Peut-on en vouloir aux Angevins ?

PANORAMIC
Critiqué par Hatem Ben Arfa, le jeu angevin a pourtant le mérite de placer le SCO sur le podium de L1. Alors pourquoi toujours privilégier le beau jeu aux résultats ?

« Jouer comme ça, je ne sais pas comment ils prennent du plaisir. Ils n’ont fait que courir après le ballon. » Après la victoire de Nice face à Angers vendredi dernier (2-1), Hatem Ben Arfa a sûrement dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Footballeurs comme supporters. A savoir qu’Angers pratique un football frileux, besogneux, parfois soporifique même. « C’est leur philosophie. C’est le maintien. Mais je trouve que c’est dommage quand même de jouer comme ça au football, a ajouté l’ancien joueur de Newcastle. C’est un jeu de plaisir. Jouer comme ça, je trouve ça grave. » Mais restons pragmatiques. Promu après des années de lutte et d’espoirs déchus en L2, le SCO fait avec les moyens du bord. Ceux d’un club qui possède le 19eme budget de L1. Ce n’est pas une excuse, simplement un constat. « Il faut s’accrocher à ce qu’on a. Il faut garder la notion des valeurs des équipes, a réagi Stéphane Moulin après les propos de l’attaquant azuréen. Il ne faut pas oublier d’où on vient, qui on est. On fait ce qu’on peut. »

Saluer les exploits techniques autant que la rigueur tactique

Bien défendre n’est pas donné à tout le monde. Cheick N’Doye et ses coéquipiers le font parfaitement, avec solidarité. Deuxième meilleure défense de L1 derrière le Paris Saint-Germain avec seulement treize buts encaissés, le club du président Saïd Chabane n’est pas la tasse de thé de Laurent Blanc non plus. Mais le coach parisien avait tout de même reconnu après le match nul concédé au stade Jean-Bouin en décembre que « cette équipe est très, très bien organisée et qu’elle a joué avec ses principes, ses valeurs, ses qualités ». Le jeu angevin n’est pas esthétique, il est prudent. La mentalité angevine n’est pas offensive, elle est raisonnable. Mais pourquoi la rigueur tactique ne serait-elle pas autant saluée que les exploits techniques, ceux d’Hatem Ben Arfa par exemple ? Dans les dictatures, ce sont souvent les moins nantis qui trinquent. Celle du beau jeu ne fait pas exception à la règle.

Troyes, le mauvais contre-exemple

Les Angevins ne peuvent pas s’autoriser toutes les audaces, sinon celle de truster le podium de L1 devant Lyon, Marseille ou Bordeaux. Avec toujours la même ambition et la même modestie, celle de se maintenir. D’autres poussent l’audace jusqu’à l’imprudence. Troyes en est le parfait exemple. Apôtre du beau jeu, Jean-Marc Furlan a toujours plaidé pour un football porté vers l’avant. Quitte à faire passer le résultat au second plan. « Je suis franchement persuadé que le jeu offensif est le meilleur moyen d’obtenir un résultat et de donner confiance à mes joueurs. C’est une philosophie de jeu que j’ai toujours défendue et que je défendrai toujours », avouait le désormais ex-entraîneur de l’ESTAC à Rue89 en 2013. A cette époque, le club aubois était en L1. Depuis, il est repassé par la case L2 avant de remonter dans l’élite cette saison. Et comme presque à chaque fois, le beau jeu ne suffira pas. Même avec Claude Robin aux commandes.

Chelsea a gagné une C1 comme ça

Aujourd’hui, Benjamin Nivet et ses partenaires végètent à la dernière place du classement et sauf miracle, ils ne devraient pas la quitter avant la fin du championnat. Le parralèle entre les promus est dur pour les Troyens. Chacun joue avec ses armes, celles individuelles que possèdent les joueurs et celles collectives inspirées par le coach. Et si Stéphane Moulin n’est peut-être pas un esthète du beau jeu – parce qu’il n’en a pas les moyens – il en est un de la tactique. Comme l’avait été Roberto Di Matteo quand Chelsea a remporté la Ligue des Champions en 2012, battant au passage le FC Barcelone et le Bayern Munich. Comme peuvent l’être José Mourinho ou Diego Simeone quand ils le jugent nécessaire. L’abnégation, l’esprit de sacrifice et le courage sont des valeurs collectives. Celles qui forgent l’esprit angevin.Le soliste Ben Arfa ne le comprend sûrement pas. « Grandis un peu et respecte ton adversaire », lui a même lancé un Saïd Chabane passablement énervé. Les supporters angevins, eux, se contenteront aisément du plaisir du résultat. Avant celui du jeu.

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