait peu à peu dans la solitude de son poêle et, pour la rendre moins ennuyeuse, il se mit à composer un traité qu'il espérait achever avant pâques de l'an 1620. Dès le mois de février /g/ il songeait à chercher des libraires pour traiter avec eux de l'impression de cet ouvrage. Mais il y a beaucoup d'apparence que ce traité fut interrompu pour lors et qu'il est toujours demeuré imparfait depuis ce temps-là. On a ignoré jusqu'ici ce que pouvait être ce traité qui n'a peut-être jamais eu de titre (18). Il est certain que les Olympiques (19) sont de la fin de 1619 et du commencement de 1620 et qu'ils ont cela de commun avec le traité dont il s'agit, qu'ils ne sont pas achevés. Mais il y a si peu d'ordre et de liaison dans ce qui compose ces Olympiques parmi ses manuscrits qu'il est aisé de juger que M. Descartes n'a jamais songé à en faire un traité régulier et suivi, moins encore à le rendre public.


Notes

Voici d'abord les notes marginales de l'auteur.

/a/ Cart. Olymp. init. Ms.. Référence abrégée au début des Olympiques, soit la section intitulée les Olympiques d'un petit cahier manuscrit. Il s'agit du « petit registre en parchemin » inventorié sous la lettre C au moment du décès de Descartes. Le texte qui suit, à l'alinéa, est rédigé à partir de ce cahier.

/b/ Cart. Olymp. La référence se trouve répétée en marge, environ au milieu de la première phrase qui lance le récit (« Après s'être endormi [...] il ne pouvait se soutenir »).

/c/ Divisé en 5 livres, imprimé à Lyon et à Genève, etc. Voir la note (8).

/d/ Baillet donne en marge le texte original grec de cette ouverture : ναι και ου.

/e/ En regard de la phrase « Le vent qui le poussait vers l'église... où son dessein était d'aller volontairement », Baillet cite le texte original de Descartes en marge : A malo Spiritu ad Templum propellabar. « C'est par un mauvais Esprit que j'étais poussé vers le Temple ».       Le Temple désigne l'église du collège. En revanche, un « Esprit » n'est pas un « Génie »; déjà en français classique, génie connote la littérature gréco-latine ou la magie, tandis qu'esprit appartient au vocabulaire religieux, notamment à la théologie.

/f/ En regard du début de cette phrase (et de la fin de la précédente), Baillet tient à répéter en marge la référence au texte original qu'il utilise, probablement parce qu'il veut renvoyer à un autre endroit du document : Olymp. Cartes. ut supr. (« Dans les Olympiques du Cahier, comme ci-dessus »).

/g/ Ibidem. Die 23 Febr. (« Toujours dans les Olympiques : le 23 février »). Baillet passe probablement encore à une autre partie du petit document. Comme la date du mois de février se trouve deux fois, et dans le texte et dans cette note marginale, il est curieux de la voir contredite par Leibnitz dans les transcriptions qu'il avait faites du document original, soit le 23 septembre 1620. Descartes fait deux voeux, d'abord le pèlerinage de Lorette, ensuite de publier son traité avant Pâques; c'est ce second voeu que le texte de Leibniz date de septembre 1620, promettant la publication avant Pâques 1621.

(1) Transition. L'auteur résume son chapitre précédent. En 1619, après un an en Hollande, René Descartes (né en 1596, formé au collège de La Flèche, licencié en droit de Poitiers) se rend au Danemark, assiste au couronnement du roi Ferdinand de Bohême et s'engage dans les troupes du duc Maximilien de Bavière. Il s'installe pour l'hiver dans un petit village d'Allemagne, probablement près d'Ulm, au début de novembre 1619.

(2) « ... Enfermé seul dans un poêle, où j'avais tout loisir de m'entretenir de mes pensées. Entre lesquelles, l'une des premières fut que je m'avisai de considérer que souvent il n'y a pas tant de perfection dans les ouvrages composés de plusieurs pièces, fait de la main de divers maîtres, qu'en ceux auxquels un seul a travaillé » (Ouverture de la deuxième section du Discours de la méthode, 1637). Tout ce qui suit n'est en effet qu'un résumé, une vulgarisation de l'exposé du philosophe.

(3) Adrien Baillet situe le séjour de Descartes à Paris, après ses études à La Flèche, entre 1613 et 1617, avant d'aller faire son droit à Poitiers, mais rien ne l'atteste. En novembre 1618, Descartes séjourne à Bréda dans le Brabant.

(4) Fantômes : fantasmes (latin phantasma. « spectre », « représentation imaginaire »). Désigne les personnages qui seront représentés dans le récit qui suit, et plus généralement les images ou représentations constituant le rêve. Cette interprétation se trouve confirmée par l'analyse d'Adrien Baillet lui-même, dans son abrégé de la Vie de Descartes en 1693. En effet, s'il n'y reproduit pas les récits de rêves, le biographe les évoque précisément ainsi : « il eut trois songes consécutifs, mais assez extraordinaires pour s'imaginer qu'ils pouvaient lui être venus d'en haut. Il crut apercevoir à travers de leurs ombres [je souligne] les vestiges du chemin que Dieu lui traçait... » (les « Olympiques » de Descartes, p. 39). Cf. note suivante.

(5) La restriction confirme encore l'analyse de la note précédente et montre que le fragment « l'épouvantèrent de telle sorte que » est prospectif : « l'épouvantèrent de la sorte, ainsi qu'il suit ».

(6) Monsieur N. est-il un nouveau personnage anonyme ou la personne que Descartes a négligé de saluer ? Probablement un nouveau personnage. Par ailleurs, la phrase de Baillet n'est pas claire : « [il] lui dit que s'il voulait aller trouver Monsieur N. il avait quelque chose à lui donner »; cela peut vouloir dire : « il a quelque chose à vous donner »; ou encore : « j'ai quelque chose à lui donner ». C'est la première interprétation qui est juste, car plus bas, dans l'interprétation du rêve, on verra que c'est bien à Descartes qu'on voulait donner un melon. Le fait de savoir spontanément de quoi il s'agit (d'un melon !) manifeste de l'hyperconscience spontanée du rêveur (savoir ce que l'on n'a pas appris ou n'apprend pas). Ce n'est pas ce phénomène, mais le melon qui surprend Descartes dans son rêve et la preuve en est que c'est le « symbole » du melon qu'il voudra expliquer.

(7) C'est-à-dire que Descartes croit d'abord que ce premier songe ne lui est pas « venu d'en haut », mais bien d'un mauvais esprit, à la faveur d'une douleur au côté gauche sur lequel il était couché. Dans le contexte, au XVIIe siècle, c'est une manière de dire que le songe pourrait ne pas avoir d'autres significations que cette cause naturelle, dont le malin profiterait pour le confondre. Comme on le verra plus loin à la citation en note marginale /e/, le texte original latin de Descartes parlait ici d'un « mauvais Esprit », malus Spiritus, que Baillet traduit en « mauvais Génie ».

(8) En marge du titre abrégé (Recueil des poètes, etc.), Baillet donne l'indication suivante : « Divisé en 5 livres, imprimé à Lyon et à Genève » /c/. Il s'agit de l'ouvrage de Pierre de Brosses, Corpus omnium veterum poetarum latinorum [« Recueil de tous les anciens poètes latins »], Lyon, 1603, et Genève, 1611.

(9) « Quelle voie suivrai-je dans la vie ? », incipit de l'Idylle 15 d'Ausone intitulée « Ex graeco Pythagoricum de ambiguitate eligendae vitae » (« Du grec, des propos de Pythagore sur l'ambiguïté d'un choix dans la vie »). Le poème se trouve à la page 655 de l'ouvrage, sur deux colonnes, après la fin du poème précédant occupant les quatorze premières lignes de la colonne de gauche. Suit la fin du poème, sur la colonne de droite, qui contient ensuite l'idylle 16, puis le début de l'idylle 17, le poème dont il est ensuite question dans le rêve. Cf. note suivante.

(10) L'idylle 17 d'Ausone est intitulée « Nai kai ou pytagorikon »(« Le oui et le non des pythagoriciens »), comme le dira explicitement plus bas Baillet. Ses premiers mots sont bien « Est, & non ». Le poème commence au bas de la seconde colonne de la page 655, celle que Descartes vient d'ouvrir au hasard et qu'il ne peut retrouver. On verra la reproduction de cette page dans l'étude de Sophie Jama, p. 72.

(11) En effet, aucune des éditions de l'ouvrage [cité note (8)] ne comporte de gravures.

(12) Vision : le mot n'est pas pris par Baillet au sens théologique, mais bien au contraire au sens courant, celui justement évoqué plus haut à la suite du premier songe, soit la création chimérique et maligne de l'imagination (et ici, tout particulièrement, d'une douleur au côté gauche ou sous l'effet de l'alcool). Le dictionnaire de Furetière enregistre les deux sens, d'abord le sens théologique (« une apparition que Dieu envoie, soit en songe, soit réellement ») et le sens courant qui s'applique ici : « La vision est une chimère, un spectre, une imagination que la peur ou la folie font naître dans notre imagination; exemple : c'est un hommme sujet à des visions de spectres ». Je ne pense pas qu'il soit légitime de faire intervenir sur ce point les traités d'onirocritique, comme le font parfois les commentateurs. C'est même de l'ordre du contresens, puisqu'on donne ainsi des significations spécialisées et complexes aux mots « songe » et « vision », qui vont jusqu'à contredire un texte parfaitement limpide sur ce point.

(13) C'est le poème et son titre qui inspirent cette analyse, non pas son contenu radicalement pessimiste (aucune voie ni aucun état ne peut jamais satisfaire l'homme, selon Ausone, mieux valu qu'il ne soit pas né).

(14) Les gravures inédites du recueil annoncent, prédisent ou simplement préviennent la venue d'un peintre. On comprend que, sans être prophétiques dans leur contenu, le fait « prémonitoire » est bien la preuve que ces songes venaient d'« en haut » et que le troisième est de « bon augure », comme le déduit le biographe.

(15) C'est le « scrupule » (et l'obsession dans sa version maladive) : on doit se garder des incitations du malin, surtout s'il nous inclinait au bien, qui ne peut ni ne doit venir que des inspirations divines.

(16) Le 10 novembre, jour anniversaire de la mort de saint Martin.

(17) Descartes visitera l'Italie de 1623 à 1625.

(18) Il semble qu'Andrien Baillet déduise ce projet de traité des notes et brefs exposés contenus dans le cahier contenant des « écrits de jeunesse », dont le fameux Olympica, dont il sera question à la phrase suivante.

(19) Olympica, c'est le titre du texte qui constituait la source du récit de Baillet (et qu'il donne comme référence, on le voit, dans ses notes marginales), c'est-à-dire le texte latin des trois rêves de Descartes et de leur interprétation, manuscrit aujourd'hui perdu.


Variantes

(a) De suite : d'affilée, d'une seule traite.

(b) Se faire un plus grand jour : s'expliquer. Maintenant qu'a été expliqué ce qui se passait aux yeux de Descartes, nous pouvons comprendre ce qui s'est passé dans son esprit.

(c) Commerce : fréquentations, vie intellectuelle et mondaine.

(d) Ambulante : active.

(e) Dehors : situation, vie matérielle.

(f) Le poêle est la chambre chauffée par un poêle, telle qu'on la trouve alors en Allemagne. C'est le fameux poêle où le Discours de la méthode situe lui-même ses origines (ouverture de la seconde partie), en novembre 1619.

(g) Police : politique, organisation sociale.

(h) Indiscrétion : qui manque de discrétion, qui n'est pas discret, « avisé, prudent, judicieux ».

(i) Contention : attention excessive, du latin contentio, « forte, trop grande tension des muscles ou de l'attention de l'esprit ».

(j) Ces italiques sont de l'auteur.

(k) Espèces : images, ce qui est présenté par les sens, l'imagination ou le rêve. Il s'agit ici des étincelles qui éclairent ou paraissent éclairer sa chambre.

(l) L'original porte « qui se trouvait ». Nous accordons au pluriel, pour simplifier la lecture, mais la bonne leçon est probablement « et qui se trouvait ».

(m) Niaiser, au sens positif aujourd'hui disparu de l'usage : s'amuser.

(n) Divinité : le caractère divin ou l'origine divine de l'enthousiasme, c'est-à-dire de l'inspiration poétique.

(o) Syndérèse : mot emprunté au grec, dont la définition suit, « remords de conscience ».

(p) Enthousiasme est pris ici au sens péjoratif [contrairement à son emploi plus haut, cf. n. (n)] : c'est l'emportement, voire la fureur de l'« imagination », par exemple sous l'effet de l'alcool.

(q) TT : « Son zèle allait encore plus loin et il lui fit ». Le pronom explétif s'emploie si peu aujourd'hui dans ce cas, que le lecteur cherche spontanément un sujet autre que celui de la proposition précédente. On le supprime donc.

(r) Assiette : situation, état d'esprit.


Références

Texte témoin

Adrien Baillet, la Vie de M. Descartes, Paris, D. Horthemels, 1691, édition électronique de Frantext (Q928-Q929), édité par la Bibliothèque Nationale de France sur Gallica, document électronique, 1977.

On trouve cette édition sur Gallica : Vie de M. Descartes, vol. 1, p. 77-86.

Édition originale

Adrien Baillet, la Vie de M. Descartes, Paris, D. Horthemels, 1691, 2 vol., vol. 1, p. 77-86; Genève, Slatkine Reprint, 1970. C'est de cette réimpression que sont transcrites les citations et titres en latin, de même que les annotations marginales.

      La source latine de Baillet est un document autobiographique latin de René Descartes rédigé peu après la nuit du 10 au 11 novembre 1619, soit à la fin de 1619 ou au début de 1620. Ce document était contenu sous le titre Olympica dans un cahier comprenant sept séries de notes ou d'exposés sommaires. Apparemment, le titre devrait se comprendre comme le « chemin vers l'Olympe », soit la voie vers la connaissance.

      L'original latin qu'utise Baillet a été consulté par Leibniz qui en a pris quelques notes, notes qui indiquent que le biographe est fidèle au document original (dont les notes relatives au pèlerinage de Lorette, puis du projet de traité, qui semble toutefois dater du 23 septembre 1620).

Éditions critiques

René Descartes, OEuvres, édition de Charles Adam et Paul Tannery, vol. 10, mise à jour de Bernard Rochot, Paris, Vrin, 1974, p. 1-8 (notamment le texte de l'inventaire de 1650); p. 179-188 (« Olympica », édition commentée du texte édité ici); p. 205-219 (texte de la transcription par Foucher de Careil des extraits et notes de Liebniz, dont les originaux sont également perdu, comme le manuscrit de Descartes).


Situation matérielle

      Premier chapitre du second livre de l'ouvrage (livre 2, chapitre 1). Le premier volume comprend quatre livres de 14 chapitres, sauf le dernier, de 16 chapitres.


Situation narrative

      Le premier chapitre de la biographie de René Descartres par Adrien Baillet présente un sommaire de sa jeunesse, jusqu'en 1620. Le second chapitre décrit alors en deux parties sa situation au début de sa vie adulte, alors que Descartes a 23 ans. La première est consacrée à sa découverte de sa méthode « mathématique », la seconde est un compte rendu des trois songes du 10 au 11 novembre 1619 auxquels Baillet associe la révélation de la méthode et de la vocation de Descartes.

      En réalité, René Descartes situe simplement ces songes au cours d'une période de grande excitation. Ce sont les songes qui sont datés du 10 février 1619 et non la découverte de sa méthode telle que décrite à la seconde section du Discours et qui ne paraît pas être, elle, une expérience ponctuelle, bien au contraire.


Bibliographie

      Les études et essais sur les songes de Descartes sont innombrables. En plus, ces travaux sont non seulement divers, mais souvent contradictoires et conflictuels, à commencer par la question de savoir s'il faut considérer le texte de Descartes comme un « compte rendu de rêves (véritables) » ou au contraire comme une « création littéraire », une narration propre à illustrer un cheminement intellectuel. Voici quelques exemples illustrant la variété des attitudes et des questions soulevées par les songes de Descartes.

ADAM, C., « Jeunesse de Descartes, première période (1612- 1619) », Vie et OEuvres de Descartes, étude historique, Paris, Cerf, 1910.

COLE, John R., the Olympian Dreams and youthful rebellion of René Descartes, Urbana, University of Illinois Press, 1992. Il s'agit, à proprement parler, d'une interprétation psychanalytique des songes s'appuyant précisément sur le fait que l'interprétation (à interpréter, il est vrai) est de Descartes lui-même. En fait, John Cole va plus loin et situe le conflit représenté par Descartes entre deux figures paternelles, son père dont il s'écarte en refusant la carrière juridique; son « père intellectuel », Isaac Beeckman, qui au contraire s'écarte de lui.

GOUHIER, Henri, les Premières Pensées de Descartes, seconde édition, Paris, Vrin, 1979. Très certainement l'analyse la plus « cartésienne » des songes de Descartes, faisant preuve d'esprit critique et de mesure dans l'interprétation des textes. Parfaitement bien informé. Le point de départ obligé sur la question.

HALLYN, Fernand, éditeur, les « Olympiques » de Descartes, textes issus d'une journée d'études de l'Université de Gand en Belgique, Genève, Droz (coll. « Romanica Gandensia », no 25). L'ouvrage présente et édite d'abord les textes relatifs aux songes de Descartes, et en présente ensuite six études complémentaires.

JAMA, Sophie, la Nuit de songes de René Descartes, Paris, Aubier, 1998. Sophie Jama propose un renouvellement de l'interprétation des trois songes sous le triple point de vue de l'éducation jésuite, de la chronologie biographique (associant les rêves à la saint Martin) et du savoir de la Rose-Croix (et en particulier de son Upsilon caché au coeur du récit). En empruntant à de nombreuses voies d'interprétation contradictoires, l'ouvrage risque de faire l'unanimité... contre lui. Il est pour cela même une originale et vivante synthèse.

MOYAL, G., « La traduction et ses interprétations : les songes de Descartes », Textes (Toronto), no 4 (1985), p. 161-176.



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