LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Préface de la quatrième édition

Comme le titre l'indique, ce Précis n'est pas un traité complet, mais un abrégé, qui puisse servir de cadre à des études plus détaillées et plus approfondies. Toutefois, pour éviter la sécheresse d'un Précis, nous avons tenu à développer, avec des réflexions propres à engendrer la piété, les points essentiels qui constituent la vie intérieure, comme l'habitation du Saint Esprit dans l'âme, notre incorporation au Christ, le rôle de Marie dans notre sanctification, la nature de la perfection et la nécessité d'y tendre. Il en est de même quand nous abordons les trois voies : nous insistons sur ce, qui peut porter les âmes à la confiance, à l'amour, à la pratique des vertus.
Convaincu que le Dogme est la base de la Théologie ascétique, et que l'exposé de ce que Dieu a fait et ne cesse de faire pour nous est le stimulant le plus efficace de la vraie dévotion, nous avons eu soin de rappeler brièvement les vérités de foi sur lesquelles se base la vie intérieure. Ainsi notre traité est tout d'abord doctrinal et s'attache à montrer que la perfection chrétienne découle logiquement de nos dogmes et surtout de l'Incarnation qui en est le centre. Mais il est en même temps pratique ; car il n'est rien de tel qu'une foi vive et éclairée pour nous encourager à faire les efforts énergiques et constants que réclament la réforme de soi-même et la culture des vertus. Nous avons donc soin, dès la première partie, de tirer de nos dogmes les conclusions pratiques qui en découlent spontanément, d'en déduire les moyens généraux de perfection et de stimuler nos lecteurs à mettre en pratique ce qu'ils ont lu avec attention : « Estote factores verbi et non auditores tantum » (Ep. Jac., I, 22).
Dans la, seconde partie, éminemment pratique, nous ne cessons d’appuyer nos conclusions sur les dogmes exposés dans la première partie, en particulier notre incorporation au Christ et l’inhabitation du Saint Esprit en nous. La purification de l’âme ne se fait parfaitement qu'en nous incorporant à Celui qui est la source de toute pureté ; et la pratique positive des vertus chrétiennes n'est jamais plus facile que lorsque nous attirons en nous Celui qui les possède en leur plénitude et désire si ardemment nous les communiquer. Quant à l'union intime et habituelle avec Dieu, elle ne se réalise pleinement qu'en vivant sous le regard et la direction de la Sainte Trinité vivant en nous. Ainsi notre progrès dans les trois grandes étapes de la vie spirituelle est marqué par notre incorporation progressive au Christ Jésus et par notre appartenance de plus en plus complète à l'Esprit sanctificateur.
Cette adhérence au Verbe Incarné et à son divin Esprit n'exclut pas, mais suppose au contraire une ascèse très active. S. Paul, qui a si bien mis en lumière notre incorporation au Christ et notre union à Dieu, n’insiste pas moins sur la nécessité de la lutte contre les tendances du vieil homme, contre le monde et les esprits de ténèbres. Voilà pourquoi, dans l'exposé des trois voies, nous avons souvent parlé de combat spirituel, d'efforts énergiques, de mortification, de tentations, de chutes, de relèvements, non seulement pour les commençants, mais encore pour les âmes avancées. Il faut bien tenir compte des réalités, et tout en décrivant l'union intime avec Dieu et la paix qui l'accompagne, rappeler, comme le fait Ste Thérèse, que le combat spirituel ne finit qu’avec notre mort.
Mais ces luttes incessantes, ces alternatives de consolations et d'épreuves, n'ont rien d'effrayant pour les âmes généreuses, toujours unies à Dieu dans le calme aussi bien que dans la tempête.
C'est surtout pour les séminaristes et les prêtres que nous écrivons; mais nous espérons que ce livre sera utile aux communautés religieuses et même à ces nombreux laïques qui aujourd'hui cultivent la vie intérieure pour exercer plus efficacement l'apostolat.
Nous exposerons avant tout les doctrines certaines ou communément reçues, ne donnant qu'une place très restreinte aux questions controversées. Il y a sans doute plusieurs écoles de spiritualité ; mais les hommes pondérés de ces diverses écoles s'entendent sur tout ce qu'il y a de vraiment important pour la direction des âmes. C'est cette doctrine commune que nous exposerons, en essayant d'y mettre un ordre aussi logique et aussi psychologique que possible. Si parfois nous montrons une certaine préférence pour la spiritualité de l'Ecole française du XVIIe siècle, fondée sur les enseignements de S. Paul et de S. jean, et qui s'harmonise si bien avec la doctrine classique de S. Thomas, nous déclarons très sincèrement que nous sommes pleins d'estime pour les autres écoles, et nous leur ferons de larges emprunts, visant beaucoup plus à mettre en évidence ce qui les rapproche que ce qui les différencie.
C'est au Verbe Incarné et à sa sainte Mère, siège de la divine Sagesse, que nous dédions humblement ce modeste travail, trop heureux s'il peut, sous leur égide, contribuer à la gloire de la Très Sainte et Très Adorable Trinité :
Ut in omnibus honorificetur Deus per Jesum Christum ! (I Petr., IV, 11).
Les quelques changements que nous avons apportés à cette quatrième édition, pour tenir compte des bienveillantes remarques qu'on a bien voulu nous faire, n’en ont point modifié le fond : et nous remercions de tout cœur ceux qui ont bien voulu nous les communiquer.
Solitude d'Issy, (Seine), en la fête de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge, 8 décembre 1924.

AD. TANQUEREY

 Liste chronologique et méthodique des principaux auteurs consultés

Nous avons pensé qu'au lieu de donner simplement une liste alphabétique des auteurs, il valait mieux, pour l'utilité des lecteurs, donner une liste à la fois chronologique et méthodique des auteurs, en indiquant, à partir du Moyen Age, les écoles auxquelles ils se rattachent. Mais nous ne donnons que les principaux, ou du moins ceux que nous regardons comme tels 1 .

I. L'ÂGE PATRISTIQUE

C'est l'âge où s'élaborent les matériaux qui constitueront la science de la spiritualité ; et où nous trouvons déjà deux synthèses, celle de Cassien en Occident et celle de S. Jean Climaque en Orient.

1° Pendant les trois premiers siècles

S. Clément, Lettre à l’église de Corinthe (vers 95) pour recommander la concorde, l'humilité et l'obéissance, P. G., I, et éd. Hemmer-Lejay.
Hermas, Le Pasteur (140-155), P. G., II, 891-1012, expose longuement les conditions du retour à Dieu par la pénitence. Ed. Hemmer-Lejay, avec trad. française par A. Lelong, avec introduction et notes.
Clément d'Alexandrie, Pædagogus (après 195), P. G., IX, 247-794, et éd. Berolinensis, décrit comment par l'ascèse le véritable gnostique arrive à la contemplation.
S. Cyprien, (200-258), De habitu virginum, de dominica oratione, De opere et eleemosynis, de bono patientiæ, de zelo et livore, de lapsis, P. L., IV ; mais la meilleure éd. est celle de Hartel, Vienne, 1868-1871.

2° Du quatrième au septième siècle

A) Dans l'Eglise d'Occident :
S. Ambroise, (333-397), De Officiis ministrorum, De virginibus, De viduis, de virginitate, P. L., XVI, 25-302, et l'éd. de Vienne.
S. Augustin, (354-430), Confessiones, Soliloquia, De doctrina christiana, De Civitate Dei, Epistola CCXI, etc., P. L., XXXII, XXXIV, XLI. On peut tirer des ouvrages du S. Docteur une théologie ascétique et mystique qui complète et corrige Cassien.
Cassien, (360-435), Instituta Cænobiorum, Collationes, P. L., XLIX-L ; et surtout l'éd. de Vienne par Petschenig, 1886-1888. Une trad. française des Conférences par Dom Pichery paraît à la Librairie S. Thomas, à Saint Maximin (Var). Ces conférences résument toute la spiritualité monacale des quatre premiers siècles et n'ont cessé d'être utilisées par les auteurs subséquents.
S. Léon, (Pape 440-461), Sermones, P. L., LIV ; ses discours sur les fêtes de Notre Seigneur sont si pleins de doctrine et de piété que l'Eglise lui en emprunte plusieurs dans ses offices liturgiques.
S. Benoît, (480-543), Regula, P. L., LXVI, 215-932 ; éd. critique de Butler, 1912. Cette règle est devenue, du VIIIe au XIIIe s., celle de presque tous les moines d'Occident, et se recommande par sa discrétion et sa facilité à s'adapter à tous les temps et tous les pays.
S. Grégoire-le-Grand, (540-604), Expositio in librum Job, sive Moralium libri XXXV ; Liber regulæ pastoralis ; Dialogorum libri quatuor, P. L., LXXV-LXXVII.

B) Dans l'Eglise d'Orient :
S. Athanase, (297-373), Vita S. Antonii, où est décrite la vie et par là même la spiritualité du patriarche, des moines et des cénobites, P. G., XXVIII, 838-976.
S. Cyrille de Jérusalem, (315-386), dont les admirables Catéchèses tracent le portrait du vrai chrétien, P. G., XXXIII, et éd. Reischl.
S. Basile, (330-379), De Spiritu Sancto, P. G., XXXII, où se trouve décrit le rôle du S. Esprit dans l'âme régénérée ; Regulæ fusius tractatæ, Regula brevius tractata, P. G., XXXI, qui font connaître la discipline monastique d'Orient.
S. Jean Chrysostome, (344-407), dont les Homélies forment un répertoire complet de morale et d'ascèse, P. G., XLVIII-LXIV ; son petit traité De Sacerdotio exalte l'excellence du sacerdoce, P. G., XLVIII, et éd. Nairn.
S. Cyrille d'Alexandrie, († 444), Thesaurus de sancta et consubstantiali Trinitate, P. G., LXXV, où l'on peut étudier les rapports entre l'âme et la Ste Trinité.
Ps.-Dionysius, (vers 500), De divinis nominibus, De ecclesiastica hierarchia, De mystica theologia, P. G., III ; sa doctrine sur la contemplation a inspiré presque tous les auteurs subséquents.
S. Jean Climaque, († 649), Scala Paradisi ou l'Echelle qui conduit au ciel, P. G., LXXXVIII, 632-1164 : résumé d'ascétique et de mystique pour les moines d'Orient, analogue à celui de Cassien pour l'Occident.
S. Maxime le Confesseur, (580-662), a complété et éclairci la doctrine de Denys sur la contemplation, en la rattachant au Verbe Incarné qui est venu nous déifier ; voir ses Scolies sur Denys, P. G., IV, son Livre ascétique, P. G., XC, 912-956, sa Mystagogie, P. G., XCI, 657-717.
N. B. Nous ne signalons pas les auteurs du VIIIe au XIe s. qui n'apportent rien d'important à l'édifice de la spiritualité.
 
II. LE MOYEN-ÂGE

Déjà se forment des écoles qui élaborent et synthétisent les éléments de spiritualité épars dans les ouvrages des Pères. Nous indiquerons donc les auteurs des principales écoles.

1° L'Ecole bénédictine

A l'abbaye du Bec, en Normandie : S. Anselme, (1033-1109), dont les Méditations et les Prières sont pleines d'une piété à la fois dogmatique et affective, P. L., CLVIII, 109-820, 855-1016 ; Cur Deus homo, P. L., CLVIII, 359-432, où l'on trouve de solides considérations sur l'offense infinie causée à Dieu par le péché et la vertu des satisfactions du Christ.
A l'abbaye de Citeaux : S. Bernard, (1090-1153), dont la piété affective et pratique a exercé une immense influence sur tout le Moyen Age : Sermones de tempore, de sanctis, de diversis, in Cantica Canticorum ; De consideratione ; Tr. de gradibus et humilitatis et superbiæ ; Liber de diligendo Deo, P. L., CLXXXII-IV.
Au monastère de Rupertsberg, près de Bingen : Ste Hildegarde, († 1179), Liber divinarum operum, P. L., CXCVII.
Au monastère de Helfa, en Saxe : Ste Gertrude-la-Grande, (1256-1301), Ste Mechtilde de Hackeborn, († 1298), et Mechtilde de Magdebourg, († 1280) ; leurs Révélations, caractérisées par une piété simple et affective, manifestent une tendre dévotion au Sacré-Cœur  .
Au monastère d'Alvastra, en Suède : Ste Brigitte, (1302-1373), dont les Révélations décrivent d'une façon vive et réaliste les mystères et surtout la Passion de Notre Seigneur (éd. de Rome en 1628).
Au monastère de Castel, Haut-Palatinat : Jean de Castel, De adhærendo Deo, longtemps attribué au B. Albert le Grand ; De lumine increato, 1410.
En Italie, S. Laurent Justinien, (1380-1455), réformateur des congrégations italiennes et du clergé séculier, a écrit plusieurs ouvrages de spiritualité pratique : De compunctione et complanctu christianæ perfectionis ; De vita solitaria ; De contemptu mundi ; De obedientia ; De humilitate ; De perfectionis gradibus ; De incendio divini amoris ; De regimine prælatorum (t. II des Opera omnia, Venise, 1751).
En Espagne, Garcia de Cisneros, († 1510), qui, dans son Ejercitatorio de la vida espiritual, trace un programme de vie spirituelle.

2° L'Ecole de S. Victor, dont les trois principaux représentants sont :
Hugues, († 1141), De sacramentis christianæ fidei, De vanitate mundi, Soliloquium de arrha animæ, De laude caritatis, De modo orandi, De amore sponsi ad sponsam, De meditando (P. L., CLXXVI).
Richard, († 1173), Benjamin minor seu de præparatione ad contemplationem, Benjamin major seu de gratia contemplationis, Expositio in Cantica Canticorum (P. L., CXCVI).
Adam, († 1177), Sequentiæ (P. L., CXCVI), le poète de l'Ecole.
Tous les trois partent du symbolisme de l'univers pour aller à Dieu par la contemplation.

3° L'Ecole dominicaine :

spiritualité basée sur la théologie dogmatique et morale, faisant corps avec elle, et conciliant la prière liturgique et la contemplation avec l'action et l'apostolat : Contemplari et contemplata aliis tradere.
S. Dominique, (1170-1221), fondateur de l'Ordre des Frères Prêcheurs, élabora ses Constitutions d'après celles des Prémontrés, en vue de former des prédicateurs savants, capables de défendre la religion contre les adversaires les plus doctes.
Albert le Grand, (1206-1280), Commentarii in Qionysium Areopagitam, In quatuor libros Sentent., Summa theologiæ, De sacrificio missæ.
S.Thomas, le Docteur angélique (1225-1274), a traité excellemment toutes les questions importantes d'ascétique et de mystique dans ses divers ouvrages, surtout dans la Somme théologique, les Commentaires sur S. Paul, sur le Cantique des Cantiques, sur les Evangiles, l'opuscule De perfectione vitæ spiritualis, et l'Office du S. Sacrement, si plein de piété doctrinale et affective. Ces textes divers ont été distribués dans un ordre logique par Th. de Vallgornera, Mystica theologiæ D. Thomæ, Barcinonæ, 1665, et Augustinæ Taurinorum, 1889 et 1911.
S. Vincent Ferrier, (1346-1419), De vita spirituali, vrai petit chef-d'œuvre, dont S. Vincent de Paul faisait son livre de chevet, trad. par le P. Rousset, 1899, et le P. V. Bernadot, 1918.
Ste Catherine de Sienne, (1347-I380), Le Dialogue, dont la meilleure traduction est celle du P. Hurtaud (Paris, Lethielleux, 1913) ; Lettres, trad. par E. Cartier, 1860. La Sainte exalte la miséricorde divine, qui nous a créés, sanctifiés, et se manifeste jusque dans les châtiments qui tendent à nous purifier. La meilleure édition des Œuvres complètes en italien est celle de Girolamo Gigli, Sienne, 1707.
Maître Eckart, O. P., († 1327), dont il ne reste que des fragments qui ne permettent pas de reconstituer sa doctrine, et dont plusieurs propositions furent condamnées après sa mort par Jean XXII (Denzinger, n° 501-529).
Tauler, († 1361), auteur de Sermons qui, par leur doctrine élevée et enrichie de comparaisons, frappèrent vivement ses contemporains ; trad. latine de L. Surius ; trad. française du P. Noël, O. P., en 8 vol., chez Tralin, Paris ; éd. critique allemande de Vetter, 1910. Les Institutions n'ont pas été rédigées par lui, mais contiennent un résumé de sa doctrine ; nouvelle édit., Paris, 1909.
B. Henri Suso, O. P., († 1365), dont les œuvres ont été publiées en allemand par le P. Denifle : Die Schriften des heiligen H. Suso, et en français par le P. Thiriot : Œuvres mystiques de H. Suso, Gabalda, Paris, 1899.

4° L’Ecole franciscaine,

à la fois spéculative et affective, partant de l'amour de Jésus crucifié pour faire aimer et pratiquer joyeusement les vertus crucifiantes et surtout la pauvreté.
S. François d'Assise, (1181-1226), Opuscula, éd. critique de Quarracchi, 1904.
S. Bonaventure, (1221-1274), outre ses œuvres théologiques, a composé beaucoup de traités ascétiques et mystiques, recueillis au t. VIII de l'éd. de Quarrachi, en particulier : De triplice via (appelé aussi Incendium amoris), Lignum vitæ, Vitis mystica ; l'Itinerarium mentis ad Deum et le Breviloquium, rangés parmi les œuvres théologiques (t. V éd. de Quarracchi) contiennent d'excellents aperçus ascétiques et mystiques.
L’auteur inconnu des Meditationes vitæ Christi, ouvrage longtemps attribué à S. Bonaventure, mais écrit par un de ses disciples, a exercé une grande influence au Moyen Age, en traitant d'une façon affective les mystères de Notre Seigneur et surtout de sa Passion.
David d'Augsbourg, († 1271), Formula novitiorum de exterioris hominis reformatione,  de interioris hominis reformatione, édition Quarracchi, 1899.
Bse Angèle de Foligno, († 1309), Le livre des visions et instructions, trad. par E. Hello, nouvelle éd., Paris, Tralin, 1914 : décrit spécialement la transcendance de Dieu et les souffrances de Jésus.
Ste Catherine de Bologne, (1413-1463), enseigne, dans Les sept armes spirituelles contre les ennemis de l'âme, des moyens très pratiques pour triompher des tentations.

5° L'Ecole mystique flamande

a pour fondateur le B. Jean Ruysbroeck, (1293-1381), Œuvres trad. du flamand par les Bénédictins de l'Abbaye de S. Paul de Wisques ; les principales sont : Le Miroir du Salut éternel, Le Livre des sept clôtures ou des renoncements, L'Ornement des noces spirituelles : l'un des plus grands docteurs mystiques, profond et affectif, dont le langage parfois obscur a besoin d'être interprété.
On peut considérer comme ses disciples les Frères de la vie commune et les Chanoines réguliers de Windesheim moins spéculatifs, mais plus pratiques et plus clairs. Parmi eux signalons :
Gérard Groot, († 1384), auteur de divers opuscules de piété.
Florent Radewijns, († 1400), Tractatulus devotus de extirpatione vitiorum et de acquisitione verarum virtutum.
Gérard de Zutphen, De ascensionibus ; De reformatione virium animæ, 1493.
Gerlac Peters, (1378-1411), dont l'œuvre principale est le Solitoquium, imprimé à Cologne en 1616 sous le titre de Ignitum cum Deo colloquium ; trad. française récente par Dom E. Assemaine, sous le titre de Soliloque enflammé, St Maximin. La doctrine est analogue à celle de l'Imitation.
Thomas a Kempis, (1379-1471), auteur de divers opuscules très pieux, où l’on retrouve les idées et parfois les expressions de l’Imitation : Soliloquium animæ, Hortulus rosarum, Vallis liliorum, Cantica, De elevatione mentis, Libellus spiritualis exercitii, De tribus tabernaculis. Aujourd'hui la plupart des auteurs lui attribuent la paternité de l'Imitation, ce livre le plus beau qui soit sorti de la main d'un homme, puisque l'Evangile n'en vient pas ; et cette opinion nous paraît très probable.
Jean Mombaer ou Mauburne, auteur du Rosetum exercitiorum spiritualium (1494), où il traite des principaux points de la spiritualité et en particulier des méthodes de méditation.

6° L'Ecole carthusienne compte six auteurs principaux :

Hugues de Balma (ou de Palma), qui a vécu pendant la seconde moitié du XIIIe s., est très probablement l'auteur de la Theologia mystica longtemps attribuée à S. Bonaventure.
Ludolphe de Saxe ou le Chartreux, (1300-1370), composa une Vie de Notre Seigneur, qui eut une influence extraordinaire sur la piété chrétienne ; c'est un livre de méditation plutôt qu'un livre historique, enrichi de pieuses réflexions tirées des Pères.
Denys le Chartreux, le Docteur extatique, (1402-1471), a composé de nombreux ouvrages (44 vol. in-4°, nouvelle éd. commencée en 1896 par les Chartreux de Montreuil-sur-mer), entre autres, des traités ascétiques : De arcta via salutis et contemptu mundi, De gravitate et enormilate peccati, De conversione peccatoris, De remediis tentationum, Speculum conversionis ; des traités mystiques : De fonte lucis et semitis vitæ, De contemplatione, De discretione spirituum, sans parler de ses Commentaires sur S. Denys.
Jean Lansperge, († 1539), célèbre par sa dévotion au Sacré-Cœur ; son principal ouvrage Alloquium Christi ad animam fidelem, rappelle l'Imitation. Les Chartreux de Montreuil ont réédité ses Opuscula spiritualia.
L. Surius, (1522-1578), perfectionnant l'œuvre de A. Lippomani sur les vies des Saints, publia six vol. in-fol. De probatis Sanctorum historiis, où il fait preuve de plus de piété que de critique historique.
Molina le Chartreux (1560-1612), Instruccion de Sacerdotes (Instruction des prêtres) ; nombreuses éditions et traductions ; Exercicios espirituales..., où il traite de l'excellence et de la nécessité de l'oraison mentale.

7° En dehors de ces écoles

Pierre d'Ailly, (1350-1420), De falsis prophetis (t.1 des Opera omnia de Gerson), éd. Ellies du Pin, Anvers, 1706.
Gerson, (1363-1429), a traité presque toutes les questions ascétiques et mystiques d'une façon à la fois doctrinale et affective : Le livre de la vie spirituelle de l'âme ; Des passions de l'âme ; Les tentations ; La conscience scrupuleuse ; La prière ; La Communion ; La Montagne de la Contemplation ; La Théologie mystigue spéculative et pratique ; La perfection du cœur, etc. Il a un charmant petit traité De parvulis ad Christum trahendis et des Considérations sur S. Joseph, ayant été l'un des premiers à promouvoir la dévotion à ce Saint.
W. Hilton, († 1396), Scala perfectionis, trad. anglaise The scale of perfection, par R. P. Guy.
Julienne de Norwich, en Angleterre († 1442), Revelations of divine love (Révélation de l'amour divin), nouvelle édition, Londres, 1907.
Ste Catherine de Gênes, (1447-1510) : Dialogue entre l'âme et le corps, l'amour-propre, l'esprit et l'humanité de Notre Seigneur ; Traité du Purgataire, très remarquable, trad. de Bussière, Paris, Tralin.

III. L'Âge moderne

Les écoles anciennes continuent à préciser leur doctrine ; de nouvellés se fondent et apportent un renouveau en spiritualité, sous l'influence du Concile de Trente et de la Réforme catholique inaugurée par lui. De là, parfois des conflits sur des points de détail ; mais le fonds doctrinal demeure le même et se perfectionne par la discussion.
Trois écoles anciennes continuent à se développer : l'école bénédictine, l'école dominicaine, l’école franciscaine.

1° L'École bénédictine

conserve ses traditions de piété affective et liturgique, en y ajoutant des précisions doctrinales.
Louis de Blois, (1506-1566), a publié une foule d'opuscules spirituels dont le principal est Institutio spiritualis, qui, étant une synthèse ascétique et mystique, contient la substance des autres. Outre l'édition d’Anvers, 1632, qui contient toutes les œuvres, on peut consulter : Manuale vitæ spititualis continens Ludovici Blosii opera spiritualia selecta, Herder, Fribourg, 1907 : malheureusement on a omis l'Institutio spiritualis ; la meilleure traduction française est celle des Bénédictins de S. Paul de Wisques, Œuvres spirituelles du V. L. de Blois, 2 Vol., Mame.
Jean de Castaniza, († 1598), De la perfecion de la vida christiana ; Institutionum divinæ pietatis libri quinque.
D. A. Baker, (1575-1641), composa divers traités, dont la substance a été condensée par S. Cressy en un livre intitulé Sancta Sophia, petit traité sur la contemplation, nouv. éd. à Londres, Burns et Oates.
Card. Bona, (1609-1674), général des Feuillants : Manuductio ad cælum ; Principia et documenta vitæ christiana ; De sacrificio missæ ; De discretione spirituum, etc. Nombreuses éditions, en particulier à Venise, 1752-1764 ; extraits chez Herder, Fribourg, Opuscula ascetica selecta, 1911.
Schram, (1658-1720), Institutiones theologiæ mysticæ, traité didactique d'ascétique et de mystique, avec conseils excellents aux directeurs d’âmes ; nouv. éd. Paris, 1868.
W. B. Ullathorne, (1806-1889), The Endowments of man (Donations faites à l'homme); Groundwork of the christian virtues (Fondement des vertus chrétiennes) ; Christian patience (Patience chrétienne) ; ce dernier ouvrage a été trad. en français et fait partie de la collection Pax (Desclée).
Dom Guéranger, (1805-1875), restaurateur de l'ordre bénédictin en France, a rendu un service inappréciable aux âmes par l'Année liturgique, dont il a rédigé les neuf premiers volumes, qui a été achevée par ses disciples, et résumée dans le Catéchisme liturgique de Dom Leduc, complété par Dom Baudot, 1921, chez Mame.
Dom Vital Lehodey, Abbé de N. D. de Grâce, Les Voies de l'oraison mentale, 1908 ; Le Saint Abandon, 1919 ; Directoire spirituel à l'usage des Cisterciens réformés, 1910 : ouvrages remarquables par la clarté, la précision et la sûreté de la doctrine.
L'Abbesse de Ste Cécile, (C. Bruyère), La vie spirituelle et l'oraison, nouvelle édition, 1922.
D. Columba Marmion, Le Christ vie de l'âme ; Le Christ dans ses mystères ; Le Christ idéal du moine (Abbaye de Maredsous, et Paris, Desclée).
Hedley, The Holy Eucharist, trad. en français par Roudière : La Sainte Eucharistie ; Retreat, trad. en fr. par J. Bruneau : Retraite, Lethielleux.
Card. Gasquet, Religio Religiosi, objet et but de la vie religieuse, Desclée, Rome, 1919.
Dom J. B. Chautard, L'Ame de tout apostolat, 5e éd. 1915.
Dom G. Morin, L'Idéal monastique et la vie chrétienne des premiers jours, collect. Pax.

2° L'École dominicaine

profondément attachée à la doctrine de S. Thomas, explique et synthétise avec clarté et méthode son enseignement sur l'ascèse et la contemplation.
Thomas Cajetan, (1469-1534), dans son Commentaire sur la Somme de S. Thomas, commentaire précis et profond.
Louis de Grenade, (1504-1588), sans écrire de théologie ascétique, a traité avec solidité et onction de tout ce qui regarde la perfection chrétienne : La Guide des Pécheurs ; Traité de l'oraison et de la méditation ; Le Mémorial de la vie chrétienne. Ces œuvres et d'autres encore ont été trad. en français par Girard, Paris, 1667.
D. Barthélemy des Martyrs, arch. de Braga, Compendium doctrinæ spirituatis, 1582, résumé très substantiel de vie spirituelle.
Joannes a S. Thoma, 1589-1644, qui dans son Cours de Théologie, où il commente S. Thomas, traite d'une façon remarquable ce qui concerne les dons du Saint Esprit.
Thomas de Vallgornera, († 1665), Mystica theologia D. Thomæ, Barcinonæ, 1662, Taurini, 1890, 1911, où se trouve recueillie et classifiée toute la doctrine de S. Thomas sur les trois voies.
V. Contenson, 1641-1674, Theologia mentis et cordis, où à la fin de chaque question se trouvent des conclusions ascétiques.
A. Massoulié, (1632-1706), Traité de l'Amour de Dieu ; Traité de la véritable oraison ; Méditations sur les trois voies. De nouvelles éditions ont paru chez Goemare, Bruxelles ; Lethielleux et Bonne Presse, Paris. L'auteur s'attache à exposer la doctrine de S. Thomas contre les erreurs quiétistes.
A. Piny, (1640-1709), L'Abandon à la volonté de Dieu ; L'oraison du cœur ; La clef du pur amour ; La présence de Dieu ; Le plus parfait, etc ; l'idée centrale de tous ces livres est que la perfection consiste dans la conformité à la volonté de Dieu et le saint abandon. Edit. récentes chez Lethielleux, Téqui.
R. P. Rousseau, Avis sur les divers états d'oraison, 1710 ; nouv. édit. 1913, chez Lethielleux.
C. R. Billuart, Summa S. Thomæ hodiernis academiarum moribus accommodata, I746-1751.
H. Lacordaire, (1802-1861), Lettres à un jeune homme sur la vie chrétienne ; Lettres à des jeunes gens.
A. M. Meynard, Traité de la vie intérieure, petite Somme de Théologie ascétique et mystique d'après l'esprit et les principes de S. Thomas, adaptation de l'ouvrage de Vallgornera, Clermont-Ferrand et Paris, 1884 et 1899.
B. Froget, De l'habitation du S. Esprit dans les âmes justes, Lethielleux, 1900, étude théologique très substantielle.
M.-J. Rousset, Doctrine spirituelle, Lethielleux, 1902, où il traite de la vie spirituelle et de l'union à Dieu d’après la Tradition catholique et l'esprit des Saints.
P. Cormier, Instruction des novices, 1905 ; Retraite ecclésiastique d'après l'Evangile et la vie des Saints, Rome, 1903.
P. Gardeil, Les dons du S. Esprit dans les Saints dominicains, Lecoffre, 1903, et article sur le même sujet dans le Dictionnaire de Théologie.
P. Et. Hugueny, Psaumes et Cantiques du Bréviaire Romain, Bruxelles, 1921-22.
P. M.-A. Janvier, Exposition de la morale catholique, Conf. De N. D. de Paris, Lethielleux, où sont éloquemment exposées la morale et l'ascèse chrétienne.
R. P. Joret, La contemplation mystique, 1923.
R. P. Garrigou-Lagrange, Perfection chrétienne et contemplation, 1923.
La vie spirituelle, revue ascétique et mystique fondée en 1919.
La Vida sobrenatural, fondée en Espagne en 1921.

3° L’École franciscaine

conserve son caractère de simplicité évangélique, de pauvreté joyeusement supportée, d'affectueuse dévotion à Jésus enfant et à Jésus souffrant.
Fr. de Osuna, Abecedario espiritual, 1528 et ss., dont le 3e volume servit longtemps de guide à Ste Thérèse.
S. Pierre d'Alcantara, († 1562), l'un des directeurs de Ste Thérèse, La oracion y meditacion, petit traité sur l’oraison qui fut traduit dans presque toutes les langues.
Alphonse de Madrid, L'Art de servir Dieu, publié d'abord en espagnol, Alcala, 1526, et traduit en beaucoup de langues.
Jean de Bonilla, Traité de la paix de l'âme, Alcala, 158o, Paris, 1912.
Matthias Bellintani de Salo, Pratique de l’oraison mentale, Brescia, 1573.
Jean des Anges, Obras misticas, particulièrement Los trionfos del Amor de Dios, 1590, nouv. édit. Madrid, 1912-1917.
Joseph du Tremblay, l'Eminence grise, Introduction à la vie spirituelle par une facile méthode d'oraison, 1626.
Marie d'Agréda, La mystique cité de Dieu, 1670 ; trad. française par Crozet, 1696.
Yves de Paris, Progrès de l'amour divin, 1642 ; Miséricordes de Dieu, 1645.
Bernardin de Paris, L'esprit de S. François, 1660.
P. de Poitiers, Le jour mystique, Paris, 1671.
Louis-Fr. d'Argentan, († 168o), Conférences sur les Grandeurs de Dieu ; Exercices du chrétien intérieur.
Brancati de Laurea, De oratione christiana, 1687, traité de l'oraison et de la contemplation, souvent cité par Benoît XIV.
Maës, Theologia mystica, 1669.
Thomas de Bergame, († 1631), Fuoco d'amore, Augsbourg, 1681.
Ambroise de Lombez, Traité de la Paix intérieure, 1757, ouvrage devenu classique, très utile pour guérir les scrupuleux ; nombreuses éditions récentes.
Didace de la mère de Dieu, Ars mystica, Salamanque, 1713.
Ludovic de Besse, La science de la prière, Rome, 1903 ; La science du Pater, 1904 ; Eclaircissements sur les œuvres mystiques de S. Jean de la Croix, 1895.
Adolphus a Denderwindeke, O. M. C., Compendium theologiæ asceticæ ad vitam sacerdotalem et religiosam rite instituendam, Couvent des Capucins, Hérenthals, (Belgique), 1921, ouvrage très documenté, où l'on trouve, dans le t. II, une abondante bibliographie sur chaque question traitée.

Parmi les écoles nouvelles, cinq se font surtout remarquer.

1° L'école ignatienne :

spiritualité active, énergique, pratique, tendant à former la volonté en vue de la sanctification personnelle et de l'apostolat.
S. Ignace, né en 1491 ou 1495, mort en 1556, fondateur de la Compagnie de Jésus : Les Exercices spirituels, méthode de travail pour réformer et transformer une âme en la conformant au divin modèle, Jésus-Christ. « Cet ouvrage, dit le P. Watrigant, condense un vaste mouvement d'âme et de pensée, lentement développé au cours des siècles antérieurs. Point de départ d'un flot de vie spirituelle, qui, depuis le seizième siècle, étend constamment ses ondes, il est en même temps le point d'aboutissement de courants divers qui sillonnent le Moyen-Age, et dont les origines remontent à celles du christianisme. » Pour connaître complètement son esprit, lire aussi ses Constitutions et ses Lettres, ainsi que le Récit du pèlerin.
B. P. Lefèvre, le Mémorial, récit détaillé d'une année de sa vie, de juin 1542 à juillet 1543 : « un des joyaux de la littérature ascétique ».
Alvarez de Paz, (1560-1620), De vita spirituali ejusque perfectione, 3 in-folio, Lyon, 1602-1612, traité complet de spiritualité à l'usage des Religieux.
Suarez, (1548-16l7), De Religione, où l'on trouve une spiritualité presque complète, en particulier sur la prière, l'oraison, les vœux, l'obéissance aux règles.
Lessius, (1554-1623), De summo bono ; De perfectionibus moribusque divinis ; De divinis nominibus.
Bx Bellarmin, (1542-1621), De ascensione mentis in Deum per scalas creaturarum ; De æterna felicitate sanctorum ; De gemitu columbæ, sive de bono lacrymarum ; De septem verbis a Christo in cruce prolatis ; De arte bene moriendi.
Le Gaudier, († 1622), De perfectione vitæ spiritualis, traité complet de spiritualité, 3 vol. in-8°, éd. récente 1857.
Alph. Rodriguez, († 1616), La Pratique de la perfection chrétienne, ouvrage excellent qui, laissant de côté toute spéculation, ne traite que du côté pratique des vertus : innombrables éditions.
S. Alph. Rodriguez, († 1617), frère jésuite, élevé à une haute contemplation, dont deux opuscules, tirés de ses œuvres, ont été récemment publiés (Desclée, Lille) : De l'union et de la transformation de l'âme en Dieu ; Explication des demandes du Pater.
L. Dupont (de la Puente), († 1624), Guide spirituel ; De la perfection du chrétien en tous ses états ; De la perfection du chrétien dans l'état ecclésiastique ; Méditations sur les mystères de notre foi ; Vie du B. Balthazar Alvarez, l’un des directeurs de Ste Thérèse, qui fut un contemplatif.
Et. Binet, (1569-1639), Les attraits tout-puissants de l'amour de Jésus-Christ ; Le grand chef-d'œuvre de Dieu et les souveraines perfections de la Ste Vierge.
J. B. de Saint-Jure, (1588-1657), De la connaissance et l'amour de Jésus-Christ ; Le livre des Elus ou Jésus crucifié ; L'Union avec N. S. Jésus-Christ ; L'homme spirituel : dans ces deux derniers ouvrages, il se rapproche de la doctrine de l'Ecole française du XVIIe siècle.
Michel Godinez (ou Wading), (1591-1644), Practica de la teologia mistica : Praxis Theologiæ mysticæ, latine redditum ab Ignatio de la Reguera, nouvelle édit., Paris, Lethielleux, 1920.
Nouet, (1605-1680), Conduite de l'homme d'oraison dans les voies de Dieu, 1674.
Vén. P.de la Colombière, († 1682), Journal de ses retraites, nouv. éd. Desclée, 1897, surtout la Grande Retraite, où sont marquées les grâces et lumières que Dieu lui communiqua pendant sa retraite de 1674.
Bourdaloue, (1632-1704), Sermons, où la morale et l'ascèse chrétienne sont exposées avec ampleur et solidité ; Retraite.
F. Guilloré, (1615-1684), Maximes spirituelles pour la conduite des âmes ; Les Secrets de la vie spirituelle.
J. Galliffet, De l'excellence de la dévotion au Cœur adorable de J. C., Lyon, 1733.
Petit-Didier, († 1756), Exercitia spiritualia, tertio probationis anno a Patribus Societatis obeunda ; plusieurs éditions, en particulier Clermont, 1821 : l'un des meilleurs commentaires des Ex. spirituels.
C. Judde, (1661-1735), Retraite de trente jours, Commentaire très solide des Exercices ; nombreuses éditions, en particulier celle de Lenoir-Duparc, 1833.
A. Bellecius, (1704-1752), Virtutis solidæ præcipua impedimenta, subsidia et incitamenta ; Medulla asceseos.
P. Lallemant, († 1635), dont le P. Rigoleuc publia La doctrine spirituelle, ouvrage court et substantiel, où l'on montre comment par le souvenir fréquent et affectueux de Dieu vivant en nous, la pureté de cœur et la docilité au Saint Esprit, on peut arriver à la contemplation.
J. Surin, († 1665), Catéchisme spirituel ; Les fondements de la vie spirituelle ; La guide spirituelle, etc ; où se trouve développée la doctrine du P. Lallemant ; mais la traduction italienne du Catéchisme a été mise à l’Index.
J. Crasset, La vie de Mde Hélyot, 1683 ; Considérations chrétiennes pour tous les jours de l'année.
V. Huby, Retraite, 1690 ; Motifs d'aimer Dieu ; Motifs d’aimer Jésus-Christ.
P. de Caussade, (1693-1751), Abandon à la divine Providence ; Instructions spirituelles sur les divers états d'oraison, réimprimé en 2 in-12, 1892-95, chez Lecoffre.
P. Segneri, Accord du travail et du repos dans l'oraison, 1680, contre les erreurs quiétistes de Molinos.
J. P. Pinamonti, (1532-1703), Il direttore della perfezione cristiana ; La via del cielo (Opere, Venise, 1762) ; trad. en fr.; Le directeur dans les voies du salut, 1728.
Scaramelli, (1687-1752), Direttorio ascetico, trad. en français par Pascal : Guide ascétique (Vivès) ; Direttorio mistico, trad. par le P. Catoire, Directoire mystique (Casterman), un des traités les plus complets sur la mystique, mais présentant comme degrés distincts de contemplation les formes diverses d'un même degré.
J. N. Grou, (1731-1803), Maximes spirituelles ; Méditations en forme de retraite sur l'amour de Dieu, Retraite spirituelle sur la Connaissance et l'Amour de N. S. J. C., édition avec notes du P. Watrigant, Lethielleux, 1920 ; Manuel des âmes intérieures ; la doctrine exposée dans ces ouvrages est analogue à celle du P. Lallemant.
P. Picot de Clorivière, restaurateur de la Compagnie en France, Considérations sur l'exercice de la prière, 1862, exposé succinct de ce qui regarde l'oraison ordinaire et extraordinaire.
H. Rainière, (1821-1884), dont l'ouvrage sur la Divinisation du chrétien marque un retour aux doctrines traditionnelles qui servent de base à la spiritualité.
P. Olivaint, Journal de ses retraites annuelles, 8e éd., 1911, Téqui, Paris.
B. Valuy, Les vertus religieuses ; Le Directoire du prêtre ; nouvelle édit. Tralin, 1913.
J.-B. Terrien, La grâce et la gloire, 1901, Lethielleux ; La Mère de Dieu et la mère des hommes, Lecoffre, 1900.
R. de Maumigny, Pratique de l'oraison mentale, ordinaire et extraordinaire, nombreuses éditions chez Beauchesne, Paris.
A. Poulain, Des Grâces d'oraison, traité de Théologie mystique, dernière éd. avec notes du P. Bainvel, 1922.
Bucceroni, Exercices spirituels à l’usage des prêtres, des religieux et des religieuses, trad. de l'italien par P. Mazoyer, Lethielleux, 1916.
Ch. de Smedt, Notre vie surnaturelle, son principe, ses facultés, les conditions de sa pleine activité, Bruxelles, 1913.
Longhaye, Retraite annuelle de huit jours, notes, plans, cadres, développements, Casterman, 1920.
A. Eymieu, Le gouvernement de soi-même, Paris, Perrin, 1911-1921.
J.-V. Bainvel, La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, doctrine, histoire, 4e éd., 1917 ; Le Saint Cœur de Marie, vie intime de la Sainte Vierge, 1918 ; La Vie intime du catholique, 1916.
R. Plus, Dieu en nous ; Vivre avec Dieu ; Dans le Christ Jésus, 1923 : adaptation des doctrines fondamentales de l'Ecole française du XVIIe  siècle.
Revue d’Ascétique et de Mystique, paraissant tous les trois mois à Toulouse, depuis le ler janvier 1920, sous la direction du P. J. de Guibert, en vue d'étudier au triple point de vue historique, doctrinal et psychologique les questions les plus importantes d'Ascétique et de Mystique.

2° L'école thérésienne ou carmélitaine,

spiritualité basée sur le tout de Dieu et le néant de la créature, enseignant le détachement complet pour arriver, s'il plaît à Dieu, à la contemplation, et la pratique de l'apostolat par l'exemple et le sacrifice.
Ste Thérèse, (1515-1582) , modèle et docteur de la plus haute sainteté, dont l'Eglise nous invite à étudier et pratiquer la doctrine « ita cælestis ejus doctrinæ pabulo nutriamur, et piæ devotionis erudiamur affectu ». Ses œuvres nous fournissent la plus riche documentation sur les états mystiques et la classification la mieux ordonnée et la plus vivante. Une édition critique a été publiée en Espagne : Obras de Sta Teresa, editadas y anotadas por el P. Silverio de S. Teresa, 6 vol., Burgos, 1915-1920 ; petite édition des principales œuvres en un vol., 1922 ; trad. française par les Carmélites de Paris, avec la collaboration de Mgr M. Polit, 6 vol., Paris, Beauchesne ; à compléter par les Lettres de Ste Thérèse trad. par le P. Grégoire de S. Joseph, 3 Vol., 2e éd. 1906.
S. Jean de la Croix, (1543-1591), disciple de Ste Thérèse, dont les quatre ouvrages forment un traité complet de mystique : La Montée du Carmel montre les étapes à parcourir pour arriver à la contemplation ; La Nuit obscure décrit les épreuves passives qui l'accompagnent ; La Vive flamme d'amour en expose les merveilleux effets ; Le Cantique spirituel résume, sous une forme lyrique, la doctrine des autres ouvrages. Une édition critique espagnole a été publiée par le P. Gérard, à Tolède ; une trad. française de cette édition a été faite par H. Hoornaert, Desclée, Paris et Lille, nouv. éd., 1922-1923.
Jean de Jésus Marie, (1564-1615), Disciplina claustralis, 4 in-fol., où l’on trouve divers traités ascétiques, entre autres, Via vitæ ; Theologia mystica, rééditée en 1911 chez Herder ; Instructio novitiorum, trad. en français par le P. Lerthold Ignace de Ste Anne, Dessain, Malines, 1883 ; De virorum ecclesiasticorum perfectione, etc.
Joseph de Jésus-Marie, 1562-1626, Subida del alma a Dios (Ascension de l'âme vers Dieu), Madrid, 1656.
Bienh. Marie de l'Incarnation (Mme Acarie), n'a pas laissé d'écrits, mais sa doctrine et ses vertus sont exposées dans le livre d'André Duval, La vie admirable de Mlle Acarie, 1621 ; nouv. éd. 1893.
Vén. Anne de St Barthélemy, Autobiographie, nouv. édit., Bonne Presse.
Marguerite Acarie, Conduite chrétienne et religieuse selon les sentiments de la V. M. Marguerite... par le P. J. M. Vernon, 2e éd., 1691.
Thomas de Jésus (1568-1627), De contemplatione divina libri VI, vol. II éd. de Cologne, 1684.
Nicolas de Jésus Marie, que Bossuet appelle le plus savant interprète de S. J. de la Croix, Phrasium mysticæ Theologiæ ven. P. Joannis a Cruce... elucidatio, trad. française dans Etudes Carmélitaines, 1911-1914.
Philippe de la Ste Trinité, († 1671), Summa theologiæ mysticæ, 3 in-8°, ouvrage classique où sont décrites avec clarté et méthode les trois voies de la perfection ; nouvelle édition à Bruxelles et Paris en 1874.
Antoine du St Esprit, Directorium mysticum, publié en 1677, manuel du même genre que le précédent, mais plus court, en un seul volume ; nouvelle éd., Paris 1904.
La Théologie de Salamanque (1631-1679), l'un des commentaires les plus autorisés de la Somme théologique, élucide beaucoup des questions sur lesquelles repose la spiritualité.
Honoré de Ste Marie, (1651-1729), Tradition des Pères et des auteurs ecclésiastiques sur la contemplation, ouvrage historique important sur ce sujet.
Joseph du S. Esprit, Cursus theologiæ mystico-scholasticæ, Séville, 1710-1740, en réimpression chez Beyaert, Bruges.
Elisabeth de la Trinité, (1880-1906), Souvenirs, Réflexions et Pensées, Dijon et Paris, libr. S. Paul.
Bse Thérèse de l'Enfant-Jésus, (1873-1897), Histoire d'une âme, Lettres, Poésies.
Depuis 1911, les Etudes carmélitaines, revue trimestrielle, sous la direction du P. Marie Joseph, publient des travaux intéressants sur diverses questions ascétiques et mystiques, pour mieux faire comprendre la doctrine de Ste Thérèse et de S. Jean de la Croix.

3° L’école salésienne

se concentre presque tout entière en son fondateur, S. François de Sales, (1567-1622), qui eut le grand mérite de montrer que la dévotion et même la sainteté peuvent être pratiquées dans tous les états de vie. Humaniste dévot, parfait gentilhomme, apôtre et directeur dâmes, il a su rendre la piété aimable sans rien lui enlever de son austérité.
L'Introduction à la vie dévote est au fond un véritable traité d'ascétique qui introduit les âmes dans la voie purgative et la voie illuminative ; le Tr. de l'Amour de Dieu les élève jusqu'à la voie unitive : la contemplation y est décrite avec la science du théologien et la psychologie d’un homme qui l'a pratiquée ; les Vrais Entretiens spirituels s'adressent directement aux Visitandines, mais font du bien à toutes les âmes ; ses nombreuses Lettres appliquent à chaque âme en particulier les principes généraux exposés dans ses livres ; on y remarque une fine psychologie, un act merveilleux, beaucoup de franchise et de simplicité. La meilleure édition de ses Œuvres est celle que publient les Religieuses du Ier monastère d'Annecy.
J.-P. Camus, ami de S. Fr. de Sales, auteur prolixe ; on peut se borner à lire : L'Esprit du B. Fr. de Sales, 1639-1641 ; La Charité, ou le portrait de la vraie Charité ; Catéchisme spirituel, 1642.
Ste Jeanne de Chantal, Sa vie et ses œuvres, Paris, Plon, 7 vol., 1877-1893.
Mère de Chaugy, Mémoires sur la vie et les vertus de Ste Jeanne de Chantal, Paris, Plon, 1893.
Ste Marguerite-Marie, Œuvres publiées par Mgr Gauthey, Poussielgue.
P. Tissot, L'Art d'utiliser ses fautes d'après S. Fr. de Sales, 3e éd., Paris, Beauchesne, 1918 ; La Vie intérieure simplifée (livre écrit par un Chartreux).
P. Million, Manrèze Salésien, méditations tirées des Œuvres de S. Fr. de Sales.
L'Abbé H. Chaumont, (1838-1896), fondateur des trois Sociétés salésiennes, a publié ou fait publier un certain nombre d'opuscules, imprégnés de la doctrine de S. François de Sales, à l'usage des membres de ses trois communautés.

4° L’école française du XVIIe siècle :

sa spiritualité découle des dogmes de foi et surtout du dogme de l'Incarnation : incorporés au Christ par le baptême, et recevant dès lors le Saint Esprit qui vient habiter en notre âme, nous devons, en union avec le Verbe Incarné, glorifier Dieu vivant en nous et reproduire les vertus intérieures de Jésus, en combattant vigoureusement les tendances contraires de la chair ou du vieil homme.
A cette école, dont le fondateur est le Card. de Bérulle, se rattachent non seulement l'Oratoire, mais S. Vincent de Paul, M. Olier et S. Sulpice, le P. Eudes et les Eudistes, Grignion de Montfort et S. J.-B. de la Salle, le Vén. Libermann et les PP. du Saint-Esprit, de Renty, de Bernières, Boudon, Gay.
Card. de Bérulle, (1575-1629), fondateur de l'Oratoire de France, Œuvres complètes publiées par le P. Bourgoing, 2e édition, Paris, 1657, autre édit., Migne, Paris, 1856 ; son œuvre principale est le Discours de l’Estat et des Grandeurs de Jésus ; mais la lecture de ses opuscules est nécessaire pour compléter la connaissance de sa doctrine. Il est l'apôtre du Verbe Incarné, auquel nous devons adhérer et que nous devons faire vivre en nous avec ses vertus, en nous détachant des créatures et de nous-mêmes.
Ch. de Condren, (1588-1641), Œuvres complètes publiées après sa mort, d'abord en 1668, puis en 1857 par l'abbé Pin, en particulier L'Idée du sacerdoce et du sacrifice et les Lettres. Il complète Bérulle par la doctrine du sacerdoce et du sacrifice. Jésus-Christ, devenu l'unique adorateur du Père, lui offre par ses anéantissements un sacrifice digne de lui, auquel nous adhérons en nous anéantissant avec lui.
F. Bourgoing, (1585-1662), Vérités et excellences de Jésus-Christ... disposées en méditations ; 32e éd. par le P. Ingold, Paris, Téqui, 1892.
S. Vincent de Paul, (1576-1660), fondateur des Prêtres de la Mission (Lazaristes) et des Filles de la Charité : Correspondance, Entretiens, Documents, éd. publiée et annotée par P. Coste, 1920 et suiv. Disciple de Bérulle mais disciple original, devenu maître à son tour, d’une prudence et d’une sagacité qui va jusqu'au génie.
J.-J. Olier, (1608-1657), fondateur de la Compagnie de S. Sulpice. Seul, il nous présente la commune doctrine (de l'Ecole française) dans toute l'étendue de ses principes et de ses applications. Outre de nombreux manuscrits, il nous a laissé : le Catéchisme chrétien pour la vie intérieure, où il montre comment, par la pratique des vertus crucifiantes on arrive à l'union intime et habituelle avec Jésus ; l’Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes expliquant en détail les vertus qui perfectionnent cette union ; la Journée chrétienne, série d'Elévations pour pratiquer cette union dans toutes les actions et circonstances de la vie ; le Traité des Ss. Ordres, pour préparer le jeune clerc à devenir le religieux de Dieu par sa transformation en Jésus, souverain prêtre, sacrificateur et victime ; les Lettres complètent cette doctrine en l'appliquant à la direction des âmes ; le Pietas Seminarii S. Sulpitii donne une synthèse de toutes les dévotions sulpiciennes. Pour connaître le parti qu'on peut tirer de nos dogmes au point de vue de la piété, lire l'Esprit de M. Olier, extrait de ses manuscrits, dont un petit résumé est donné par M. G. Letourneau, sous ce titre : Pensées choisies de M. Olier, Gabalda, 2e éd . 1922.
J. Blanlo, (1617-1657), L'enfance chrétienne, qui est une participation de l'esprit et de la grâce du divin Enfant Jésus, Verbe Incarné ; éd. récentes chez Lethielleux,
A. de Bretonvilliers, (1620-1676), L'Esprit d'un directeur des âmes, ouvrage recueilli d'après les entretiens et la conduite de M. Olier ; Journal spirituel, manuscrit 3 vol. in-4°.
Ch. de Lantages, Catéchisme de la foi et des mœurs chrétiennes ; Instructions ecclésiastiques sur la dignité et la sainteté du Clergé, 1692 ; Œuvres complètes publiées par Migne, 1857.
L. Tronson, (1622-1700), Forma cleri, secundum exemplar quod Ecclesiæ, Sanctisque Patribus a Christo Domino Summo Sacerdote monstratum est, 1727, 1770, etc. ; Examens particuliers sur divers sujets propres aux ecclésiastiques et à toutes les personnes qui veulent s'avancer dans la perfection, ouvrage ébauché par MM. Olier et de Poussé, et complété par L. Tronson, l'un des ouvrages les plus pratiques de spiritualité, trad. en italien, en latin et en anglais ; les dernières éditions ont été revues et retouchées par L. Branchereau ; divers Traités sur l'obéissance, l'humilité ; Manuel du Séminariste ; Esprit de M. Olier, manuscrit, complété par M. Goubin, 2 vol. in-4° lithographiés, en 1896. Les Œuvres complètes ont été éditées par Migne, 2 vol. 1857.
J. Planat, Schola Christi : purgativa seu exspoliatio veteris hominis, illuminativa seu novi hominis renovatio, perfectiva seu christiformitas, unitiva seu deiformitas.
J. de la Chétardye, (1636-1714), Retraite pour les Ordinands, 1709 ; Entretiens ecclésiastiques, 1711 ; Œuvres complètes, 2 vol., éd. par Migne.
J. B. La Sausse (1740-1826), Cours de méditations écclésiastiques ; Vie sacerdotale et pastorale ; La dévotion aux mystères de Jésus et de Marie ; a traduit en français la Schola Christi de J. Planat.
J.-A. Emery, (1732-1811), L'Esprit de Ste Thérèse, 1775, et dans ses Œuvres éditées par Migne, 1857.
J.-B.-M. David, (1761-1841), The true piety (La vraie piété) ; A spiritual retreat of eight days, édité par M. J. Spaldin, Louisville, 1864.
J. Vernet, Népotien ou l'élève du sanctuaire, 1837.
A.-J.-M. Hamon, (1795-1874), Méditations à l'usage du Clergé et des Fidèles, 1872, souvent réimprimées, Paris, Gabalda.
G. Renaudet, (1794-1880), Le mois de Marie à l'usage des Séminaires, 1833 ; nombreuses éditions, Paris, Letouzey ; Sujets d'oraison à l’usage des prêtres, 1874 et 1881.
N.-L. Bacuez, (1820-1892), S. François de Sales modèle et guide du prêtre, 1861 ; Du saint office... au point de vue de la piété, Paris, 1867 ; dernière éd. revue et complétée par M. Vigourel ; Du divin sacrifice et du prêtre qui le célèbre, 1888 et 1895.
H.-J. Icard, (1805-1893), Vie intérieure de la T. S. Vierge, ouvrage recueilli des écrits de M. Olier, 1875 et 1880 ; Doctrine de M. Olier expliquée par sa vie et par ses écrits, 1889 et 1891, Paris, Lecoffre ; Traditions de la Cie de S. Sulpice.
M.-J. Ribet, La Mystique divine distinguée des contrefaçons diaboliques et des analogies humaines, Paris, Poussielgue, 1879 ; L'Ascétique chrétienne, 3e éd. 1902 ; Les Vertus et les Dons dans la Vie chrétienne, Lecoffre, 1901.
M. Guillemon, La Vie chrétienne, 1894.
J. Guibert, Contribution à l'éducation des clercs, Beauchesne, 1914.
Ch. Sauvé, Dieu intime ; Jésus intime ; L'Ange intime ; L’homme intime, etc.; Elévations dogmatiques sur nos dogmes, avec de copieux extraits des meilleurs auteurs ; Etats mystiques.
J. Mauviel, Traité de Théologie ascétique et mystique  , lithographié, 1912.
C. Belmon, Manuel du Séminariste soldat, Paris, Roger, 1904.
L. Garriguet, La Vierge Marie, 1916 ; Le Sacré-Coeur de Jésus, 1920, Paris, Bloud : étude à la fois historique et doctrinale.
V. Many, La Vraie vie, Gabalda, 1922.
Bx J. Eudes, (1601-1680), disciple de Bérulle et de Condren, fondateur de la Congrégation de Jésus et de Marie (Eudistes) et de l'Ordre de N. D. de Charité, s'est assimilé parfaitement la spiritualité bérullienne, l'a exposée d'une façon claire, populaire et pratique, et a su rattacher, les vertus intérieures à la dévotion des SS. Cœurs de Jésus et de Marie, si bien que, dans la bulle de sa béatification, il est appelé le père, le docteur et l'apôtre de la dévotion à ces Sacrés-Cœurs. Parmi ses Œuvres, qui viennent d'être rééditées en 12 vol. in-8°, Paris, 1905, les principales sont : La vie et le royaume de Jésus dans les âmes chrétiennes, où il explique que la vie chrétienne est la vie de Jésus en nous, et comment on peut faire toutes ses actions en Jésus et pour Jésus ; Le contrat de l'homme avec Dieu par le saint baptême ; Le Cœur admirable de la mère de Dieu, dont le livre XIIe  traite de la dévotion au Cœur de Jésus : c'est l’œuvre principale du Bienheureux ; Le Mémorial de la vie ecclésiastique ; Règles et constitutions de la Congrégation de Jésus et Marie : les Règles se composent de textes bibliques logiquement groupés, et les Constitutions en sont le commentaire pratique.
P. Le Doré, Le P. Eudes, premier Apôtre des SS. Cœurs de Jésus et de Marie, 1870 ; Les Sacrés Cœurs et le Vén. J. Eudes, 1891 ; La dévotion au Sacré Cœur et le V. J. Eudes, 1892.
P. Boulay, Vie du V. J. Eudes, 4 in-8° 1905, où l’on trouve en même temps une synthèse de sa spiritualité.
Ch. Lebrun, La dévotion au Cœur de Marie, étude historique et doctrinale, Lethielleux, 1917.
P.-E. Lamballe, La Contemplation, ou Principes de Théologie mystique, Téqui, 1912.
Bx L. Grignion de Montfort, (1673-1716), fondateur des Missionnaires de la Compagnie de Marie et des Filles de la Sagesse, avait été initié à la spiritualité bérullienne au Séminaire de S. Sulpice, et l'a exposée d'une façon claire et populaire dans le Traité de la vraie Dévotion à la Ste Vierge, le Secret de Marie ; Lettre circulaire aux amis de la croix : nombreuses éditions, actuellement chez Mame.
P. Lhoumeau, La vie spirituelle à l’école du B. Grignion, Paris, 1913.
S. J. Baptiste de la Salle, (1651-1719), fondateur des Frères des Ecoles chrétiennes, formé à S. Sulpice, adapta la spiritualité bérullienne à l'Institut des Frères ; ses principaux, ouvrages sont : Les Règles et Constitutions ; Méditations pour les dimanches et fêtes ; Méditations pour le temps de la retraite ; L'Explication de la méthode d'oraison ; Recueil de petits traités à l'usage des Frères.
Le V. F.-M.-P. Libermann, (1803-1852), fondateur de la Cong. du S. Cœur de Marie qui fut unie plus tard d la Société du S. Esprit, formé au Séminaire de S. Sulpice, a exposé la spiritualité bérullienne dans ses écrits sur l'oraison, l'oraison d'affection, la vie intérieure, la sainte vertu d'humilité, et surtout dans ses Lettres, dont trois vol. ont-été publiés chez Poussielgue.
On peut aussi rattacher à cette école quatre auteurs célèbres :
M. de Renty, † 1649, dont on trouve la doctrine dans la Vie écrite par le P. de Saint-Jure, 1652.
Jean de Bernières, (1602-1659), Le chrétien intérieur, et autres ouvrages publiés après sa mort en 1659 ; la trad. italienne fut mise à l'Index à cause de certaines traces de quiétisme.
Vén. Boudon, arch. d'Evreux (1624-1702), Le Règne de Dieu en l’oraison mentale, et autres ouvrages de piété réimprimés par Migne, 1856.
Mgr Gay, (1816-1892), formé lui aussi à S. Sulpice, a écrit plusieurs ouvrages imprégnés à la fois de doctrine sulpicienne et salésienne; les principaux sont : De la vie et des vertus chrétiennes ; Conférences aux Mères chrétiennes ; Elévations sur la vie et la doctrine de N. S. Jésus-Christ ; Lettres de direction : nombreuses éditions, Oudin et Mame.

5° L’école ligorienne

se distingue par sa piété simple, affective et pratique : basée sur l'amour de Dieu et du Rédempteur, elle recommande comme moyens d'arriver à ce but la prière et la mortification.
S. Alphonse de Liguori (1696-1787), est l'un des écrivains les plus féconds : outre ses ouvrages de Dogme et de Morale, il a écrit des traités ascétiques sur presque tous les sujets : sur la perfection chrétienne en général : Les Maximes éternelles ; La voie du salut ; Pratique de l'Amour envers Jésus-Christ ; Réflexions sur la Passion ; Les Gloires de Marie ; Visites au S. Sacrement ; Manière de converser familièrement avec Dieu ; Le grand moyen de la prière ; sur la perfection religieuse : La véritable épouse du Christ, ou la Religieuse sanctifiée (traité d'ascétique) ; sur la perfection sacerdotale : Selva, ou recueil de matériaux pour une retraite ecclésiastique ; Du sacrifice de Jésus- Christ.
Ces ouvrages ont été publiés plusieurs fois, en italien à Naples, 1840 ; en français par les PP. Dujardin et Jules Jacques, Tournai, 1856 ; en allemand par les PP. Hugues et Haringer, Ratisbonne, 1869 ; en anglais par le P. Grimm, Baltimore, 1887 sq.
P. Desurmont, Provincial des Rédemptoristes, La Charité sacerdotale, ou leçons élémentaires de théologie pastorale, 2 in-8°, Paris, 1899, 1901 ; Le Credo et la Providence ; La vie vraiment chrétienne, etc., Paris, 11, rue Servandoni.
P. Saint-Omer, Pratique de la perfection d'après S. Alphonse, Tournai, 1896.
P. J. Dosda, L'Union avec Dieu, ses commencements, ses progrès, sa perfection, 1912.
Jos. Schryvers, Les Principes de la vie spirituelle, Bruxelles, 1913, 1922 ; Le Don de soi ; Le Divin ami, pensées de retraite, 1923.
F. Bouchage, Pratique des vertus ; Introduction à la vie sacerdotale ; Catéchisme ascétique et pastoral des jeunes clercs, 1916, chez Beauchesne.

6° En dehors de ces écoles, signalons :

L. Scupoli, (1530-1610), Le Combat spirituel, justement estimé par S. Fr. de Sales comme l'un des meilleurs petits traités de spiritualité ; la meilleure trad. française est celle de A. Morteau, précédée d'un plan détaillé du livre et accompagnée en marge du résumé de chaque alinéa, Beauchesne, 1911.
Vén. Mère Marie de l'Incarnation, (1599-1672), Autobiographie qu'on retrouve dans Dom Claude, La Vie de la V. M. Marie de l'Inc. … tirée de ses lettres et de ses écrits, 1677 ; Lettres de la Vén. M. Marie ... 1681 ; Méditations et retraites ... avec une exposition succinte du Cantique des Cantiques.
Bossuet, (1627-1704), outre ses ouvrages de polémique contre le quiétisme, et ses Sermons, d'où l'on pourrait extraire un traité ascétique, a publié plusieurs traités ou opuscules de grande valeur, entre autres : Instruction sur les états d'oraison, second traité, principes communs de l'oraison chrétienne, œuvre inédite publiée par E. Levesque, Didot, 1897 ; Les Elévations sur les Mystères ; Méditations sur l'Evangile ; Tr. de la Concupiscence ; opuscules sur l'Abandon, l'oraison de simplicité, etc., réunis dans la Doctrine spirituelle de Bossuet, extraite de ses œuvres, Téqui, 1908.
Fénelon, (1651-1715), outre les Maximes des Saints et sa polémique dans l'affaire du quiétisme, a composé plusieurs opuscules de piété réunis dans le t. XVIII de ses Œuvres, éd. Lebel, 1823 ; Plusieurs de ses Lettres de direction ont été publiées pai M. Cagnac, 1902. Un résumé de sa spiritualité a été publié par Druon : Doctrine Spirituelle de Fénelon, extraite de ses œuvres, chez Lethielleux.
Courbon, Instructions familières sur l'oraison mentale, Paris, 1685, 1871.
Eusèbe Amort, (1692-1775), De revelationibus... regulæ tutæ, ouvrage érudit, mais un peu confus.
Benoît XIV, (P. Lambertini), (1675-1758), De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione, Venise, 1788, où se trouve la procédure suivie pour reconnaître les vertus héroïques, les miracles et les révélations des Saints.
J. H. Newman, (1801-1890), outre ses Sermons qui contiennent beaucoup d'excellentes choses sur la vie chrétienne, et sa Réponse à Pusey sur le culte de la Ste Vierge, insérée dans Difficulties of Anglicans, a laissé un volume de piété, publié en 1895, sous ce titre Meditations and devotions, trad. en fr. par Pératé : Méditations et prières, Bloud.
H. E. Manning, (1808 -1892), The internal mission of the Holy Ghost (étude sur la grâce et les dons du S. Esprit) ; The glories of the Sacred Heart, trad. en français : Les Gloires du Sacré-Coeur (Cattier) ; The Eternal Priesthood, trad. en fr. : Le Sacerdoce éternel (Aubanel et Casterman) ; Sin and its consequences trad. en fr. : Le Péché et ses conséquences (Aubanel).
F. W. Faber, (1814-1863), a écrit un grand nombre de traités de piété, remarquables par leur onction et leur fine psychologie : All for Jesus ; Bethlehem ; The Blessed Sacrament ; The precious blood ; The foot of the Cross ; Creator and Creature ; Growth in holiness, Spiritual conferences. Ils ont été traduits en français et se trouvent actuellement chez Téqui à Paris : Tout pour Jésus ; Bethlehem (le mystère de l'Incarnation) ; Le Saint Sacrement ; Le Précieux Sang ; Le Pied de la Croix ; Créateur et créature ; Le Progrès de l'Ame, qui résume sa spiritualité.
Rev. A. Devine, A Manual of Ascetical Theology, Londres, 1902 ; A Manual of Mystical Theology, 1903 ; trad. en français par C. Maillet : Manuel de Théologie ascétique ; Manuel de Théologie mystique, Aubanel, Avignon.
J. Card. Gibbons, The Ambassador of Christ, Baltimore, 1896, trad. en français par G. André : L'Ambassadeur du Christ, chez Lethielleux.
L. Beaudenom, (1840-1916) : Pratique progressive de la confession et de la direction ; Les Sources de la Piété ; Formation à l'humilité ; Formation religieuse et morale de la jeune fille ; Méditations affectives (Librairie S. Paul, Paris).
A. Saudreau, Les degrés de la vie spirituelle, 5e éd., 1920 ; La voie qui mène à Dieu ; La vie d'union à Dieu, 3e éd., 1921 ; L'Etat mystique, sa nature, ses phases et les faits extraordinaires de la vie spirituelle, 2e éd., 1921.
Mgr Lejeune, Manuel de théologie mystique, 1897 ; Introduction à la vie mystique : 1899 ; L'oraison rendue facile, 1904 ; Vers la ferveur (Lethielleux).
Mgr Waffelaert, Méditations théologiques, 1919, Bruges, Paris, Lethielleux ; L'Union de l’âme aimante avec Dieu ; La Colombe spirituelle ou les trois voies du chemin de la perfection, 1919, Desclée.
Le Cardinal Mercier, A mes Séminaristes ; La vie intérieure, appel aux âmes sacerdotales, 1919, Bruxelles et Paris, Beauchesne.
Mgr Gouraud, Directoire de vie sacerdotale.
Mgr Lelong, Le Saint Prêtre, conférences sur les vertus sacerdotales, 1901 ; Le Bon Pasteur, sur les obligations de la charge pastorale, 1893, Téqui.
Vén. A. Chevrier, Le prêtre selon l'Evangile ou le Véritable disciple de N. S. Jésus-Christ, Lyon, Paris (Vitte) 1922.
Mgr A. Farges, Les Phénomènes mystiques distingués de leurs contrefaçons humaines et diaboliques, Paris, Bonne Presse, 1920 ; Réponses aux Controverses de la Presse, 1922.
Mgr Landrieux, év. de Dijon, Sur les pas de S. Jean de la Croix dans le désert et dans la nuit ; Le divin Méconnu, ou les dons du Saint Esprit.

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