La Retraite des 3ème et 4ème armées françaises

25 août – 5 sept 1914

 

 

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Nos deux armées du centre réalisèrent, par ordre, une retraite stratégique qui n'eut rien d'une déroute, puisque leur action retarda chaque jour la marche de l'ennemi.

 

Nos colonnes étaient suivies, de gauche à droite, par l'armée saxonne du général Von Hausen, par l'armée du duc de Wurtemberg et celle du Kronprinz impérial (IIIe, IVe, et Ve armées allemandes)

 Ces forces adverses, étroitement liées, se proposaient d'enlever Verdun, et de crever notre centre sur la Meuse. Les 3e et 4e armées françaises devenaient, en quelque sorte, le pivot de notre résistance, tandis qu'à gauche les colonnes ennemies descendant de la Belgique et du Luxembourg gagnaient la vallée de la Marne et se dirigeaient : vers la Seine, et qu'à l'est d'autres forces victorieuses se ruaient en direction de Nancy.

 La ténacité indomptable des 3e et 4e armées françaises fut un des éléments de la victoire de la Marne.

 

 

Ces deux armées devaient, avant tout, maintenir leur droite appuyée aux Hauts-de-Meuse et à Verdun, qui les reliaient à nos armées de Lorraine et d'Alsace, et maintenir, à gauche, une liaison étroite avec la 5e armée. Qu'un seul de ces contacts fut perdu, c'était la brèche par ou s'engouffrait l'envahisseur.

 

 

Retraite de la 4e armée.

 

Repoussée dans son offensive du 22 août, sur la Semoy, la 4e armée s'établit, les 25 et 26 août, sur la rive gauche de la Meuse. Elle bordait, à gauche, le 3e corps qui appartenait à la 5e armée. Ce repli fut si habilement; exécuté qu'il échappa en partie aux observations de l'adversaire. Le général de Langle de Cary prescrivit à ses troupes de s'opposer énergiquement à toutes les tentatives ennemies en vue du passage de la rivière. Nos soldats firent des prodiges.

 

Le 27 août, des colonnes allemandes, sans cesse renforcées, s'aventuraient sur des passerelles de fortune; décimées par nos feux, elles refluaient en désordre. Alors l'artillerie lourde adverse entra en action : des bataillons « gris-vert » prirent pied sur la rive gauche et tentèrent de progresser dans le secteur de Stenay (voir carte)

 

Ces bataillons attaquèrent les bois de Jaulnay et de Dieulet.

Mais les marsouins des 3e et 7e régiments d'infanterie coloniale, brillamment lancés à la charge par le général Leblois, bousculèrent les formations allemandes sur Luzy et Cesse. Le 9e bataillon de chasseurs et le 87e régiment d'infanterie attaquèrent le village de Cesse (à coté de Stenay) à leur tour, et en délogèrent l'ennemi qui se replia sur la Meuse.

Le général Eydoux, au 11e corps, soutint un choc encore plus rude. Les Allemands avaient réussi à franchir la rivière sur des ponts jetés à Villers-devant-Mouzon et à Martincourt. Ils passèrent à l'attaque, mais tous leurs assauts furent brisés par les fantassins de la 21e division. Le 65e régiment d'infanterie se couvrait de gloire au bois de la Marfée (à côté de Noyers) ; le 64e, le 137e et le 93e régiment d'infanterie ne reculèrent devant aucune attaque, si puissante fût-elle.

Au sud-ouest de Selon, à. la lisière du Bois de Bulson, les soldats Broussard et Turquan, du 37e régiment d'infanterie, se jetèrent sur un groupe ennemi et enlevèrent le drapeau du 68e régiment de landwehr.

 

Nos troupes n'avaient rien perdu de leur mordant ni de leur vaillance.

 

Il fut décidé, le 28 août, qu'on tenterait de rejeter les Allemands sur la Meuse. Toutes nos troupes se portèrent résolument à l'attaque. Le bois de la Marfée fut complètement dégagé, Noyers fut enlevé sans coup férir.

Mais nous ne pûmes reprendre les usines de Pont-Maugis où l'ennemi avait rassemblé de nombreuses mitrailleuses. Néanmoins l'entrain de nos troupes était magnifique. Et quand, au soir du 28 août, l'ordre de retraite arriva, ce fut une déception générale au 11e corps.

Dans cette même journée, le 9e corps engageait un des plus rudes combats de la retraite française; cette bataille de Signy-l'Abbaye-Rethel, qui se prolongea jusqu'au 30, fut livrée, du côté adverse, en présence du Kaiser.

 

En raison de l'apparition de forces allemandes dans la région Rocroi-Givet, notre 9e corps avait été poussé au sud-ouest de Méziéres pour couvrir de toute attaque débouchant du nord-ouest la retraite de la 4e armée.

 

Le général Dubois, commandant du 9e C.A., avait sous ses ordres la division marocaine et la 17e division.

Il reçut mission de porter une division dans la région de Boulzicourt, afin d'être prêt une offensive contre tout adversaire venant du nord-ouest, et de couvrir la 4e armée dans le couloir resserré entre la région boisée de Froidmont et les forêts de Signy. Le général Dubois avait donc envoyé vers Boulzicourt la 17e division du général Dumas, et il avait chargé le général Humbert de barrer le couloir avec une partie des forces de la division marocaine : la brigade Blondlat.

L'autre brigade devait tenir l'intervalle de 25 kilomètres qui séparait les deux fractions du corps d'armée.

Les bulletins de renseignements de la 4e armée ne signalaient, dans la région de Givet, que la présence du XIIe corps saxon.

Nous avions déjà eu avec lui une série d'engagements, heureux pour nous, les 26 et 27 août.

 

Rien ne nous laissait prévoir l'entrée en action de l'armée von Hausen, qui devait, avec des forces écrasantes, tenter la rupture de notre front, entre nos 5e et 4e armées. Heureusement l'héroïsme du 9e corps et le génie manœuvrier de notre commandement évitèrent le désastre.

 

 

 Dans la nuit du 27 au 28, la brigade Blondlat était établie sur un front qui passait par le signal de Thin et la ferme de Courcelles ; ses éléments légers s'étaient avancés en direction de Thin-le Moutier et de Signy-l'Abbaye.

Dés 3 heures du matin, les avant-gardes de l'armée von Hausen attaquèrent furieusement à Bel-Air et à Falluel les deux compagnies de zouaves qui formaient la tête de la division marocaine

 

 L'infanterie allemande, s'infiltrant dans la forêt d'Hailly, menaçait de tourner les zouaves du lieutenant-colonel Lévêque. Les deux compagnies attaquées se repliaient alors lentement sur le gros de la brigade, entre Dommery et Signy-l'Abbaye. Le commandant du 9e corps, craignant de voir l'ennemi s'emparer de la route de Signy-l'Abbaye à Rethel, décida de prononcer dans cette direction une énergique offensive.

Le général Humbert reçut en renfort une brigade de tirailleurs et l'artillerie de corps, qui formaient la réserve. Il reçut l'ordre de s'engager à fond. La 9e division de cavalerie étant mise à la disposition du corps d'armée, le général Dubois lui prescrivit de se porter immédiatement de la région de Mézières sur Signy-l'Abbaye, afin d'interdire à d'ennemi la route de Rethel.

 

Sur tout le front, la bataille fit rage. La division marocaine lutta toute la journée avec une magnifique énergie.

Dommery fut pris et repris.

Les Allemands criblaient d'obus de gros calibre les alentours et le village de Dommery. Les assauts succédaient aux assauts. A la tombée du jour, les coloniaux et les zouaves avaient refoulé l'adversaire dans la forêt de Signy-l'Abbaye. Mais les pertes de la brigade Blondlat étaient sévères.

Vers l'est, l'autre brigade marocaine se ruait sur Fosse-à-l'Eau et sur Mesancelles. Après une lutte acharnée et maintes contre-attaques, elle restait en possession du terrain. Le commandant Clerc, du 6e chef de la 2e brigade marocaine, fut grièvement blessé.

Des sections entières étaient tombées sous les mitrailleuses.

La division marocaine perdait ce jour-là 50 officiers et 3000 hommes.

Mais elle avait tenu tête à l'armée de von Hausen, qui s'était glissée derrière l'armée du duc de Wurtemberg pour se rabattre sur la gauche de notre 4e armée.

 

A ce moment parvint l'ordre de retraite. La résistance opiniâtre de Langle de Cary sur la Meuse devait faciliter notre repli général. Ce repli était également facilité par la brillante bataille que livrait à Guise le général Lanrezac.

 

 Mais tout péril ne fut réellement écarté qu'après les journées des 29 et 30 août, qui sauvèrent de l'enveloppement l'aile gauche de la 4e armée. Notre succès tactique des derniers jours de ce tragique mois d'août accrochait définitivement les trois armées allemandes qui menaçaient notre centre, et notre opiniâtreté finit par créer, à la droite de l'armée du duc de Wurtemberg, une fissure donc profita la nouvelle armée française, constituée à gauche de la 4e, sous le commandement du général Foch.

Ce fut le 9e corps d'armée qui eut l'initiative et le poids de la manœuvré des 29 et 30 août, et à son succès se trouva lié le succès de la manœuvré générale de toutes nos forces.

 

La 4e armée avait reçu, pour la journée du 29 août, les prescriptions suivantes :

 « L'armée se reporte sur la ligne de l'Aisne pour se préparer à l'offensive dans une nouvelle direction... Le mouvement commencera dans la nuit du 28 au 29; les corps se couvriront par des arrière-gardes renforcées en artillerie. Le mouvement sera protégé en direction du nord et du nord-ouest par le 9e corps d'armée, qui se maintiendra le 29 dans la région La Launois-Poix-Terron. La 9e division de cavalerie est placée sous les ordres du commandant du 9e corps d'armée, et est destinée à couvrir le flanc gauche de l'armée. »

 

En exécution de cet ordre, les éléments des 2e, 17e et 11e corps gagnèrent la ligne de Buzancy par Le Chesne et Bouvellemont. L'ennemi ne tenta pas de les poursuivre.

Nos soldats qui, depuis le 21 août, n'avaient pris aucun repos, étaient exténués. Une seule fraction du 202e régiment d'infanterie resta sur ses emplacements du 8 août. Peut-être n'avait-elle pas reçu l'ordre de repli ? Elle reprit spontanément, au petit jour, l'attaque de la veille, en direction de Thélonne. Accueillie par une vive fusillade, ses rangs s'éclaircirent. Se rendant compte de son isolement, cette fraction réussit à se replier en direction du sud-ouest, et à rallier vers Chagny le gros du régiment.

 

Pendant ce temps, le 9e corps n'était plus capable d'exécuter l'ordre qu'il recevait de l'armée. La division marocaine, décimée, réclamait du secours. La 17e division, la seule qui fût disponible, se trouvait du côté de Boulzicourt, à 35 kilomètres de l’Aisne.

La 9e division de cavalerie était toujours attendue dans la région de Signy-l'Abbaye, et n'apparaissait pas. La route de Rethel était à la merci de l'ennemi. Et les Allemands, entrés à Mézières à la suite du repli de notre 52e division, progressaient partout sur la rive gauche de la Meuse.

Le général Dubois était menace d'une attaque à revers, débouchant de Donchery  Méziéres. Il ne pouvait donc plus se maintenir dans la région Laupois-Poix-Terron; l'enveloppement de ses forces y devenait fatal.

 

Le commandant du 9e corps résolut, au lieu de rester sur place, de devancer constamment les têtes de colonnes ennemies, de les attaquer soudainement pour retarder leur marche et pour les contraindre à un déploiement, car une série d'offensives habilement combinées pouvaient seules éviter l'imminente catastrophe.

Le général Dubois prescrivit immédiatement à la 9e division de cavalerie de rallier la région Mesmont-Wassigny, à la 17e division de gagner Novion-Porcien, a la division marocaine de rompre le combat et de se porter, après écoulement de la 17e division, sur Saulce-Monclin.

Mais, au point du jour, la division marocaine était violemment attaquée par des forces considérables, qui cherchaient à enlever Launois. Les soldats du général Humbert allaient succomber quand un bataillon du 32e régiment d'infanterie, deux bataillons du 77e et un groupe d'artillerie de la 17e division accoururent à leur secours. Les Allemands, surpris, s'arrêtèrent.

La division marocaine put se replier, après avoir subi de nouvelles pertes, derrière le front Les Normands Sevricourt-Monclin.

 

Mais l'ennemi pouvait devancer la 17e division dans son repli. Le général Dubois ordonna à la 9e division de cavalerie de tenir à tout prix en direction de Rethel. La cavalerie avait eu un engagement de nuit à Novion-Porcien.

Elle se reporta alors vers le sud, sur le front Ecly-Arnicourt-Bertoncourt, et reçut en renfort le 4e bataillon du 7e tirailleurs. Elle trouva dans Rethel un bataillon du 60e régiment d'infanterie (7e C.A).

Tous les mouvements s'exécutèrent méthodiquement, sous un soleil de plomb. Nous ne laissâmes pas un fourgon aux mains de l'ennemi.

 

Rethel et les ponts sur l'Aisne étaient ainsi fortement tenus par nos troupes.

La division marocaine, qui devait mener l'attaque, se porta au petit jour vers Novy-Bertoncourt; à sa gauche, la 17' division détachait sa 33' brigade à Sorbon ; la 36e brigade tenait le front Novy-Auboncourt

.

Les Allemands, soutenus par une formidable artillerie, réussirent dés le matin à prendre pied dans Auboncourt, où une brillante contre-attaque du 77e régiment d'infanterie arrêta leur progression.

Malheureusement l'ennemi s'était installé dans Bertoncourt que les cavaliers de la 9e division avaient évacué pour la nuit. La division marocaine fut accueillie par une violente fusillade. Un assaut héroïque des coloniaux du lieutenant-colonel Pernot et des fantassins du 68e reprenait le village : à 14 heures, nous tenions les hauteurs de Bertoncourt, de Novy, de Faux et les ponts de Rethel.

L'infanterie allemande ne réagissait plus. Le général Dubois attendait le renfort du 11e corps d'armée et de la 52e division de réserve pour contraindre l'adversaire à la retraite. Au lieu d'un renfort, ce fut l'ordre d'un nouveau repli qui arriva. Toutes les troupes étaient consternées. On apprit que, sur la droite, le 11e corps et la 52e division reculaient devant les attaques ennemies. Le général Dubois ordonna aux cavaliers de la 9e division de couvrir le flanc droit du repli et de se sacrifier au besoin pour le salut de l'armée.

 

 

La retraite s'opéra dans un ordre remarquable. L'ennemi, harassé et désorganisé par ses pertes, ne tenta pas d'intervenir, sauf contre le 68e régiment d'infanterie qui abandonnait la crête 118, au nord de Rethel. La charge héroïque et désespérée de deux escadrons de réserve du 7e hussards, commandés par le capitaine Niontgaillard, sauva le 68e d'une catastrophe.

A 20 heures, le 9e corps avait réussi à repasser l'Aisne, sous un bombardement intense.

 

 

Durant ces rudes journées, les troupes de Von Hausen avaient été réduites à se déployer et à transformer en combats de front la manœuvre enveloppante qu'elles rêvaient de mener à bien. Leur mordant fut tellement atteint par notre résistance que ces troupes ne purent entamer nos arrière-gardes dans la journée du 31 août.

 

Les Allemands, battus par nous à Signy-l'Abbaye, masquèrent leur échec en célébrant, le 2 septembre, sur les ruines fumantes de Rethel , l'anniversaire de Sedan. Mais notre 4e armée, libre dans ses mouvements, se repliait sur la ligne prévue par le généralissime, et attendait le redressement, face à l'armée du duc de Wurtemberg.

 

 

Retraite de la 3e armée.

 

 Tandis que notre 4e armée se repliait à contrecœur, en portant- de rudes coups à l'adversaire, la 3e armée, à droite, reculait plus lentement, et d'une seule aile, car elle ne voulait pas abandonner Verdun aux envahisseurs.

Le général Ruffey, premier commandant de la 3e armée, ne s'était pas considéré battu les 21 et 22 août. Il engageait, les 24 et 25 août, une vigoureuse offensive par sa droite. C'est là que le 6e corps du général Sarrail fit preuve d'un mordant incomparable.

 

 Malheureusement le repli de la gauche arrêta cette offensive. En effet, le 4e corps du général Boëlle avait dû, par ordre, abandonner les Hauts-de-Meuse et revenir sur la rivière. Le centre de la 3e armée étant violemment attaqué, des éléments du 9e corps, appartenant aux 102e, 315e et 124e régiments d'infanterie, au 26e régiment d'artillerie et au 14e hussards, avaient vainement contre-attaqué à Petit-Xivry, sur la route de Marville à Longuyon. Le 5' corps, maintenant commandé par le général Micheler, devait abandonner la rive septentrionale de l'Othain. Le 6e corps était contraint de le suivre, pour maintenir la liaison.

 

Le 25 août, au soir, la 3e armée se trouvait concentrée en arrière d'un front assez étroit, entre Azannes et Dun-sur-Meuse.

 

La ligne de la Meuse était abandonnée de Namur à Mézières. L'instruction générale du 25 août, réglant le repli de nos armées, prévoyait que la 3e armée appuierait Verdun par sa droite et porterait sa gauche, soit au défilé de Grandpré, soit à Varenne- Sainte-Menehould, suivant la position de la 4e armée.

 En conséquence, l'arrêt sur la Meuse n'était pas interdit par le Haut Commandement.

 

La 3e armée franchit la rivière le 26 août, par une pluie diluvienne. Trois lignes de défense furent en hâte organisées sur la rive gauche, avec l'aide de la main-d’œuvre civile.

 

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Le 9e corps passa la rivière au pont de Dun sur Meuse , qu'ensuite nous fîmes sauter.

 

Le 5e corps, ayant franchi la Meuse à droite, s'établissait de Brieulles à Malancourt. Une partie du 6e corps suivait le 5e et s'établissait de Brieulles à Cumiéres ; les autres éléments du 6e corps continuaient de tenir la rive droite de la Meuse, afin de couvrir la retraite et de protéger Verdun.

 

Le 28 août, la 3e armée fut engagée dans la bataille qui faisait déjà rage sur le front de la 4e armée.

Nous venions de perdre Beaufort et Beauclair. La 7e division du général de Trentinian se maintenait derrière ces deux points et surveillait la lisière du bois de Nouart.

 A 17 heures, l'ennemi prononça une sérieuse attaque. Notre artillerie n'ouvrit le feu que lorsque les colonnes allemandes arrivaient à 1200 mètres des positions. Ces colonnes furent décimées. Le général Ruffey songeait à contre-attaquer pour rejeter l'envahisseur sur la rive droite de la Meuse.

 

Le 29 août il recevait l'ordre de repli. L'avant-garde de la 3e armée rétrograda à contrecœur vers l’Argonne, pour rester en liaison avec la 4e armée. C'est alors que le général Ruffey fut remplacé dans son commandement par le chef de son 6e corps : Le général Sarrail.

 

Le 30 août, tandis que la 4e armée sortait victorieuse de la bataille de Signy-l'Abbaye, la 3e armée faisait tête à l'ennemi en direction de Beauclair-Nouart et de Fosse.

D'un coup, les hommes oublièrent l'extrême fatigue. Leur charge à la baïonnette déblaya, en profondeur, trois kilomètres de terrain. Le 46e régiment d'infanterie se distingua en pourchassant jusqu'à la nuit une brigade qui constituait la flanc-garde d'un corps d'armée du Kronprinz impérial.

 

Le 31 août, les colonnes d'infanterie de la 3e armée partirent à l'assaut de Montigny et de Mont devant Sassey. Les 117e et 124e régiments d'infanterie se distinguèrent dans un farouche corps à corps. Les pertes allemandes furent énormes. Un escadron de uhlans, surpris, tomba sous nos feux de salve. Nos deux régiments ne furent arrêtés que par le tir infernal des batteries ennemies. A Doulcon, le 115e d'infanterie soutenait héroïquement la contre-attaque des colonnes feldgrau qui débouchaient de Dun.

Malheureusement, la 4e armée rétrogradait vers la Champagne. La pression ennemie s'accentua sur le front de la 3e armée qui dut, pour maintenir sa liaison, reculer à son tour.

Mais le général Sarrail limita habilement ce recul.

A gauche, la 10e division prit position dans la région de Nouart

 

Le 6e corps, dans la nuit du 31 août au 1 septembre, ne put s'opposer au passage de la rivière par les troupes du Kronprinz, à Vilosnes, malgré la résistance acharnée de notre 106e régiment d'infanterie.

Le général Sarrail comptait bien rejeter l'ennemi sur la rive droite, quand il reçut, du Grand Quartier Général, l'ordre de rompre le combat.

 

Nos pertes s'élevaient à 2000 hommes et 25 officiers Mais l'ennemi sortait plus éprouvé de la lutte et son avance était considérablement retardée.

 

Le repli de la 4e armée se fit, non pas dans la région de Vouziers, mais jusqu'au sud de l'Ornain, à l'est de Vitry.

La 3e armée, qui comptait établir un barrage entre Argonne et Meuse, dut rétrograder jusqu'au sud de Bar-le-Duc.

Le général Sarrail suspendit donc l'offensive déjà victorieuse des 65e, 67e, et 75e divisions de réserve sur la Meuse, et dirigea ces unités au sud de Verdun. Mais il arrêta les arrière-gardes du 5e corps à Gesnes et Cierges, au nord de Montfaucon, le 6e corps gardant le contact à Malancourt et Esnes avec la garnison de Verdun.

 

 

Le général Joffre voulait que le repli se poursuivît jusqu'à Joinville, dans la Haute-Marne ; et le généralissime prévoyait quelles seraient les troupes du général Sarrail qui renforceraient la garnison de Verdun, abandonnée à sa propre défense.

 

Mais le commandant de la 3e armée s'accrocha résolument à Verdun, allongeant sa gauche pour rester en liaison avec la 4e armée, faisant face au nord pour défendre la Place, et face à l'est pour menacer le flanc du Kronprinz.

 

Le Haut Commandement approuva ces dispositions. Elles se conformaient aux directives qui furent données le 4 septembre par le Général en chef la 3e armée, après un recul aussi lent que possible, devant se maintenir sur le flanc de l'ennemi et dans une formation qui lui permît à tout instant de passer facilement à l'offensive, face au nord-ouest.

 

 

 

Début septembre ; dans les Vosges, l’ennemi était contenu grâce à l’héroïsme de certains régiments qui défendaient les cols stratégiques comme les 5e et 6e Régiment d’infanterie coloniale au col de la Chipotte des chasseurs aux cols du Bonhomme, du Hans et du Donon

 

En conséquence, le 4 septembre, les 65e, 67e et 75e divisions de réserve se rapprochèrent de la Meuse, qu'elles franchirent dés le lendemain, s'interposant ainsi entre Verdun et l'ennemi.

 

Le 5 septembre, au soir, les 3e et 4e armées recevaient l'ordre de s'arrêter et de faire enfin demi-tour.

 

La retraite, la pénible et lamentable retraite, était arrêtée.

 

 

 

Texte tiré de « La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants, en 2 tomes Aristide Quillet, 1922 » 

 Michelin, guide des champs de bataille ; Nancy et le Grand Couronné, 1919

 

 

 

 

 

 

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