SERIESOn a regardé le dernier épisode de «GoT» avec Jacques Lacan

On a regardé le dernier épisode de «Game of Thrones» avec Jacques Lacan sur notre divan

SERIESLe célèbre psychanalyste est revenu d’entre les morts (Jon Snow Style) pour mater avec nous la fin de la saison 6…
Daenerys et Tyrion, le nouveau couple à la relation platonique
Daenerys et Tyrion, le nouveau couple à la relation platonique - HBO
Benjamin Chapon avec Anne Demoulin

Benjamin Chapon avec Anne Demoulin

Lundi soir était diffusé le dixième et dernier épisode de la saison 6 de Game of Thrones. Pour l’occasion, 20 Minutes a invité sur son divan le psychanalyste Jacques Lacan. Oui, il est mort, mais Jon Snow aussi était mort, alors ça va, on fait ce qu’on veut.

AVANT D’ALLER PLUS LOIN…

Il va sans dire que cet article contient des spoilers et raconte à peu près tout ce qui se passe dans la saison 6 et aussi un peu ce qui va à coup sûr se passer dans les saisons 7 et 8. Cet article raconte aussi pourquoi vous détestez votre mère, les liens étranges entre vous et votre frère, et les raisons profondes de votre dernier lapsus gênant.

Générique

Alors que Jacques Lacan allume son premier cigare, la scène inaugurale montrele procès de Loras. Le psychanalyste hausse un sourcil et esquisse : « L’homosexualité est une orientation sexuelle, non pas une pathologie ! Que de désirs refoulés chez ce Grand Moineau ! » La scène est trop prenante et on lui demande de garder pour lui son interprétation.

On découvre stupéfait comment Cersei se débarrasse de ses ennemis et d’un tiers du casting de la série en faisant sauter et cramer la moitié de la ville. Dans la foulée, autre scène archichoquante : Tommen se suicide en sautant par la fenêtre. « Il ne pouvait qu’être névrosé avec une mère pareille », s’exclame le psychanalyste.

On assiste, peut-être, au plus mémorable début d’épisode de la série.

A l’apparition de Ser Gregor, Jacques Lacan se souvient de sa formation de médecin légiste. Il avait trouvé « très peu crédible sur un plan anatomique mais passionnante sur un plan symbolique » la transformation d’une brute épaisse incontrôlable en golem habillé d’or.

Devant la dépouille de son dernier fils, Cersei ne paraît même pas particulièrement émue. Alors qu’on l’insulte copieusement, Jacques Lacan nous interrompt. « Dans l’esprit de Cersei, son fils était déjà mort depuis longtemps. Dans sa prophétie, Maggy la Grenouille a prédit que Cersei Lannister perdrait ses trois enfants, un par un, et qu’elle serait étranglée à mort par quelqu’un connu sous le nom de "Valongar", qui signifie "petit frère" en Haut Valyrien. »

La vache, il a lu les bouquins de George R.R. Martin le Jacquot. Il poursuit : « Cersei présume qu’il s’agit de Tyrion, ce qui explique son hostilité contre ce dernier. Mais je pense qu’il s’agit en fait de Jaime, qui est né après elle. Tyrion n’est pas le "petit frère" de Cersei, mais probablement son demi-frère. »




« A mon avis, il est le fils de Joanna et du roi Aerys Targaryen. Tywin a d’ailleurs nié à plusieurs reprises être le père de Tyrion : "Les lois des hommes t’autorisent à porter mon nom et mes couleurs, comme je ne peux pas prouver que tu n’es pas de moi" ou encore "Tu n’es pas mon fils", juste avant que Tyrion ne le tue. Fasciné par les dragons depuis sa plus tendre enfance, Tyrion a réussi a libéré les deux dragons de Daenerys retenus captifs sous la pyramide, sans se faire cramer… Bref, Tyrion est un Targaryen. »

OK, OK…

Mais pourquoi Jaime tuerait-il sa sœur pour laquelle il brûle de désir ? « Précisément parce qu’elle a consumé ce dernier en brûlant la ville et en provoquant la mort du dernier fruit de leur amour, Tommen. Cersei a mis en œuvre le projet du Roi fou Aerys Targaryen, qui vivait également une relation incestueuse avec sa sœur-épouse, Rhaella Targaryen et qui a été tué par… Jaime Lannister. »

Le choc

T’invites Jacques Lacan et il te spoile pépère les saisons 7 et 8 à venir…



Pendant ce temps-là, on arrive aux Jumeaux où les Frey font la fête avec les Lannister. En réajustant mécaniquement son nœud papillon, Jacques Lacan s’amuse que le personnage le plus duplice, dont l’emblème est un duo de tours (« Pourquoi pas une girouette tant qu’on y est »), est aussi le plus stupide.

Et étrangement, on poursuit avec Samwell, le personnage le plus cultivé et aussi le plus bêta… « A-t-il réussi à tuer le père », s’interroge, sibyllin, Jacques en caressant sa chienne Justine (ouais,il est venu avec sa chienne qui bave partout sur les coussins).

On arrive à Winterfell où Mélisandre est congédiée par Jon Snow pour avoir fait brûler vive Shôren. On tente un « il tue symboliquement la mère, là, non ». Regard plein de mépris pour toute réponse.

Blablabla…

Plusieurs scènes de parlote suivent. Entre Jon et Sansa, entre Ellaria Sand et Olenna Tyrell, entre Daenerys et Daario Naharis… Puis Daenerys et Tyrion où ce dernier lui fait serment de lui être fidèle, toujours. « Les paroles entraînent une dette ineffaçable », conclut Jacques Lacan qui se cite lui-même.

Survient une scène particulièrement jouissive où Arya, après lui avoir servi ses fils à manger sous forme de pâté en croûte, égorge Walder Frey. Devant notre joie non dissimulée, Jacques nous fixe : « L’anthropophagie est le tabou absolu et cette transgression vous excite. Ça dit quelque chose… Vous avez lu Titus Andronicus de Shakespeare ? »

Silence gêné pendant que Littlefinger fait sa déclaration à Sansa, la fille de son amour de jeunesse donc. « Les sentiments sont toujours réciproques », analyse Jacques Lacan.

On arrive au flash-back expliquant plus ou moins l’origine de Jon Snow. « On assiste à une père-mutation. Les adeptes de la théorie R + L = J avaient vu juste », se marre le psychanalyste en se reservant un whisky.


La théorie R + L = J explique que Jon Snow n’est pas le fils de Ned Starck et d’une inconnue, mais le fruit des amours secrets de Lyanna Stark, sa soeur, promise à Robert Baratheon, et de Rhaegar Targaryen, le fils du Roi fou, tué justement par Robert Baratheon lors de sa quête pour le trône de fer.



Pendant ce temps Jon Snow se fait acclamer « King of the North » par les seigneurs du Nord, enfin ceux qui restent. Jacques se marre. Quoi encore ? « As-tu remarqué qui a retourné tout le monde avec son petit discours sur le sens de l’honneur ? La petite Lyanna Mormont », s’esclaffe-t-il.

Lady Mormont, justement prénommée Lyanna en hommage à Lyanna Stark, est la première qui reconnaît à Jon Snow le titre de roi du Nord. « Jon est symboliquement adoubé par sa mère. Elle retisse son ascendance Stark. D’ailleurs Lyanna, liane, liens… Les liens filiaux. Tu percutes ? »

Content de lui, Jacques Lacan s’allume un troisième cigare. J’étouffe…

A propos de meurtre, on approche de la fin de l’épisode, on assiste au couronnement de Cersei dans la salle du trône. Jacques Lacan chantonne « Et ils sont où les cinq rois ? », subtile référence à la guerre des cinq rois qui anime la série depuis la saison 2. Jacques fait le compte à haute voix : « Deux ont été tués par leurs frères (Renly Baratheon tué par Stannis grâce à un maléfice et Balon Geyjoy balancé dans la mer par Euron, N.D.L.R.), deux ont été tués lors de mariage par leur belle-famille (Joffrey Baratheon pendant son mariage par sa future belle-grand-mère, Olenna Tyrell, et bien sûr Robb Stark pendant le mariage de son oncle avec une Frey, N.D.L.R.). Et le cinquième, Stannis Baratheon meurt seul et abandonné de tous après avoir fait brûler vive sa fille unique. » Les problèmes de famille se finissent toujours dans le sang.

Scène finale

Alors qu’on verse des larmes de joie au spectacle de Daenerys en route pour sa conquête de Westeros sur ses bateaux et accompagnée de ses trois puissants dragons, Jacques baille : « Ah, la reine des sans-phallus ! ».

« Son armée, ce sont des soldats castrés. Les Immaculés. Et puis les Dothrakis, castrés symboliquement, puisqu’elle a tué tous les chefs mâles et qu’elle les prive de leurs chevaux, attribut viril s’il en est. En plus, elle s’entoure de Varys l’Eunuque et accueille Theon Greyjoy, lui aussi castré. Même Tyrion le fornicateur ne couche plus depuis qu’il l’a rencontrée. »

T’es dur, Jacques.

Générique de fin

Notre psychanalyste s’extirpe du divan moelleux et s’étire. « Si Jon Snow a bien du sang Targaryen, il est symboliquement le mariage de la glace et du feu », conclut-il en enfilant son manteau. On l’assaille de questions : Alors Jon peut-il épouser sa tante Daenerys ? La prophétie du dragon à trois têtes c’est parce que Daenerys, Jon et Tyrion sont les trois Targaryen ? Et Sansa ? Et Jaime ? Et Bran, à quoi il sert à la fin ?

« L’hiver est là. Les marcheurs blancs vont débarquer et buter tout le monde. Et rideau. »

Quoi ? Non ! C’est pas possible… Jacques ? ! Jacques ? !

Du fond de la cage d’escalier, il lance : « La psychanalyse est un remède contre l’ignorance. Elle est sans effet sur la connerie. »



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