Roland Narboux -les incendies de Bourges - Bourges Encyclopédie -

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LES INCENDIES A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, est une cité où les incendies depuis plus de 1000 ans ont marqué des générations de Berruyers. Une contribution sur le pompier Bailly.

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Version 2016

 

Les calamités naturelles, comme les tornades, inondations et même tremblements de terre sont courantes en Berry, ajoutons les calamités moins naturelles que sont les épidémies, comme la peste, les guerres, et les incendies, et nous aurons une bonne idée de la vie de nos ancêtres berrichons. Pourtant c'est la rubrique des incendies qui est souvent la plus importante dans les chroniques berruyères.
Les incendies de grande ampleur à Bourges, il en a été relevés près d'une cinquantaine dans le livre de Roger Richer, "Bourges au fil des ans", entre le VI° siècle et 1986, date du dernier incendie, celui de la toiture du Palais du Duc Jean.

LES PREMIERS INCENDIES CONNUS

Commençons avec l'année 588 : c'est le premier vrai incendie qui est rapporté d'une manière cohérente par le célèbre chroniqueur, Grégoire de Tours. Cet incendie ravage la plus grande partie de la cité d'Avaricum, c'était juste après la construction du premier Hôtel Dieu en haut de ce qui sera la rue Bourbonnoux.
Quelques années plus tard, un second incendie se déroule, il détruit la plus grande partie de la Ville, c'était semble-il vers 612.
Pendant plusieurs siècles, il n'est pas fait mention d'incendies, cela ne signifie pas qu'il n'y en ait pas eu, mais ils n'ont pas laissé de grands souvenirs. Il faut atteindre le XIII° pour que la série reprenne.

On a néanmoins retrouvé (Branner) des traces d'incendie dans la cathédrale romane sans doute entre 1190 et 1195. C'est ce qui aurait poussé les responsables à construire une nouvelle cathédrale, celle que l'on connaît aujourd'hui.
Ainsi, en 1252 un 23 juin, un important incendie se déclare au centre de la Ville, entre la porte Gordaine, située à l'Est, et la Cathédrale, laquelle n'était pas terminée. Dans l'Histoire du Berry, de la Thaumassière, il est écrit qu'il ne restait de la Ville de Bourges qu'une seule maison ainsi que le chantier de la Cathédrale.

Un siècle plus tard, dans le même quartier, alors que le Prince de Galles assiège la ville de Bourges, l'Eglise Saint Jean des Champs fut en grande partie détruite, ainsi que les maisons qui étaient autour. Le vent soufflant de manière violente, l'incendie gagna tout le centre de Bourges, la Cathédrale, essentiellement formée de pierre, et qui étaient terminée depuis peu échappa au sinistre, c'était en 1353.

La même année que la mise en place de l'Université par Louis XI, c'était le 8 mai, un vendredi, un incendie prit naissance dans le quartier Saint Bonnet, il gagna de proche en proche une partie de la Ville. Il s'arrêta au logis du Roi, lequel était situé dans le Palais du duc Jean.

LE GRAND INCENDIE DE BOURGES : 1487

C'était très exactement le 22 JUILLET 1487 que se déclara, LE grand incendie de Bourges, celui dit de la Madeleine, ce fut une catastrophe pour la Ville et la région. Pour beaucoup, Bourges ne s'est jamais remise de ce fléau, ce fut le début de son déclin.
Les documents sur le sujet sont rares. Retenons, pour la description, un texte de 1566 de Jean Chaumeau. Le feu a pris dans la maison d'un pauvre menuisier de la rue Saint Sulpice, au lieu dit "des trois pommes". Les habitants du quartier se précipitèrent, mais le vent était alors très fort et les maisons, aux alentours faites de bois s'enflammèrent en quelques instants. On raconte qu'un berruyer qui était allé aider un voisin, alors que des flammèches voletaient de partout, retrouva sa propre maison en feu à son retour !
Les chiffres sur l'ampleur des dégâts sont discutés par les historiens. Monsieur Jongleux en 1933 affirme que cet incendie brûla 3000 maisons, la cité abritant alors 100 000 personnes. C'est sans doute exagéré. La dernière grande étude sérieuse "La vieille Ville en flamme" donne des valeurs différentes. une estimation de 1000 à 2000 "habitations" est vraisemblable.

Le feu se développa sur tout l'est de la Ville, et ce sont des quartiers populaires et très peuplés qui furent touchés. Parti du quartier Saint Sulpice, tous les quartiers comme Saint Ambroix, Saint Pierre, Saint Bonnet et Saint Jean des champs sont la proie des flammes. Les rues Mirebeaux et le début de Bourbonnoux sont en cendre. On compte qu'un tiers de la Ville est totalement détruit. Les flammes vont venir "lécher" les murs de la cathédrale, mais elle ne flambera pas.


" Toutes bruslées, qui fut chose grandement calamiteuse et ne peust la foire de my-Aoust prochaine ensuyant y estre tenue, pour la désolation et la perte du lieu".

L'incendie de Bourges en 1487, dessin de Bernard CAPO

Dans cette catastrophe, la Ville et les échevins vont perdre leurs archives, car la Mairie située au Prieuré de la Comtale va brûler. C'est ainsi qu'il faudra reconstruire un bâtiment : ce sera l'Hôtel des Echevins. D'autres monuments vont suivre, comme l'Hôtel Lallemand, ainsi que la plupart des maisons situées rue Mirebeau ou rue Bourbonnoux. Une façon commode de les dater.
A la suite de l'Incendie de la Madeleine, la municipalité décide, en novembre 1502, de faire l'acquisition de trois douzaines d'échelles, ça pouvait servir.... et ça servira !

LES FEUX A REPETITION

Le XVI° siècle restera celui des incendies de Bourges, avec une douzaine de grands sinistres. En 1508, l'Eglise Saint Bonnet est détruite, un architecte, Laboureau la fera reconstruire peu de temps après. Trente ans plus tard, c'est le quartier d'Auron qui est touché avec l'incendie du Moulin dit de Messire Jacques. Le jeudi 28 juin 1540, c'est un feu de joie qui est allumé pour la fête du quartier d'Auron, et comme les mesures de sécurité ne sont pas prises, le feu se propage à tout un pâté de maisons qui furent anéanties.

Ensuite, les années se suivent et se ressemblent, c'est presque chaque année qu'un incendie se déclare. Ainsi en 1545, à la fin du mois de juin, un gigantesque incendie se se propage place Gordaine. 25 maisons, parmi les plus belles de la cité sont détruites, il avait commencé à la nuit, vers dix heures du soir, il ne sera réellement stoppé que le lendemain matin à huit heures, et encore, il va couver une dizaine de jours dans les caves nombreuses de ce quartier. C'est Jean Glumeau qui nous rapporte ces faits. Presque un an jour pour jour, le 12 juin, le Moulin de Voiselle est à son tour anéanti par un incendie.
A la Pentecôte de 1552, c'est rue Bourbonnoux que se déclare un grand incendie, dans le grenier à foin de l'auberge du Heaume d'Or. Le feu se développa, et bientôt, pour la première fois dans l'histoire, la Cathédrale de Bourges sera atteinte. Une partie des chapelles fut détruite, le portail Nord endommagé ainsi que les orgues, lesquelles fondirent. Les flammes étaient si hautes qu'elles passaient par dessus la Cathédrale pour s'en aller lécher le Palais de l'Archevêque. Bientôt, hâtée par le vent, le feu se propagea à une partie de cet édifice, et la salle dite de Saint Guillaume fut détruite.

La Cathédrale de Bourges va encore une fois souffrir des flammes en 1559. Le 18 mai, à proximité de l'édifice, à l'angle de la rue des 3 maillets et de Bourbonnoux, le feu se déclara ; Bientôt, les flammes entourèrent la Cathédrale de tous côtés, les toitures des chapelles furent détruites, ainsi que les orgues, une fois encore, et même la façade fut touchée, avec la destruction du lanternon du pignon. Ce sera un des grands incendies de la Ville, il s'appellera l'incendie des Grandes Ecoles, il avait commencé dans un immeuble jouxtant les locaux de l'Université.
Cette même année tragique, une ordonnance municipale fixe les tâches attribuées aux sapeurs pompiers.

Les incendies vont s'atténuer à la fin de ce siècle, on note en octobre 1575, un sinistre place Gordaine, où cinq maisons brûlèrent, elles appartenaient à des bouchers. Et le siècle se termine le 29 juillet 1599, par un grand incendie du côté du faubourg de Bourbonnoux. Le feu prend dans plusieurs boutiques à partir de celle dite "du Jeu de Montcours". Ainsi, les boutiques au nom prestigieux, comme "l'hostellerie du boeuf couronné", ou celles de la rue des rats, plus communes, sont détruites.

Le XVII° siècle, sur le plan des incendies est plus calme, on note essentiellement le 24 septembre 1668, un gros incendie à l'auberge "de la Madeleine", située alors place des Marronniers. L'immeuble fut détruit, ainsi que l'auberge du "plat d'argent". On appeler cet incendie, celui de la Petite Madeleine, en opposition à celui de 1487. A la fin de ce siècle, en 1693, le vendredi 31 juillet, un incendie se déclara dans le quartier de la rue Fernault, chez un boulanger. Le feu se propagea vers d'autres boutiques, mais surtout il atteint le Palais du Duc Jean de Berry. La Sainte Chapelle, et une partie du Palais seront léchés par les flammes, dont la salle des Cerfs. La conséquence directe, ce sera le déplacement des foires de Noël du Palais du Duc Jean, au Palais Jacques Coeur.

Voici sur ce sujet une excellente contribution de M. Eric PIGEAT

Bonjour,
Je m'intéresse à la généalogie et je dépouille pour le plaisir les registres de Lapan. Il se trouve que j'ai trouvé entre deux actes un petit texte qui relate la genèse de la famine de 1694 et qu'il y est question de l'incendie de 1693 à Bourges.
C'est sur votre excellent site que j'ai trouvé la trace de cet incendie avec des infos confirmant les écrits du curé de Lapan.
Comme je ne suis pas adepte de prendre des infos sans donner rien en échange, je vous offre la transcription du texte en question (nous nous sommes mis à plusieurs, je ne suis pas assez bon paléographe pour cela)
 
"Les pluyes sont cessées du 2 juillet qui ont tellement corrompues les eaux
des puits qu'elles en ont rendues malades la moytié du monde car on ne
beuvoit point de vin encor. Le vin de cette année-là étoit si petit que
jamais on ne l'a put boire plus médiocre ny plus cher. Le vieux vaslloit
deux cent livres le tonneau et le commun 8 vingt livres (160)au
moins.Heureux ceux qui ne vécurent pas de ce tems là, car dans cette
paroisse comme dans les autres je ne pouvois trouver 20 personnes en
santé.Pour le comble des autres malheures,
le bled s'enchérit beaucoup, la moudure vaslloit 23 sols.Le quart de la
ville de Bourges avec cette superbe église la Sainte-Chapelle et le Palais
qui n'avait point d'égal en France, brûla le trentième juillet à 9 heures du
matin. La moitié des bleds se sont perdues à cause que pour de l'argent on
ne pouvait trouver d'ouvriers. Le faucheur gainuoit 45 sols par jour,le
moissonneur 20."

On note aussi un incendie le 2 mars 1699 à côté du clocher de plomb.

Quelques incendies au XVIII° siècle, dont celui de 1730, qui ravagea entièrement le quartier d'Auron. Pour conjurer ce sinistre, les moines apportèrent sur place, les reliques de Saint Fulgent. Le feu n'en tint pas compte et passa au dessus de ces reliques pour continuer son oeuvre destructrice.
C'est en 1732 que la municipalité de Bourges fait l'acquisition de deux pompes à incendie pour remplacer les grosses seringues en étain qui dataient de 1693. Ces pompes seront stationnées à la Mairie de Bourges, et il était indiqué que tous les deux mois, en présence du Maire lui-même, une vérification et des essais de ces pompes seraient réalisés.
La période révolutionnaire n'a pas engendré d'importants incendies, à moins que les chroniqueurs aient eu d'autres soucis....Il faut attendre le début du XIX° siècle, le 8 septembre 1810 pour retrouver les traces de feu et de fumée. Une trentaine de maisons sont détruites dans le quartier Bourbonnoux, quelques années plus tard, en 1818, dans les premiers jours de juillet, un gros incendie se déclare Place des 4 piliers en plein centre de la Ville. On passa très proche d'une grande catastrophe, car il n'y avait plus d'eau pour lutter contre les flammes.

 

LES GRANDS INCENDIES DU XIX ième SIECLE


Les incendies du XIX° siècle sont assez nombreux, en 1824, c'est le collège Sainte Marie qui est partiellement la proie des flammes, alors qu'en juillet 1833, c'est près de l'abbaye Saint Sulpice que le feu prend, il est circonscrit par des soldats polonais réfugiés en ce lieu.


Dans la nuit du 12 au 13 mars 1856, un grand incendie frappe plus que les autres, la population berruyère : il s'agit de la destruction par le feu du Théâtre Municipal, situé rue Jacques Coeur il jouxtait le Palais du Grand Argentier. Cet édifice sera reconstruit quelques années plus tard en laissant un espace.... On devint prudent..

Autre incendie, assez catastrophique par le patrimoine qui s'en envolé en fumée ce jour-là, c'est le 13 avril que sont détruites une partie importante des Archives Départementales du Cher. On connait avec précision la cause du début de sinistre : un tuyau de poële circulait derrière les rayonnages, et la température augmentant, le feu fut mis aux liasses d'archives qui ne demandaient qu'à se consumer. La valeur de ce qui a été détruit est inestimable, certains ont avancé le chiffre de 14 000 francs or.

Dans la série des grands incendies des monuments de Bourges, celui de 1871 doit être mentionné de manière toute particulière. Dans la nuit du 24 au 25 juillet , le feu prend dans le Palais Archiépiscopal de Bourges, juste en face de la Cathédrale. Ce Palais, qui est actuellement l'Hôtel de Ville, voit partir en fumée sa toiture, et aussi des archives importantes, celles du diocèse.


Parmi les incendies du XIX° siècle, signalons encore celui de la pointerie, située sur le canal du Berry, là où se situe aujourd'hui le Palais des Congrès, c'était en 1885.

Quelques années plus tard, un 31 juillet de 1897, c'est le Petit Séminaire de Bourges qui est touché par un incendie, et les journaux locaux racontent que l'alerte a été donnée par un jeune Abbé, Théophile Moreux, il y était professeur de mathématiques, il deviendra par la suite, une gloire locale.


En 1898, à la fin du mois de janvier, un incendie du "Moulin Saint Paul" situé sur l'Auron se déclara, c'est au cours de la lutte contre le sinistre que le sapeur Gilbert Bailly trouva la mort, pour honorer sa mémoire, la rue dans laquelle il habitait porta son nom à partir de ce moment.

LES INCENDIES DU XX ° SIECLE


Le XX° siècle ne commença pas de belle manière dans le domaine des incendies. Au mois d'octobre, c'est dans une scierie que se produisit un gigantesque incendie, c'était dans le quartier du Marché couvert. Plus de 20 familles ont été sinistrées ce jour-là. Juste avant guerre, la rue Mirebeau subit un incendie qui détruit plusieurs maisons. La presse locale signale en cette occasion la faiblesse des moyens dont dispose la Municipalité pour lutter contre le feu.

INCENDIE DE SAINT FULGENT

C'est madame Marie Jeanne Parcy qui s'est souvenu de cet incendie dont il est rarement question dans les grands incendies de l'époque.

C'était en 1923, il y avait dans ce quartier d'Auron un asile de vieillards avec environ 200 malades et employés.Sur une aile, il y avait un dispensaire anti-tuberculeux de la ville. Ce sont des religieuses qui assuraient l'encadrement.

Vers 16 heures, l'incendie s'est déclaré, ce sont les malades qui ont crié "au feu"... Et tout le monde a été évacué, il n'y a pas eu de victime, le bâtiment qui avait un étage a été entièrement détruit, seul le dispensaire a été sauvé.

C'est après les 3 grands incendies des années 1920, Saint Fulgent, Saint Sulpice et Les Nouvelles Galeries, que le servcie des pompiers a été réorganisé. "Avant nous dit madame Parcy, l'alerte était était donnée par un pompier qui partait à vélo sonner du cor dans tous les quartiers de la ville pour alerter ses collègues".

 

LES NOUVELLES GALERIES FLAMBENT

Dans l'entre-deux guerres, peu d'incendies sont à signaler. Un petit en 1924, détruit le Moulin Saint Sulpice, sur la rivière de l'Yèvre. Mais un des incendies les plus importants de Bourges, et dont les Berruyers se souviennent encore, c'est celui des Nouvelles Galeries, en 1928. C'est le premier dont tous les faits et détails nous sont parfaitement connus.
Ce soir là, le vendredi 14 septembre 1928 à 20 heures et 20 minutes un terrible incendie va éclater. Tout commence dans une rue Moyenne à l'heure où celle ci commence à s'endormir, des passants aperçoivent "un mince filet de fumée s'échapper du second étage des Nouvelles Galeries le feu s'était déclaré". Ces magasins, en plein centre ville sont les plus modernes de la cité. Aussitôt l'alerte est donnée. En contournant le magasin, le feu apparaît avec beaucoup plus d'ampleur, il semble avoir pris au-dessus de l'atelier d'emballage.
Les veilleurs de nuits n'étaient toujours pas intervenus, lorsque Monsieur Chollet, le gérant des Nouvelles Galeries arriva en automobile avec son fils et pénétra dans son magasin. Le feu embrasait déjà le second étage tout entier, où se trouvaient l'ameublement et les bureaux. Un agent cycliste, Jarry, arriva lui aussi, il chercha les veilleurs de nuit, l'un s'était enfui, l'autre gisait dans le magasin, Jarry le sauvera.
Bientôt, une voix s'éleva du second étage, c'était M. Chollet, il était prisonnier des flammes. Il réclamait une corde ou une échelle pour se sauver. Comme l'écrit la Dépêche du Berry en relatant ces événements :
"... A ce moment là, des pompiers étaient arrivés. Aidés des habitants et des ouvriers du chantier Aubrun, sous les ordres de M. Henri Laudier, maire de Bourges, on plaça une échelle sur la verrière d'angle. Des hommes montèrent, qui mirent des planches sur la verrière, puis se faisant comme l'on dit vulgairement la courte échelle, parvinrent à atteindre le gérant qui, s'accrochant aux corniches, essayait d'échapper au feu. M. Chollet était sauvé".

En quelques minutes, le brasier va s'amplifier. Les pompiers mettront beaucoup de temps à installer leur matériel, les bouches d'incendie étaient mal réparties, la pression de l'eau très faible, et l'affolement était indescriptible. Ce n'était pas un incendie ordinaire, mais "un véritable fléau". A 21 heures, l'ensemble de l'immeuble était en flamme, et la panique prenait tout le quartier Coursarlon.
Les grandes glaces du premier étage ont déjà éclatées en mille éclats, et soudain c'est la toiture qui s'effondre. "Le dôme avec sa forme de campanile s'effondre ; on ne peut plus approcher du brasier à moins de 20 mètres. A cet instant, les fils électriques du tramway se brisent et ce sont des court-circuits tout au long de la rue Moyenne. Les flammèches et autres escarbilles sont projetées dans tout le quartier. C'est au tour du Palais Jacques Coeur de recevoir des fumées et débris, les mesures de protection sont immédiatement prises pour le sauver. Vers 22 H 30, grâce à une seconde lance, le danger est écarté de ce côté là.
Mais un second incendie en face se propage alors que les charpentes métalliques sont tordues et fondues.
"Les étincelles jaillies tout à l'heure des fils électriques ont communiqué le feu aux immeubles d'en face. On a vu s'enflammer les stores des magasins Dressoir. Que va-t-il advenir du quartier tout entier, 20 foyers sont abrités dans cet immeuble."

Le vent actionne lui aussi l'incendie, vers 23 heures, les autorités paniquent, elles craignent que l'incendie ne s'étende à toute la rue Moyenne.

En effet, comme l'évoqua Paul André Aubrun en 2016, lorsque les pompiers de Bourges sont arrivés, ils ont ouvert les rideaux de fer, et cela a fait un appel d'air, et embrasé l'intérieur du magasin avec beaucoup de vigueur.

Il faut aussi ajouter que les lances d'incendie des pompiers de Bourges ne pouvaient pas atteindre les flamme au-delà du premier étage, d'autant plus que la pompe mobile qui était place des 4 Piliers a, à son tour, pris feu dans la panique.

Mais l'effort des pompiers venus de tout le département, placés sous le commandement unique du Capitaine Hémery commence à porter ses fruits, et ce sont les pompes de la Société Française de Vierzon, très puissantes qui vont entrer en marche.

Mais le feu est si puissant que le bâtiment finit par s'effondrer.

"On voyait les lueurs de l'incendie depuis Mehun sur Yèvre.

Vers 2 heures du matin, l'incendie était enfin maîtrisé.


Cet incendie fut sans aucun doute le plus important à Bourges dans cette période de l'entre-deux guerres. Autant par le côté spectaculaire, il y aura une foule immense que le commissaire de police M. Dagonet aura du mal à canaliser, ces curieux, berruyers d'abord viendront ensuite des environs, car les flammes se voyaient à plusieurs kilomètres à la ronde.
La presse relate aussi la participation à l'organisations des secours du Maire Henri Laudier qui venait de rentrer chez lui au début de l'incendie, et fut un des premiers sur les lieux "où il se dépensa sans compter".

Dans les jours qui suivirent, la foule vint rue Moyenne, comme pour un pèlerinage, "les curieux contemplent de loin le lieu de dévastation tandis que de hardis travailleurs jettent bas les pans de murs qui menaçaient ruine". tel fut le titre d'un journal local. Comme toujours après une catastrophe, on s'interroge sur les causes du sinistre, puis sur la mauvaise organisation des secours, même si la presse reconnaît le courages des pompiers, ceux de Bourges, de la Pyrotechnie, du 95° d'Infanterie ou encore de Vierzon-Ville.
Dans cette période contemporaine, signalons simplement en 1932, sur la place Séraucourt, le 22 juillet, sinistre anniversaire, le feu du chapiteau "Le Carrousel-Salon", qui était présent pour les foires Jacques Coeur.
Après guerre, le 10 mai 1960, c'est un dépôt de matériel qui est détruit, route de la Charité, en particulier en raison de la valeur des matériels qui étaient entreposés.

Au mois de janvier 1965, un incendie assez limité va toucher deux travées du fond de la nef.

Plus proche de nous, un soir de janvier 1986, la cathédrale de Bourges reçut la visite "en urgence des pompiers". Le feu commençait à prendre à l'intérieur, tout près du portail central. En quelques instants, les lances vinrent à bout de ce début de sinistre et il n'y eu que quelques dégâts, dont tout de même l'horloge astronomique.
L'enquête démontra que des gosses du quartier avaient trouvé un nouveau jeu : faire exploser des "pétards" à l'intérieur de l'édifice, le bruit étant très fort.... c'était amusant. Mais lorsqu'un pétard lancé un peu loin s'en alla dans la réserve des cierges, ce fut l'embrassement. L'alerte fut donnée, de la fumée commençant à s'échapper, mais grâce à l'intervention du bedeau puis des pompiers la cathédrale fut sauvée.

DERNIER GRAND INCENDIE : LE PALAIS DU DUC JEAN

Le dernier grand incendie de Bourges date de 1986, c'était un dimanche légèrement pluvieux du mois d'avril. Le Printemps de Bourges fermait ses portes, avec Higelin dans le stadium devant 10 000 personnes. Mais les festivaliers regardaient avec curiosité la fumée noire qui se dégageait du Palais de Duc Jean de Berry. Ce Palais servait à la fois de Préfecture et de lieu de réunion pour le Conseil Général du Cher.
Il est certain que l'incendie devait "couver" depuis pas mal de temps. Bientôt des témoins signalent que de la fumée s'échappe de l'édifice. Les pompiers arrivent sur les lieux avec deux grosses lances et des engins élévateurs, mais les flammes commencent à apparaître. Il est trop tard, toute la toiture va partir en fumée, avec la destruction totale de la salle de réunion du Conseil Général, laquelle venait d'être refaite récemment. Sur le plan du patrimoine et de l'architecture, c'est aussi très grave, la cheminée aux ours datant du XV° siècle est endommagée.
Les pompiers vont réussir à circonscrire le sinistre après plusieurs heures de lutte. Ils combattent le feu aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur. La toiture est noyée sous des tonnes d'eau et ce sont à la fois la charpente et les ardoises de la toiture qui tombent sur le sol.
La cause de l'incendie, malgré certaines "bonnes âmes" mettant cela sur le compte des marginaux du Printemps de Bourges, sera rapidement établie : un court-circuit dans la salle de réunion, et dans cette ancienne bâtisse, le feu s'est propagé.

Un dernier mot sur le tout dernier sinistre par le feu dans Bourges, c'est la toiture cette fois de la Grande Salle de l'Abbaye Saint Ambroix, laquelle devait être rénovée pour construire un Hôtel. Les circonstances de cet incendie ont beaucoup fait parler. Officiellement, le feu a été mis par des "squatters" qui logeaient là durant le Printemps de Bourges de cette année 1989. Dans la Ville, il s'est murmuré que la destruction de cette toiture et de la charpente, classée par les Monuments Historiques, est beaucoup plus mystérieuse.....


L'incendie du Grand Argentier

    Drame dans la nuit du vendredi au samedi 9 octobre 2010 avec un incendie en centre ville, qui a fait un mort.
    C'est au milieu de la nuit que les flammes se sont déclarées dans le restaurant du Grand Argentier, rue de Parerie, en face d'Avaricum.
    Tout a été détruit malgré l'intervention des pompiers. Et au petit matin, le corps du jeune homme qui avait alerté les pompiers a été retrouvé dans les gravas fumants.
    Une cinquantaine de pompiers étaient sur place au milieu de la nuit.
     
    Cet immeuble qui devait dater du début du XVI ème siècle (après 1487) était de belle facture médiévale. Il y avait un restaurant gastronomique au rez de chaussée et les étages après avoir été un hôel était consacré à des appartements.
     
     
    Tout a été détruit.
 
    L'INCENDIE DES FORESTINES

 
    C'est le 4 avril 2015 que se déroule l'incendie de l'immeuble des Forestines et du Cujas, une bâtisse qui est propriété de l'Hôpital de Bourges suite à un legs cela rappelle à tout Berruyer que notre cité depuis 2000 ans a toujours été la proie des flammes.
     
     
    Vers le mois de juin c'est toujours la désolation devant l'immeuble des Forestines place Cujas, après l'incendie, et pour assurer la sécurité, une immense coque de ferraille a été mise en place donnant un air fantasmatique a cet ensemble.
    Une pancarte indique où sont situées dorénavant les magasins, sachant que les travaux diligentés par l'hôpital propriétaire des lieux dureront plusieurs années. On en est encore aux expertises qui vont durer plusieurs mois, et les contraintes administratives toujours plus importantes, souvent plus longues que les travaux eux-mêmes pourraient durer entre deux et quatre ans avant la réouverture de l'ensemble.

 
 

Récapitulatif des grands incendies de Bourges
- 588 : le feu dans Avaricum, en haut de la rue Bourbonnoux.
- 1252 : un incendie va détruire la ville à l'exception de la cathédrale en cours de finition.
- 1487 : LE Grand incendie de la Madeleine
- 1545 : incendie qui détruit 25 maison place Gordaine
- 1693 : incendie rue Fernault près du Palais du duc Jean et de la Sainte Chapelle
- 1824 : le collège Sainte Marie est la proix d'un incendie.
- 1853 : le quartier d'Asnières est en feu.
- 1859 : le bâtiment qui abrite les Archives départementales brûle.
- 1871 : très spectaculaire, le feu détruit le palais des Archevêques.
- 1923 : incendie de Saint Fulgent
- 1924 : le Moulin Saint Sulpice est totalement détruit par les flammes.
- 1928 : le grand incendie du Centre Ville avec les Nouvelles Galeries
- 1932 : le feu détruit des manèges aux Foires Jacques Coeur.
- 1986 : le feu au palais du duc Jean, siège du Conseil général.
- 1989 : l'Hôtel de Bourbon, en ruine voit sa toiture partir en fumée.
- 1991 : incendie a la gare et destruction du Sernam.
- 1997 : incendie rue d'Auron et destruction d'un magasin
- 2010 : l'hôtel-restaurant Le Grand Argentier est entièrement détruit par les flammes.
- 2015 : incendie des Forestines et du Cujas
- 2017 : incendie de la Patinoire
 
voir la liste plus complète >>>cliquer

 

 

 


Il n'existe aucun document historique global à Bourges sur les incendies, et l'étude précédente est issue des ouvrages suivants:
- Bourges au fil des ans par Roger Richer (édité par l'auteur)
- La Vieille Ville en Flammes (édité par l'Université Populaire)
- l'Histoire de Bourges par Emile Meslé
- les Annales du Berry par Gabillaud
- journaux locaux: Dépêche du Berry , Berry Républicain et Nouvelle République

Dans la cathédrale, un incendie, au début de l'année 2003 occasionné par un court circuit dans la Chapelle du Sacré-Coeur fera très peur, par la fumée dégagée, mais les dégâts seront limités.

D'autres incendies sont régulièrement combattus, c'est le cas en 2008 des tentatives de mettre le feu dans les Eglises comme Saint Pierre le Guillard, mais aussi Notre Dame, et finalement une des chapelle de la cathédrale à l'automne 2008. Finalement, les dégâts furent limités mais un homme fut arrêté, il s'agissait d'un marginal.

Une contribution de Flora Mennesson

J'ai cherché des renseignements sur le moulin Saint-Paul dans votre Encyclopédie et je n\'ai rien trouvé. Une amie m\'a passé un article copié dans "Bourges Autrefois" d'André Rousseau. Editions Horvath. Je vous en transmets une copie.

La mort du pompier Bailly

Un incendie aux conséquences tragiques marquera la fin de ce premier mois de l\'année 1898: celui du moulin Saint-Paul.
Deux hommes courageux, les pompiers Bailly et Haslin, prévenus le 30 janvier par le veilleur de nuit du moulin Saint-Paul, rue de la Cartoucherie (actuellement rue Henri-Sellier), se rendent immédiatement sur les lieux du sinistre. Ils y organisent les premiers secours avec le concours de personnes de bonne volonté. Le hangar sur le toit duquel les deux hommes sont montés brûle déjà. La toiture s\'effondre et ils tombent dans la fournaise. Haslin s\'en échappe, mais Bailly déjà asphyxié, reste suspendu à une poutre qui bientôt l\'entraîne dans le brasier. Lorsqu\'il devient possible de fouiller les décombres, les sauveteurs ne trouvent que des ossements calcinés et la visière du casque du malheureux pompier.
L'incendie a pris fin à 4 heures du matin: le moulin, les machines et les marchandises sont entièrement détruits.
Les restes du pompier Gilbert Bailly furent placés dans un cercueil et conduits à l\'Hôtel Dieu, escortés par des pompiers et des fantassins rendant les honneurs.
Une des rues de la ville porte aujourd\'hui son nom: l\'ancienne rue du Pré, près du pont Saint-Privé, où était situé le domicile de sa famille.


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