C’est mercredi soir qu’elle a créé la polémique. Invitée sur le plateau de BFM, Brigitte Lahaie, qui a co-signé la tribune sur « le droit à importuner ». Face à elle, Caroline de Haas, à l’origine mercredi matin d’une tribune rappelant que oui, « les porcs et leurs allié.e.s ont raison de s’inquiéter ». La militante féministe prend la parole et réaffirme l’urgence à se mobiliser contre les violences faites aux femmes : « Comment on fait pour redonner aux femmes la puissance de leur corps, et le plaisir, la jouissance ? Il y a un truc très simple, c'est d'arrêter les violences. Parce que les violences, elles empêchent la jouissance. Quand vous avez été victime de viol, vous jouissez moins bien en fait, en général. » Brigitte Lahaie, ex-animatrice de l’émission « L'amour et vous » lui rétorque alors : « On peut jouir lors d'un viol, je vous signale. » Silence consterné (et le mot est faible).

 

« L'orgasme pendant un viol n'est pas un exemple de l'expression d'un plaisir »

 
Avoir un orgasme pendant un viol ? La question a plusieurs fois été posée et cette réponse de la cette journaliste américaine sur le site « Popular Science » est éloquente : « Nos corps répondent au sexe. Nos corps répondent à la peur. Nos corps réagissent. Ils le font souvent sans notre permission ou notre volonté. L'orgasme pendant un viol n'est pas un exemple de l'expression d'un plaisir. » Caroline de Haas, qui a été violée, a ensuite repris la parole sur Twitter, après l’émission : « Le corps d'une victime de violence peut réagir de plein de manières différentes. Cela ne change rien au fait que le viol est un crime. Placer cette phrase alors que l'on parlait de plaisir sexuel donne un sentiment de banalisation de la violence ».

Sur Twitter, les internautes ont été extrêmement nombreux à faire part de leur colère face aux affirmations controversées de Brigitte Lahaie.

« Je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée. Parce que je pourrais témoigner que du viol on s'en sort. »

 
Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux tenus par Catherine Millet - elle aussi signataire de la tribune en réaction au mouvement #BalanceTonPorc - en décembre dernier. France Culture lui consacrait alors une émission ( à écouter ici, à partir de la 17e minute). L’auteure de « La Vie sexuelle de Catherine M » s’était dite « étonnée » que les victimes de viol soient « traumatisées ». « Alors d'abord, une femme ayant été violée considère qu'elle a été souillée, à mon avis elle intériorise le discours des autres autour d'elle (… ) », l’entend-on expliquer avant que la journaliste lui rappelle très justement que le traumatisme provient de la violence de l’agression justement. Ce à quoi Catherine Millet répond : « Ça c'est mon grand problème, je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée. Parce que je pourrais témoigner que du viol, on s'en sort ». La journaliste insiste à nouveau sur la notion de consentement, inexistante dans le viol, mais l’auteure poursuit : « Mais par contre ça m'est arrivé d'avoir des rapports sexuels avec des gens qui ne me plaisaient pas spécialement. » Sauf qu’une fois encore, est-il besoin de le préciser, cet exemple n’a rien à voir avec le viol. Des propos d’une violence inouïe pour toutes celles qui, elles, ont vécu l’horreur.