Bouchra Saadallah

Empruntée au vocabulaire maritime d’un point de vue terminologique, la gare des chemins de fer apparaît durant la première moitié du XIXe siècle avec le développement du réseau ferré et ne cessa de bouleverser la structure de nos villes. Après une longue période de déclin depuis le succès de l’automobile au XXe siècle, le chemin de fer du XXIe annonce une renaissance certaine. Il y a alors un intérêt majeur à étudier l’architecture des gares dans une perspective historique afin de mieux envisager leur futur. Développée selon un axe tant théorique qu’analytique, ce travail a dans un premier temps fourni une étude historique globale interrogeant le sujet de la gare en fonction de différents enjeux spatio-temporels. Cela afin de mettre en évidence, dans un deuxième temps, quatre typologies spatiales existantes caractérisant un moment particulier à la fois dans l’histoire du développement du chemin de fer belge et de l’implantation des gares principales bruxelloises: la gare – abri, la gare – monument, la gare – non-lieu, la gare – secteur urbain et enfin, les prémisses d’une cinquième typologie, la gare – pan de la ville.

L’enseignement principal de cette recherche est la richesse d’informations sur la vie urbaine que peut fournir l’étude des gares. Ensuite, le travail de conceptualisation réalisé a nécessité une très importante recherche iconographique jusque-là quasi-inexistante. Certes, chacune de ces gares mériterait à elle seule une étude propre permettant de nuancer chaque typologie en fonction du cas mais aussi d’observer l’évolution des gares à travers le temps selon des critères plus précis. Il y a également lieu de questionner dans quelle mesure la conceptualisation proposée s’applique-t-elle ou non à d’autres villes, en Belgique ou ailleurs. Enfin, dans ce travail, nous nous sommes intéressés spécifiquement au bâtiment utilisé par les voyageurs mais nous pouvons d’ors et déjà souligner le riche patrimoine ferroviaire : hangars, gares de marchandises, etc.

Le paysage urbain français a été marqué par les grands ensembles durant la deuxième moitié du XXe siècle. Qu’en est-il d’Alger ? Située sur la côte méditerranéenne à quelques centaines de kilomètres de l’Europe, cette ancienne colonie a été sous domination française de 1830 à 1962. En moins de deux siècles, la configuration de son territoire a muté d’un habitat traditionnel et influencé par la civilisation arabo-musulmane à celui d’une ville aujourd’hui encore comparée à des villes européennes. Dans une démarche d’enquête historique, nous allons contextualiser les moments forts du développement de l’urbanisme à Alger entre 1945 et 1962 pour démontrer en quoi le paysage urbain algérois, souvent définit comme étant un terrain « d’essai et d’aventure aux portes de la France », est annonciateur de la politique française de reconstruction au lendemain de la seconde guerre mondiale.