Colette dans «
la Naissance du jour » veut glorifier sa mère
Sido, morte il y a 10 ans, et reprend les lettres de celle ci.
Glorifier sa mère
Sido? étrangement, dans la première lettre écrite à
Maurice Goudeket,
Sido décline son invitation de venir rejoindre sa fille, car un cactus ( ouiiii) va donner une fleur rose. Elles ne se reverront donc jamais, et sa fille d'ailleurs n'ira pas à son enterrement.
Pire, à la fin du livre, on apprend que
Sido n'a jamais refusé d'aller voir sa fille, elle a encore bon pied bon oeil à soixante seize ans.
Que veut vraiment dire Colette, dans ce livre laborieusement écrit ?( et l'écriture hésitante, passant d'un thème à l'autre, oubliant carrément le thème de la lettre citée, en est la preuve)
Colette le revendique dès la deuxième page : « Puissè-je n'oublier jamais que je suis la fille d'une telle femme qui penchait, tremblante, toutes ses rides éblouies entre les sabres d'un cactus sur une promesse de fleur, une telle femme qui ne cessa elle –même d'éclore, infatigablement, pendant trois quart de siècle... »
Ce cactus a fini par fleurir, et la fille suppose que
Sido dirait « Demeure, ne te cache pas, et qu'on vous laisse tous deux en repos, toi et lui que tu embrasses, car il est bien, en vérité, mon cactus rose, qui veut enfin fleurir . »
le couple, le toi et lui, recouvre ironiquement le peu de valeur que celle qui lui a donné le jour, pleine de critique quant à sa vie de danseuse nue, à ses deux mariages/ deux divorces, a de la vie sentimentale de sa fille, comme si elle ne croyait plus qu'elle puisse aimer ou être aimée « en vrai ».
Et qu'elle ait peur de la voir une fois de plus blessée.
Alors, autant un couple Colette/ cactus rose.
D'ailleurs, la fille avoue ces heures où elle se sent inférieure. Sa mère est un modèle si parfait, que Colette soupire : « jamais je n'arriverai à sa hauteur. » ou « Je ne la rejoindrai donc jamais ? »
Sido a eu 2 maris, comme sa fille, mais elle a été 2 fois veuve, pas divorcée. Et, elle, elle a aimé. Colette soupire « je me mis, ce jour –là à douter d'avoir jamais aimé d'amour. » Ce n'est pas un hasard si elle reproduit les lettres de sa mère, bien meilleure écrivain qu'elle même, dit elle avec coquetterie.
Culpabilité, complexe d'Oedipe, cordon autour du cou, infériorité ? ou, plus sûrement, admiration absolue pour cette mère qui lui a donné naissance ?
Quelle est la meilleure façon de glorifier celle avec qui elle a connu une enfance totalement heureuse et campagnarde ? En la gardant jeune dans sa mémoire, en refusant de l'avoir même vue vieillir : « je ne t'ai connue que jeune, ta mort te garde de vieillir, et même de périr, toi qui m'accompagnes. Ta dernière jeunesse, celle de tes soixante- quinze ans, dure toujours. »
Ceci, au moment où elle-même accepte de vieillir, d'accéder à ce moment de sagesse, sans désir : « relativement veuve, douce à mes souvenirs et pleine du voeu de demeurer telle ».
Personnelle Colette, touchante dans ses dénis, inventant que la fleur d'un cactus puisse la supplanter , pour mieux mesurer la distance entre sa mère modèle, et elle, liées par un amour de toujours.
( Lecture à l'évidence totalement personnelle, partiale et partielle)