Tous les lecteurs
de ce blog et de Reconquête, et les
auditeurs de nos émissions sur Radio-Courtoisie,
savent combien nous renvoyons dos à dos les approbateurs de la politique
macronienne de culture de mort et les admirateurs de l’abomination impériale eurasiste
et néo-stalinienne du totalitarisme poutinien. Nous avons sur tout cela répondu
à toutes les questions qu’ont souhaité nous poser récemment de très avisés
interlocuteurs ; en l’occurrence étudiants ou enseignants en histoire, en droit
ou en sciences politiques. Nous publions ci-après l’essentiel de nos échanges.
Mathilde (juriste, militante du combat pour le droit
de naître) : Après la constitutionnalisation de l’avortement, voulue par le
président de la République, soutenue par tous les partis politiques de la
Chambre et du Sénat, le combat pour la vie n’est-il pas perdu ?
En réalité, le
vote de cette loi de « sacralisation laïque et républicaine » de la privation
du droit à la vie pour tant de bébés dans le sein de leur mère qui pouvaient
naître et grandir a signifié le contraire.
En effet, la
conscience que l’avortement est toujours un drame et relève si souvent, qu’on
le veuille ou non, de la catégorie du meurtre, a progressé de plus en plus.
Si bien que les
idéologues de l’exaltation de l’avortement érigé en acte de liberté sont
toujours moins nombreux.
Ce sont eux qui
craignaient que les défenseurs du droit de naître ne finissent par obtenir la
limitation des possibilités d’avorter et que, peu à peu, ne reflue le nombre
des avortements parce qu’ils relèvent en réalité toujours plus de
l’infanticide.
C’est évidemment
hélas dans la même orgueilleuse perspective pour l’homme de pouvoir décider de
la mort ou du maintien en vie des plus fragiles, que Macron et la
franc-maçonnerie qui lui est chère concoctent leur prochaine loi de
légalisation de l’euthanasie, encore une « progression » vers « le meilleur des
mondes » !
On est toujours là
dans le cadre de ce que l’on désigne désormais comme les lois « sociétales »,
telles que le fut celle du soi-disant « mariage pour tous » et auparavant la
loi Veil.
Lois qui, somme
toute, se distinguent des lois « sociales » qui sont les véritables lois de
progrès, portées d’ailleurs pour une grande partie par les catholiques sociaux
à la fin du XIX° siècle et au XX° siècle.
Frédéric (étudiant en sciences politiques) : Même si
le régime de Poutine semble quelque peu autoritaire, ne devez-vous pas admettre
qu’il est plus protecteur de la famille et de la vie que le nôtre et ceux de
l’Occident en général ?
La réalité, c’est
au contraire, comme l’ont souvent rappelé Jeanne Smits et d’autres encore (par
exemple l’IREF dans la Lettre des libertés) que c’est en Russie que l’on
divorce bien plus encore qu’en Occident, que l’on y avorte toujours beaucoup
plus et que l’abomination inhumaine de la GPA y est depuis longtemps pratiquée.
Quant à la
natalité, c’est plutôt de dénatalité qu’il faut parler puisque la population de
la Fédération de Russie décroît chaque année de plus de 800 000 âmes. Et ce,
pas seulement à cause de la guerre d’invasion de l’Ukraine déclenchée par
Poutine le 24 février 2022. Qu’il ne fallait d’ailleurs pas jusqu’ici appeler «
guerre » mais obligatoirement « opération militaire spéciale », sous peine de
15 ans d’emprisonnement…
Frédéric : Ne sont-ce pas les Américains et l’OTAN qui
sont tout de même les principaux responsables de cette guerre ?
Pour ce qui est de
l’OTAN, comme l’a dit Macron dont je déteste l’essentiel des idées et de la
politique (vous avez pu vous en apercevoir), mais qui peut à l’occasion
proférer une vérité, c’était, il y a encore deux ans « une organisation à
encéphalogramme plat » et dont les chefs proposèrent d’ailleurs à la Russie
d’en faire partie. Ce n’est pas du tout l’Ukraine qui a attaqué la Russie le 24
février 2022 mais exactement le contraire. Il faut pratiquer l’inversion
orwellienne de la vérité pour le nier.
Quant aux «
Américains », non seulement ils ne sont pas responsables de cette guerre, mais ils
agissent avec l’Ukraine comme ils ont agi depuis la fin de la guerre de Corée
(27 juillet 1953) avec tous leurs alliés. Rappelons ici le catastrophique
abandon du Sud-Vietnam livré aux troupes du Vietcong (communiste) avec la
honteuse débâcle des forces américaines à Saïgon (29 avril 1975).
Rappelons
l’abandon non moins criminel (par le président Carter) et aux conséquences
toujours incalculables, du régime du Shah d’Iran, livré en 1978-1979 à
l’ayatollah Khomeiny et à ses islamistes fanatiques. Certes, avec l’accablante
complicité du président français Giscard d’Estaing trahissant son ami le Shah
en offrant à Khomeiny un hébergement princier à Neauphle-le-Château avant
d’aider à sa prise du pouvoir à Téhéran.
Et ce fut alors,
jusqu’à nos jours, la propagation mondiale du cancer trans-islamiste car chiite
aussi bien que sunnite.
Rappelons enfin,
après la débâcle soviétique en Afghanistan (15 février 1989) constitutive, avec
le désastre de Tchernobyl, de l’humiliation de l’URSS qui a été une «
auto-humiliation », l’abandon américain plus tard de Kaboul,le 30 août 2021,
décidé par l’affligeant Joe Biden.
Et l’on pourrait
encore longuement évoquer l’inertie des pays occidentaux dans leur ensemble,
des États-Unis comme de ceux de l’Union Européenne face aux guerres de conquête
de Vladimir Poutine ne dissimulant pas sa détermination à avancer plus loin que
l’Union soviétique de jadis sous les formes d’un grand empire eurasiste
théorisé par un Alexandre Douguine.
Jean-Marc (professeur d’histoire) : Pouvez-vous
rappeler quelles furent ces guerres ?
D’abord les deux guerres de Tchétchénie.
Le remarquable général
Lebed qui aurait pu être un artisan pacifique du redressement russe, trouva
hélas la mort – comme tant d’autres que Poutine entendait supplanter – dans un
curieux accident d’hélicoptère... Il avait, lui, après une première guerre,
ramené la paix en Tchétchénie.
Par
l’instrumentalisation de nombreux attentats, Poutine suscita une deuxième guerre
de Tchétchénie, ponctuée de massacres impitoyables et surtout de
l’anéantissement de Grozny, la capitale, sous des déluges d’artillerie et de
bombardements.
Grozny rasée et
des dizaines de milliers de Tchétchènes ayant été massacrés, Poutine offrit alors
à son protégé Ramzam Kadyrov, et la présidence de la Tchétchénie et
l’édification de la plus grande, de la plus rutilante mosquée de Russie.
Ce ne fut hélas
pas la dernière guerre de conquête de Poutine. Vint ensuite celle livrée à la
Géorgie ayant pour buts de reconnaître les « indépendances » de deux
entités séparatistes dans ce pays. Dans un premier temps, ce fut celle de l’Ossétie du Sud où, sous couvert de
maintien de la paix, la Russie maintient une présence militaire, ce qu’a
entériné un « cessez-le-feu » le 16 août 1992.
Une deuxième
guerre opposa à nouveau en août 2008 la Géorgie à l’Ossétie du Sud mais aussi à
l’Abkhazie, l’une et l’autre soutenues par une Russie s’affirmant prête à
assurer leur sécurité. En fait, les deux pays passèrent d’une souveraineté
géorgienne à une dépendance de la Russie.
Regardons maintenant vers l’Ukraine.
C’est en 1991 que
l’ensemble du peuple ukrainien, avec un peu plus de 90 % des voix, y compris,
très majoritairement celle des russophones, se prononce pour l’indépendance de
l’Ukraine. Rappelons que le fait d’être russophone n’implique pas un sentiment d’appartenance
à la Russie. Pas plus que le fait d’être germanophone n’impliquait pour les
Français alsaciens de se vouloir allemands et de souhaiter la victoire du IIIe
Reich.
Et l’on a
d’ailleurs vu qu’une grande partie des résistants patriotes ukrainiens sont des
russophones. L’exemple le plus probant est celui du régiment Azov, très
majoritairement russophone et simultanément ukrainophone.
Venons-en à la question de la Crimée.
Peuplée en 1991
d’environ 60 % de Russes, on peut bien sûr en déduire qu’il existait dans sa
population un courant important pour le rattachement à la Russie. Cela pouvait
se faire par la voie des urnes à laquelle, au début de notre siècle, l’Ukraine
ne se serait pas opposé. Au lieu de quoi, Vladimir Poutine préféra, dans la
nuit du 26 au 27 février 2014, envoyer des hommes en armes, sans insignes
d’appartenance à une armée mais se présentant comme des « forces
d’autodéfense » (sic). Mais, celles-ci furent en moins de 48 heures
renforcées par des troupes et des unités blindées ouvertement russes.
Après quoi,
Poutine, toujours pince-sans-rire façon KGB, assura qu’il acceptait de
dialoguer (sic) sur l’avenir de la Crimée avec un groupe de contact et
notamment avec la chancelière Angela Merkel. Dont il n’avait pas grand-chose à
redouter !
On le voit, une
fois de plus, Poutine ne s’est pas cru obligé de faire adopter alors aux
séparatistes qu’il soutenait des procédés d’autonomisation démocratiques tels
que ceux mis en œuvre, par exemple, en Écosse et en Catalogne.
En Syrie (2015).
Vint ensuite, à
l’appel de Bachar el-Assad, l’intervention, à partir du 30 septembre 2015, de
l’armée russe en Syrie contre « Daech ». En soi une bonne chose. Mais
l’armée russe, appuyée par la milice « Wagner », n’y a pas seulement
combattu les islamistes mais toute force politiquement opposée au régime de
Bachar.
La barbarie de
l’armée poutinienne et de Wagner y a été d’une ampleur semblable aux
destructions et massacres perpétrés en Tchétchénie. Ainsi, a été en grande
partie anéantie la splendide ville d’Alep qui n’était pas du tout, tant s’en
faut, acquise à l’islamisme.
Jean-Claude (étudiant en histoire) : J’ai lu que
Poutine a déclenché son « opération militaire spéciale » en Ukraine
pour « dénazifier » (sic) celle-ci. Qu’en est-il exactement ?
C’est là, une fois
de plus, un mirobolant mensonge de tchékiste proféré par Poutine. Faut-il en
effet rappeler d’une part que Volodimir Zelensky, l’héroïque président
d’Ukraine, est lui-même juif ; et d’autre part que le fondateur de
« Wagner », Dimitri Outkine, grand ami de Poutine, était lui, bel et
bien, irréfutablement, un fanatique nazi dont la photo est facilement trouvable
sur internet, le torse nu avec d’irrécusables tatouages, sans doute
ineffaçables, de deux écussons : l’un celui des hauts gradés de la Schutzstaffel
(plus communément désignée par le sigle « SS »), l’autre celui du
Reichsadler, l’aigle nazi.
Curieux vraiment
que ce nazisme ostentatoire pour un chef de guerre chargé par Poutine de mener
en Ukraine, parallèlement à l’armée russe, des opérations en effet très
« spéciales ». Car, cet Outkine wagnérien, était connu pour la
cruauté de ses pratiques de tortionnaire. Mentionnons encore qu’il était un
authentique romantique soviéto-nazi, plus précisément hitléro-stalinien,
puisqu’il vouait la même admiration aux deux monstrueux jumeaux hétérozygotes
Staline et Hitler ; et bien sûr, également, au démoniaque Felix
Dzerjinsky, le créateur de la Tchéka ; et naturellement au restaurateur du
culte de ce dernier à la Loubianka : Vladimir Poutine.
Rappelons aussi
qu’Outkine fut ensuite nommé par ce dernier, adjoint au nouveau chef de
« Wagner », Evgueni Prigojine, un vieil ami de Poutine, du temps de
leur jeunesse de truands à Saint-Pétersbourg. Prigojine devint ensuite, on s’en
souvient, un des hommes les plus en vue de la mafia de Poutine, mais
simultanément perçu de plus en plus comme un rival dangereux. Cela se termina le
23 juin 2023 par la stupéfiante tentative de putsch de « Wagner »
s’emparant de Rostov-sur-le-Don avant de foncer vers Moscou pour s’arrêter à
200 ou 300 kilomètres de la capitale.
Et ce fut ensuite
la fin que l’on sait de Prigojine, d’Outkine et de quelques autres, ayant
commis l’imprudence de monter dans un avion mis à disposition par Poutine mais
plutôt bien préparé pour exploser en l’air.
Pour en finir avec
la farce de la prétendue « dénazification » de l’Ukraine, notons
aussi qu’en France nombre de poutinolâtres d’extrême-droite sont aussi des
admirateurs du IIIe Reich.
Christine (infirmière) : Vous avez évoqué
« la Loubianka ». Pouvez-vous préciser de quoi il s’agit ?
À l’origine, c’est
une grande place de Moscou occupée par l’immense bâtiment (d’une compagnie
d’assurances), en briques orange, qui sera affecté par Lénine dès 1918 à la
« Tchéka » (la police d’État soviétique, devenue sous la férule de
Dzerjinski l’organe central de plus en plus puissant, aux effectifs toujours
plus importants de la terreur bolchevique). Des dizaines et des dizaines de
milliers de personnes appréhendées y ont été torturées longuement avant d’être
généralement achevées d’une balle dans la nuque.
Rappelons ici que
Dzerjinski recrutait en personne les bourreaux toujours plus nombreux
nécessaires à ses services d’extermination. Il suivait de très près leur
formation « professionnelle » et lors d’une conférence finale
résumait leur mission : « faire souffrir le plus possible, le plus
longtemps possible ». C’est ce personnage qu’après la période suivant la
fin de l’Union soviétique, Poutine accédant enfin au pouvoir, a entrepris de
réhabiliter. Ainsi, le 20 décembre 1999, présida-t-il à la Loubianka, en
qualité de Premier Ministre, encore il y a peu chef du KGB puis du FSB, la
cérémonie officielle de réhabilitation de Dzerjinski. Depuis, il a fait
multiplier les statues de ce dernier comme celles de Staline aujourd’hui
redevenu « le grand Staline » comme aux temps les plus infernaux de
l’URSS. Mais, cela n’émeut pas chez nous les poutinistes et autres
poutinolâtres de droite et d’extrême-droite comme d’extrême-gauche.
Julien (dessinateur) : Vous avez maintes fois dit
que, selon vous, le modèle politique de Poutine n’était autre que Hitler.
Comment argumentez-vous cela ?
Simplement par le
rappel d’un peu d’histoire comparée. Souvenez-vous : Hitler a commencé sa
carrière de conquérant par l’Anschluss (annexion) de l’Autriche, le 12 mars
1938. Puis, ce fut un an après le démembrement de la Tchécoslovaquie et
l’annexion des Sudètes. Ce fut ensuite sa revendication nazie sur la ville
polonaise de Dantzig (aujourd’hui devenue Gdansk). Enfin, le 1er
septembre 1939, ce fut l’invasion de la moitié de la Pologne par l’armée
d’Hitler, suivie, le 17 septembre, de l’invasion de l’autre moitié par l’armée
rouge. Aboutissement du pacte germano-soviétique.
Poutine, comme
nous l’avons vu, a-t-il procédé autrement avec la Tchétchénie, avec la Géorgie,
avec le Donbass ukrainien et avec la Crimée, et enfin avec sa tentative, certes
pas encore aboutie, d’invasion de l’ensemble de l’Ukraine ?
Et, qui ne voit
qu’il dirige désormais son appétit de conquête vers la Moldavie alors que,
simultanément, il accentue sa pression sur les trois pays baltes. Tout
enrenforçant ses projets vers la Pologne et la Finlande.
Karine (psychologue) : Dans les débats sur la
guerre russo-ukrainienne, certains comme vous invoquent le Mémorandum de Budapest. De quoi s’est-il agi ?
Ce que l’histoire
a retenu sous le terme de Mémorandum de
Budapest, ce fut une trilogie de trois mémorandums rédigés en termes
identiques et pareillement signés le 5 décembre 1994 à Budapest par la
Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine ainsi que par les États-Unis, le
Royaume-Uni et la Russie qui tous trois, accordèrent des garanties pour le respect
de leur indépendance, de leur intégrité territoriale et de leur sécurité à
chacune de ces trois anciennes Républiques de l’URSS en échange de leur
ratification du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Rappelons que lors de l’invasion russe de la Crimée en 2014, l’Ukraine se
référa à ce traité pour rappeler à la Russie ses engagements et aux deux autres
signataires qu’ils en étaient les garants…
Avec
l’effondrement de l’URSS, l’Ukraine héritait d’une partie de ses forces armées,
d’une partie de la flotte de la mer Noire et de son aviation, et surtout de 17
% de son arsenal nucléaire. Dans la classe politique ukrainienne des voix
s’élevaient en faveur de la conservation d’un arsenal qui, faisant de l’Ukraine
une puissance nucléaire de premier rang, était un facteur de dissuasion
protectrice. Contre cela, chose étrangement très peu invoquée aujourd’hui, le
gouvernement américain, pour la plus grande satisfaction de Moscou, était «
vent debout ». Le secrétaire à la Défense du président Bill Clinton, William
Perry, n’affirma-t-il pas que la réticence de l’Ukraine à se dénucléariser
constituait « la plus grande menace pour la paix et la sécurité internationale
» ! Il est vrai que les armes nucléaires en Ukraine, comme beaucoup de celles en
URSS, étaient encore en grand nombre pointées vers les USA. Or l’Ukraine
désoviétisée était pourtant disposée à ce que les armes en sa possession ne
ciblent plus l’ennemi américain. La position américaine, stupide, était qu’en
tant qu’« État continuateur » de l’URSS, la Russie devait assumer seule
l’héritage nucléaire de l’URSS. Et c’est ainsi qu’au cours des années
1995-1996, tout l’arsenal nucléaire de l’Ukraine fut envoyé en Russie pour y
être détruit. Ce qui se solda par une mainmise de l’armée rouge. L’Ukraine
disposait alors de 176 missiles balistiques intercontinentaux dotés de 1180
ogives thermonucléaires. On peut penser que si elle avait conservé cet
armement, celui-ci aurait constitué un facteur dissuasif pour M. Poutine.
Karine toujours : Que furent les accords de
Minsk ?
Ces accords, hélas
suivis de peu d’effets, ont été négociés à Minsk, en Biélorussie, entre
Ukrainiens et représentants des séparatistes russophones et de leurs alliés
russes, en vue de la paix dans la région du Donbass.
Rappelons que, dès
avril 2014, Poutine développa une stratégie de conquête du Donbass, région
d’Ukraine orientale, basée sur le soutien à des mouvements séparatistes
russophones, d’ailleurs pas toujours d’accord entre eux avec une émergence de
« seigneurs de guerre » remarquablement évoquée dans le mémoire de
Sciences politiques de Gauthier Tochon (de Sciences Po Strasbourg). Les
« oblasts » de Donetsk et de Louhansk, aujourd’hui sous occupation
russe, constituent une entité de fait sous l’autorité du gouvernement de
Poutine.
Mais
officiellement, en vue de ramener la paix en cette région, fut signé le 5
septembre 2014 un premier accord intitulé « Protocole de Minsk »,
puisque négocié et signé dans la capitale de la Biélorussie par les
représentants de l’Ukraine et des deux entités séparatistes ci-dessus
mentionnées. Ces accords portaient notamment sur un cessez-le-feu bilatéral et
immédiat, sur diverses mesures de respect des frontières, sur la libération
d’otages et personnes retenues illégalement et sur la poursuite d’un dialogue
en vue de la paix, enfin sur la création d’une zone démilitarisée. Hélas, dès
la fin d’octobre 2014, le « Premier Ministre » de la
« République populaire de Donetsk » (RPD), Alexandre Zakhartchenko,
annonçait que les forces sous son contrôle allaient revenir pour reprendre le
territoire perdu au mois de juillet face à l’Ukraine. Le 26 décembre 2014, ce
fut l’interruption des pourparlers. Seul fait positif, un échange de
prisonniers à hauteur de 375 de part et d’autre.
On mesure ici combien,
à la lumière de ce seul chiffre, sont non seulement fallacieux mais absurdes les
commentaires de ceux qui imputent aux
seuls Ukrainiens le chiffre sans cesse
répété de 15 000 victimes. Comme si des dizaines de milliers de combattants
russes et pro-russes aussi doux que des agneaux, avaient réussi l’exploit
pacifiste de ne tuer aucun ukrainien !
Après l’échec
patent du protocole de Minsk et alors que le conflit n’a pas cessé, de nouveaux
accords sont négociés et signés le 12 février 2015. C’est le protocole de Minsk
II stipulant l’adoption d’une nouvelle constitution décentralisatrice afin
d’accorder une autonomie aux régions séparatistes. Signataires : Angela Merkel,
François Hollande, Petro Porochenko, Vladimir Poutine et des représentants
séparatistes. Quoique formellement signataire, mais refusant une interprétation
fédéraliste du nouveau texte, Petro Porochenko qui avait été élu Président de
l’Ukraine en mai 2014, va alors répéter à de multiples reprises et jusqu’à la
fin de son mandat en 2019, que l’Ukraine doit rester un pays uni rejetant tout
fédéralisme destructeur.
La crise va donc
se nouer autour de l’interprétation décentralisatrice, autonomiste ou
séparatiste, des accords de Minsk. La voie de la négociation était évidemment
la meilleure ; au lieu de quoi, le 24 février 2022, Poutine ayant préalablement
juré l’avant-veille que son armée n’était massée le long des frontières de
l’Ukraine que pour des manœuvres, déclencha l’invasion de ce pays.
Isabelle (institutrice) : Poutine et ses propagandistes
n’ont de cesse de matraquer que l’Occident en général est sous l’influence
dominatrice de l’impérialisme LGBTQ (++). Or, vous traitez de cette affirmation
avec beaucoup d’ironie. Pourquoi ?
Parce que, depuis
longtemps, je ne suis pas sans observer la suffocante, la douloureuse
contradiction que doivent assumer au moins en France, à ce que j’en sais,
nombre d’homosexuels,chroniqueurs, essayistes, responsables politiques,
parlementaires et autres élus notamment dans l’extrême-droite et la droite
nationale chez lesquels la fascination pour la virilité poutinienne n’est pas
un phénomène rare.
Certes, la
fascination, l’attraction pour la puissance, pour l’ostentatoire virilisme
poutinien doivent quelque peu les émouvoir. Mais tout de même, comment
peuvent-ils encaisser les sarcasmes et même les grossièretés déversées sur les
chaines russes à l’égard des personnes de même orientation sexuelle qu’eux et
demeurer poutinistes ? Sans doute un certain masochisme n’est-il pas du
tout incompatible avec la poutinolâtrie. Tous les goûts (et même tous les dégoûts)
ne sont-ils pas dans la nature et même dans la faune politique ?
Et pour Poutine et
pour ses partisans en France non homos, n’est-il pas jouissif de fasciner ceux
qu’ils traitent si souvent de « dégénérés » ?
Isabelle : quelles sont ces chaînes russes ?
Il s’agit
notamment de « Russia Today » et de « Russia Today
France », interdite en France mais toujours accessible en deux clics sur
internet. RT est la télévision du Kremlin, la voix de Vladimir Poutine. Mais il
y a en Russie de très nombreuses autres chaînes de télévision principalement
financées par les grandes entreprises du pays et surveillées par les services
de renseignement appropriés du FSB (Service fédéral de sécurité de la
Fédération de Russie).