La Saga des Pelat (5/5) : Noël, le pilier à multiples casquettes

21/05/2011 -
Les derniers piliers de la dynastie Pelat ont quitté le Parc...Avec le frère cadet Noël, celui dont que les jeunes générations turfistes connaissent le mieux, se conclut la saga des Pelat : un grand romain familial, historique et sociologique qui a traversé tout le 20e siècle et donc l'âge d'or des courses. Xavier Bougon met à point final à cette saga avec moult détails, secrets et anecdotes.

 

Il y a eu Monsieur Georges, l’aîné, il y avait aussi Monsieur Noël, le cadet. Décédé le 26 mars dernier, le cadet (21 ans le séparent de son frère aîné) a été le second "émigré" de la famille à destination du Parc de Maisons-Laffitte pour une première carrière, celle de jockey. Comme ses frères, il s’est consacré ensuite à l’entraînement et même à l’élevage en Normandie. Vice-président de l’Association des Entraineurs de 1977 à 1982, il s’est investi pendant 24 ans dans l‘ASP (Association Syndicale du Parc) et crée même en 1986 l’ADMCC (Association de Défense et Maintien des Chevaux de Courses).

 

Noël Pelat, homme de coeur, élégant



Mais avant de passer au dernier pilier, il faut savoir qu’il y avait le devant de la scène et que dans cette fratrie, il y avait aussi ceux qui n’ont pas eu les mêmes honneurs. Je veux parler d’Henri, décédé en 1975, ex apprenti chez Alfred Kalley à Mont de Marsan puis assistant de son frère Noël. Les femmes ne sont pas exclues, loin s’en faut, puisque Marguerite (bien connue sur les hippodromes) avait épousé Henri Cames, jockey, tête de liste à deux reprises, puis entraîneur, décédé de bonne heure dans un accident de la circulation en 1939. Une de ses soeurs, Georgette, a épousé Jean Labeyrie, un homme certainement du Sud-Ouest avec ce patronyme. Comptable chez ses beaux-frères, il a, par ailleurs, vécu un vrai calvaire pendant l’occupation.

 

VOIR L'ARBRE GENEALOGIQUE COMPLET DE LA FAMILLE PELAT

 

De leur union est née, Annette, une personne pleine d’entrain, qui aura été, toute sa vie durant, une secrétaire appréciée de René, de Pierre, de Jean-Pierre et même de Jean Doumen. Elle connaît la "musique" puisqu’elle a épousé Guy Prével, un chef d’orchestre, pianiste, directeur du Conservatoire. Elle est la belle-mère de Jean-Pierre Levillain, bien connu dans le Parc ainsi que son épouse, Guylène, institutrice et permis d’entrainer. Veuve, Georgette, se remarie avec Serge Degarne, un jockey de chez André Adèle dont le maître d’apprentissage avait été Charles Bariller. Décédé en 1988, il avait également goûté au métier d’entraîneur et avait même, avec son épouse, travaillé au Haras de la Croix Sonnet jusqu’à sa retraite. Une autre soeur, au moins, n’a pas été contaminée. Raymonde, née en 1902, est restée au pays et n’avait pas envie d’entendre parler de chevaux. Avec son mari, Monsieur Clavé, elle a réussi dans la teinturerie industrielle à Mont de Marsan. Ses enfants, Jean-Pierre et Arlette et ses petits-enfants, reprendront " l’affaire " qui existe toujours.

 

Noël Pelat en selle sur Quinault après son succès dans le Prix Juigné en 1941



Revenons à Noël : Profession : Jockey (de 1930 à 1942)


Né le 18 mars 1917 à Mont de Marsan, Noël est entré dans la vie professionnelle à l’âge de 11 ans comme apprenti-typographe à Mont de Marsan. Il débarque ensuite à Paris, comme l’avait fait son frère aîné, comme élève-apprenti en 1929, au poids de 32 kilos, chez Louis-Alphonse Rousse dans le Parc. Deux ans plus tard, ayant montré quelques prédispositions à cheval, son frère, Georges, se l’accapare et devient comme son maître d’apprentissage.

-Première monte : il débute à Maisons-Laffitte, le vendredi 17 avril 1931, dans le Prix Cerulea, une course pour pouliches de 3 ans sur 1.500 m. en ligne droite avec Run Ahead. Réunissant 25 partantes, l’épreuve est enlevée par l’entraîneur Charles Bariller. Son futur gendre terminera à la 3e place. Pas mal pour des débuts au milieu de tout ce peloton.

-Premier gagnant parisien en plat :
Tout Paris, le bien nommé, à Saint-Cloud le 19 mars 1932 dans le Prix de Lassy pour son frère Georges. Il obtiendra son premier succès en obstacles en 1936.

-Première monte en obstacles :
9 janvier 1936 à Pau dans le Prix de Morlaas (haies) avec Merlin l’Enchanteur pour Georges, puis le 19 janvier, un steeple dans lequel il termine à la 3e place avec Clair Matin, pour Daniel Saint également entraîné par Georges.

 

Le mâitre entraineur Charles Bariller avec son jockey Noël Pelat, qui deviendra bientôt son gendre et son successeur



-Premier gagnant parisien en obstacles :
Marsac, entraîné par Georges, à Enghien, le 15 février 1936 dans la Course de Haies des 5 ans et au-dessus. Il s’agit plutôt d’une demi-victoire puisque l’on affiche dead-heat avec Porte Veine pour l’entraînement de Joseph Ginzbourg.

-Premier succès de Groupe : Potentate, dans le Grand Steeple-Chase de Paris 1936, entraîné par Georges. Après René Sauval (17 ans en 1906 et 18 ans en 1907), il est le plus jeune jockey à avoir remporté le Grand Steeple-Chase de Paris, à 19 ans (il se classera 3e au palmarès des jockeys). Dans cette épreuve mythique, il récidivera en 1941 avec Kerfany (notes), préparé par son beau-père, Charles Bariller. Il a du mérite à finir puisque sa selle avait glissé sur l’arrière, une des sangles ayant cassé ; c’est l’année de son second sacre.

-Cravache d’Or : de l’obstacle en 1940 (devant Serge Rocher et Henri Gleizes) et en 1941 (devant Henri Gleizes et Arthur Bates). Au total, Noël aura épinglé 76 courses en plat et près de 250 en obstacles dont 54 en 1936, terminant 3e au classement derrière Serge Rochet et Robert Bates. En 1937, il terminera second dead-heat avec Arthur Bates (50 victoires chacun), devancé par Robert Bates, le frère.

En 1938, il épouse Lucie Bariller (née en 1920) la fille du crack entraîneur qui a été déporté (sur dénonciation, pour détention d’armes) en Allemagne fin juin 1942 d’où il ne reviendra pas ; il y décède en 1945. Charles Bariller a entraîné pour les plus grandes casaques de l’époque et a formé de multiples apprentis et certains deviendront de fines cravaches (les plus récents, Léon Flavien, Léon Gaumondy et surtout Roger Poincelet). Il figure à de multiples reprises au palmarès des entraineurs comme Tête de Liste, dans les deux spécialités.

 

Fine Art offrira à Noël Pelat un début d'entraineur en fanfare (1e partant, 1e victoire, 1e Gr.1 etc...)



Notes sur sa carrière de jockeys


Monté par Noël, Kerfany, vainqueur du Grand Steeple 1941 devant Ingré, courait sous le nom de Mme Charles Bariller mais appartenait à Edouard Henriquet. Kerfany a été le tout premier cheval de coeur de Noël. Il finira sa carrière dans un cirque.

Avant de s’imposer dans le Grand SteepleChase de Paris, Potentate avait gagné le Grand Prix de Pau, 5 mois auparavant, monté par Henri Cames, son beau-frère (l’époux de Marguerite).

Le 31 mars 1940 à Auteuil, dans l’épreuve d’ouverture, Noël Pelat, premier jockey de l’écurie Bariller, tombe et est remplacé dans l’épreuve phare de la journée, le Prix du Président de la République, par un débutant sur le steeple, Roger Poincelet, qu’il remporte avec Klad. C’est la première grande victoire de Roger, âgé de 19 ans.

 

Prince Bio a été l'un des premiers champions de Noël Pelat

 

Profession : Entraineur (de 1942 à 1996)


Suite à une mauvaise chute (fracture du crâne) dans la Grande Course de Haies d’Auteuil avec Walk By (notes) en juin 1942, Noël abandonne selle et cravache et prend la relève, le mois suivant à 25 ans, de son beau-père, Charles Bariller. Il sera assisté à une période par, entre autres, son frère Henri (son prénom usuel) et surtout bien plus tard (1970) par son gendre, Albert Hosselet (entraîneur particulier à partir de 1983, puis public en 1991) qui avait épousé Noëlle, sa fille unique.

Noël débute, donc, avenue Marivaux dans l’écurie qui avait appartenu au Prince Aly Khan.

-Premier partant parisien et 1ère victoire : Fine Art, (Artist’s Proof et Finnoise, élevé par Mathieu Goudchaux) Prix Maintenon (1.400 m.) le 5 juillet 1942 à Longchamp, monté par André Chéret.

-Première victoire de Groupe : 1942 avec Fine Art (Prix Jacques Le Marois, Prix du Gros-Chêne, de Seine et Oise et second du Prix de la Forêt de Buena Vista (une des juments base de l’élevage Strassburger) appartenant au baron Louis de La Rochette (notes).

-Nombre de victoires :
plus de 2 620 (1 485 en plat, 1 135 en obstacles)

-Tête de Liste des Entraineurs en obstacles :
1er en 1944 et 1948 (61 victoires devant son frère Georges), second en 1951 (d’Henri Gleizes), 3e en 1952 (d’Henri Gleizes et Georges, son frère).

-Tête de Liste des Entraineurs en plat : 2e en 1943, 2e en 1947

 

VOIR LE PALMARES COMPLET DES GRANDES VICTOIRES DE NOEL PELAT EN TANT QU'ENTRAINEUR



Entraîneur pendant plus de 50 ans, il est impossible de se remémorer tous les bons chevaux et les grands succès, mais quelques-uns reviennent à l’esprit de l’intéressé lors d’un entretien datant de 1991. Moins de deux ans après s’être installé, Noël se trouve à la tête de deux champions la même année :

-En plat, Prince Bio (par Prince Rose). C’était le meilleur 2 ans. A trois ans, il enlève le Prix de Fontainebleau, le Noailles puis la Poule d’Essai. Malheureusement, 4 jours avant le Prix Lupin, il se fracture un boulet lors de son dernier galop. Entré au haras, il deviendra un étalon de premier ordre ; citons pêle-mêle, Sicambre, Prince Taj, Northern Light, Le Petit Prince, Rose Royale…

-En obstacles, Wild Risk (appartenant au Mis de Triquerville et fils de Rialto), un spécialiste des " balais ". Vainqueur du Prix Cambacérès à 3 ans, puis par deux fois de la Grande Course de Haies d’Auteuil (à 4 et 5 ans). Par la suite, il deviendra un géniteur de premier plan, finissant dans le trio de Tête des étalons pendant 7 ou 8 ans. Il est le premier sauteur à devenir Champion des Etalons de plat en 1961, puis en 1964.

 

WIld Risk, un champion sur toutes les pistes qui a profondément marqué l'élevage français

 


Il engendra toute une pléiade de cracks, Worden (grand-père de Carmarthen entre autres), Le Fabuleux, Vimy, Balto (Grand Prix de Paris, Gold Cup), deux pouliches aux origines Dupré, Bubunia (une fille de Bella Paola) et Tonnera (une fille de Texana)…, Runaway Bride (future mère de Blushing Groom), Almyre, etc….

 

Wild Risk en tant qu'étalon



Au cours de cet entretien, quelques instants plus tard, un nom lui revient, un cheval sortait de l’ordinaire, il avait pour nom, Nagara (notes), vainqueur, sous les yeux du Président Vincent Auriol, du Grand Steeple-Chase de Paris 1951 (également second en 1949), du Gran Premio di Merano, du Gran Steeple-Chase di Milano, second du Grand Steeple-Chase d’Enghien, du Prix du Président de la République. A ce jour, il est le seul à avoir fait le doublé, la même année, des deux Grand Steeple, celui d’Auteuil et celui de Merano (créé en 1935). Pour les français, l’Italie et Merano étaient devenus incontournables, y compris pour les pensionnaires de Noël qui s’imposent dans le Gran Premio, avec Montlouvier en 1953, Willpas en 1973 et même 20 ans plus tard avec Amado en 1981.

 

Nagara, ici en 2e position à la rivière des tribunes du Prix La Haye Jousselin en compagnie de Café Crême.



Au fur et à mesure de l’entretien, les langues se délient :


- Fine Art, qui a été son premier vainqueur classique (voir plus haut). Sa mère était la soeur de Saint Fortunat, également vainqueur du Prix Jacques Le Marois en 1926.

- Mi Carina (notes) : élevée par Mme A. Daubin, elle remporte le Prix Vermeille pour Jean Dolbeau, le Prix de Royaumont, se classe 3e du Prix Lupin. Le Prix de l’Arc de Triomphe 1959 reste l’un des grands regrets de la famille. Elle termine 4e de l’Arc le plus indécis de toute l’histoire : dead-heat à l’arrivée sur la piste entre Saint Crespin et Midnight Sun (rétrogradé à la 2e place), courte tête, courte encolure et courte encolure.

- Hunorisk, (fille de Wild Risk), Prix Cambacérès, La Haye-Jousselin, placée à 2 reprises de la Grande Course de Haies d’Auteuil. Elle est la première femelle à remporter La Haye-Jousselin depuis l’après-guerre. Depuis, seules, Illuminée (en 1959) et Princesse d’Anjou (en 2006) l’ont imité.

- Cover Girl (Edellic) Prix Chloé et seconde de la Poule d’Essai devant Clear River, entraînée par René. Elle sera mère de New Model (Gran Critérium italien pour la Scuderia Cieffedi puis étalon).

- Wild Quest (mâle) et Epine Dorée (femelle), deux produits de Wild Mec, tous les deux second de la Poule d’Essai.

- Savoyard (Un Gaillard), Prix Gladiateur (Gr.2), du Conseil Municipal et Jean Prat (4 ans et
au-dessus) pour le Mis de Triquerville.
 

 

Quart de Vin (à droite) marquera en étant un grand sauteur puis un grand étalon


et plus proche de nous :


Amarko, On My Way, Quart de Vin (Prix Cambacérès, Grand Prix d’Automne, père de Ucello II, entre autres), Perle des Chaumes (et toute sa descendance), Tip Moss (qui aura son importance plus tard dans l’élevage), Robore, Casaque, Boitron (à 2 ans, puis acheté par S. Niarchos), Brezzo (placé de groupe), Grandak (3e Prix Noailles puis acheté par Daniel Wildenstein pour qui il remporte le Prix Cambacérès), Tip Risk (né de Tip Moss et d’une fille de Wild Risk, il était l’un des rois d’Enghien avec 9 victoires dont le Grand Steeple, le Général de St-Didier et le Léopold d’Orsetti) et bien sûr Mansonnien (fils de Tip Moss).

Noël a tenté de faire aussi bien que son frère aîné dans la Washington D.C. mais il a dû se contenter de la 2e place à deux reprises avec On My Way. Même résultat pour On My Way dans l’Arc 1975 devancé par le germanique, Star Appeal, à 120/1 (une côte record dans l’Arc).

 

Le Marquis de Triquerville, un des nombreux hommes au sang bleu qui avait intégré la cour de Noël Pelat
.

Noblesse de coeur, noblesse de robe


Conscient de sa noblesse de coeur, la noblesse de robe s’était donné rendez-vous dans la " Cour " de Monsieur Noël :
Principaux propriétaires : vainqueurs d’épreuves principales :

- Baron Louis de La Rochette (Ecartelée rouge et bleue, manches et toque bleue)
Propriétaire de Fine Art, son premier vainqueur et son premier vainqueur de groupe en plat.

- Mis de Triquerville : (Jaune, manches et toque violettes, décédé en 1956)
Président de l’Association des Propriétaires, membre du Comité de la Société des Steeple-Chases à partir de 1924. Tête de Liste des propriétaires en obstacles en 1948 et 1954. Propriétaire de Wild Risk, Montlouvier (Gran Premio di Merano), Hunorisk, entre autres.

- Enguerrand de Vergie (Jaune, manches et toque vertes)
Très souvent associé au Mis de Triquerville comme propriétaire de Hunorisk, Savoyard, Montlouvier, Wild Quest, Riskoli, Wild Hun, entre autres.

- Cte de Talhouët-Roy (Gris-perle, toque noire)
Au sortir de la guerre, propriétaire de Walk By et son neveu Go Ahead (Prix Cambacérès), Folina (soeur de Nistralin, Prix Lupin), de Amarko, Quirinal (pour le Mis de Talhouët-Roy)

- Cte Arnold de Waresquel (Grise, coutures noires, toque grise)
Propriétaire de Tereda (fils de Novara), gagnante du Prix Murat et seconde du Prix Cambacérès de Chakhansoor et 3e du Prix Maurice Gillois. Future mère de Amado.

- Melle Eliane de Wignacourt (Chevronnée blanc et jaune, manches blanches, toque bleue).
Propriétaire des deux soeurs, Perla Verde (Maurice Gillois) et Perle des Chaumes (Finot)

- Hubert de Chaudenay (Mi-mauve, mi-noir, toque mauve)
Président de la Société d’Encouragement de 1975 à 1986 et propriétaire de Quart de Vin qui deviendra un étalon de premier ordre.

- Mis Gérald de Geoffre (Chevronnée gris et rouge, manches grises, toque jaune)
Président de la Société d’Encouragement de 1986 à 1991. Propriétaire de Riko (Cambacérès), Amado (Gran Premio di Merano et fils de Tereda) (élevés par Noël Pelat), Robore (élevé par R. Bousquet), Scandinavian.

 

La Marquis de Geoffre, en compagnie du Baron Bertrand du Breuil (Président de la Société d'Encouragement) et Louis Romanet



- Vte Roger du Halgouët (Blanche, une étoile et manches bleues, toque blanche)
Propriétaire de Kalioussa, gagnante du Prix La Barka et grand-mère de Gabarret (élevé par Noël, fils de Tip Moss, vainqueur du Prix Alain du Breil pour Albert Hosselet).

- Cte Humbert de Monteynard
(Blanche, croix de St-André, manches  et toque roses)
Second de la Poule d’Essai des Pouliches avec Epine Dorée (Wild Mec) qui avait gagné le Prix de la Grotte pour les couleurs de Noël Pelat (Blanche, manches vertes, toque blanche).

- Mme Célestin Herbline
(Marron, pois, manches et toque verts)
Propriétaire de Prince Bio, l’un des meilleurs chevaux de Noël.

- Jean Dolbeau (Rouge, manches rayées rouge et bleu, toque blanche)
Propriétaire de Mi Carina, Px Vermeille, de Royaumont, 3e du Prix Lupin, 4e Px de l’Arc de Triomphe (voir plus haut).

- Gustave Leblong (Rouge, une étoile et toque blanches)
L’un des "gros" propriétaires de Charles Bariller puis de Noël. Au niveau classique, il n’a eu qu’une pouliche de Légende (c’est son nom). Soeur aînée de Prince Chevalier (Prix du Jockey-Club), elle enlève le Prix Gontaut-Biron devant Véronique (future mère de Vareta, entraînée par René, elle-même mère de Zeddaan), puis seconde du Prix de Pomone, 3e du Prix de Flore (derrière Esmeralda) et 4 e du Prix Vermeille.

- Xavier Beau
(Orange, manches gros-bleu, toque jaune)
Propriétaire de l’inusable, On My Way, acheté 160.000 F. en août 1973 (à 3 ans) à Deauville lors de la liquidation de l’élevage de Mme Howell D. Jackson (Bull Run Stud).

- Paul Guichou (Jaune, manches marron, toque blanche)
Toulousain, propriétaire de Tip Moss en plat, Rocamar, Moulinet et Bridore, tous les trois vainqueurs de la Grande Course de Haies de Printemps.

- Constantin Boikos (Bleu-clair, épaulettes, manches et toque gros-bleu)
Vainqueur du Prix Finot, puis du Prix Alain du Breil avec Bazas (Tip Moss) et du Prix Général de Saint-Didier, du Prix Léopold d’Orsetti et du Grand Steeple-Chase d’Enghien avec son propre frère Tip Risk, un spécialiste de Soisy. Les deux ont été élevés par Noël, tout comme le vainqueur du Prix Daphnis 1989, Tartas, demi-frère de Mansonnien.

 

Hubert de Chaudenay, très fidèle à la maison Pelat




Dernier partant : 29 mars 1996 à Saint-Cloud, dans une épreuve pour gentlemen-riders, avec
Sayonara Push, monté par l’infortuné Philippe Hamel et appartenant à Jacques Gay.
Dernière victoire : 10 novembre 1995 à Evry, dans le Prix de l’Yvette, avec Perdita pour le
compte de Mme Bernard Destremau (Bleue, croix de Saint-André et toque jaune) et montée par Thierry Blaise.
Dernière victoire de courses principales : 1994 avec Scandinavian (futur étalon à la Croix
Sonnet) dans l’Omnium II, au Mis de Geoffre, monté par Guy Guignard. Il s’imposera en fin d’année dans le Prix du Ranelagh puis prendra la seconde place du Prix Perth (Gr.3) de Freedom Cry.
Dernières victoires  de Groupe :
1990 (2 juin) avec Ma Puce (Tip Moss et Perle des Chaumes) dans le Prix La Barka à
Jacques Delvert (Noire, m. chevronnées jaune et noire, toque jaune), qui prendra ensuite la 3e place de la Grande Course de Haies d’Auteuil, montée par Pierre Larbodière.
1990 (22 mars) avec Mansonnien, monté par Dominique Boeuf, dans le Prix Exbury à Mme
Bernard Destremau. Comme son père, Tip Moss, Mansonnien avait terminé, en 1989, second du Grand Prix Prince Rose à Ostende, une épreuve de renom à l’époque, gagnées en 1978 par l’élève d’Olivier Douïeb, Dom Alaric (devant Tip Moss), puis en 1979 par Noir et Or et en 1980, Argument (deux élèves de John Cunnington Jr.). Mansonnien a aussi terminé 3è du Prix Ganay (de Saint Andrews) et 4e du Prix du Jockey-Club (de Natroun).

Sa carrière d’entraîneur s’achève début 1996 après 54 ans de métier.


Comme ses frères, il a donné la chance à quelques apprentis et mis le pied à l’étrier de Jacques Dubois (entré chez Noël comme apprenti sur recommandation d’Enguerrand de Vergie. Il sera tête de liste des jockeys d’obstacles), Jacques Dupin (né en 1951), Daniel Merle, Patrick Lec, Pierre Larbodière, Bernard Beaunez, Philippe Loth, Laurent Tassin, et en collaboration avec Albert Hosselet, Raphaël Marchelli, Vincent Vion, Boris Chameraud….Dominique Lawniczak (décédé le 9 mai dernier et formé par Christian Gautier) a été à son service pendant 30 ans. Pitchounet (élevé par Noël et entraîné par son gendre), vainqueur du Prix du Muguet, a été sa dernière victoire de groupe (1988).

 

Noël Pelat en compagnie de son gendre Albert Hosselet et son jockey Dominique Lawniczack, récemment disparu



Notes sur sa carrière d’entraîneur


-On ne relève que 4 champions jockeys d’obstacles devenus par la suite champions entraineurs (Ch. Bariller, W. Head, Noël Pelat et Henri Gleizes). Depuis, peut-on affirmer qu’André Fabre était un champion jockey ? (comme entraîneur on n’en doute pas). Je m’y risque, même s’il n’a pas obtenu de Cravache d’Or, il est lauréat, comme gentleman et jockey, de 215 victoires en obstacles dont un Grand Steeple.

-Wild Risk (élevé au Haras du Mesnil) : Pour la petite histoire, Noël Pelat et le Mis de Triquerville ont " déniché " le fils de Rialto, à 2 ans, à l’issue d’un réclamer, le Prix des Volubilis, couru à Longchamp en mai 1942 sur la distance de 1.000 m. Il termine non placé et son propriétaire doit s’acquitter du montant de la réclamation et du montant du prix ! En novembre de ses 4 ans, il participe au Prix Aston Blount (une course de haies) à Auteuil. Grand favori, il dérobe devant les tribunes et saute la rivière des tribunes. Le jockey sera mis à pied jusqu’à la fin de l’année (R. Poincelet).

-Walk By : Noël gagnera le Grand Prix de Pau 1946, avec Walk By (âgé de 11 ans), monté par Lucien Parfait. C’est avec lui que sa carrière de jockey s’était achevée en 1942.

-Mi Carina (qui n’a rien produit de " folichon ") est la soeur Mother Goose (2e Oaks 1958), de Peroxide Blonde (d’où Stage Door Johnny), de Fool’s Folly (d’où Shaamit) et de Old England (Wild Risk). Cette dernière est revenue sur le devant de l’actualité grâce à Vision d’Etat.

- Fine Art : 5 victoires dans le Prix du Gros-Chêne (1 fois pour Noël, 4 fois pour A. Lieux). A ce jour, et en France, excepté Al Capone et Franc Picard, il est le seul cheval à avoir remporté autant une même épreuve. Marsyas (Cadran) et Cricket Ball (Meautry) sont un ton en dessous avec 4 succès.

- Nagara aurait certainement remporté la Gold Cup de Cheltenham s’il n’avait été fortement gêné en face par un adversaire. Littéralement bloqué, il perdit un terrain considérable avant de revenir finir en tête des battus (sic).


Profession : Eleveur (à partir de 1952)


J’ai commencé à élever peu après la guerre, se souvient-il, en 1948. Au début, c’était pour m’amuser et puis, de fil en aiguille (Paris-Turf décembre1996)….Il achète en 1952, pour débuter, le Haras des Chaumes (à Paul Hinzelin) (sur la commune de Touques, sur les hauteurs de Trouville, avec la mer, toute proche) où toutes les pensionnaires sortent de sa cour du Parc. Il y installe son tout premier étalon en 1954, Medium (Grand Prix de Saint-Cloud pour Georges Pelat et 3e de la Poule d’Essai et père entre autres de Misti, Master Boing). Puis viendront, Fil Rouge, Novara (un fils de Tenerani, 2e Grand Prix de Deauville pour Noël), Red Vagabonde (fils de Red God), Pompon Rouge. Puis 15 ans après, il s’agrandit en achetant des terres aux alentours et un manoir du 17e siècle, le Haras de la Croix Sonnet vient de naître (1966) (il vendra par la suite le Haras des Chaumes).
Entré au haras en 1980 comme étalon, Tip Moss sera son cheval de bataille qui va lui procurer les premières joies de propriétaire-éleveur. Suivra, Phantom Breeze, le futur père du champion hurdler Le Coudray, entre autres. Noël aura jusqu’à 30 poulinières. Tout d’abord propriétaire-éleveur puis, dans un souci de rentabilité (sic), vendeur de yearlings.

C’est à cette époque que Noël demande à sa fille, Noëlle, de reprendre les rênes de l’élevage qu’elle accepte volontiers. Son fils, Hubert, la rejoindra après une carrière d’entraîneur à Maisons-Laffitte. Tête de Liste des Eleveurs en obstacles : 1988, 1990 (vict.), 1998, 1999, - 2e en 1989 et 1993, 3e en 2000.

 

Noël Pelat nourissait une grande passion pour l'élevage, découverte tardivement mais avec beaucoup de réussite



Les étalons se sont succédé à la Croix Sonnet :

- Tip Moss (disparu en 1993, à 21 ans et fils de Luthier), père entre autres de Bazas, Gabarret (deux vainqueurs du Prix Alain du Breil). L’un de ses petits-fils, Smadoun, fait actuellement la monte en France.
- fils de Tip Moss, Mansonnien  (décédé en février 2009 et élevé par Noël, père, entre autres de Subehargues, baptisé par les Pelat en hommage au village de Georges, près d’Aire sur Adour). L’un de ses autres fils, Bonbon Rose, fait actuellement la monte en France. La mère de Mansonnien, Association élevée par Louis Augonnet, avait été achetée par Noël à Deauville, yearling, pour 24.000 F. en 1978. Mansonnien, entré eu haras en 2001, sera tête de Liste des Pères de vainqueurs en obstacles en 2005, 2007 et 2008, second en 2002, 3e en 2001 et 2009. A titre posthume, Golden Silver (un ancien pensionnaire du petit-fils de Noël, Hubert) s’est imposé, cet hiver dans les plus grandes courses irlandaises. Depuis trois ans, il a accumulé les succès : trois Gr.1 et cinq Gr.2 en Irlande dont le Paddy Power Chase (Gr.1 à Leopardstown), le Champion Chase (Gr.1 à Punchestown), le Arkle Novice Chase (Gr.1 à Leopardstown) sous la responsabilité du maître Willie Mullins.

- Astarabad, acheté par Noëlle, entre en 2001 et fait l’actualité par le meilleur de ses fils, Questarabad (récemment disparu) et par Roi du Val.

Les derniers arrivants : Blue Brésil (famille maternelle de Tin Horse) et Grand Couturier (un ancien Rouget, vainqueur du Derby du Midi puis exporté aux USA où il est vainqueur de 3 Groupes 1)

Jusqu’à son dernier souffle, Noël aura été passionné, non seulement par sa famille, par les chevaux et l’élevage, mais aussi par la corrida (les fêtes de la Madeleine de Mont de Marsan en juillet) et le rugby (le Stade Montois). Il a d’ailleurs participé avec son frère Georges au lancement de la Section Rugby de Maisons-Laffitte en 1965 dont il a été Président pendant de nombreuses années.

La vie continue, malgré tout, et les chevaux courent encore et toujours. Sa fille, son gendre et son petit-fils s’occupent de continuer l’oeuvre du patriarche. Astarabad, lui aura rendu un tout dernier hommage par ses rejetons Roi du Val (né et élevé à la Croix Sonnet) et Cheltenian, vainqueur à Cheltenham.


Dernières anecdotes

En 1939, un match de football oppose le 1er avril (ce n’est pas une farce) des vedettes du sport et du cinéma à une sélection des fines cravaches de Maisons-Laffitte sur le stade de l’USML, rue Pauline Kreuscher. Le " onze " des vedettes est composé notamment des boxeurs, Marcel Thil et Georges Carpentier, de René Lefèvre, Jean Gabin, Albert Préjean, Jo Bouillon (l’un des maris de Joséphine Baker) et Charpin (plus tout jeune). L’Equipe des jockeys qui lui est opposé est, quant à lui, formée de Marcel Allemand, Robert Bates, M. Maginot, Noël Pelat, Maxime Bonaventure, Raymond Dubus, Raymond Tremeau, Thomas Dunn, André Maubert, Henri Signoret et Henri Bonneau. La recette du match sera versée à une oeuvre sociale s’occupant du personnel des écuries. Pour l’anecdote, l’équipe des vedettes l’a emporté par 3 buts à 1.

 

Noël Pelat adorait et pratiquait assidument le football. Il est debout à gauche.



Le 24 avril 1997, à l’occasion de ses 80 ans, la Ville de Maisons-Laffitte, avec en tête son maire, Jacques Myard et son premier adjoint et Conseiller Général des Yvelines, Joël Desjardins, lui fait la surprise d’une réception à l’hippodrome où étaient présents plus de 250 personnes, tous ses amis y compris un ami de longue date, le champion de France cycliste, Roger Godeau (décédé en 2000 à 80 ans et père adoptif de Patrick Lec).
Dans les années 55, après les courses, le Tout-Paris et Noël se retrouvaient en famille (y compris sa fille âgée de moins de 10 ans), aux Six Jours cycliste du Vel d’Hiv. Non seulement il était spectateur, mais aussi acteur. L’Organisateur avait prévu une mise en chauffe, un lever de rideau des stars du cyclisme, avec des personnalités du spectacle (Bourvil, Audiard, entre autres) et des courses hippiques. Noël en faisait partie.


" C’était un homme strict, attachant et humain. Il a peut-être eu des rivaux, je ne lui ai pas connu d’ennemis. La souriante simplicité était son attitude
." C’est l’hommage que lui a rendu, à titre posthume, le Mis de Geoffre.

Là se termine la rétrospective de cette famille landaise, une famille de tempérament. Le Parc ne sera plus le Parc sans les Pelat. Les "Pélate" sont une forteresse, moi Georges, j’en suis le donjon (ave l’accent).

Episodes précédents : 15, 23 avril et 30 avril, 11 mai.

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