Disparition - Archevêque de Besançon de 2003 à 2013 Décès de Mgr André Lacrampe

Serge LACROIX - 17 mai 2015 à 05:00 | mis à jour le 17 mai 2015 à 10:36 - Temps de lecture :
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Besançon. Son accent rocailleux du sud-ouest est resté dans toutes les mémoires à Besançon, où il fut archevêque pendant dix ans. Mgr André Lacrampe est décédé vendredi à l’âge de 73 ans, à Lourdes où il passait sa retraite, près des siens. Victime d’un malaise cardiaque, il a été découvert par une automobiliste, sans vie, au volant de sa voiture, sur le bas-côté de la route.

« Nous qui l’avons connu sommes tous très affectés », témoigne le père Jean-Claude Menoud, vicaire général du diocèse et bras droit de l’archevêque. « Nous savions qu’il était fragile du cœur, mais l’annonce de sa mort est survenue de façon très brutale ».

« Si vous sortez vos armes, je m’en vais »

Fils d’agriculteurs, André Lacrampe était né en 1941 dans les Hautes-Pyrénées, à Agos-Vidalos, à proximité de Lourdes. Il entre au Grand séminaire de Dax, avant de poursuivre ses études à la faculté de théologie de Lyon. Ordonné prêtre à Tarbes en 1967, il devient le curé de la cathédrale de cette ville quelques années plus tard.

Parallèlement, il s’investit dans la Jeunesse ouvrière chrétienne, dont il devient l’aumônier national dans les années 70. C’est en 1983 qu’il est consacré évêque en la basilique Saint-Pie X de Lourdes. Il rejoint d’abord Charleville-Mézières dans les Ardennes, avant d’être nommé évêque prélat de la Mission de France.

En 1995, André Lacrampe rejoint la Corse où il officie en tant qu’évêque d’Ajaccio. Un an plus tard, le magazine L’Express lui consacre un beau portrait, en racontant comment, l’homme d’église, sympathique mais ferme, a contraint ses ouailles à ne plus ponctuer les nombreuses et traditionnelles processions de coups de revolvers… « Si vous sortez vos armes, je m’en vais », avait dit l’évêque aux représentants des confréries. « Les armes tuent, elles sont le symbole des drames actuels. Cette culture de mort n’a pas sa place dans nos cérémonies ». L’évêque avait eu gain de cause.

« Ce monde où les gens ont tant de mal à vivre ensemble »

C’est en 2003 qu’André Lacrampe gagne la Franche-Comté, nommé archevêque de Besançon en 2003 par le pape Jean-Paul II. « C’est un homme qui dégageait immédiatement de la sympathie », se souvient le père Menoud. « Il était d’un tempérament chaleureux, il mettait du soleil dans nos mentalités franc-comtoises plus graves ». Pour le vicaire général du diocèse, l’archevêque a particulièrement marqué de son empreinte la décennie passée en Franche-Comté. « Il attachait une importance fondamentale aux relations humaines. Il était proche des fidèles bien sûr, mais il était aussi très ouvert à la société civile ainsi qu’aux autres religions ».

Un archevêque « qui aimait le monde, accessible, surtout pas retranché dans sa forteresse », témoigne encore le père Menoud. « Il voulait partager sa foi, il avait le souci de l’annonce de l’Evangile. Il disait : c’est important de délivrer ce message dans un monde où les gens ont tant de mal à vivre ensemble ».

Mgr Lacrampe laisse également le souvenir d’un bon vivant passionné de sport, ancien rugbyman et fan du tour de France, comme son ami d’enfance Jacques Chancel, dont la mort récente l’avait beaucoup affecté. « Et puis c’était un homme plein d’humour », raconte Jean-Claude Menoud. « Quand on sillonnait le diocèse en voiture, qu’est-ce qu’on se marrait ! »

Avec les pauvres

En 2013, André Lacrampe avait démissionné pour raisons de santé, quatre ans avant l’âge officiel du départ à la retraite. Il avait alors rejoint Lourdes où, fidèle à sa vocation, il avait choisi d’habiter dans les locaux du Secours catholique de la cité Saint-Pierre, aux côtés des pèlerins les plus démunis. Il vivait une existence d’une extrême simplicité, dans un petit appartement, à proximité de sa famille. Vendredi 8 mai, à Lourdes, il avait revêtu une dernière fois son habit, aux côtés de l’archevêque actuel Jean-Luc Bouilleret, à l’occasion du pèlerinage du diocèse de Besançon.

Comme le veut la tradition catholique, André Lacrampe sera enterré dans le dernier diocèse où il a officié. Ses obsèques seront célébrées vendredi à 15 h à la cathédrale Saint-Jean à Besançon. Il reposera dans la crypte de l’édifice, dans le caveau des archevêques.