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FRANCE

Rachid Nekkaz, justicier millionnaire au secours des femmes en niqab

L’homme d’affaires français Rachid Nekkaz, qui avait promis de régler les amendes infligées aux femmes portant le voile intégral, a tenu parole. Mercredi, il a payé les contraventions de plusieurs femmes musulmanes en France et en Belgique.

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Il vole au secours des femmes intégralement voilées. Rachid Nekkaz, homme d’affaires français et fondateur de l’association "Touche pas à ma Constitution", avait créé il y a un an un fonds – doté d’un million d’euros – dit de "défense de la laïcité et de la liberté". Son objectif : financer les amendes infligées aux femmes intégralement voilées, où qu’elles soient dans le monde.

Promesse tenue en Belgique, où le bienfaiteur qui se pose en redresseur de torts s’est rendu mercredi afin de régler deux amendes, de 50 euros chacune, respectivement infligées à deux musulmanes de 16 et 17 ans. Deux cas symboliques : il s’agit des deux premières femmes jugées pour port du niqab sur la voie publique depuis l’entrée en vigueur d’une loi l’interdisant, en juillet.

"Désobéissance civile"

Présent lors de leur comparution en Belgique, Rachid Nekkaz explique à la sortie du tribunal sa démarche : "Je suis en faveur d’une loi condamnant un mari qui force sa compagne à porter le niqab ou la burqa et l’exhorte à rester à la maison, dit-il. Mais je suis également en faveur d’une loi qui laisse le choix aux femmes d’aller dans les rues, voilées ou non, car la liberté de mouvement, comme n’importe quelle autre liberté, est fondamentale dans une démocratie."

Loi du 12 octobre 2010 sur la dissimulation du visage

● Prise d'effet le 11 avril 2011. Le voile intégral et tout autre type d'apparat rendant impossible l'identification de la personne sont interdits dans les espaces publics depuis cette date.

● La loi sur la dissimulation du visage prévaudra dans tous les lieux publics : transports en commun, commerces, établissements scolaires, bureaux de poste, hôpitaux, tribunaux, administrations, plages, jardins, promenades, voies publiques.

● Le texte prévoit une amende allant jusqu'à 150 euros et/ou un "stage de citoyenneté". Toute personne obligeant une femme à se voiler sera passible d'un an de prison et de 30 000 euros d'amende. Si la victime est mineure, la peine sera doublée.

Le même jour, il a réglé une autre amende de 75 euros à Roubaix, en France, où la loi sur le voile intégral est entrée en vigueur au printemps dernier.

"J’en appelle aujourd’hui à une désobéissance civile", déclare-t-il à France 24. "Je voudrais dire aux femmes de ne pas avoir peur de sortir voilée intégralement. En payant leurs contraventions, je neutralise la loi. Je veux montrer qu’elle ne fonctionne pas, que c’est un échec pour les acteurs politiques qui l’ont promulguée."

Malgré son combat, Rachid Nekkaz se dit contre le port du voile intégral : "Comment une femme pourrait-elle trouver un emploi lorsque son visage est caché ?", confie-t-il à ce propos.

Le voile intégral : une stratégie électoraliste

Le paradoxe entre son combat et sa conviction profonde ne le dérange pas, bien au contraire. Car il perçoit avant tout dans cette loi une stratégie électoraliste de Nicolas Sarkozy. Stratégie qu’il entend dénoncer et combattre. "C’est une mesure 100% politique qui n’a d’autre but que de s’attirer la sympathie des électeurs frontistes", dénonce t-il. "Pour moi, le président a fait là un pari. Il a décidé d’une loi qui va à l’encontre de la Constitution, mais il en avait besoin pour gagner des points pour la prochaine présidentielle."

Et qu’importe si le Conseil constitutionnel, la plus haute juridiction française, l’a dans les grandes lignes validée en octobre 2010, Rachid Nekkaz entend bien ne pas s’arrêter là. Il envisage ainsi de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) en portant plainte contre les États belge et français pour violation des libertés fondamentales.

L’homme affiche une confiance absolue dans son combat qui commence, selon lui, à porter ses fruits en France : "La police hésite aujourd’hui à verbaliser les femmes intégralement voilées, tout simplement parce qu’elle sait que je vais régler la note." Pas de cri de victoire pour autant. À défaut de les verbaliser, la police procèderait désormais à un harcèlement de questions. "Elle les interroge, leur demande d’où elles viennent, ce que font leurs parents, si elles ont été contraintes de porter la burqa, tout cela est inacceptable. Au lieu de rechercher des hommes qui interdisent à leurs femmes de sortir, les policiers s’en prennent à des femmes innocentes."

Rachid Nekkaz, un opportuniste ?

Une indignation qui a mené le fondateur de "Touche pas à ma Constitution" à se présenter à la présidentielle de 2012. Sa candidature, soutenue par plusieurs associations de femmes s’opposant elles aussi à la loi, ne fait pourtant pas l’unanimité.

"Amazones de la liberté", une association qui milite pour l’abrogation de la loi sur le voile intégral, dénonce une opération médiatique destinée à braquer les caméras sur Rachid Nekkaz, à l’heure où les candidats vont partir en campagne.

"Porter le niqab est un choix de femmes", explique Lila Citar, présidente de l’association contactée par France 24. "C’est précisément à cause de la soi disant manipulation des maris que les politiques s’opposent au port de la burqa. Rachid Nekkaz est un opportuniste qui ne vaut pas mieux que les politiques qu’il place sur le banc des accusés. Lui aussi exploite le problème du voile intégrale à ses propres fins", s’insurge la militante.

 

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