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SAINT-MALO

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La commune de Saint-Malo (pucenoire.gif (96 octets) Sant-Maloù) est chef lieu de canton. Saint-Malo dépend de l'arrondissement de Saint-Malo, du département d' Ille-et-Vilaine (Bretagne).

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ETYMOLOGIE et HISTOIRE de SAINT-MALO

Saint-Malo tire son nom du moine breton Maclow, Maclou ou Malo originaire du pays de Gwent (Pays de Galles), dans la Cambrie méridionale.

Saint-Malo succède à l'ancienne cité gallo-romaine d'Aleth (aujourd'hui en Saint-Servan). Cette place forte a été conquise en 56 avant Jésus-Christ, par les troupes de César. La cité d'Alet ou Aleth est entourée au IVème siècle de remparts et devient au Vème siècle, le siège de la préfecture de la légion de Mars, dont la division militaire dépend de la légion du Martenses. On prétend que l'Ile Harbour aurait été le port primitif d'Aleth.

Ville de Saint-Malo.

Le rocher (appelé Canalchius) sur lequel est construite la ville de Saint-Malo était inhabité jusqu'au VIème siècle. Un ermite du nom de Aaron y construisit à cette époque un ermitage. Vers le milieu du VIème siècle, le gallois Maclow (ou Mac Law) ou Malo, débarque sur le rocher d'Aaron où il est reçut par Aaron. Saint Malo se consacre alors à la prédication et sera nommé plus tard évêque d'Aleth (Saint-Servan). Saint Gurval, successeur de Saint Malo comme évêque d'Aleth, érige, dit-on, sur le rocher une église en l'honneur de son prédécesseur. Cette église, incendiée par les lieutenants de Charlemagne en 811, est relevée, croit-on, en 816 par l'évêque Hélocar sous le vocable du diacre saint Vincent d'Espagne, martyrisé sous Dioclétien en 304. Au milieu du IXème siècle, le roi Nominoë place le siège épiscopal à Aleth et délimite le diocèse appelé "Pagus Alethensis". Ruinée par les invasions normandes du Xème siècle, l'église est donnée en 1108 à l'abbaye bénédictine de Saint-Martin de Marmoutier en Touraine qui y fonde un prieuré. Jean de Châtillon, évêque de Saint-Malo (1144-1163), reprend possession de l'église, après de longues luttes, aux Bénédictins de Marmoutiers, puis il la reconstruit entièrement vers 1152 pour en faire une cathédrale et lui rend le nom de Saint-Malo. En 1146-1152, l'évêque Jean de Châtillon transfert le siège épiscopal (auparavant fixé à Alet) à Saint-Malo-de-l'Isle (sur le rocher d'Aaron). Ce transfert est à l'origine de la fondation de l'agglomération actuelle qui comprend aussi l'ancienne paroisse de Saint-Servan. A cette époque la ville est dominée par l'autorité ecclésiastique. Cependant depuis le début du XIIIème siècle, Saint-Malo ne cesse d'être convoitée par les ducs de Bretagne.

Saint-Malo autrefois

Saint-Malo, appartenant pendant tout le moyen-âge à l'évêque et au Chapitre de même nom (nota : la seigneurie de Saint-Malo formait la Seigneurie Commune. On vient de retrouver au XIXème siècle enfouie dans le sable, et de replacer sur la digue du Sillon, une croix indiquant la limite de cette seigneurie du côté de Paramé et portant les armoiries du Chapitre), renfermait avant la Révolution la ville actuelle de Saint-Servan et se composait de deux paroisses, Saint-Malo et Saint-Servan. Aujourd'hui Saint-Servan, distrait de Saint-Malo, est une ville d'une certaine importance et nous en parlerons par ailleurs ; mais Saint-Malo possède encore deux paroisses par suite de la création récente d'une succursale sous le titre de Notre-Dame-Auxiliatrice. C'est donc de ces deux dernières paroisses que nous devons nous occuper ici.

1° - Saint-Malo. — Il est difficile de préciser l'époque de l'érection de Saint-Malo en paroisse. Jusqu'au XIIème siècle, en effet, Aleth (aujourd'hui Saint-Servan), résidence ordinaire des évêques, fut la seule ville du canton ; Saint-Malo n'était alors qu'un monastère. Ce monastère, fondé par saint Aaron, ne prit même le nom de Saint-Malo qu'au VIIIème siècle, lorsqu'on y eut déposé le chef et la main droite de saint Malo, apportés de Saintes (Voir Vita Sancti Machuti - Bulletin archéologique d'Ille-et-Vilaine, XVI, 245). Il est donc vraisemblable qu'à cette époque reculée Saint-Malo faisait partie de l'une des paroisses d'Aleth. Mais lorsqu'en 1152 saint Jean-de-la-Grille transféra son siège épiscopal d'Aleth à Saint-Malo, prenant pour cathédrale l'ancienne église conventuelle de ce dernier lieu, dédiée à saint Vincent, et y établissant son Chapitre, tout porte à croire qu'en même temps le saint évêque érigea la paroisse de Saint-Malo telle qu'elle a subsisté jusqu'à la Révolution, ayant saint Malo pour patron du lieu et saint Vincent pour titulaire de son église. On peut donc dire d'une façon à peu près certaine que Saint-Malo, comme paroisse, date du XIIème siècle. Erigée, d'après ce qui précède, en même temps que le nouveau Chapitre de Saint-Malo, la cure de ce nom demeura sous la dépendance des chanoines, qui la tinrent eux-mêmes jusqu'à l'époque de leur sécularisation, en 1319. Alors seulement le Chapitre, conservant tous ses droits de curé primitif, fit administrer la paroisse par un vicaire perpétuel, qu'il nomma seul jusqu'en 1780. Parce qu'on appelait tous les vicaires curés dans les siècles derniers en Bretagne, le Chapitre étant considéré comme véritable recteur de Saint-Malo, le peuple prit l'habitude de donner au vicaire perpétuel le nom de grand-curé pour le distinguer des autres curés ou vicaires ses coopérateurs. Lorsque le Chapitre de Saint-Malo fut sécularisé, en 1319, les revenus de la cure montaient à 198 livres 18 sols, somme considérable à cette époque. Les chanoines réglèrent alors que le vicaire perpétuel n'aurait droit qu'à 35 livres de rente outre les oblations, et ils firent rentrer le reste des revenus à la mense canoniale (Abbé Manet, Grandes recherches ms.). Plus tard, le grand-curé de Saint-Malo obtint la jouissance d'une des chapellenies du choeur (nota : ce fut pendant plusieurs siècles la chapellenie de Saint-Christophe, fondée en 1497 par Pierre Guillaume dans l'église cathédrale), valant en 1780 environ 300 livres de rente, et de la dîme d'un marais rapportant aussi 300 livres. Au moyen-âge, cette portion congrue suffisait, parce que souvent le Chapitre nommait l'un de ses membres vicaire perpétuel de Saint-Malo. Mais un arrêt du Parlement, daté du 7 décembre 1717, déclara la cure de Saint-Malo incompatible avec un canonicat, ce qui réduisit le grand-curé à une position très-précaire (nota : cet arrêt était conforme à la bulle de sécularisation du Chapitre donnée en 1319 ; il y était, en effet, dit que le recteur de Saint-Malo serait choisi par le Chapitre parmi les simples chapelains de la cathédrale, et non parmi les chanoines). Aussi en 1780 François du Fresne des Saudrais, vicaire perpétuel de Saint-Malo, représenta-t-il à l'évêque que sa portion congrue de 600 livres était complètement insuffisante, et sollicita-t-il non-seulement l'abrogation de l'arrêt de 1717, mais encore l'union perpétuelle d'un canonicat à son bénéfice. Mgr des Laurents écouta favorablement cette requête ; par ordonnance en date du 10 mars 1780, il retira au grand-curé la chapellenie dont il jouissait, lui laissa la dîme du marais et unit à sa charge, à perpétuité, le premier canonicat vacant, à l'exception toutefois de la pénitencerie et de la théologale. L'évêque régla aussi que le nouveau recteur-chanoine serait nommé alternativement par lui-même et par son Chapitre ; qu'il aurait sa place au choeur et au Chapitre selon l'ordre de sa réception ; qu'il ferait, en outre de ses fonctions pastorales, l'office canonial à son tour ; qu'il ne pourrait prétendre à aucune des quatre dignités du Chapitre ; qu'il paierait la pension de ses vicaires, etc. Ce décret épiscopal fut confirmé l'année suivante par lettres patentes du roi datées de mars 1781 (Archives du Parlement de Bretagne). Peu après le chanoine Henry Nouail étant décédé, M. du Fresne fut pourvu de sa prébende, dont il prit possession le 21 mai 1782. En 1790, le recteur ou grand-curé de Saint-Malo, Jean-Christophe Le Saout, déclara que son bénéfice, composé de la cure et du canonicat qui y était annexé, jouissait d'un revenu brut de 2680 livres ; mais comme il avait 772 livres 12 sols de charges, il ne lui restait qu'un revenu net de 1907 livres 8 sols (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 29). Rétablie en 1803, la paroisse de Saint-Malo est devenue en 1859 chef-lieu du doyenné de même nom et son curé a reçu le titre d'archiprêtre (Pouillé de Rennes).

2° - Notre-Dame-Auxiliatrice. — Vers 1870, M. Huchet, curé de Saint-Malo, voyant bâtir de nombreuses habitations aux alentours du port et de la gare de Saint-Malo, se rappelant que jadis une chapelle vicariale dédiée à Notre-Dame-des-Anges se trouvait non loin de là, dans le marais du Talard, et voulant faciliter à la population ouvrière de ces nouveaux quartiers l'accomplissement de ses devoirs religieux, construisit une église qui de son emplacement prit le nom de Notre-Dame-des-Grèves ou Notre-Dame-Auxiliatrice. Il obtint en même temps l'érection en paroisse de tout le territoire environnant le nouvel édifice, territoire distrait de Saint-Malo. Dès 1872, M. François-Joseph Turmel, vicaire à Saint-Malo, fut nommé au mois de juin recteur de cette paroisse, mais il n'en prit pas possession ; en 1874 seulement M. Pierre Bayard accepta ce poste de dévouement et devint le premier recteur de Notre-Dame-Auxiliatrice (Pouillé de Rennes).

On attribue, sans preuve, à Jean de Châtillon la construction de l'enceinte primitive de la ville de Saint-Malo qui couvre environ 16 hectares. Ce périmètre reste le même jusqu'au début du XVIIIème siècle. On se contente de réparer les remparts en 1464 et de construire de nouveaux ouvrages de fortifications : la tour du Petit Donjon et le Château-Gaillard édifiés en 1395 par le roi Charles VI. La ville close de Saint-Malo subit des accroissements successifs dès le XVIIIème siècle :
- l'accroissement du Fief (1708-1710) fait sous la direction de Garangeau, élève de Vauban ;
-
l'accroissement effectué en 1714, au sud de la ville de Saint-Malo. La tour Mouillée, la poterne Brevet, la tour Battue et le fort Collifichet sont alors supprimés. L'éperon Saint-Louis, démoli en 1835, est alors édifié ;
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l'accroissement de 1721 qui va permettre de relier le bastion Saint-Louis à la Grand'Porte. Le bastion Saint-Louis est édifié en partie en 1414 et en partie en 1721. Il est d'abord surnommé Bastion Saint-François à cause du voisinage du couvent de Saint-François, puis en 1794, Bastion de la Vigilance ou de l'Egalité ;
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l'accroissement de 1737 qui permet de relier le Fort à la porte Saint-Thomas ;
-
l'accroissement de 1855 à 1864 qui permet de rectifier la courtine qui relie la tour de Bidouane au Fort la Reine ;

Ville épiscopale de Saint-Malo et son port

Henri III d'Angleterre débarque à Saint-Malo en 1230 pour assister le duc Pierre Mauclerc dans ses luttes contre le roi Louis IX. En 1308, les bourgeois de Saint-Malo, réunis au Grand Bey, instituent une "Commune" qui dure peu de temps. En 1373, une flotte anglaise, commandée par le comte de Salisbury, amène à Saint-Malo une armée de 4 000 hommes au nom du duc Jean IV. Du Guesclin les force à abandonner Saint-Malo. Jean de Mortefouasse, capitaine de Saint-Malo, donna en 1376 à la confrérie de Saint-Jean de cette ville une maison qu'on nommait l'abbaye Saint-Jean et où se tenaient les réunions. (Dict. de Bretagne. Ogée, art. Saint–Malo)]. En 1378 (d'août à novembre), Saint-Malo subit le siège des Anglais conduit par le duc de Lancastre, pour le compte de Jean IV. Bertrand du Guesclin vient au secours de la ville de Saint-Malo avec une armée franco-bretonne forte de 10 000 hommes et s'établit à Saint-Servan et sur la Cité. Du Guesclin était encore à Saint-Malo lors du débarquement du duc Jean IV en 1379. Le duc Jean IV bloque de nouveau Saint-Malo de 1382 à 1384. La ville est reprise le 10 octobre 1387 par les partisans du connétable de Clisson. Jean IV bloque à nouveau Saint-Malo en 1393. En 1394, par une bulle datée du 4 juin 1394 et ratifiée dans la Cathédrale les 19 et 20 juin 1395, la ville de Saint-Malo est cédée par le Pape Clément VII au Roi de France Charles VI et devient une enclave française en terre bretonne. En 1395, le roi de France Charles VI accorde à Saint-Malo le statut de port franc et fait construire le château-Gaillard qui est démoli entre 1573 et 1592. Saint-Malo est rattaché au duché de Bretagne en 1424. En 1487, 1 500 Flamands envoyés par Maximilien d'Autriche, le futur fiancé de la duchesse Anne, débarquent à Saint-Malo en 1487 pour secourir Nantes que les Français assiègent. En 1488, Saint-Malo subit l'assaut des troupes françaises de Louis de La Trémoille (au nom du roi Charles VIII). C'est à Saint-Malo que Jacques Cartier s'embarque pour le Canada en 1534, 1535 et 1541. La ville de Saint-Malo embrasse le parti de la Ligue pendant les guerres de Religion.

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Saint-Malo durant les trois premières années de la Ligue (1592-1594)

Du 26 au 29 novembre 1693, une flotte anglaise bombarde Saint-Malo : l'Anglais Bambow envoie un navire (une machine infernal) bourré de bombes et d'explosifs se fracasser sur les murailles de la ville de Saint-Malo. Le navire s'échoue sur un rocher voisin, le Gros-Malo.

Bombardement de Saint-Malo en 1693.

Du 14 au 18 juillet 1695, la ville de Saint-Malo supporte un nouveau bombardement de la part d'une flotte anglo-hollandaise de 75 navires commandée par l'amiral Lord Berkeley.

Bombardement de Saint-Malo au XVIIème siècle.

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Les bombardements anglais sur Saint-Malo en 1693 et en 1695

 

Le 5 juin 1758, la ville de Saint-Malo subit une attaque de l'armée anglaise du duc de Malborough qui débarque à Cancale à la tête de 15.000 hommes pour prendre Saint-Malo à revers mais doit vite déchanter.

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Les Anglais à Saint-Servan en juin 1758

 

Descente des Anglais à Saint-Malo en 1758

Le 5 septembre 1758, les Anglais débarquent à la Garde Guérin en Saint-Briac, sous les ordres du Général Bligh : sa défaite à Saint-Cast sonne comme une débâcle.

Pendant la Révolution, Saint-Malo devient Port-Malo.

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "La situation de Saint-Malo à la veille de la Révolution

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Saint-Malo et les derniers Etats de Bretagne en 1789

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Convocation des Etats Généraux, élection des députés et rédaction des cahiers de doléances"

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Doléances des corporations de la Ville de Saint-Malo en 1789"

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Accueil fait par Saint-Malo aux premiers décrets de l'Assemblée Nationale en 1789"

La ville de Saint-Malo est en grande partie détruite en août 1944 : occupée par la garnison allemande du colonel Von Aulok, la ville de Saint-Malo est bombardée par l'armée américaine le 6 août 1944. Le 14 août 1944, la garnison allemande du château de Saint-Malo se rend. Le 17 août 1944, c'est au tour de la presqu'île de la Cité et, le 2 septembre 1944, l'île de Cézembre est libérée.

Port de Saint-Malo

L'abbaye de Saint-Jacut possède des biens à Saint-Malo, à savoir "l'abbaye de Saint-Jacut" ou "la Court de Saint-Jacut", une immense maison et "n'ayant de quoy la rebâtir, les moines la donnèrent à un bourgeois de Saint-Malo pour la remettre en estat, à condition de payer 6 livres par an, à la foire de Dinan, rendues au monastère. Ce bail fut faict l'an 1535".

En 1616, est édifié le monastère des Bénédictines sur les ruines de l'ancienne forteresse de Château-Gaillard démolie en 1573. En 1661, un incendie détruit une grande partie de la ville. Au XVIIème et XVIIIème siècle, Saint-Malo se classe parmi les trois premiers ports de France par le nombre de ses navires armés. La ville de Saint-Malo est érigée en chef-lieu de district en 1790 et en chef-lieu d'arrondissement en l'an VIII.

L'évêché de Saint-Malo occupait jadis l'emplacement de l'hôtel de ville actuel, du Tribunal et de la Sous-Préfecture, la place Duguay-Trouin (ancien corsaire natif de Saint-Malo, comme l'était aussi Robert Surcouf) et une partie des rues Sainte-Anne et Saint-Benoît. Il comprenait une chapelle, une tour, un colombier, une galerie, un auditoire et une prison. On y installa en 1793 le Corps Municipal et en 1800 la Sous-Préfecture. Les communes de Paramé et de Saint-Servan-sur-Mer sont rattachées à la commune de Saint-Malo en 1967.

De tout temps, la " Miraculeuse Protectrice " de la Cité Corsaire fut Notre-Dame de la Grand'Porte.

Voir aussi Saint-Malo "Histoire brève de Saint-Malo

Voir aussi Saint-Malo "Notice historique de Saint-Malo depuis son origine

Voir aussi Saint-Malo "Les hommes de guerre et marins natifs de Saint-Malo"

 

Rade du port de Saint-Malo

Voir aussi   Saint-Malo "Origine miraculeuse de la Vierge de la Grand'Porte

Voir aussi   Saint-Malo "Les Miracles attribués à Notre-Dame de la Grand'Porte

Voir aussi   Saint-Malo "Etude de la statue de Notre-Dame de la Grand'Porte

Voir aussi   Saint-Malo "Restauration de Notre-Dame de Bon-Secours au-dessus de la Grand'Porte

Voir aussi   Saint-Malo "La Vierge de la Grand'Porte après la Révolution

Voir aussi   Saint-Malo "Quelques fêtes mémorables en l'honneur de Notre-Dame de la Grand'Porte

Voir aussi   Saint-Malo "Notre-Dame de la Grand'Porte durant la guerre de 1939-1944

On rencontre les appellations suivantes : Insula Aaronis (au VIème siècle), ecclesia Sancti Machutis (au IXème siècle), ecclesia Sancti Maclovii (au XIIème siècle), ecclesia Macloviensis (au XIIIème siècle).

Plan de Saint-Malo daté de 1758

Note 1 : le pays situé entre la Rance et la baie du Mont-Saint-Michel est connu sous le nom de Clos Poulet (des mots Plou et Aleth : pays d'Aleth). Il se compose des communes de Saint-Malo, Saint-Servan-sur-Mer, Paramé, Saint-Coulomb, Cancale, Saint-Père-Marc-en-Poulet, Saint-Jouan-des-Guérets et d'une partie de celles de Saint-Méloir-des-Ondes, La Gouesnière et Châteauneuf-d'Ille-et-Vilaine. Le territoire d'Alet (Aleth) ou Poualet (Poulet) comptait à la Révolution 11 paroisses auxquelles s'ajoutaient deux enclaves de Dol : Saint-Coulomb et Saint-Ideuc.

L'île de Césembre (ou Césambre) aurait été occupée en 550 par une école monastique dont le chef était Festivus. Saint-Malo y séjourne quelques mois au milieu du VIème siècle avant de se rendre à Aleth. Césembre est occupée par des ermites jusqu'au début du XVème siècle. Les Cordeliers de l'Observance Y fondent un couvent en 1469. Les rois François Ier et Charles IX visitent ce couvent en 1518 et en 1570. Il est dévasté par les Anglais en 1544. Les Cordeliers sont remplacés en 1612 par des Récollets. Le couvent est à nouveau pillé par les Anglais en 1693. On comptait jadis dans l'île quatre chapelles : au nord celle de Saint-Michel, à l'est celle de Saint-Sauveur, au sud celle de Notre-Dame, et à l'ouest celle de Saint-Joseph.

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "L'île de Césambre ou Césembre ou Cézambre ou Cézembre

Nota : Le P. Le Large pense que ce fut à Césambre, et non pas à Jersey, que vécut quelque temps saint Marcoulf, le contemporain et l'ami du martyr saint Hélier (Histoire ms. de l'Eglise de Saint-Malo - Bibliothèque de Sainte-Geneviève, à Paris). Les anciens légendaires disent aussi que saint Brandan, le maître de notre apôtre saint Malo, se retira également à Césambre pour y trouver le recueillement, et une vieille chronique rimée ajoute qu'il y construisit une chapelle dès les premiers temps de l'évangélisation du pays : - Bientôt après que la vroie foy - De Jésus par la chrestienté - Fut preschée, entends et croy - Que ce saint lieu fut fréquenté : - Saint Brande y avoit volonté - Et s'y retiroit solitoire, - Et de son temps y fut planté - Un bien dévot oratoire (Chronique de Césambre — « Quelques- uns ont même écrit, dit l'abbé Manet, que saint Malo lui-même mit d'abord pied à terre à Césambre et qu'il y profita quel que temps des exemples d'un vertueux prêtre nommé Festivus, par qui il fut bien accueilli »). Si l'on en croit la même chronique, les barbares du IXème siècle, qu'elle appelle les Sarrasins et que nous nommons les Normands, massacrèrent à Césambre un grand nombre de chrétiens qui s'y étaient réfugiés après la ruine d'Aleth, la grande ville voisine ; le naïf chroniqueur va même jusqu'à émettre le désir qu'on s'informe des tourments subis par ces pauvres victimes, à ses yeux véritables martyrs, et qu'on célèbre la mémoire de leur mort glorieuse : - Il me semble que seroit utile - Que solemnité on en fist, - Si on savoit le temps préfix - Quand tant de saints personnages - Si cruellement furent défists : - L'on en feroit office, images. En 1108, l'évêque de Saint-Malo Benoît accorda à quelques ermites la permission de s'établir à Césambre, mais l'histoire ne nous apprend pas autre chose sur la vie de ces pieux anachorètes. Le 22 mai 1420, un prêtre de Saint-Malo, nommé Raoul Boisserel, obtint de l'évêque Robert de la Motte et du Chapitre de Saint-Malo l'autorisation d'y mener à son tour la vie érémitique. Le prélat et les chanoines étaient à cette époque seigneurs de Césambre, où ils avaient établi des garennes et « refuges à conils », dont les lapins se sont perpétués jusqu'à nos jours. Il n'y avait plus aucune habitation à Césambre lorsque l'on permit à Raoul Boisserel d'y construire « une chapelle avec une maisonnette attenante pour s'y loger et y servir Dieu dans la paix de son âme » ; d'employer pendant cinq ans les oblations que feraient les fidèles à la construction de ces deux édifices, sauf néanmoins les droits de l'église cathédrale de Saint-Malo sur ces offrandes ; et, en attendant leur achèvement, de dire la messe basse « sur un autel portatif, décemment orné de rideaux et autres voiles, en tout autre lieu bienséant de l'île », à la condition qu'il ne marierait point, qu'il ne relèverait point les femmes, etc. (Abbé Manet, Grandes recherches ms. sur Saint-Malo). La cellule de Raoul Boisserel n'existe plus, ajoute l'abbé Manet, mais l'on voit encore l'oratoire qu'il avait dédié à Dieu sous l'invocation de saint Brandan : « Ce n'est à proprement parler qu'une grotte irrégulière et fort petite, située vers le Nord de l'île ; deux rochers qui se rapprochent vers le dessus en ont fait à l'extérieur presque tous les frais, mais son intérieur est crépi à chaux et à sable ». A ce dévot personnage succéda un autre ermite connu seulement sous le nom de Pierre le Solitaire ; il vivait pauvrement à Césambre lorsque les Cordeliers obtinrent la permission de fonder en cette île un monastère (Pouillé de Rennes).

L'île de Conchée est fortifiée par Vauban de 1692 à 1695 et déclassée en 1889. On y voyait jadis une chapelle. Les Anglais y débarquent en 1693. Le fort National est édifié par Garangeau en 1689 sur le rocher de l'Islet et terminé en 1743. On y voyait autrefois le phare appelé le Pharillon et la Croix des Ardrés ou des Ardrillés, au pied de laquelle se dressaient jusqu'en 1685 les bois patibulaires à quatre pots de la juridiction épiscopale. Le mur de fusillade (situé devant le fort au sud) date de 1849. Le fort est déclassé en 1889 et a porté successivement les noms de fort Royal, fort Républicain ou des Islets, fort Impérial et fort National.

Saint-Malo a vu naître plusieurs hommes illustres : Jacques Cartier (1494-1554), René Duguay-Trouin (1673-1736), Porcon de la Barbinais (1639-1681), Mahé de la Bourdonnais (1699-1753), Pierre de Maupertuis (1698-1759), Offray de La Mettrie (1709-1751), André Desilles (1767-1790), René de Châteaubriand (1768-1848), François Broussais (1772-1838), Robert Surcouf (1773-1827), Félicité de Lamennais (1782-1854).

Le plus ancien site balnéaire prend forme sur la plage de l'Eventail, au pied des remparts de la ville close. La clientèle parisienne afflue par le chemin de fer qui atteint Saint-Malo en 1864.

Note 2 : La congrégation des Dames de la Charité fut établie à Saint-Malo en 1634, et leurs statuts furent approuvés par Mgr de Neufville, évêque de cette ville, le 8 mai 1652. Ce fut en 1681 que l'une de ces pieuses femmes, Françoise de la Marzelière, veuve de Malo, marquis de Coëtquen, et elle-même marquise douairière de la Marzelière, fit venir à Saint-Malo deux Filles de la Charité. Ces soeurs se joignirent aux dames congréganistes pour administrer la Marmite des pauvres de Saint-Malo (Semaine Religieuse de Rennes, IX, p. 214). Plus tard, en 1719, Mme de la Marzelière donna aux Soeurs Grises une maison située près de l'Hôtel-Dieu. Par décret du 21 mai 1785, l'évêque de Saint-Malo prononça la désunion des confréries du Saint-Sacrement et de saint Jean-Baptiste, desservies en sa cathédrale, et affecta les revenus de cette dernière confrérie à l'oeuvre de la Marmite des pauvres, tenue par les Soeurs de la Charité, ce qu'approuva le roi par lettres patentes de novembre 1786 (Archives du Parlement de Bretagne). Ainsi fut fondée la maison de charité de cette ville, qui avait en 1790 M. Nouail de la Ville-Gille pour administrateur et 5.537 livres de revenu net. Les Soeurs de Saint-Vincent dirigent encore cet établissement à la fin du XIXème siècle, instruisant les petites filles pauvres et secourant les indigents malades à domicile. Les Filles de la Charité possédait deux établissements dans Saint-Malo : — Maison de charité fondée en 1681. Les soeurs y ont à la fin du XIXème siècle deux écoles gratuites de filles ; leur chapelle était dédiée au Sacré-Coeur — Maison de retraite et orphelinat de filles au Rocher. Cet établissement, situé en Saint-Servan, mais dépendant de Saint-Malo pour le spirituel, fut fondé en 1823 par M. Hay, vicaire à Saint-Malo, et Mlle Duguen. La chapelle, dédiée à l'Assomption de la Sainte Vierge, fut bénite le 3 mai 1827. Les Filles de la Charité furent appelées en cette maison en 1857, et en 1874 le Rocher fut cédé à la cure de Saint-Malo à condition que le curé continuerait d'y élever les orphelines pauvres de sa paroisse. Les exercices des retraites y sont faits par les Lazaristes de Rennes. Une Maison de la Providence est fondée en 1692 par Mlle Gardin des Prés, dame de charité, pour procurer du travail aux pauvres, etc. (Pouillé de Rennes).

Note 3 : Les Hospitalières de Saint-Thomas commencèrent à desservir l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo vers 1687. Elles furent en même temps chargées aussi du service de l'Hôpital-Général de cette ville, situé en Saint-Servan, mais dépendant au temporel comme au spirituel de Saint-Malo ; car, « par délibération des bureaux des hospices, en date de 1693, elles furent établies ou maintenues, à l'exclusion de tout autre Ordre, pour remplir cette mission de dévouement chrétien dans les hôpitaux de la ville de Saint-Malo, et elles s'en sont toujours acquittées avec le plus parfait désintéressement » (M. Michel, Monographie de l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo, p. 165). La Révolution chassa cependant de Saint-Malo les Hospitalières, qui furent emprisonnées en 1794 ; mais elles y rentrèrent dès l'année suivante, lorsque revint un peu de paix, et elles continuèrent d'y soigner les malades de l'Hôtel-Dieu et de l'Hôpital-Général (Pouillé de Rennes).

Note 4 : le diocèse de Saint-Malo renfermait jadis 161 paroisses et 24 trèves, et était divisé en deux archidiaconés et huit doyennés. L'archidiaconé de Dinan (82 paroisses et 6 trèves) comprenait : les quatre doyennés de Poulet (11 paroisses), — Poudouvre (24 paroisse et 3 trèves), — Plumaudan (26 paroisses et 1 trève), — et Bécherel (21 paroisses et 2 trèves). L'archidiaconé de Porhoët (79 paroisses et 18 trèves) : les quatre doyennés de Beignon (22 paroisses et 7 trèves), — La Nouée (16 paroisses et 5 trèves), — Montfort (26 paroisses et 5 trèves), — et Lohéac (15 paroisses et 1 trève).

Note 5 : liste non exhaustive des recteurs de la paroisse de  Saint-Vincent en Saint-Malo : Henri Jolliff (en 1462). Jacques Guéhart (en 1497). Lancelot Ruffier (il fut élu le 5 mars 1517 et débouta Laurent Robelot, qui prétendait au bénéfice ; il fut reçu chanoine en 1538 et était pénitencier en 1542 ; il résigna le 27 septembre 1561 ; décédé en 1562). Etienne Guéret (présenté par le Chapitre le 29 septembre 1561, il prit possession le 5 octobre ; mais l'ordinaire nomma Jean Lévesque, prêtre de Vannes et docteur en théologie, qui prit lui-même possession le 29 novembre suivant. Le Chapitre soutint son candidat, qui se fit pourvoir en cour de Rome, reprit possession le 8 juillet 1562 et conserva tranquillement ensuite sa place ; décédé le 18 octobre 1574). Julien Dumesnil (« prestre, grand chapelain et choriste », élu par l'évêque et le Chapitre le 25 octobre 1574, il prit possession le même jour ; décédé dès le 21 décembre suivant). Frère Julien Barbedor (de l'Ordre des Frères-Prêcheurs, il fut pourvu le 30 décembre 1574 ; nommé en 1576 chanoine théologal, il se fit confirmer dans la possession de la cure ; décédé en 1588). Guillaume Sarcel (semi-prébendé, élu le 4 janvier 1589, il fut installé le même jour). Guillaume Le Fer (sieur de Saint-Antoine, il succéda au précédent le 10 septembre 1599 ; il était chanoine depuis 1589 et résigna sa cure en faveur du suivant le 30 mai 1640 ; décédé le 4 février 1642, « regretté d'un chacun tant grands que petits pour s'estre très-dignement et dévocieusement acquitté de ses charges tant de chanoine que de vicaire perpétuel, et mort comme un saint ». Il fut inhumé le 9 février dans la cathédrale, à l'entrée du choeur, mais dans la nef). Guillaume Le Gouverneur (neveu du précédent, il était fils de Guillaume Le Gouverneur et de Servanne Le Fer ; chanoine dès 1616, il fut pourvu le 17 décembre 1640 et prit possession le lendemain. Il résigna en faveur de son neveu qui suit). Louis Desnos (protonotaire apostolique, pourvu le 26 septembre 1667, il prit possession le 23 octobre ; il était chanoine en 1671 et gouverna jusqu'en 1705). Joseph Gouin (sieur de Beauchesne, fils de Jacques Gouin et de Julienne Richomme, chanoine dès 1686, recteur de Montluc et prieur des Brûlais en 1700, il fut pourvu le 13 juillet 1705 ; il crut devoir se faire confirmer en sa cure le 4 janvier 1718, à la suite de l'arrêt de 1717 ; il résigna en faveur du suivant). Ange-Achille de Gravé (fils de Jacques de Gravé et de Jeanne Gouin, neveu du précédent, il fut pourvu le 18 février 1723 ; décédé le 26 juin 1735). Servais-Etienne Thumbrel (sieur de la Motte, chanoine honoraire de Saint-Malo et de Dol et official du diocèse, il fut pourvu le 25 juillet 1735 ; décédé le 27 avril 1753). François-Thomas du Fresne des Saudrais (recteur de Guignen, il fut nommé par le Chapitre le 11 mai 1753 ; il devint chanoine en 1782, et moyennant dispense archidiacre de Porhoët en 1787 ; décédé le 17 décembre 1788). Jean-Christophe-Claude Le Saoul (il fut nommé par l'évêque chanoine-curé le 26 décembre 1788 et installé le lendemain. Il se réfugia à Jersey en 1791 et rentra à Saint-Malo en 1797 ; réinstallé en 1803, il devint chanoine honoraire de Rennes ; décédé le 10 mai 1811). Noël Le Daën du Cosquer (chanoine honoraire ; 1811-1812). François-Yves-René Le Breton (chanoine honoraire ; 1813-1833). Jean-François Huchet (chanoine honoraire ; 1833, décédé en 1878). Pierre-Désiré Lecerf (chanoine honoraire ; 1878, décédé en 1880). Julien Bourdon (chanoine honoraire ; à partir de 1880), ...... On mentionne également Pierre Bayard comme recteur de Notre-Dame-Auxiliatrice à partir de 1874.

Note 6 : Liste des médecins, chirurgiens et apothicaires exerçant en 1789-1790 à Saint-Malo et dépendances : 1° Liste des médecins : Chapelle le Mesle (porte de Dinan), Sébire (à l'Evêché), Bougourd (rue des Cimetières), Massey (près de Saint-François), Baudri (Grand-Placitre), Chiffoliau Fils (Intendant des Eaux minerales du Clos-Poulet, rue Sainte-Marguerite), Tresvaux de la Roselaye (à Saint-Servan), De Noual. - 2° Liste des chirurgiens : Chifoliau, lieutenant et doyen (au Pilori), Le Masson (absent), Martin (près de Saint-François), Le Mesle, chirurgien-major militaire de l'hôpital de Saint-Malo (rue Saint-Benoist), Boré (place Cathédrale), Quesnel (absent), Marchand Ducris (à Saint-Servan), Gouard (rue des Halles), Le Court de Billot (rue de la Vicairie), Bruneau (à Saint-Servan), Rays (Grande-Rue), Agasse (à Saint-Servan). - 3° Chirurgiens de la dépendance de Saint-Malo : Le Roux (à Saint-Servan), La Roche Lucas (à Saint-Servan), Deslandes Potier (à Saint-Servan), Le Copf (à Paramé), Jones, par Rennes (à Saint-Servan). - 4° Apothicaires : Moulin (Croix du Fief), Fanonnel (au haut de la Grand Rue). D'autres noms viendront s'ajouter les années suivantes à cette liste, dont les médecins MM. Mahé, Grezet, ...

Note 7 : Liste non exhaustive des maires de Saint-Malo avant la Révolution : Le premier maire de Saint-Malo avait été Jean-Baptiste Aumaistre, sieur de la Chassaigne ; 1693-1699. Après lui vinrent, nommés pour trois ans : 2° Jean Gonet, sieur de la Coudre : 1699-1701. 3° Jean Séré, sieur de la Villemartère : 1701-1704. 4° René Guillaudeu, sieur Duplessis : 1704-1708. 5° François Le Fer, sieur du Pin : 1708-1710. 6° François-Auguste Gouin, sieur de Langvollay : 1710-1713. 7° Nicolas Géraldin : 1713-1716. 8° Thomas Gravé, sieur de la Chaise ; 1716-1719. 9° Alain Gaillard, sieur de la Motte : 1719-1722. 10° Pierre Eon, sieur de Ponthay : 1722-1725. 11° Alain Le Breton, sieur de la Pluminais : 1725-1728. 12° Gabriel Macé : 1728-1731. 13° François Le Fer, sieur de Beauvais : 1731-1738. 14° François-Joseph Guillaudeu, sieur Duplessis : 1738-1740. 15° Guillaume Joliff, sieur Duclos : 1740-1751. 16° Michel Picot, sieur Dubois-Feuillet : 1751-1755. 17° Pierre Le Breton, sieur de la Vieuxville : 1755-1758. White de Boisglé est élu en 1758, mais n'accepte pas la fonction. 18° Pierre Le Fer, sieur de Chanteloup : 1758-1765. 19° Nicolas White de Boisglé (qui a changé d'idée) : 1765-1770. 20° Alain Le Breton : 1770-1773. 21° Nicolas-François Magon de la Villehuchet : 1773-1777. 22° Alain Le Breton : 1777-1786. 23° Dominique-François Sébire : 1786-1790 [Note : Dominique-François Sébire était le fils aîné de Gilles-François, sieur de Longpré et de Julienne-Véronique Lemarchand].

Ville de Saint-Malo au XVIIIème siècle

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Le vieux Saint-Malo : le port, les quais, les armements, le commerce

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Le vieux Saint-Malo : ses rues, ses remparts, ses moeurs et son sanitat

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Le vieux Saint-Malo : ses Hôtels et ses Maisons

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Le vieux Saint-Malo : son château, son donjon, ses tours et ses prisonniers"

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Le vieux Saint-Malo : sa cathédrale, son manoir épiscopal et la vie religieuse de l'époque"

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Le vieux Saint-Malo : la course (ou opération navale) et ses corsaires"

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Le vieux Saint-Malo : la traite des nègres (ou négrière)"

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "L'artillerie de Saint-Malo (1611-1792) "

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Le cahier de doléances de Saint-Malo en 1789 "

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Délibérations de la communauté de ville de Saint-Malo en 1788 et 1789 "

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Suppliques et Doléances de la Juridiction, l'Amirauté, le Consulat et les Apothicaires en 1788 et 1789 "

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "La préceptorerie et les écoles de Saint-Malo avant la Révolution "

Voir aussi Ville de Saint-Malo (Bretagne) "Une école des pauvres : la maison de la Passion à Saint-Malo "

Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier

PATRIMOINE de SAINT-MALO

les vestiges de l'ancienne cathédrale Saint-Pierre (IX-XIème siècle), située dans la presqu'île de la cité d'Alet et érigée, semble-t-il, à l'emplacement d'une ancienne chapelle datant du VIème siècle. Les ruines de la cathédrale Saint-Pierre rappellent qu'Alet, la cité gallo-romaine, était siège épiscopal avant le transfert de celui-ci à Saint-Malo après 1145. L'église est incendiée plusieurs fois au VIIIème siècle par les troupes de Charlemagne, et au Xème siècle, par les Normands. Les vestiges sont ceux d'un édifice à bas-côté et deux absides opposées datant de la seconde moitié du Xème siècle. Suite au déplacement du siège épiscopal, l'église est abandonnée puis détruite au XIIIème siècle. Elle est aménagée en chapelle au XVIIème siècle, sous l'appellation chapelle Saint-Pierre. Les fouilles ont permis de mettre à jour les substructions d'une église du IXème siècle et d'un bâtiment du IVème siècle ;

Note : Lorsque saint Malo vint en Bretagne, il trouva, vers l'an 580, dans la ville gallo-romaine d'Aleth une chapelle où il célébra la messe le jour de Pâques. Il est permis de croire que ce modeste oratoire fut le premier siège épiscopal du fondateur de l'évêché, et qu'il fut remplacé par l'antique église de Saint-Pierre de la Cité, considérée toujours comme ayant été la cathédrale d'Aleth. Il est fait mention de cette église en 1095 ; à cette époque, Robert, seigneur de Plouër, et son fils Hingant, donnèrent à Saint-Pierre de la Cité d'Aleth, « Beato Petro civitatis Aletœ », la terre de Brécel, avoisinant la porte d'Aleth, et le cimetière de Saint-Servan. Mais Guégon, qui se prétendait vicaire ou voyer de l'Eglise d'Aleth, refusa son consentement à cette donation. Bien plus, passant aux derniers excès de la violence, pendant le Carême de l'année 1098, il brisa les portes de la cathédrale d'Aleth et s'empara des objets précieux et des aumônes qui s'y trouvaient?. Cependant, avons-nous dit, Aleth, ravagée plusieurs fois par les Normands, tombait en ruines, et sa population diminuait de jour en jour, se portant en grande partie vers l'île de Saint-Malo ; vers 1152, l'évêque saint Jean-de-la-Grille crut devoir quitter lui-même la vieille cathédrale Saint-Pierre et transférer son siège épiscopal dans la ville qui naissait sous le patronage de saint Malo. Il ne voulut pas toutefois laisser tomber en ruine le vénérable sanctuaire qui avait abrité pendant près de six siècles les pontifes d'Aleth, il l'unit à sa nouvelle cathédrale et chargea son Chapitre de l'entretenir convenablement. Il parait même que les chanoines qui desservaient la cathédrale d'Aleth ne suivirent pas l'évêque à Saint-Malo, car à la fin du XIIème siècle (1185-1218) l'on voit figurer en même temps P..., prieur de Saint-Malo, et Jean, prieur de la Cité. Dans la charte qui relate leurs noms, il est aussi fait mention des chanoines de la Cité, « canonicos Civitatis », auxquels un nommé Galèse voulait enlever la terre du Pré-Brécel, et il est dit que cet homme finit par renoncer à ses prétentions en faveur de l'église de la Cité, « ad opus ecclesiœ Civitatis » (Bibliothèque d'Avranches, n° 2535). Ce Chapitre d'Aleth s'éteignit de lui-même (nota : Ces chanoines avaient dû rester à Aleth lorsque saint Jean-de-la-Grille fonda le Chapitre régulier de Saint-Malo ; il est probable qu'ils ne voulurent pas embrasser la vie du cloître et qu'on leur permit de desservir jusqu'à leur mort l'ancienne cathédrale d'Aleth) ; mais en souvenir du rang qu'occupait dans l'origine l'église Saint-Pierre de la Cité, le Chapitre de Saint-Malo prit coutume d'y venir en procession le mercredi des Rogations, et la paroisse de Saint-Servan s'y rendait aussi à la Saint-Pierre et à la Fête-Dieu. Saint-Servan possède encore maintenant dans sa chapelle Saint-Pierre le dernier débris de la cathédrale d'Aleth. Cette chapelle se compose d'une abside, seule partie de l'édifice primitif restée à peu près intacte ; mais on retrouve facilement à la fin du XIXème siècle, dans le jardin qui l'avoisine, les autres murs à demi écroulés de l'église Saint-Pierre de la Cité. Ces ruines montrent que la cathédrale d'Aleth, construite dans le style roman primitif, se composait d'une nef accompagnée de deux collatéraux, et terminée aux extrémités par deux absides : l'un de ces hémicycles constitue la chapelle actuelle de Saint-Pierre ; l'autre est encore bien visible à l'entrée des terrains vagues de la Cité et renferme un vieux puits : c'était vraisemblablement le baptistère. Ce plan d'église à deux absides est unique dans notre pays, croyons-nous, de sorte que cet antique sanctuaire n'est pas moins remarquable sous le rapport architectural que sous celui des lointains souvenirs. Les fouilles que l'on vient de faire dans ces ruines, en 1877, ont prouvé que l'édifice avait été incendié. Ce fut donc vers 1152 que saint Jean-de-la-Grille transféra dans l'île de Saint-Malo son siège épiscopal (abbé Guillotin de Corson).

la cathédrale Saint-Vincent (XIII-XV-XVII-XVIIIème siècle). L'église Saint-Vincent est la cathédrale de Saint-Malo jusqu'à la suppression du siège épiscopal en 1790. La nef date du XIIème siècle : elle renferme trois travées et présente six gros piliers rectangulaires qui ont été attribués à l'église du IXème siècle (mais ils datent probablement du XIIème siècle). Ces piliers sont accostés de colonnettes engagées que surmontent des chapiteaux romans : les colonnettes ont été attribuées aux réfections de Jean de Châtillon au XIIème siècle. La chaire date du XVIIIème siècle. Le portail date de 1595-1607. L'église se compose d'une nef avec deux collatéraux (XIIème siècle), d'un transept et d'un choeur (XIII-XIVème siècle) à chevet droit entouré d'un déambulatoire. La grande rose du chevet, détruite en 1693, a été remplacée tout d'abord par trois baies en plein-cintre en 1717, puis par un fenestrage néogothique en 1855 et enfin par une nouvelle rose en 1968. En 1595, l'architecte Thomas Poussin entreprend une extension de la nef et du transept. Le bras collatéral et chapelles situés au nord sont achevés en 1607. Le bras sud du transept est agrandi vers 1630. La chapelle paroissiale est greffée en 1718-1719 au collatéral sud du XVème siècle. Le premier étage de la tour commencée en 1422 ("le lundy jour de sainte Marguerite 1422 on a commencé le bastiment de la tour et pinacle de Léglise") reçoit vers 1730 un second étage couvert d'un dôme. Le second étage de la tour est entièrement repris en 1859 et le dôme est alors remplacé par une flèche néogothique entièrement détruite en 1944 et à nouveau remplacée en 1971 par une autre flèche plus élancée que la précédente. La façade ouest de la nef est plaquée d'un décor néoclassique, oeuvre de l'architecte Robert Verron, en 1772-1773. La façade du collatéral sud est percée d'une porte en 1850. Derrière le choeur se trouvent cinq chapelles sans profondeur.
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Façade Ouest : la partie centrale de l'église est de style pseudo-grec et date de 1772-1773. L'aile nord dite aile Saint-Côme est construite de 1593 à 1607. L'aile sud dite aile Saint-Julien (1461-1486) possède une porte appelée Porte de Velours qui date de 1851 ;
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Façade Nord : L'aile Saint-Côme est l'oeuvre de l'architecte Thomas Poussin (1593-1607). Le croisillon nord du transept contient sur sa face ouest la fontaine Saint-Jean ou Saint-Côme, refaite en 1719. Les trois chapelles du déambulatoire nord, dont l'une n'est achevée qu'en 1713, datent du XVI-XVIIème siècle : la chapelle Notre-Dame de la Délivrance ou de Port de Salut (1530), la chapelle Notre-Dame (1560), la chapelle Saint-Denis, du Théologat ou de l'Ascension (1600). Une des chapelles avait été affectée à l'origine à la Confrérie des Hommes Blancs. Une fenêtre en arc brisé date du XIVème siècle ;
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Façade Est : le chevet de l'église contient trois baies en arc brisé qui en occupent toute la largeur ;
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Façade Sud : le croisillon du transept date de 1623 et présente quatre fenêtres. La face sud de la nef renferme trois pignons dissimulés en partie par une chapelle à pans coupés qui date de 1718. La tour, dont la construction remonte au XIIème siècle et qui est exhaussée en 1422, surmonte la croisée du transept. Sa flèche date de 1859-1861 ;
Les stalles et la chaire à prêcher datent du XVIIIème siècle. Le gisant date du XIIIème siècle. L'ancienne cuve baptismale date du XIIème siècle. Le baptistère à baldaquin date du début du XIXème siècle. La statue en bois de "Notre-Dame de la Croix du Fief" date du XVIIème siècle. La statue de "Notre-Dame de la Consolation" date de 1689. Les statues de la Foi, de saint Maur et de saint Benoît, oeuvres de Francesco Schiaffino et provenant de l'ancienne église des bénédictins, datent de 1743. Les vitraux du choeur et du transept, oeuvre de Jean le Moal et Bernard Allain, datent de 1920 ;

Note 1 : Depuis longtemps déjà l'église du monastère fondé par saint Aaron et saint Malo sur le rocher qui porte le nom de ce grand évêque, était considérée comme une annexe de la cathédrale d'Aleth. Incendiée et détruite elle-même en 811 par les troupes de Charlemagne, elle avait été reconstruite par l'évêque Hélocar et dédiée par lui au diacre martyr saint Vincent, vers l'an 814. L'évêque Benoît l'avait donnée aux religieux de Marmoutiers en 1108, et nous avons vu que le bienheureux Jean n'était parvenu qu'avec grandes difficultés à la faire rentrer dans le domaine épiscopal. Il y réussit toutefois, et il semble qu'à l'occasion de cette translation du siège épiscopal d'Aleth et de l'établissement du Chapitre régulier de Saint-Malo, saint Jean-de-la-Grille reconstruisit en tout ou en grande partie l'église dont il faisait sa nouvelle cathédrale. La nef et le carré central de cet édifice existant encore, rappellent bien le XIIème siècle, en effet : « Ils offrent dans leurs détails les caractères du style roman de transition ; les trois travées dont se compose la nef, reliées par des arcades en tiers-point, ont des voûtes à cintre brisé sur pendentifs ; chaque travée a sa voûte isolée dont la coupole dépasse le niveau de l'arc doubleau qui la sépare de sa voisine. L'arc triomphal, les arcades ouvrant sur le sanctuaire et sur les transepts affectent la forme ogivale ; des colonnes engagées à chapiteaux chargés d'ornements très-variés flanquent les massifs de l'intertransept et les piliers carrés qui supportent les arcades » (M. de la Bigne Villeneuve, Bretagne contemporaine, V, 46). Toute cette architecture correspond bien à celle du cloître des chanoines réguliers, évidemment construit vers 1152, et dont il reste encore quelques faibles débris. D'après les traditions de l'Eglise de Saint-Malo, saint Jean-de-la-Grille construisit entièrement à neuf le choeur de sa cathédrale, mais il est impossible d'admettre que cette partie actuelle de l'église soit d'une époque aussi reculée. La destruction et la réédification du choeur bâti par le bienheureux Jean, qui y fut inhumé, nous paraissent certaines, et nous nous rangeons volontiers du côté de M. de la Bigne Villeneuve, qui parle de ce monument comme il suit : « Le choeur actuel de la cathédrale de Saint-Malo n'est plus celui qu'éleva Jean-de-la-Grille. Dans l'élégance de sa structure, dans les détails de ses quatre travées percées de larges fenêtres, ornées d'un triforium dont les arcatures se subdivisent en petites arcades trilobées soutenant des rosaces en quatrefeuilles, et d'un clérestory à grandes baies partagées en compartiments par des meneaux et des colonnettes, ce choeur présente tous les caractères du XIVème siècle. Il est probable que son érection fut commencée sous Raoul Rouxelet, de la maison de Limoélan, qui gouverna l'Eglise de Saint-Malo depuis 1310 jusqu'en 1317, et terminée sous ses successeurs, Alain Gonthier et Yves du Boisboissel. Les deux premiers avaient fondé deux chapelles dans leur église » (M. de la Bigne Villeneuve, Bretagne contemporaine, V, 46). Ce choeur se termine par un chevet droit percé de trois fenêtres, dont une plus large occupe le centre et les deux autres éclairent l'extrémité des collatéraux. Il n'existe point de chapelle absidale, et primitivement il n'y avait pas non plus de chapelles le long des collatéraux du choeur. La tour, rectangulaire, supportée par les massifs du carré central, est romane à sa base ; dans l'origine, elle ne dépassait pas la hauteur du faîte de l'église. L'évêque Robert de la Motte y ajouta en 1422 quelques assises dans le style ogival fleuri ; cette oeuvre, restée inachevée jusqu'à nos jours, vient d'être terminée en 1861 par l'édification d'une élégante flèche en pierre blanche, flanquée de quatre clochetons, ajourée et décorée sur ses arêtes d'expansions végétales dans le style flamboyant. Ce plan primitif et régulier de la cathédrale de Saint-Malo, vaste rectangle divisé tout simplement en trois nefs d'égale longueur, fut transformé dans la suite par l'adjonction de plusieurs chapelles. Autour du choeur, du côté de l'épître, les chanoines de La Choue fondèrent dans la chapelle Sainte-Geneviève deux chapellenies, sur la fin du XVème siècle ; à cette époque, l'aire des collatéraux se trouvait beaucoup au-dessous de celle du sanctuaire, à cause d'une dépression très-abrupte du rocher sur lequel le choeur est construit. « Ce ne fut, dit l'abbé Manet, qu'en 1676 qu'on commença à combler cette espèce de précipice où l'on descendait par dix-sept marches, et au fond duquel le choeur avait un tiers de plus d'élévation qu'il n'a maintenant ». Dans ce collatéral méridional se trouvaient jadis les autels de Sainte-Geneviève et du Saint-Esprit ; à côté s'ouvraient la salle capitulaire, la sacristie et la cour du Chapitre ; enfin, dans ce même déambulatoire apparaît encore la tombe en marbre blanc de Mgr des Laurents. Dans le choeur même étaient deux doubles rangs de stalles formant soixante-huit sièges, et dans le sanctuaire le maître-autel, dû en 1606 à la libéralité de M. Frotet de la Landelle, consacré en 1612, reconstruit en 1753, et remplacé de nos jours par un autel en bois sculpté, de style gothique, dont le tabernacle est très-élégant. Des deux côtés de l'autel s'élevaient, dans l'origine, les tombeaux de saint Jean-de-la-Grille (nota : le sarcophage et les reliques de saint Jean-de-la-Grille ont été placés en 1839 sous le maître-autel) et de Mgr Josselin de Rohan ; auprès du siège des officiants se trouvait l'entrée d'un caveau réservé aux évêques ; cet enfeu n'était peut-être pas très-ancien et pouvait bien dater de 1677, époque à laquelle on refit tout le pavé du sanctuaire pour le mettre au même niveau que celui des déambulatoires ; ce travail fit disparaître les anciens tombeaux d'évêques et de chanoines qui se trouvaient dans cette partie de l'église. Derrière le sanctuaire, au-dessous de la grande fenêtre du chevet droit, était l'autel de Saint-Charles, accompagné de deux grandes niches renfermant des statues ou bas-reliefs qui représentaient, à droite la naissance, et à gauche la sépulture de N.-S. On y a déposé, vers 1816, le corps de saint Célestin, martyr, extrait des catacombes de Rome et donné à la ville de Saint-Malo par son dernier évêque, Mgr de Pressigny, alors ambassadeur de France près du Saint-Siège. La physionomie primitive du collatéral septentrional du choeur fut bien changée par l'adjonction de trois chapelles : « celles de Notre-Dame-de-la-Délivrance, de Notre-Dame de Lorette, dues à la piété de deux chanoines dont les noms sont inconnus. et celle de l'Ascension ou de Saint-Denis, attachée à la théologale et fondée par Olivier Dupré, receveur du Chapitre en 1600 » (Porée du Parc, Histoire ms. de la Seigneurie ecclésiastique de Saint-Malo). Au chevet de ce déambulatoire se dressaient l'autel de Saint-Eloi (antérieurement de Saint-Jean) et les petites orgues, données, en 1660, par Guillaume Le Gouverneur, grand-curé de Saint-Malo. Dans l'intertransept se trouvait une sorte de jubé ou clôture du choeur, et on y voyait adossés l'autel de Sainte-Anne et de Saint-Antoine, et celui de Saint-Joseph, flanquant l'un et l'autre la principale entrée du sanctuaire. Le transept septentrional, ainsi que son autel, dédié à saint Jean, furent commencés des deniers des habitants sur la fin du XVIème siècle et finis par eux au commencement du XVIIème siècle. Vis-à-vis s'élevait le transept méridional avec son autel du Rosaire ; « ils furent l'un et l'autre construits, dit le chanoine Porée du Parc, par Jean Potier, chanoine théologal, avec les deniers des habitants ; il les commença en 1700 avec cent écus, et l'argent ne manqua point pour finir ». La grande nef, dans laquelle nous entrons maintenant, se distinguait jadis par six autels adossés aux six piliers formant les travées ; ces autels étaient dédiés, à partir du haut de la nef, à saint Clément, — saint Malo, — saint François, — saint Christophe (nota : cette chapellenie de Saint-Christophe, fondée par Pierre Guillaume, remontait au 24 mai 1497), — Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle — et saint Etienne. Au bas de cette nef se trouvaient les grandes orgues, demandées et payées par les habitants au milieu du XVème siècle (Porée du Parc, Histoire ms. précitée) ; au-dessous s'ouvre le principal portail de la cathédrale. Ce portail, construit dans le style pseudo-grec du temps, fut l'oeuvre de Mgr des Laurents, qui proposa à son Chapitre de l'édifier à ses frais. Le 8 mai 1772, M. Nouail, vicaire général, posa, au nom du prélat, la première pierre de cette façade occidentale et y plaça une plaque de cuivre portant ces inscriptions ; d'un Côté : LUDOVICO XV FELICITER REGNANTE, FRONTEM ET MAJUS OSTIUM HUJUS BASILICAE, MUNIFICENTIA SUA A FUNDAMENTIS EXCITAVIT ILLUSTRISS. ET REVERENDISS. IN CHRISTO P. D. D. ANTONIUS–JOS. DES LAURENTS EPISCOP. MACLOVIENSIS, ANNO MDCCLXXII ; de l'autre côté, les armoiries du prélat : d'or à deux branches de palme adossées de sinople, avec ces mots : DIE VIII MAII PRIMUM LAPIDEM POSUIT V. NOUAIL V. G. PRAECENTOR ET PROCURATOR D. D. EP. MACL. L'écusson de Mgr des Laurents fut aussi placé au haut du frontispice, qui fut achevé en 1773 et coûta 18.500 livres à l'évêque de Saint-Malo (Abbé Manet, Grandes recherches ms.). Le bas-côté ou petite nef du Nord fut construit de 1593 à 1607, dans le style de la renaissance en ordre dorique ; cette partie de la cathédrale, en grande partie l'oeuvre de l'architecte Poussin, se nommait anciennement l'aile Saint-Cosme. On y voyait en effet, au haut, adossé à un pilier, l'autel Sainte-Barbe, puis dans trois chapelles descendant le long de la nef, les autels du Mont-Carmel ou des Ames du Purgatoire, — de Saint-Cosme et Saint-Damien (voisin d'une porte nommée porte Saint-Cosme) — et du Sacré-Coeur (nota : Mgr des Laurents établit en 1767 la fête du Sacré-Coeur de Jésus dans tout son diocèse) ou de Saint-Mathieu ; la voûte de cette dernière chapelle, renfermant les fonts baptismaux, fut refaite en 1713. Enfin, au bas de ce collatéral du Nord se trouvait une porte qu'on appelait porte de Saint-Malo ou des Evêques, parce qu'elle conduisait directement au manoir épiscopal. Le bas-côté ou petite nef du Midi, bien moins considérable en lui-même, avait cependant une importance particulière, comme nous allons voir. Construite en partie par le chantre Olivier Troussier, en 1461, cette nef fut presque totalement remaniée plus tard, surtout lorsqu'on y adjoignit la grande chapelle du Saint-Sacrement, en 1718. Jusqu'à cette époque, l'office paroissial s'était fait à l'autel de Saint-Malo, placé au haut de la grande nef ; mais au siècle dernier on construisit cette chapelle du Saint-Sacrement pour servir d'église de paroisse, et l'on bâtit à côté une sacristie pour les prêtres chargés de la desservir. Au haut de cette nef méridionale se trouvait aussi l'autel Saint-Julien, et au bas existe encore une vieille porte qui s'appelle toujours porte du Cloître ; elle conduit dans une petite cour renfermant les derniers débris du cloître des chanoines réguliers, construit vers 1152. Au centre de ce cloître était jadis un très-ancien puits, et tout autour s'élevaient des maisons prébendales. Telle était et telle est encore, à peu de chose près, la physionomie de l'église jadis cathédrale, aujourd'hui simplement paroissiale de Saint-Malo. Depuis bien des siècles saint Vincent martyr en est le titulaire, mais saint Malo est le patron du lieu. Le Chapitre de Saint-Malo se chargeait avec l'évêque de l'entretien du culte dans la cathédrale, et, comme nous l'avons vu précédemment, lorsqu'il déclara, en 1790, posséder un revenu net de 36.898 livres 12 sols 4 deniers, il comprenait dans cette somme les rentes de l'obiterie, de la fabrique et de la psal­lette, affectées tout particulièrement au service de la cathé­drale. D'après un autre compte de la même époque, l'obiterie, c'est-à-dire les émoluments des obits ou services et messes célébrés pour les défunts, montaient, en 1790, à 9.149 livres 2 sols, et les charges à 1.136 livres 18 sols 8 deniers ; de sorte qu'il restait une somme nette de 8.057 livres 3 sols 4 deniers à partager entre le haut et le bas-choeur (nota : ces chiffres sont certainement exagérés, car ils sont extraits d'une Déclaration faite par l'administration municipale, qui présente le total des revenus du Chapitre comme étant nets de 47.627 livres 13 sols 3 deniers, tandis que nous avons vu que le Chapitre n'avait déclaré que 36.898 livres 12 sols 4 deniers. Nous n'avons pas trouvé dans les Archives d'autre déclaration détaillée de l'obiterie, de la fabrique et de la psallette, ce qui nous oblige à nous servir de celle-c). Parmi les principales fondations faites à la cathédrale de Saint-Malo, nous devons signaler celle du duc Jean II, faite en 1288 pour l'anniversaire du feu duc Jean Ier, son père ; — l'obit des seigneurs de Châteauneuf, fondé en 1432 ; — la fondation d'une grand'messe tous les vendredis, faite par la reine-duchesse Anne de Bretagne en 1513 ; — « la fondation commémorative de la prise du château de Saint-Malo par les habitants en 1590 », ratifiée en 1593 ; — la fondation faite en 1701 « pour le retour de l'Angleterre à la religion catholique » ; — celle des saluts de Noël faite en 1714 par le grand-chantre Porée du Parc, etc., etc. (abbé Guillotin de Corson).

Note 2 : Nous avons dit qu'en 1319 le Souverain-Pontife, établissant le nouveau Chapitre séculier de Saint-Malo, ordonna qu'aux cinq chapellenies fondées précédemment dans la cathédrale, dix autres chapellenies fussent ajoutées. Durant le moyen-âge, d'autres fondations de ce genre furent également faites, et en 1757 nous trouvons vingt-six chapellenies et prestimonies desservies dans la cathédrale ; voici leurs noms : les chapellenies de Sainte-Catherine, — Sainte-Anne, — Saint-Yves, — Sainte-Geneviève, — les Soupes,— Saint-Christophe, —  autre Sainte-Geneviève, — Saint-Brieuc, — Saint-Julien, —  La Fosse, — Saint-Pierre ou les Gilbert, — Notre-Dame, —  Saint-Antoine, — Saint-Thébault, — Saint-Pierre de Langrolay, — Saint-Louis, — Saint-Thomas, — les Billards, —  les Boulains, — les Duprés, — les Poinctels, — les Girards, — la Roche-Angot, — les prestimonies des Pinniers, —  du Tertre-Janson, — de la Gervaisais, etc. (Pouillé ms. de Saint-Malo - Registre capitulaire). Le revenu de la fabrique de la cathédrale, avec celui des confréries qu'on y avait réuni, montait, en 1790, à la somme totale de 6.520 livres 3 sols 11 deniers, avec 612 livres 14 sols de charges ; partant, restait net 5.907 livres 9 sols 11 deniers pour l'entretien de l'édifice. Une partie de ce revenu de la fabrique provenait du droit de chape, établi comme il suit en 1782 : chaque nouveau dignitaire paie 50 écus, chaque nouveau chanoine autant, et chaque semi-prébendé 25 écus pour chapes dues à la fabrique le jour de sa réception au Chapitre (Registre capitulaire). Nous avons retrouvé un Inventaire du mobilier de la cathédrale appartenant à la fabrique qui offre un grand intérêt ; quoiqu'il n'ait pas de date, il semble bien avoir été dressé en 1790 ; nous en extrayons ce qui suit au chapitre de l'argenterie : « Une croix en vermeil renfermant un morceau de la Vraie Croix ; — deux grandes fiertes ou châsses quarrées, en forme d'églises, revêtues de tous côtés de lames d'argent ciselées en fleurs, colonnes et figures relevées en bosse, et dont une très-ancienne a été autrefois dorée, lesquelles sont remplies, l'une des reliques de saint Malo, l'autre des reliques de divers saints ; — deux autres châsses plus petites, de même forme, aussi couvertes de toutes parts de lames d'argent ciselées de la même manière, dont une fort ancienne et autrefois dorée, et aussi remplies de diverses reliques ; — deux chefs ou bustes d'argent, fort légers, qui renferment les testes ou crânes de saint Aaron et saint Honorat ; — deux bras de bois avec les mains, revêtus d'argent ouvré, renfermant des ossements des bras de saint Malo et saint Aaron ; — deux petites figures de saints, fort légers, dont une en forme d'évesque portant en main une coste de saint Malo sous verre, et l'autre en forme et habit de juge, portant en main une relique de saint Yves ; — deux croissants montés chacun sur un pied en forme de croix, dont un de vermeil, et renfermant sous verre l'un une coste de saint Guillaume et l'autre une coste de saint Gaud [nota : « Tous ces reliquaires, donnés anciennement par différents évêques et particuliers, et armoyés de leurs escussons, se mettent les jours de grandes festes sur l'autel, qui d'ailleurs est fort nud, sans contre-table ni autre ornement que deux grandes statues de bois et une crosse aussi de bois doré au milieu, au haut de laquelle est le pavillon ou suspension où se garde le Saint-Sacrement ». (Inventaire)] ; — un autre reliquaire de vermeil, en forme d'église ronde, travaillé et orné de figures, et renfermant une relique considérable ; — un autre reliquaire en forme d'évesque, sur un piédestal d'ébène, qui tient en main des reliques sous verre ; — vingt autres très-petits tant reliquaires que croix et figures de vierges et de saints, quelques-uns dorés, qui renferment la plupart des reliques sous cristal et que chacun de messieurs les chanoines porte à la main aux processions les jours de grandes festes ; — quatre livres d'épistres et évangiles, dont deux écrits en caractères anciens et gothiques, les deux autres écrits à la main, tous quatre de bois, revêtus de lames d'argent ouvrées et ciselées en fleurs et figures relevées en bosse, et deux desquels ont été autrefois dorés ; lesquels livres ont été donnés par des évesques très-anciennement et sont armoiés de leurs escussons. Ils se mettent sur l'autel avec les reliques les jours de grandes festes et servent à chanter l'épître et l'évangile ; — une grande croix d'autel avec son Christ, ciselée et ouvrée ; — six chandeliers d'autel et deux autres pour les céroféraires, ciselés et ouvrés ; — une niche avec une glace et deux anges soutenant une couronne pour exposer le Saint-Sacrement ; —un petit ostensoir rond, de vermeil, qui sert de soleil, au milieu duquel on met la Sainte-Hostie ; — une custode ou ciboire fermé, très-antique, de vermeil ; — un ciboire doré en dedans ; — deux croix de moyenne grandeur, fort anciennes, de vermeil, dont l'une renferme des reliques, qui servent sur l'autel et sont portées aux processions par le célébrant aux festes moins solennelles et les dimanches et jours ordinaires ; — quatre instruments de paix, ciselés, dont trois sont dorés, qui servent à porter au choeur le baiser de paix ; — une grande croix de procession, dorée, avec son Christ, et dont le fust est ciselé mais non doré ; — une autre croix unie, moins grande, sans Christ ; — un baston cantoral dont la lanterne ou le haut est doré et le fût ciselé mais non doré ; — une autre lanterne de baston cantoral dorée ; — le haut d'une crosse épiscopale ; — quatre encensoirs avec leurs navettes ; — trois lampes, dont une grande et deux moyennes, armoiées aux écussons de ceux qui les ont données, lesquelles sont suspendues dans le choeur devant l'autel et brûlent jour et nuit devant le Saint-Sacrement ; — un grand bénitier ciselé et ouvré, avec son goupillon ; — un autre fort petit bénitier, armoié, de vermeil ; — deux tasses unies qui servent à mettre les cendres ; — deux masses revêtues d'argent et ciselées, surmontées de fleurs de lys, pour les deux bédeaux ; — deux grands calices, avec leurs burettes, cuvettes et sonnettes, le tout en vermeil et armoirié ; — neuf calices, la plupart fort anciens, armoiriés et dorés, pour le service de MM. les chanoines ; — cinq autres calices ; — dix couples de burettes, avec les dix cuvettes, dont deux sont dorées et ouvrées » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). Telle est l'énumération des objets en argent possédés en 1790 par la fabrique de Saint-Malo. Cet inventaire, qui nous semble si riche, est accompagné cependant d'une note ainsi conçue : « Nota. Le Chapitre de Saint-Malo envoya en 1759 66 marcs 6 onces 2 gros et demi d'argent à la Monnaie pour les besoins de l'Etat ». Qu'on juge par là de ce que devait être au moyen-âge le trésor de cette église ! Dans le reste de l'Inventaire, beaucoup moins curieux, nous noterons encore les objets suivants : « Dans le choeur et à l'entrée du sanctuaire, trois très-grands candélabres de cuivre qui y restent toujours et un aigle ou grand lutrin ; — trois beaux missels reliés en maroquin, dont les coins sont garnis d'argent, et un livre d'oraisons pour l'officiant relié en velours vert garni d'argent ; — six parements ou devant d'autel tissus ou brodés en or, dont plusieurs très-antiques ; — cinq ornements complets avec dalmatiques, et seize chapes, tous tissus ou brodés en or et argent ; — quatre petites tuniques, dont deux de tissu or et argent et deux de damas rouge et blanc, pour les enfants de choeur qui servent à l'autel à la grand'messe des fêtes solennelles ; — huit ou dix pièces de tapisseries vieilles, de haute lice, et deux grands rideaux pour le choeur, l'un de velours d'Utrecht et l'autre d'ancienne mocade, etc. ». Si le maître-autel de la cathédrale était richement décoré, les autres autels n'étaient pas non plus sans ornements ; ainsi nous retrouvons dans le même Inventaire : une croix et une lampe d'argent à l'autel Saint-Malo ; — une croix, six chandeliers et trois lampes d'argent, une statue de la Sainte Vierge, aussi en argent, avec quatre chapelets garnis d'or et d'argent, une couronne et un coeur d'argent à l'autel du Rosaire (nota : au même autel "huit pièces de tapisseries représentant les mystères qui concernent la Sainte Vierge") ; — une croix d'argent à l'autel Saint-Jean ; — une croix et une lampe d'argent à l'autel de Notre-Dame-de-Délivrance ; — une lampe d'argent à l'autel de Notre-Dame de Lorette, etc. Enfin, l'Inventaire se termine en nous apprenant qu'il y avait encore à cette époque un certain nombre d'autres autels ayant « leur argenterie » qui n'appartenait pas à la fabrique, mais à des confréries ou corporations particulières. Nous nous rappelons, sans doute, qu'en 1319 le pape Jean XXII ordonna que le Chapitre de Saint-Malo aurait quatre enfants de choeur, à 100 sols de gages chacun : telle fut l'origine de la psallette, à laquelle le pape Léon X unit, le 18 août 1515, une prébende entière du Chapitre, afin qu'elle pût se composer de six enfants. Plus tard, vers 1623, deux chanoines, Jean Potier et Jean d'Artois, firent une fondation dont les revenus furent affectés à l'entretien de deux autres enfants de choeur, de sorte que depuis lors jusqu'à la Révolution, la psallette de Saint-Malo se composa de huit enfants sous la conduite d'un maître. En 1729, Mgr des Maretz retira à la psallette les revenus de la prébende que Léon X lui avait annexée, et il affecta à cette institution les honoraires de trois chapellenies du choeur et de six chapellenies hors du choeur fondées en la cathédrale (Archives départementales). La psallette jouissait aussi d'une maison appartenant au Chapitre et dans laquelle étaient élevés, nourris et instruits les enfants de choeur. En 1790, la municipalité de Saint-Malo prétendait que les revenus de la psallette étaient de 2.264 livres 19 sols, avec 89 livres 12 sols de charges, ce qui lui donnait la somme nette de 2.175 livres 7 sols. Le personnel de la cathédrale de Saint-Malo était naturellement assez nombreux ; voici comment il était composé lorsqu'éclata la Révolution : L'évêque et ses grands-vicaires ; le doyen du Chapitre, les deux archidiacres et le grand-chantre ; — le théologal et le pénitencier ; — dix simples chanoines ; — quatre semi­prébendés ; — le chanoine grand-curé, ou vicaire perpétuel, et ses trois curés ; — le précepteur ; — le sous-chantre ; — les diacre et sous-diacre d'office ; — le confesseur du Chapitre ; — le prédicateur de la dominicale ; — dix chapelains ; — huit bacheliers et choristes ; — le maître de psallette et ses huit enfants de choeur ; — l'organiste et ses musiciens ; — le prêtre sacriste ; — le custode et son garçon de sacristie ; — le porte-croix ; — deux massiers — et un sonneur de cloches. Ce qui constituait une réunion d'environ soixante-dix personnes au moins employées dans les grandes fêtes au service de l'église cathédrale (Archives départementales). Nous avons trouvé peu d'usages particuliers à l'Eglise de Saint-Malo ; il est vrai qu'il ne nous est rien parvenu de ses anciens manuscrits, ni obituaires, ni livres d'usages. Nous savons seulement que les chanoines avaient plusieurs processions, fondées aux fêtes de saint Joseph, de l'Annonciation, de saint Jean, du Samedi-Saint, etc. Ils faisaient aussi très-solennellement les processions du Sacre et des Rogations ; ils portaient les reliques de saint Malo, pour obtenir un temps favorable aux biens de la terre, tantôt aux chapelles de Saint-Sauveur, Saint-Thomas, Saint-Aaron et Notre-Dame-de-Grande-Puissance, tantôt aux églises conventuelles des Bénédictins, des Récollets, des Bénédictines et des Ursulines. Enfin ils payaient un déjeuner au bas-choeur à chaque procession des Rogations et lui faisaient une distribution de vin le jour de la fête des Rois(Registre capitulaire). La cérémonie du Lavabo se faisait aussi avec solennité à la cathédrale le Jeudi-Saint. En 1322, l'évêque Alain Gonthier ordonna qu'elle serait faite désormais par lui-même et par ses successeurs en personne, ou, à leur défaut, par le doyen du Chapitre ; treize pauvres devaient être choisis à cet effet, et, après leur avoir lavé les pieds, l'évêque devait leur remettre à chacun une paire de souliers neufs (M. Robidou, Panorama d'un beau pays, p. 124). Le même jour avait lieu à la cathédrale la rentrée solennelle des pénitents mis hors l'église le jour des Cendres ; c'est ce que nous apprend le Pontifical de Mgr Bohier (Conservé à la Bibliothèque Nationale). Enfin, à la fin du XVIème siècle, l'évêque Jean du Bec fonda une procession solennelle à la chapelle Saint-Thomas le Vendredi-Saint dé chaque année ; ce jour-là, le Chapitre de Saint-Malo se rendait après ténèbres à ce sanctuaire et y écoutait le sermon de la Passion. Lorsque les Malouins se furent emparés, en 1590, du château de Saint-Malo, que tenait, pour le roi de Navarre, le comte de Fontaines, le Chapitre arrêta « que le jour Saint-Grégoire, par chacun an, au temps advenir sera faite une procession générale en commémoration de la victoire qu'il a plu à Dieu donner aux bourgeois de cette ville par la prise du château de cette ville par les habitants » (M. Robidou, Panorama d'un beau pays, p. 208). Un magnifique Missel romain, ms. sur vélin, à l'usage du diocèse de Saint-Malo, fait partie de la bibliothèque du cardinal Saint-Marc léguée au Grand-Séminaire de Rennes. C'est une oeuvre du XVème siècle ; il est orné d'écussons aux armes pleines de Bretagne, de belles lettres torneures et d'encadrements en feuillages et fleurs bleus et rouges rehaussés d'or ; il nous apprend qu'à cette époque on célébrait solennellement, le 11 juillet de chaque année la translation du corps de saint Malo, le 30 octobre la dédicace de l'église de Saint-Malo, et le 15 novembre la fête de ce même saint évêque. Voici, du reste, quelles étaient les cinquante-six fêtes chômées ou d'obligation dans le diocèse de Saint-Malo en 1618 : Circoncision de N.-S., — Epiphanie de N.-S., — saint Fabien et saint Sébastien, — saint Vincent, martyr, — Conversion de saint Paul, — saint Jean-de-la-Grille, — Purification de N.-D., — saint Mathias, — Annonciation de N.-D., — saint Marc, — saint Philippe et saint Jacques, — saint Yves, — saint Barnabé, — saint Méen, — saint Aaron, — Nativité de saint Jean-Baptiste, — saint Pierre et saint Paul, — Visitation de N.-D., — Translation de saint Malo, — sainte Magdeleine, — saint Jacques, — sainte Anne, — Transfiguration de N.-S., — saint Laurent, — Assomption de N.-D., — saint Barthélemy, — saint Augustin, — Nativité de N.-D.,— Exaltation de la Croix, — saint Mathieu, — saint Michel, — saint Luc, — saint Simon et saint Jude, — Dédicace de Saint-Malo, — Toussaints, — Commémoration des Morts, — saint Martin de Tours, — saint Malo, — Présentation de Notre-Dame, — saint André, — saint Nicolas, — Conception de N.-D., — saint Thomas, — Nativité de N.-S., —saint Etienne, — saint Jean-l'Evangéliste, — saints Innocents, — Pâques et les deux jours suivants, — Ascension de N.-S., — Pentecôte et les deux jours suivants, — solennité du Sacre, — Fête patronale (nota : Statuts du diocèse de Saint-Malo, édictés par Mgr Le Gouverneur. — De toutes ces fêtes, celles dont le nom est ici en lettres italiques n'étaient, en 1618, d'obligation qu'a Saint-Malo même, et seulement de dévotion dans le reste du diocèse. De plus, les jours des Cendres, du Jeudi et du Vendredi-Saint étaient fêtes d'obligation jusqu'à midi, aussi bien que le jour de la visite pastorale faite en chaque paroisse par l'évêque). Nous terminerons ce chapitre par quelques détails sur la tenue du synode diocésain, réuni, de temps immémorial, les premiers jeudis après la Pentecôte et après la Saint-Luc. L'évêque de Saint-Malo tenait son synode dans un lieu qu'il désignait à l'avance, « car en chaque synode doit être faite indiction du lieu où se célèbrera le synode subséquent » (Statuts du diocèse de Saint-Malo). C'était presque toujours, au XVIIIème siècle, alternativement au Séminaire de Saint-Servan et au Séminaire de Saint-Méen. Voici comment Mgr Le Gouverneur définit le synode dans ses Statuts de 1618 : « Les saints canons, conciles et décrets obligent les évêques d'assembler deux fois l'an, chacun en son diocèse, les abbés, prieurs, recteurs et autres bénéficiers : à raison de quoi telle assemblée est par excellence appelée synode, où tous doivent se présenter et ranger en toute modestie, honnesteté et devotion, pour, après l'invocation du Saint-Esprit, rendre compte de leur charge et de la vie de leurs paroissiens, traiter et conférer avec leur évêque du régime de l'Eglise, à la gloire de Dieu, pourvoir aux choses qui concernent la discipline ecclésiastique, la censure des moeurs, la correction des vices, l'instruction des âmes, ouïr et décider les plaintes et controverses qui s'y peuvent juger, délibérer aux occurrences des affaires du clergé, donner ordre que le service divin soit bien et duement célébré et les sacrements décemment administrés, empescher que les dogmes hérétiques, les blasphèmes, les impudicités, les sortilèges, les divinations, les enchantements, les superstitions et autres ouvrages diaboliques n'infectent le diocèse ; bref, faire disquisition et discussion de toutes défectuosités et dépravations, afin d'y apporter les remèdes opportuns et nécessaires. Desquelles choses les doyens ruraux et les recteurs mesmes , comme enfants d'obédience, apporteront mémoires au promoteur, outre la dénonciation et récit qu'ils en feront à l'évêque » (Statuts du diocèse de Saint-Malo, p. 101). Tous les bénéficiers, abbés, archidiacres, doyens, recteurs et prieurs, devaient assister au synode. En 1350, Mgr Benoît menaça d'excommunication et frappa d'une amende de 100 sols tous ceux qui, devant assister au synode, y manqueraient par leur faute sans se faire excuser. Ces peines furent confirmées par les évêques Robert de la Motte en 1402, Jean Lespervier en 1460, et Denis Briçonnet en 1525 et 1531. Mgr Le Gouverneur, n'attachant pas moins d'importance à ces saintes assemblées, condamna en 1618 celui qui, sans raisonnable excuse, ne paraîtrait pas au synode : il le frappa d'une amende de 6 livres applicable aux églises et le « déclara, eo ipso, suspens a divinis, durant les trois semaines suivant immédiatement le synode auquel il aurait défailly ». Les prêtres venant au synode devaient apporter avec eux le livre des Statuts du diocèse, d'abord celui composé par ordre de l'évêque Pierre Benoît en 1350, plus tard celui que publia Mgr Le Gouverneur en 1618 ; ils devaient, de plus, se trouver au lieu désigné pour le synode « dès le matin, summo mane, en habit décent et à jeun, pour plus devotement ouïr, retenir, practiquer et accomplir ce qui seroit lu, dit, enjoinct ou défendu ». Enfin, l'évêque leur défendait sous peine d'excommunication, ipso facto, de sortir du synode sans sa permission, avant que le Te Deum fût chanté et que l'archidiacre eût dit à haute voix : Recedamus in pace (voir Statuts du diocèse de Saint-Malo, p. 119 et 120) (abbé Guillotin de Corson).

Note 3 : Voici ce que dit le Pouillé de Rennes : Le culte paroissial de Saint-Malo s'est toujours fait dans l'église cathédrale, dédiée à saint Vincent, martyr. Jusqu'au commencement du XVIIIème siècle, cet office de la paroisse fut célébré à l'autel de Saint-Malo, placé au haut de la grande nef ; mais en 1718 on adjoignit au collatéral du Sud une grande chapelle, dite aujourd'hui du Sacré-Coeur, que l'on consacra spécialement au service de la paroisse, et l'on bâtit à côté une sacristie également réservée au clergé paroissial. Comme nous avons décrit avec détails l'église cathédrale de Saint-Malo, nous ne nous répèterons point ici ; nous dirons plutôt quelques mots des confréries qui se réunissaient en cette église. La plus célèbre de ces pieuses associations était celle de Saint-Jean-Baptiste, dite des Frères Blancs, fondée en 1240 par Geoffroy, évêque de Saint-Malo. Cette confrérie avait une maison donnée vers 1377 par le capitaine Jean Morfouace, et appelée l'Abbaye Saint-Jean, parce que le chef de l'association prenait le titre d'abbé. Les statuts des Frères Blancs, édictés en 1348 et revus en 1543, sont très-intéressants ; on y voit que les confrères portaient en cérémonie un surcot de laine blanche avec un chaperon et une étole également de laine blanche ; qu'ils élisaient leurs maîtres-prévôts à la fête de saint Jean-le-Bouillant ; qu'ils se réunissaient pour dîner le jour de leur fête patronale et servaient alors aussi un repas aux pauvres ; que ce même jour ils devaient avoir des « chapeaux de fleurs » ; qu'ils se rendaient processionnellement à Saint-Thomas, etc. (Voir le Collectionneur breton, III, 156). A cette confrérie de Saint-Jean fut unie celle du Saint-Sacrement; mais un décret épiscopal daté du 21 mai 1785 désunit ces deux associations et supprima la première, dont les revenus furent affectés à l'entretien de la Marmite des pauvres tenue par les Filles de la Charité ; ce qu'approuva le roi par lettres patentes de novembre 1786 (Archives du Parlement de Bretagne). Quant à la confrérie du Saint-Sacrement, la fabrique fut chargée d'administrer ses biens. Comme celui de Saint-Jean, le prévôt du Saint-Sacrement portait en 1765 le titre d'abbé. La confrérie du Rosaire fut érigée dans l'église de Saint-Malo en 1631, et quelques années plus tard s'y forma, en juillet 1664, une association de prêtres qui prit le nom de confrérie de Saint-Charles-Borromée ; mais cette dernière fut supprimée en 1752, tandis que la première subsiste toujours à la fin du XIXème siècle. Enfin, presque tous les artisans et les marchands de Saint-Malo formèrent des associations qui prirent aussi le nom de confréries ; ils se placèrent : les portefaix sous le patronage de saint Christophe (1619), les écrivains, peintres et vitriers sous celui de saint Luc (1635), les charpentiers sous celui de saint Joseph (1677), les tisserands sous celui de saint Fiacre (1679), etc. Nous ignorons les patrons que choisirent les confréries des cordonniers (1475), des forgerons (1507), des tailleurs (1536), des bouchers (1679), etc., mais voici quelques détails généraux sur ces diverses associations : « Chacune d'elles, dit l'abbé Manet, avait dans la cathédrale de Saint-Malo son autel et son chapelain particulier. Durant le cours de l'année, tous les confrères mettaient en bourse pour amasser de quoi solenniser avec toute la pompe possible leur fête patronale. Lorsqu'il fallait assister à quelque procession générale, chacun de ces corps de métier se réunissait et marchait en grande tenue sous l'enseigne ou bannière de son saint, bannière qui communément n'était autre chose qu'une petite statue du bienheureux fichée au haut d'un bâton orné de fleurs et de rubans. Le jour de la fête du patron, l'on se rassemblait dans la matinée chez le prévôt de la confrérie et l'on se rendait en cérémonie à l'église pour y assister à une grand'messe, ainsi qu'à la bénédiction qui s'y faisait de petits gâteaux qu'on distribuait ensuite à ses connaissances. L'après-midi on y retournait pour entendre le sermon et les vêpres, et quand on était rendu au Magnificat et que les musiciens s'apprêtaient à chanter le verset "Deposuit potentes de sede", le prévôt sortant d'exercice remettait à celui qui allait entrer en charge à sa place pour l'année le bâton et l'image dont nous avons parlé ; c'était l'unique cérémonial de son installation, et cela s'appelait en langage d'alors faire le "Deposuit". Le tout se terminait par reconduire en grand appareil le nouveau bâtonnier à sa maison, où il était tenu de donner à ses confrères et aux musiciens une collation sur la bourse commune » (Grandes recherches ms.). Après la Révolution, l'ancienne cathédrale de Saint-Malo, ayant perdu son évêque et son Chapitre, devint une simple église paroissiale. Mais le 13 février 1880, Léon XIII, rétablissant le titre d'évêque de Saint-Malo en faveur de l'archevêque de Rennes, rendit également à l'église Saint-Vincent de Saint-Malo son titre de cathédrale. Mgr Place, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo, vint alors prendre possession de cette église très-solennellement le 17 juillet 1880. Depuis cette époque, l'habit de choeur des vicaires de Saint-Malo se compose d'un rochet à manches étroites avec camail noir sans fourrures (nota : les mêmes privilèges ont été accordés à la même époque à l'église et aux vicaires de Dol. — Quant aux archiprêtres de Dol et de Saint-Malo, ordinairement chanoines honoraires, ils en portent les insignes ; ils peuvent, en outre, revêtir la mozette garnie d'une bande de fourrure qui vient d'être concédée en 1883 à tous les curés-doyens du diocèse de Rennes).

Note 4 : le 11 mars 1431, furent présentées au chapitre les bulles du pape portant la promotion de Guillaume de Montfort évêque de Saint-Malo, à la dignité de Cardinal sous le nom de saint Anastase. Le 23 janvier 1434, Pierre de Belouan est en charge de la garde des murailles. Le 13 janvier 1438, on commence les orgues. Le 10 juillet 1497, Jacques Cardinal "papiensis" est reçu archidiacre de Dinan suite au décès de Josselin Ruffier. La chapelle du Boyer est fermée en février 1484. Le 1er février 1491 "Pierre de Laval archevêque et duc de Rheins commandateur perpetuel de Lévèché de Saint-Malo confirme les officiers de la ville qui sont : Bertran Martin receveur, Jean May controlleur, Pierre Picot miseur, Allain Barbier, Ollivier du Tertre, Henry Bastar de Treal et Guillaume Amiot portiers. Nam (?) Lucas, Roulet de Lourme, Perrot le Fort et Bertelot Blanche, chevalliers, et Guillneamin Gauire cannonier". Le 9 juillet 1494, "Lettres du roy du 17 juin portant octrois de lever 300 l. par leurs députés Bertan Martin et Richard Cheville le jour de saint Jan pour convertir en aumônes". Le 27 avril 1498, Jean archevêque de Tarse est reçu archidiacre de Dinan. Le 27 mai 1583 "Jan Grout Villesnouveaux a fait don de deux chandeliers de cuivre pour être mis au devant l'autel du choeur".

le cloître de la cathédrale Saint-Vincent (XIIème siècle), occupé par des chanoines jusqu'au XIVème siècle (date de sa sécularisation en 1319). Les chanoines occupèrent ensuite des maisons situées dans le Pourpris. Le Pourpris était clos au milieu du XVIIème siècle et comprenait plusieurs maisons dont la Maison du Doyenné, celle de la Psallette, de la Pénitence et de la Théologale ;

l'ancienne chapelle Notre-Dame-de-Grande-Puissance construite en 1541 par des Récollets venus de Césembre et détruite en partie en 1792. Elle est aujourd'hui sécularisée. Les marins y portaient de nombreux ex-votos. La Montée, le Corps de Garde et la tour Notre-Dame, situés à côté, en rappellent le souvenir. Appelée aussi Notre-Dame-de-Bon-Secours ou Notre-Dame-en-Ville, pour la distinguer de la Notre-Dame-des-Anges, cette chapelle fut bâtie au bout de la rue du Boyer et bénite au mois d'août 1541. Elle appartenait à la fabrique de la cathédrale et était desservie par un chapelain nommé alternativement par l'évêque et le Chapitre. Le 27 juin 1543, il fut réglé entre Mgr Bohier et ses chanoines que ce prélat n'y aurait droit qu'au quart des oblations. Notre-Dame-de-Grande-Puissance n'avait de revenu foncier qu'une maisonnette voisine, valant 40 livres 15 sols de revenu net, et un petit bailliage assis au village de la Piédevacherie, en Saint-Servan, rapportant 8 boisseaux 9 godets de froment et 19 sols 6 deniers d'argent. Le chapelain avait entre autres charges celle de dire douze messes basses par an à l'autel du Saint-Esprit, en la cathédrale. Le jour de l'Assomption on célébrait une grand'messe à Notre-Dame, qui servait souvent par ailleurs de station dans les processions générales. « Les marins y accomplissaient fréquemment des voeux, y venant en chemise et pieds nuds, un cierge à la main ; ils y assistaient alors à une messe dite à leur intention, et leur chef y racontait tout haut le danger auquel ils avaient échappé par l'intercession de la Sainte Vierge ; puis, se prosternant à terre, ils laissaient leurs cierges dans le sanctuaire et se retiraient » (l'abbé Manet, Grandes recherches ms.). C'était là aussi que les femmes de Saint-Malo avaient coutume de venir faire leurs relevailles après leurs couches. La dévotion des Malouins pour Notre-Dame-de-Grande-Puissance avait rempli d'ex-voto cette petite chapelle. Un inventaire constate qu'en 1790 on y voyait « une croix d'autel, quatre chandeliers, une lampe, deux couronnes, deux sceptres, un calice et sa patène, le tout en argent massif, et une petite statue de la Sainte Vierge aussi en argent, sur un piédestal d'ébène » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Saint-Malo). Cette chapelle a été détruite en 1792, mais à côté se trouve encore une tour dite de Notre-Dame, et la porte de ville voisine s'appelait naguère porte de Bon-Secours (Pouillé de Rennes) ;

l'église Saint-Michel de Rothéneuf (1866-1958) ;

l'église Notre-Dame-des-Grèves ou Notre-Dame-Auxiliatrice (1872-1937). Elle est, semble-t-il, encore appelée l'église de Rocabey. Cette église, bâtie près des grèves du Talard, en un lieu appelé Rocabey, a été bénite par Mgr Saint-Marc le 18 avril 1872. C'est un édifice ogival composé de trois nefs construites avec goût. Entre ses deux tours s'élève une statue de la très-sainte Vierge, bénite en 1884. Dans la nef septentrionale est une inscription gravée pour honorer la mémoire de M. Jean Huchet, archiprêtre de Saint-Malo, fondateur de l'église. Ce vénérable curé de Saint-Malo a été inhumé en 1878 dans l'église Saint-Vincent ; son tombeau, orné de sa statue, est l'oeuvre du sculpteur M. Valentin ; il y est représenté agenouillé et priant (Pouillé de Rennes) ;

Saint-Malo : église de Rocabey.

l'ancienne Chapelle Notre-Dame des Anges ou du Marais qui datait de 1724. Bénite le 5 novembre 1724 et construite dans les marais du Talard, cette chapelle, regardée comme une sorte de succursale de Saint-Malo, était desservie au XVIIIème siècle par le quatrième vicaire de la paroisse, créé à cet effet. Les habitants de Paramé ayant prétendu que Notre-Dame-du-Marais se trouvait sur leur territoire, les Malouins obtinrent un arrêt daté de 1753 et leur adjugeant cette chapelle. C'était la station ordinaire des processions de Saint-Malo aux Rogations et à la Saint-Marc. Ce petit sanctuaire, situé près de la belle allée d'arbres appelée Chemin-Pavé, n'existe plus maintenant (Pouillé de Rennes). Près d'elle, se trouve le cimetière (1779) appelé longtemps le Cimetière des Marais ou Clos à Pihuit ;

l'église Sainte-Croix (XVIIIème siècle), remaniée en 1840. Elle se situe à l'emplacement de l'ancienne église qui datait du XVIème et XVIIème siècles. Commencée en 1715 sur un projet d'Amédée François Frézier (ingénieur du roi), l'église est complétée dès 1716 par l'architecte malouin Jean Datour sous le contrôle de l'ingénieur Siméon Garangeau et ouverte au culte à partir de 1743. La façade à portique et la tour sont ajoutés entre 1833 et 1840 sur les plans de l'architecte Julien Leclair de Saint-Servan. Le décor intérieur date du XIXème siècle. Le lutrin date de 1804. L'orgue de Cavaillé-Coll. date de 1885. Les peintures, oeuvre de Louis Duveau, datent de 1854-1855. La chaire à prêcher, oeuvre des frères Valentin, date de 1859 ;

l'église Saint-Ideuc (1721) ;

l'ancienne chapelle Notre-Dame-de-Lorette (1715-1725) ;

la chapelle Saint-Louis-des-Capucins, fondée en 1612 ;

la chapelle Saint-Aaron (1621). Elle occupe l'endroit même où vécut et fut inhumé l'ermite saint Aaron. On aurait édifié dans la seconde moitié du VIème siècle un oratoire que les Franks détruisent en 811. Une chapelle y est construite le 7 janvier 1431 ("le lundi 7 janvier La chapelle de St-Aaron l'an 1431 fut bastie") et réédifiée de 1619 à 1621. Les Jésuites de Rennes occupent la chapelle de 1631 à 1764. Les fours banaux sont transportés près d'elle en 1605. Construite, d'après la tradition, sur le rocher habité par le solitaire Aaron, contemporain de saint Malo, au VIème siècle, cette chapelle remonte aux origines mêmes de Saint-Malo, mais elle a été plusieurs fois rebâtie, notamment en 1430 par l'évêque Guillaume de Montfort. Ce prélat la consacra lui-même le 7 janvier 1431 et voulut qu'elle servît de reposoir à la procession de la petite Fête-Dieu. Tombé en ruine, ce sanctuaire fut relevé en 1618 par le chanoine Michel Quénouart avec l'approbation du Chapitre, qui stipula le 4 février 1619 que la procession du petit Sacre continuerait d'y venir stationner. Mgr Guillaume Le Gouverneur consacra le nouvel édifice le 23 février 1621, comme le prouve l'inscription que l'on voit encore au-dessus de la porte : Anno Domini MDCXXI die XXIII februarii, Pontifice max. Paulo V, Galliarum rege Ludovico XIII, in laudem Dei, Beatissimœque Virginis Mariœ, Sancti Aaronis dominus Guillelmus Macloviensis episc. decano, canonicis et clero astantibus, consecravit. Peu de temps après, les Jésuites du collège de Rennes songèrent à fonder un petit établissement à Saint-Malo ; pendant une vacance du siège épiscopal, ils demandèrent au Chapitre la permission de venir en cette ville, ce qui leur fut accordé en 1630. Les chanoines de Saint-Malo firent même mieux encore : le 18 août 1631, du consentement de l'un d'eux, Michel Quénouart, alors chapelain de Saint-Aaron, ils cédèrent aux Jésuites cette chapelle ainsi qu'une maison voisine ; aussi le 29 du même mois le Père Divet, recteur du collège de Rennes, vint-il prendre possession de Saint-Aaron. Malheureusement pour les Jésuites, Mgr de Harlay, nommé évêque de Saint-Malo, arriva en 1632 en sa ville épiscopale et déclara nulle la cession faite par le Chapitre. Voyant cela, le recteur de Rennes, alors le P. Grandamy, se désista de ses prétentions sur Saint-Aaron le 20 juin 1632. Plus tard, toutefois, Mgr de Villemontée accorda aux Jésuites de Rennes l'usage de cette chapelle quand ils passeraient à Saint-Malo, à la condition qu'ils ne résideraient point dans cette ville et qu'ils laisseraient la clef de Saint-Aaron au couvent des Ursulines. Après le départ de Rennes des Jésuites, le Chapitre reprit les clefs de Saint-Aaron et resta seul maître de la chapelle (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Saint-Malo - Abbé Manet, Grandes recherches ms. - Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux). Vendue nationalement pendant la Révolution, la chapelle de Saint-Aaron fut rachetée, ainsi que la maison y attenant, par M. le curé Huchet, en 1836. Restaurée ensuite par ce vénérable prêtre, elle fut rendue au culte et bénite le 14 avril 1842 par Mgr Saint-Marc, qui vint y célébrer la messe. Elle continue depuis d'être entretenue et fait partie à la fin du XIXème siècle d'un Ouvroir de préservation pour les jeunes filles (Pouillé de Rennes) ;

l'ancienne chapelle "Le Dieu-de-Pitié", aujourd'hui disparue. Vers la fin du XVIème siècle (1580-1590), deux bourgeois de Saint-Malo construisirent au bas du cimetière de cette ville, vers l'embranchement des deux rues dites rues des Cimetières (nota : dans ce qu'on appelait alors le cimetière du Milieu, au Nord de la cathédrale. Les rues des Cimetières sont celles qu'occupe à la fin du XIXème siècle le collège de Saint-Malo), un petit oratoire où ils se firent enterrer. Plus tard, en 1628, quelques dévotes, ayant à leur tête Marie Baillebled, veuve Coeuru, et assistées de Mre Porée, « père des pauvres de l'hôpital », voyant cet oratoire menacer ruine, le reconstruisirent « sous le même vocable de Jésus homme de Douleurs, ou de Dieu de Pitié ». Le Chapitre, n'ayant point été consulté dans cette circonstance, interdit la nouvelle chapelle. Elle fut ouverte cependant, car on y voit faire des mariages en 1643. Mais un long et triste procès fut engagé au sujet de ce sanctuaire, qui finit par être démoli en 1676 (Pouillé de Rennes et Abbé Manet, Grandes recherches ms.) ;

l'ancienne Chapelle Saint-Thomas et de la Maison-Dieu, remplacée de nos jours par le Café Continental. L'évêque Geoffroy construisit en 1252 au lieu dit la Licorne, au nord de la chapelle, une Maison-Dieu qui disparut en 1612. La chapelle, restaurée en 1652, est fermée durant la Révolution, puis sert d'écurie à l'Hôtel du Chêne Bert avant d'être démolie en 1879. Dédiée à saint Thomas, archevêque de Cantorbéry, et mentionnée dès 1252, cette chapelle fut à cette époque affectée au service de l'Hôtel-Dieu. Au XVIIIème siècle, Saint-Thomas servait de chapelle de catéchisme pour les grands garçons ; les petits se réunissaient alors à Saint-Aaron et les filles s'assemblaient à Saint-Sauveur (Pouillé de Rennes) ;

l'ancienne chapelle Notre-Dame-du-Laurier. La chapelle de Notre-Dame-du-Laurier (dite depuis de Saint-Ouen, et par corruption de Sainte-Ouine) fut bâtie vers 1360, dit l'abbé Manet, à l'extrémité septentrionale du Grand-Bé, en faveur de quelques ermites retirés dans la solitude de cette île. Le Chapitre de Saint-Malo se rendait en procession à cette chapelle au XVème siècle, et l'évêque Guillaume de Montfort s'y trouvait notamment en 1424. Cet ermitage ayant disparu et la chapelle étant tombée en ruines, la procession fut supprimée. Toutefois le peuple malouin continua d'aller chaque année, le dimanche de la Passion, faire la Sainte-Ouine, c'est-à-dire tenir assemblée dans l'île. Cette réunion populaire a encore lieu à la fin du XIXème siècle, mais elle se tient plutôt sur les quais de Saint-Malo qu'au Grand-Bé (Pouillé de Rennes) ;

la chapelle Saint-Joseph (1875), édifiée sur les plans du chanoine Joseph Brune ;

l'ancien couvent de la Victoire ou Notre-Dame-de-la-Victoire (en 1616), fondé par quatre pieuses dames et donné par elles aux Bénédictines. Ce couvent aurait été construit, dit-on, avec les matériaux du Château-Gaillard. Il est transformé en caserne en 1795 et sert de prison pour les femmes durant la Révolution. La clef de voûte du portail porte la date de 1710 ;

Note : « De sinople à un saint Benoît d'or » (Armorial général ms. de 1698). En octobre 1615, Servanne Le Gobien, dame du Ponthay, Françoise Porée, Jeanne Gaultier et Perrine Grout, toutes issues des meilleures familles de Saint-Malo, demandèrent à leur évêque, Guillaume Le Gouverneur, la permission de suivre la règle de saint Benoît et de bâtir en sa ville épiscopale un couvent, de leurs propres deniers. Le prélat accorda cette autorisation d'autant plus facilement qu'il avait alors près de lui le P. Gabriel de Sainte-Marie, prieur des Bénédictins anglais récemment établis près de Saint-Malo, qui plaida la cause de ces dames. Dès l'année suivante, le 5 octobre 1616, on posa la première pierre du couvent des Bénédictines, construit sur l'emplacement de l'ancienne citadelle de Saint-Malo, au Nord de cette ville, près des murs (Abbé Manet, Grandes recherches ms.). Pour former et diriger la communauté naissante, l'évêque s'adressa aux religieuses bénédictines de l'abbaye de Montmartre, à Paris, qui envoyèrent à Saint-Malo deux religieuses professes, Mmes Renée de Vansay et Catherine Mesmin ; elles arrivèrent en 1621, et Mme de Vansay fut nommée prieure du nouveau couvent. Le 27 février 1622, l'église des Bénédictines fut consacrée, le cloître fut bénit, et le monastère prit le nom de Notre-Dame-de-la-Victoire. Mais les religieuses ne reçurent qu'en 1684 les lettres patentes du roi approuvant leur fondation (Abbé Manet, Grandes recherches ms.). En 1730, les Bénédictines de Saint-Malo, au nombre de trente-et-une religieuses de choeur et trois soeurs converses, déclarèrent avoir un revenu net de 2.934 livres 13 sols (Etat du diocèse de Saint-Malo). Quand vint la Révolution, elles n'étaient plus que vingt-quatre soeurs, dont seize religieuses de choeur, ayant à leur tête comme prieure soeur Saint-Xavier, dans le monde Marie Fournier ; elles déclarèrent en 1790 avoir en terres, maisons et constituts, 4.020 livres de rente ; leurs charges montaient à 845 livres, de sorte qu'il leur restait 3.175 livres de revenu net (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 29). Les Bénédictines furent chassées de Saint-Malo le 4 octobre 1792 et leur monastère devint une caserne, qui existe encore à la fin du XIXème siècle, conservant toujours le nom de la Victoire ; l'ancienne chapelle conventuelle est encore debout à la fin du XIXème siècle, quoique sécularisée, mais elle n'offre rien d'intéressant (Pouillé de Rennes).

l'ancien couvent Saint-François (1618) situé 9, rue des Vieux-Remparts. Les Récollets de Césembre obtiennent en 1618 l'autorisation de s'établir dans une maison, transformée en un couvent en 1642. Les bâtiments conventuels deviennent un magasin à fourrages puis une caserne en 1795. L'ensemble formait encore récemment la Caserne Saint-François ;

Note : Nous avons dit précédemment qu'en 1612 des Récollets furent envoyés dans l'île de Césambre pour y occuper le monastère fondé par les Cordeliers, mais devenu presque désert ; nous avons ajouté que ces Récollets ne s'y établirent pas sans difficulté. Toutefois, grâce à la protection de l'évêque et des habitants de Saint-Malo, les nouveaux religieux ne tardèrent pas à faire refleurir le couvent de Césambre ; la dévotion s'établit même parmi les Malouins de se faire enterrer dans cette solitude au milieu des flots, et la pieuse coutume s'introduisit que chaque navire revenant du long-cours donnât aux moines de Césambre ce qui lui restait de vivres. Jouissant ainsi de l'estime de leurs concitoyens, les Récollets tinrent à Césambre leur chapitre provincial en 1668. Ils appartenaient alors, dit M. l'abbé Manet, à la province de Bretagne ; mais leurs confrères de la province d'Anjou parvinrent à se faire admettre à Césambre, et le 29 avril 1688 ce couvent fut pourvu d'un gardien angevin, dit Récollet de Sainte-Magdeleine. Sous ce nouveau nom, les Récollets de Césambre continuèrent de résider paisiblement sur leur rocher jusqu'au 27 novembre 1693, que les Anglais, venus la veille pour bombarder Saint-Malo, incendièrent leur couvent tout entier. Un jeune Père irlandais et deux simples Frères s'y trouvaient seuls alors ; ils étaient restés pour garder le local, tandis que le reste de la communauté effrayée gagnait le continent. Les ennemis entrèrent donc sans éprouver de résistance et se livrèrent à toutes sortes d'excès, renversant les croix et les statues des saints, brisant les meubles et pillant à leur aise ; après avoir ainsi tout dévasté, ils mirent le feu aux bâtiments et emmenèrent avec eux les pauvres religieux, demi-morts de terreur, qu'ils renvoyèrent toutefois sains et saufs. A la suite de ce désastre, les Récollets n'osèrent plus reconstruire leur couvent de Césambre ; ils abandonnèrent cette terre désolée et se retirèrent sur le continent, à la Roulais, en Saint-Servan, où nous les retrouverons. Quant à Césambre, cette île, longtemps sanctifiée par tant de pieux solitaires, fut réunie au domaine royal, et quoique en 1696 Vauban y ait fait quelques fortifications dont il reste peu de traces aujourd'hui, elle est redevenue complètement sauvage.

Les Récollets du couvent de Césambre venant quelquefois faire du ministère à Saint-Malo, désiraient y avoir une maison. En 1618, un pieux habitant de cette ville leur donna un logis connu encore sous le nom de Vieux-Couvent ; ils y construisirent une petite chapelle avec la permission de l'évêque Guillaume Le Gouverneur. Mais les religieux se trouvaient trop à l'étroit dans cette maison ; ils demandèrent donc la chapelle de Saint-Thomas avec ses dépendances, ce qui leur fut refusé. Alors Charlotte Le Fer, dame de la Tournerie, leur vint en aide. Le 12 août 1636, elle leur donna un emplacement voisin de leur couvent, où ils construisirent une chapelle plus décente et un logement plus convenable. Achille de Harlay, évêque de Saint-Malo, posa la première pierre de cette église en 1642 ; il vint l'année suivante la bénir et y dire la messe, et il la dédia à Notre-Dame de Bon-Secours (Abbé Manet, Grandes recherches ms). La division se mit parmi les Récollets en 1688 ; les Récollets d'Anjou, dits de Sainte-Magdeleine, occupèrent le couvent de Saint-Malo, comme celui de Césambre, à la place des Récollets bretons. Pendant tout le siècle suivant les religieux de Saint-Malo travaillèrent à agrandir leur monastère, gagnant çà et là du terrain autour ; ils parvinrent ainsi à avoir une fort belle maison conventuelle, située rue Saint-François (Abbé Manet, Grandes recherches ms). En 1790, il n'y avait cependant que onze Récollets au couvent de Saint-Malo, savoir : six prêtres, trois frères lais et deux frères tertiaires ; le P. Toussaint Duval en était le gardien. Ce dernier déclara à cette époque que sa maison n'avait aucun revenu, mais 80 livres de charges (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). Les Récollets, priés d'abord par la municipalité de rester à Saint-Malo le 5 janvier 1791, furent définitivement expulsés de cette ville le 22 mars de l'année suivante ; leur couvent fut converti en caserne et leur église en magasin à fourrages. La caserne Saint-François se compose encore à la fin du XIXème siècle du monastère des Récollets ; l'ancien couvent lui-même a sa principale entrée dans la rue de Toulouse, l'église est dans la rue Saint-François, et entre cette église et ce couvent se trouve la rue des Vieux-Remparts, au-dessous de laquelle s'ouvre un chemin souterrain faisant communiquer entre elles les deux parties de l'établissement. Mais toutes ces constructions du XVIIème siècle n'offrent aucun intérêt archéologique.

Nous venons de voir que les Récollets, établis à Césambre en 1612, furent obligés d'abandonner cette île, ruinée par les Anglais en 1693. Ils cherchèrent alors à se fixer à Saint-Servan, et éprouvèrent d'abord quelques difficultés. Mais ils obtinrent du roi des lettres patentes les autorisant à transférer dans un faubourg de Saint-Malo leur couvent de Césambre incendié par l'ennemi, et le Parlement de Bretagne enregistra ces lettres le 9 mars 1694 (Archives du Parlement de Bretagne). L'année suivante, ils achetèrent en conséquence un terrain au village de la Roulais, tout près de Saint-Servan ; ils s'y fixèrent, et le 29 janvier 1697 M. Eon de la Mettrie, chanoine et père spirituel des Récollets de Saint-Malo, vint bénir une chapelle provisoire qu'ils venaient d'édifier. Trois ans plus tard, les Récollets de Saint-Servan commencèrent la construction d'un vrai monastère, dont la première pierre fut posée le 12 mars 1700, et qu'ils purent habiter en 1702. Enfin, la bénédiction de leur église conventuelle fut faite par M. Magon le 3 août 1707 (Abbé Manet, Grandes recherches ms.). Comme ces religieux s'étaient établis dans le fief du seigneur de Châteauneuf, celui-ci prit le titre de seigneur fondateur du couvent, et les Récollets s'obligèrent à dire chaque année une messe à son intention le jour Saint-Jacques, et à lui offrir deux cierges de cire blanche (Terrier ms. de Châteauneuf). Quand vint la Révolution, il y avait au couvent de Saint-Servan douze religieux : sept prêtres et cinq frères ; ils furent chassés et leur maison fut nationalement vendue. A la fin du XIXème siècle, elle est occupée par les religieuses de l'Adoration. L'ancien monastère existe encore à la fin du XIXème siècle, mais on en a refait le cloître, et tout le carré central a été exhaussé. L'un des côtés de ce carré est formé par l'église, sur les murailles de laquelle on lit : 1704 ; les trois autres côtés portent également les dates de leurs constructions successives : 1700, 1709 et 1764. L'église se compose d'une vaste nef à laquelle sont accolées vers le Nord quatre chapelles communiquant entre elles par de petites portes et s'ouvrant sur la nef par de grandes arcades. C'est le plan uniforme au XVIIème siècle de toutes les églises d'Ordres mendiants

l'ancien couvent de Sainte-Anne (1619-1622), située jadis au n° 3 de la rue Sainte-Anne et fondée par trois malouines pour l'instruction des jeunes filles pauvres. Ce couvent est confié peu de temps après sa fondation aux Ursulines qui en sont chassées en 1792 ;

Note : Vers 1614, trois jeunes filles de Saint-Malo, nommées Françoise Anne, Hélène Le Monbrier et Hélène Gauchet, se réunirent, sous la protection de l'évêque Mgr Guillaume Le Gouverneur, pour instruire les petites filles de sa ville épiscopale. Au bout de peu d'années elles entrèrent dans la congrégation des Ursulines et lui cédèrent le couvent qu'elles avaient bâti, à l'aide d'aumônes, dans la rue Sainte-Anne. Mgr Le Gouverneur vint, le 15 avril 1622, dire la messe en la chapelle de cette maison, et il mit la clôture dans le nouveau monastère, dont la première supérieure fut une demoiselle Marguerite Guitton (Abbé Manet, Grandes recherches ms.). Les Ursulines prospérèrent rapidement à Saint-Malo, et obtinrent en 1686 des lettres patentes du roi confirmant l'établissement de leur maison et amortissant leurs biens. En 1730 elles se trouvaient, en leur monastère dédié à sainte Anne, cinquante religieuses, ayant un revenu net de 3.685 livres. Mais quand vint la Révolution, elles n'y étaient plus que vingt-trois religieuses de choeur, six soeurs converses et une novice. Leur supérieure, Mme Pélagie de la Haye, déclara en 1790 que sa communauté possédait, en y comprenant le Petit-Val, en Saint-Servan, 6.117 livres de rente, qu'elle avait 1.204 livres de charges, et que par suite son revenu net était de 4.912 livres (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). Les Ursulines furent chassées de Saint-Malo pendant la tourmente révolutionnaire. Vers 1820 elles essayèrent de se reconstituer à Saint-Servan, dans l'ancien couvent des Récollets, auquel elles donnèrent le nom de Sainte-Anne, que le peuple lui conserve, mais elles ne réussirent pas dans ce nouvel établissement, qu'elles cédèrent aux religieuses de l'Adoration perpétuelle. Quant au vieux monastère des Ursulines à Saint-Malo, on en retrouve les restes dans la rue Sainte-Anne et sur la place Duguay-Trouin ; on distingue encore bien le grand portail du couvent, la chapelle et la cour intérieure ; ces bâtiments sont occupés à la fin du XIXème siècle par l'école d'hydrographie, le bureau des inscriptions maritimes et le dépôt des archives de la marine (Pouillé de Rennes).

l'ancien couvent de Saint-Benoît, situé jadis au n° 21 de la rue Saint-Benoît. Des Bénédictins Anglais viennent se fixer en 1611 à Clairmont en Paramé et obtiennent de l'évêque en 1616 l'autorisation de construire ce couvent qu'ils vendent en 1668 aux Bénédictins de Saint-Maur. Les moines sont chassés du couvent en 1790. Les bâtiments conventuels sont au sud-ouest de la chapelle. La Municipalité s'y transporte de 1790 à 1791. Ils deviennent caserne en 1794, magasins à fourrages en 1797, magasins de vivres en 1805 et servent d'entrepôt de tabacs depuis 1811 ;

Note : « De sable à un saint Benoît d'or » (Armorial général ms. de 1698. — Ce monastère n'était ni une abbaye ni un prieuré dépendant d'une abbaye ; c'est pourquoi nous l'avons placé ici au rang des simples couvents). Après la violente expulsion des Bénédictins d'Angleterre par les protestants, un vieux moine de Westminster forma une nouvelle congrégation qui s'établit en France, attendant l'occasion de rentrer dans l'île. Le Chapitre général de l'Ordre de Saint-Benoît, assemblé au Mont-Cassin en 1608, approuva cette association des Bénédictins anglais, et le pape Paul V la ratifia l'année suivante. En 1611, la congrégation anglicane envoya à Saint-Malo l'un de ses membres les plus distingués, D. Gabriel de Sainte-Marie (nota : il se nommait Guillaume Gifford et appartenait à une noble famille d'Angleterre; né en 1554, il avait quitté son pays, chassé par la persécution, et avait rempli d'importantes charges ecclésiastiques en Belgique et en Italie ; renonçant à tous ses bénéfices, il entra en 1608 au noviciat des Bénédictins anglais. Il devint plus tard supérieur général de la congrégation, évêque in partibus d'Archidale, et enfin archevêque de Reims, où il mourut en 1629), en qualité de prieur, avec quelques autres religieux, pour y fonder un monastère. Saint-Malo lui paraissait, à cause de ses fréquentes relations avec l'Angleterre, une ville très-propre pour le recrutement des novices et pour l'envoi des missionnaires. L'évêque, Mgr Le Gouverneur, nomma D. Gabriel théologal de Saint-Malo ; en même temps, deux habitants de cette ville, Gilles Toutin et Hamon Bodin, donnèrent aux religieux anglais, à la charge d'oeuvres pies, l'un une chapelle dite de Notre-Dame-de-Liesse, l'autre une maison voisine dite de Clairmont, situées en la paroisse de Paramé ; ils s'y établirent aussitôt, à la fin de l'année 1611, et bientôt le nouveau couvent compta dix religieux tant Anglais que Français. Mais les Bénédictins anglais désiraient se fixer à Saint-Malo même. Grâce à la générosité d'un de leurs bienfaiteurs, Pierre Ribretière, ils achetèrent dans cette ville quelques anciens démembrements du manoir épiscopal, situés sur le placis Saint-Aaron. En 1619, l'évêque de Saint-Malo leur permit de bâtir en ce lieu une chapelle et un couvent ; mais le Chapitre, qui partageait avec le prélat la seigneurie de la ville, ne consentit à cet établissement dans ses murs qu'à la condition expresse que ce ne serait point une abbaye, mais seulement « un hospice ou lieu de refuge ». Les lettres de fondation furent homologuées en ce sens au Parlement de Bretagne le 7 avril 1621, et les religieux construisirent d'abord une chapelle provisoire en bois qu'ils remplacèrent bientôt après, malgré l'opposition du Chapitre, par une belle église terminée en 1637, mais que l'évêque de Saint-Malo refusa de consacrer. Les Bénédictins anglais eurent encore d'autres difficultés avec ce même prélat, Mgr de Harlay, qui voulut faire la visite de leur monastère, ce à quoi ils s'opposèrent ; puis le Chapitre leur défendit d'accepter les fondations que plusieurs riches Malouins voulaient faire dans leur église ; enfin, le roi lui-même ne cacha pas son déplaisir de voir ce couvent étranger établi à la porte de son royaume, du côté de l'Angleterre. Toutes ces raisons dégoûtèrent bien vite les religieux anglais de leur couvent breton. Dès 1638 ils s'agrégèrent à la Congrégation de Saint-Maur ; en 1668 ils vendirent à cette même Congrégation leur monastère de Saint-Malo et se retirèrent ensuite dans une maison qu'ils avaient à Paris (Archives municipales de Saint-Malo - Histoire ms. du monastère de Saint-Benoît à Saint-Malo). Les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur prirent possession du monastère de Saint-Malo et de la maison de Clairmont le 1er avril 1669, et ils s'appliquèrent à embellir leur nouveau couvent, dont ils firent « le bijou de leur Congrégation ». On trouve dans le Monasticon Gallicanum (Bibliothèque Nationale ms. lat., 11821) une vue de cette maison avec son église, son cloître, son jardin, ses réfectoires, dortoirs, hôtellerie et infirmerie, etc. ; ce qui reste encore à la fin du XIXème siècle de l'édifice prouve au reste l'exactitude de ce dessin et la juste renommée qu'avait acquise ce beau monastère. Les religieux de Saint-Benoît employèrent à ces constructions tous les dons qui leur furent faits et y dépensèrent, dit-on, 200.000 livres ; aussi vécurent-ils assez pauvres jusqu'en 1766. A cette époque, le Chapitre général de la Congrégation leur donna les revenus du prieuré de Léhon, dont la conventualité fut alors supprimée ; ces revenus furent changés en 1772 en une rente de 4.000 livres, que dut leur payer l'abbaye de Marmoutiers, dont Léhon dépendait. En 1790, les Bénédictins de Saint-Malo possédaient, outre cette rente et leur monastère, quatre maisons à Saint-Malo et quelques terres en Paramé, Saint-Servan et Pleudihen. Le tout produisait un revenu net de 6.215 livres 2 sols 3 deniers (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine - L'abbé Manet, Grandes recherches ms.). Vendu nationalement pendant la Révolution, le couvent bénédictin de Saint-Malo a été morcelé, et son église, défigurée, est devenue ensuite un entrepôt de tabacs (Pouillé de Rennes).

Voir aussi   Saint-Malo "Histoire détaillée du Monastère de Saint-Benoît

l'ancien couvent des Moines Rouges, situé au n° 12 rue Jean-de-Chatillon. Il est probable que cette maison était seulement une possession de l'ordre des Moines Rouges ;

la chapelle de l'ancien couvent Notre-Dame-de-la-Victoire (1622). Elle est aujourd'hui sécularisée. Cette chapelle est accostée au nord d'une tour carrée sans clocher ;

la chapelle Saint-Sauveur (1738-1743). La première chapelle, édifiée en 1607 par Thomas Poussin, était orientée est-ouest : elle possédait trois autels dans le choeur et six chapelles latérales. Cette chapelle primitive menaçait ruine dès 1714, et une nouvelle chapelle est construite sur les plans de l'ingénieur Siméon Garangeau (1738-1743), suivant une direction nord-sud, et achevée en 1742 par l'architecte Michel Marion. La nouvelle chapelle se compose d'une nef avec une abside à pans coupés et deux rangées de chapelles latérales. A l'intérieur, la nef est divisée en quatre travées et accostée de chaque côté de trois chapelles. Sous la chapelle s'étend une crypte dans laquelle on inhumait jadis les chapelains de l'Hôtel-Dieu. La chapelle est convertie en magasin à fourrages durant la Révolution et sert de prison pour les troupes royalistes après leur défaite de Granville en 1793. L'intérieur de la chapelle est complètement incendiée en 1944 ;

la chapelle de l'ancien couvent Saint-Benoît (1626-1637), aujourd'hui sécularisée et située au n° 5 rue Saint-Benoît. L'église des bénédictins est commencée en 1626. Elle comprenait une nef et deux rangées de chapelles latérales : l'abside est demi-circulaire. Il ne subsiste plus que les faces nord et sud de la nef et du transept intégrées depuis 1957 dans le palais de justice ;

la chapelle de l'ancien couvent Saint-François. L'arcade date de 1719. La chapelle est transformée en Temple de la Raison et en club en 1793 ;

la chapelle (1713-1724) de l'ancien hôpital général Saint-Yves (Hôpital Broussais), édifiée par Siméon Garangeau ;

les anciennes chapelles aujourd'hui disparues : la chapelle Saint-Roch (elle dépendait du Sanitat), la chapelle du manoir espiscopal (elle joignait cette maison ; elle est mentionnées en 1621, mais devait être beaucoup plus ancienne. Sécularisée en 1792, elle a disparu depuis), la chapelle du Petit-Bé (elle se trouvait sur ce rocher appelé autrefois, dit l'abbé Manet, le Mont d'Olivet), la chapelle Saint-Antoine (elle existait jadis sur l'île Harbour. lorsque cette île fut fortifiée, on construisit dans le fort une nouvelle chapelle pour les besoins spirituels de la garnison), la chapelle de la Conchée (elle eut la même destination dans le fort établi sur l'île de ce nom. Sur les plans ms. de M. de Robien, ces chapelles des îles Harbour et de la Conchée figurent l'une et l'autre avec cette mention : « Chapelles desservies en temps de guerre ». On ne comptait autrefois pas moins de six chapelles dans l'île de Césambre ou Césembre : Saint-Brandan, qui seule subsiste ; — Saint-François, église conventuelle des Cordeliers d'abord, puis des Récollets ; — Saint-Sauveur, — Saint-Michel, — Saint-Joseph — et Notre-Dame de l'Isle. Ces dernières sont totalement ruinées ;

les chapelles mentionnées aussi par le Pouillé de Rennes (fin du XIXème siècle) : — la chapelle des Filles de la Charité fut bénite le 1er janvier 1837, sous l'invocation de la Sainte Vierge, par M. le curé Huchet. Plus tard ce sanctuaire fut réédifié et dédié au Sacré-Coeur. Le R. P. Etienne, supérieur général de la congrégation, en fit la bénédiction le 23 août 1865. — Notre-Dame du Rocher dépend de la Maison de retraite. — la chapelle de la prison est dédiée à la Sainte Vierge. — la chapelle du collège, bénite en 1859, est dédiée à l'Immaculée-Conception. — la chapelle de Tous-les-Saints était naguère affectée au service de l'OEuvre de la Jeunesse. — l'oratoire des Frères des Ecoles Chrétiennes est dédié à l'Immaculée-Conception. — l'oratoire des Filles de la Providence de Saint-Brieuc est dédié à la Sainte-Famille. — l'oratoire des Soeurs de l'Espérance est dédié à la Sainte Vierge ;

la croix de Mi-Grève (XVI-XVIIIème siècle). Sa base (XVIème siècle) en granit de la Colombière (près les Ebihens) est un simple tronc de pyramide qui porte sur l'une de ses faces, les armes de l'Insigne-Chapitre malouin : "d'azur au navire d'or aux voiles éployées de même", et sur l'autre les armes de la seigneurie du Plessis-Bertrand : "d'argent à l'aigle éployée de sable membrée et becquetée de gueules". La croix en granit de Chaussey est cylindrique. A moitié de sa hauteur, elle s'élargit en une moulure qui supporte deux écussons jadis gravés des mêmes armes que sa base, et entre lesquels vient comme s'emmancher la croix proprement dite (XVIIIème siècle). Le socle mesure 0m55 et la croix 1m45. A signaler qu'avant 1850, la croix de Mi-Grève se dressait sur les dunes, à quelque distance de son emplacement actuel. Lors de sa restauration et de sa réédification, on tourna vers le Nord, au lieu de l'Ouest, l'écusson du Chapitre, et vers le Sud, au lieu de l'Est, celui du Comté du Plessis-Bertrand ;

l'ancienne croix du Fief, qui disparut à la Révolution. La croix se dressait jadis, en dehors des murs et dans le port, sur un îlot de pierres brutes qui lui servait de piédestal. Elle était l'intersigne de la juridiction de la seigneurie commune de l'Evêque et du Chapitre de Saint-Malo. C'est au pied de cette croix, "que tous les trois mois, les gens de la prévôté ecclésiastique venaient avertir, à son de trompe, après le dernier coup de l'Angelus de midi, tous les tenanciers en rôture de l'évêque et du chapitre, d'avoir à payer leurs redevances sous les trois jours, si mieux n'aimaient voir leurs meubles vendus et leurs personnes emprisonnées, pour encourir le bannissement, non seulement de la ville, mais aussi de tout le territoire relevant de la juridiction ecclésiastique" (E. Herpin). C'est aussi à la croix du Fief que "le Mercredi-Saint de chaque année, le grand chanoine pénitencier, accompagné de son chapelain, de son enfant de choeur et de quatre massiers, se rendait, en habit de choeur, publier l'ordonnance qui prescrivait à tous les Juifs et païens, sous peine du hart et du fouet, de déguerpir avant le premier son de l'Angelus, avec défense de rentrer avant le mercredi de Pâques à midi" (E. Herpin) ;

l'ancien Christ de la Grand-Port, aujourd'hui disparu. En face de la Grand-Porte, dit M. Harvut, sur le Ravelin, était élevé, depuis 1565, un grand et magnifique Christ en bronze, qui disparut à la Révolution. En effet "le 21 mai 1656, on avait élevé, au-dessus des tours et en dehors de la Grand-Porte un Christ en bronze qui exista en ce lieu jusqu'au 25 février 1794, époque où, d'ordre du district, il fut envoyé à la fonderie du citoyen Duhamel, ingénieur de la marine. La date de son érection (1656) en lettres d'or était à ses pieds sans aucune inscription, sur une seule pierre qui fut enlevée en 1842, pour faire place aux travaux qui se faisaient alors en cette partie-là" (M. Maigné) ;

l'ancienne croix de l'Islet, aujourd'hui disparue. Avant qu'on y construisit le Fort Royal et même avant la construction de l'ancienne batterie, on voyait sur cette île, une tourelle, les fourches patibulaires à quatre piliers de la seigneurie malouine et "une petite croix de pierre devant laquelle venaient s'agenouiller les criminels avant de passer entre les mains du bourreau" ;

la croix du Sillon. Son érection remonte à l'année 1735, lorsque les fureurs de la mer, en 1733 et 1735, eurent obligé à reconstruire et à prolonger les murs de revêtement du Sillon. Elle est située à deux cents mètres de la Porte Saint-Vincent. Ce fut d'abord une simple croix de bois, que remplaça, en 1768, une croix de pierre. Celle-ci disparut à la Révolution. On l'a réédifiée en 1816. Monolithe octogonal de granit, de trois mètres de haut, elle se dresse sur une base carrée qui repose elle-même sur une sorte d'éperon triangulaire ;

la croix double du Sillon. Il s'agit d'une toute petite croix gravée en creux dans le parapet du Sillon, cent mètres plus loin que la croix de pierre. Longtemps le peuple a cru qu'elle marquait le lieu où Mgr des Laurents fut frappé de mort subite en 1785 ;

le calvaire de la Mission (Notre-Dame-Auxiliatrice - Rocabey). Il est érigé, sur le sillon, à un kilomètre environ de la Porte Saint-Vincent, à l'occasion d'une Mission, qui est donnée aux Malouins, au mois de février 1774. L'inauguration a lieu le 25 mars 1774 et la bénédiction est donnée par l'un des Grands Vicaires de l'Evêque de Saint-Brieuc. Il est détruit sous la Révolution et n'est relevé que sous la Restauration. A la fin d'une Mission, donnée à Saint-Malo, le 19 décembre 1817, on dresse, sur son emplacement une croix de bois peinte en vert, avec un Christ en bois. Le calvaire actuel (1854) est l'oeuvre du curé M. Huchet. Au sommet d'un monticule de 3m10 de hauteur, s'élève un stylobate haut de 2m25 dont le centre forme l'avant corps. Au-dessus, s'élèvent trois piédestaux de 1m75 qui supportent la croix et la statue de la Mère de Douleurs et de saint Jean. Les trois statues sont de métal. La croix est ornée de boules à ses extrémités, elle mesure 6m75. Ce qui donne au monument une hauteur totale de 13m55 au dessus du sol de la route. Une inscription se déroule sous la croix. L'inauguration du calvaire actuel a lieu le 9 mars 1855. En 1896, on dote le calvaire d'une clôture (mur bâti aux frais de la paroisse de Notre-Dame-Auxiliatrice, et grille édifiée aux frais de celle de Saint-Malo) ;

la croix de l'Espérance (1875), située au tournant du Chemin-Pavé. Il s'agit d'une simple croix octogonale, haute de 1m90. A sa base, se développent quelques moulures, puis une assise rectangulaire de 0m10, enfin un socle, de même forme de 0m60 qui repose sur un degré. On lit ces simples mots : "Espérance Jubilé 1875" ;

la croix du bourg de Rothéneuf (XIVème ou XVème siècle). Il s'agit d'une croix de pierre, qui semble être de granit de Kersanton. Ronde et mince, elle se termine, à la tête et au bras par des boules, au bas par une sorte de fleur stylisée, d'où la croix semble sortir. Le Christ, très moyen-âgeux, est couronné d'épines. Au dessus de lui, sur une tablette inclinée, le titre INRI. Elle est appliquée sur une croix en bois, plantée elle-même dans un socle de granit qui est un cube carré, orné, au bord de son sommet, d'une moulure en forme de talon et qui porte gravée la date : 25 octobre 1816. On raconte que cette croix fut, en effet, trouvée en 1816, dans un champ appelé "le Champ des Veuves" ou "le Champ des Brues", et situé à l'Ouest de la chapelle frairienne de Saint-Michel-des-Sablons. On remplaça ensuite ce vieux calvaire par un autre neuf. L'ancien se trouve aujourd'hui, au Sud du portail de l'église de la paroisse de Rothéneuf ;

la croix de la chapelle Saint-Michel de Rothéneuf (XVIIème siècle, semble-t-il). Elle est ronde. Sa hauteur est de 1,60 mètre et ses bras mesurent 0,30 mètre. Sa base, carrée près du sol et ornée de moulures, se mue en un tronc de pyramide haut de 0,50 mètre dont les quatre angles sont coupés en biseau léger, et portèrent jadis quatre têtes, dont seules subsistent celles du Nord-Est et du Sud-Est ;

le château (XV-XVIIIème siècle), édifié par les ducs de Bretagne. Ses parties les plus anciennes sont la courtine ouest (qui relie les tours La Générale et Quic-en-Groigne), la tour Carrée et le Petit ou Vieux Donjon qui dépendent de l'enceinte primitive de la ville de Saint-Malo. Le château est commencé en 1424 par le duc Jean V qui édifie le donjon central. Le duc François II édifie la tour La Générale (1474) et la duchesse Anne, sa fille, édifie la tour Quic-en-Groigne ou Guic-en-Groigne (1498-1501) sous la direction de Jehan Ligier venu de Nantes, avec l'assentiment du pape Alexandre VI. D'après un inventaire de l'artillerie de 1495, le château ne comprenait alors qu'une basse-cour située au-devant des anciens fossés de la ville vers le Sillon et la courtine reliant les tours occidentales. La construction se poursuit sous la direction des maîtres d'oeuvre Robert Mellet, en 1508, et Guichart, jusqu'en 1550-1560, par les deux tours orientales des Dames et des Moulins. En 1564, on élève le Cavalier des Champs-Vauvert. Les tours de la Grand'Porte sont reconstruites de 1582 à 1583. Un éperon est établi de 1598 à 1599 au pied de la tour Mouillée. La tour de la Cloche est reconstruite en 1652 et reçoit alors le nom de tour de Bidouane. Le duc de Chaulnes fait élever le bastion de la Hollande en 1674. Le Fort la Reine date de 1694 et a été exhaussé en 1758. La chapelle du Château se trouvait à droite de la porte d'entrée, entre la tour dite la Générale et le mur d'enceinte auquel ce sanctuaire est accolé. Elle était fondée et desservie en 1765 par le P. Raulin, et en 1790 par Jean Le Moal ; ce­lui-ci déclara que son revenu était alors de 264 livres. Elle a été sécularisée en 1794 (Pouillé de Rennes). Ce château est occupé par l'armée jusqu'en 1921 et durant la Seconde Guerre Mondiale ;

le château du Bos (1717), édifié à l'emplacement d'un ancien manoir du XVIème siècle ;

le château de la Chipaudière (1710-1720) ;

le château de la Briantais (XIXème siècle), édifié à l'emplacement d'un ancien manoir daté de 1666, propriété de la famille Picot en 1770. A partir de 1888, le nouveau château est la propriété de la famille La Chambre. Ce château est acquis par la ville en 1999 ;

l'ancienne caserne (XVII-XVIIIème siècle), située à l'intérieur du château et construite par Vauban ;

la maison de la duchesse Anne (XV-XVIème siècle), située au n° 2 de La Cour La Houssaye. Elle était encore appelée la Maison du Cheval Blanc. La duchesse Anne y aurait logé lorsqu'elle vint surveiller les travaux du Château. Catherine de Médicis l'aurait aussi habitée en 1570 ;

Saint-Malo : maison de la duchesse Anne.

le manoir de Limoëlou (XVIème siècle). Jacques Cartier y meurt le 1er septembre 1557 ;

l'ancien presbytère (1737), oeuvre de l'architecte Robert Verron et situé au n° 2 place Monseigneur-Juhel ;

la maison internationale des poètes et des écrivains (XVI-XVIIème siècle) ;

l'immeuble (1600) situé au n° 2, rue des Cordiers ;

l'immeuble (1615) situé au n° 2, rue des Grands-Degrés ;

l'immeuble (1641) situé au n° 9, rue des Petits-Degrés ;

l'immeuble (XVIIème siècle) situé au n° 2, rue Boursaint ;

l'immeuble (1719) situé au n° 10, rue de la Herse ;

le Grand Hôtel (1883) ;

l'hôtel ou Maison du Gouverneur (1620), situé au n° 19 rue de la Fosse et ancienne propriété de la famille le Gouverneur citée à Saint-Malo à partir de la fin du XVème siècle ;

l'hôtel de la Verderie (1637) ;

l'hôtel de la Gicquelais ou de la Giclais (1640), situé au n° 3 rue Chateaubriand. Il s'agit de la maison natale de Chateaubriand (4 septembre 1768) ;

le Petit Hôtel (1676), situé au n° 11 rue du Pélicot. La porte date de 1676 ;

l'hôtel André Désilles (XVIIème siècle), situé au n° 2, rue André Desilles. Les façades datent du premier tiers du XVIIème siècle. Cette demeure est probablement construite pour Jean Gravé de Launay (trésorier général des finances), peu après son mariage en 1628. Propriété de Jean Gravé (en 1636), Julien Eon (en 1669), Pierre Picot (en 1696). On y trouve un puits du XVIIème siècle ;

l'hôtel de la Bertaudière (XVIIème siècle) ;

l'hôtel (1673) situé au n° 10, cour de La Houssaye ;

l'hôtel du Pélican (1714) ;

l'hôtel Trublet de Nermont (1724) ;

l'hôtel du Vieux-Pélican (1723) ;

l'hôtel Banchereau (1725) ;

l'hôtel de Brevet (1725) ;

l'hôtel Baude (1727) ;

l'hôtel Breget (vers 1730), édifié par Olive Mallet ;

l'hôtel Buisson de la Vigne (XVIIIème siècle), édifié par Pierre Buisson ;

l'hôtel Beaugeard (XVIIIème siècle), situé au n° 1 de la rue Saint-Philippe. Ancienne propriété de Robert Surcouf (1773-1827) ;

l'hôtel d'Asfeld (1724), situé au n° 5 rue d'Asfeld. Il s'agit de l'ancien hôtel Magon de la Lande, édifié par Alain le Breton en 1724 pour l'armateur François Auguste Magon de La Lande. Propriété de la famille Nouail de la Villegilles (en 1787). Il sert de prison pour les femmes en 1793 ;

l'hôtel (1698), situé au n° 2 rue du Collège et construit pour le comte de La Haye de Plouër ;

l'hôtel des Postes, situé place des Frères Lamennais. Cet édifice est construit en 1928 par Yves Hémar ;

La Caisse d'Epargne, située place Brevet et construit en 1903 par Bénard ;

la Banque de France (1724), située au n° 7 rue d'Asfeld et construite, à l'origine, pour Joseph Michel Trublet de Nermont ;

l'ancienne prison (1710) ;

la maison (XVIIème siècle) située au n° 6, rue Robert-Surcouf ;

la maison (1674) située aux n° 83-85, rue Georges-Clémenceau ;

la maison (1686), située au n° 2, rue Jean XXIII ;

les maisons (XVIIIème siècle) situées aux n° 3-5, rue Saint-Philippe ;

la maison (XVIIIème siècle) située au n° 7, rue des Grands-Degrés ;

la maison (1727), située au n° 2 rue d'Asfeld et construite par l'architecte Michel Marion ;

les maisons (XVIIIème siècle) situées aux n° 7-8-9 rue d'Orléans. La maison n° 7 est édifiée par Jolly en 1737. La maison n° 8 est édifiée par Jean-Pierre Padet (entre 1725 et 1734). La maison n°9 est édifiée par Bossinot ;

la maison (1776) située au n° 6, rue de Chartres ;

les maisons (XVIIème siècle), situées aux n° 1 et 4 rue Mahé-de-la-Bourdonnais ;

les maisons (XVIIème siècle), situées aux n° 5, 9 et 11 rue de Châteaubriand ;

les maisons (XVIIème siècle), situées aux n° 4, 6 et 8 de la Cour La Houssaye ;

les maisons (XVIIème siècle), situées aux n° 3, 5 et 9 rue du Pélicot ;

la malouinière (1720) du Puits-Sauvage, édifiée à l'emplacement d'un ancien manoir du XVème siècle. Propriété de la famille Puits-Sauvage (XVIème siècle) et Marion (au XVIIIème siècle) ;

la malouinière de la Ballue (XVIIIème siècle) ;

l'ancien Hôtel de Ville (1862-1869), édifié par Hippolyte Béziers-la-Fosse. Le Palais Episcopal devint l'Hôtel de Ville en 1791 ;

A signaler aussi :

le mur gallo-romain (IVème siècle), situé à la corniche de la cité d'Alet ;

les petits-murs (XIIème siècle, XIV-XVème siècle) ;

l'ancien Hôtel-Dieu. Le terrain actuel de l'Hôtel-Dieu était occupé à l'origine par la Maison Commune et par le Sanitat. Après l'épidémie de peste de 1583, le Sanitat est transféré aux Talards et la Maison Commune à l'Abbaye Saint-Jean. On édifia aussi au Grand Talard, en 1583, une chapelle dédiée à Saint Roch et restaurée en 1697. Un hôtel-Dieu est construit sur l'emplacement de l'ancien Sanitat vers 1607-1612. Il reste peu de chose de cette construction qui a été en partie incendiée en 1700 et en 1745. Le Pouillé de Rennes précise qu'en 1252, Geoffroy, évêque de Saint-Malo, et le Chapitre de cette ville fondèrent un hôpital près de la chapelle Saint-Thomas, qui fut affectée au service spirituel des malades (nota : cette chapelle, dédiée à saint Thomas de Cantorbéry, ne devait pas être bien ancienne à cette époque, puisque son saint patron ne fut canonisé qu'en 1173). Ils construisirent cette « Maison-Dieu » en faveur des malades pauvres, des infirmes, des étrangers et des femmes en couches, et l'évêque donna pour subvenir aux besoins de l'hospice certaines dîmes en la paroisse de Broons et une rente annuelle de 10 mines de froment. L'année suivante, il fut convenu que l'évêque et le Chapitre placeraient un chanoine à Saint-Thomas pour y célébrer la messe et administrer la maison. Ce chanoine, appelé prieur de Saint-Thomas, dut rendre ses comptes tous les trois mois en présence de l'évêque, du doyen du Chapitre et de deux bourgeois choisis à cet effet (nota : Plus tard, en 1565, les habitants voulurent gouverner eux-mêmes leur Hôtel-Dieu et obtinrent un arrêt du Parlement confiant l'administration temporelle à deux bourgeois nommés par la Communauté de ville, et laissant l'administration spirituelle seulement au chanoine prieur). « L'Hôtel-Dieu demeura à Saint-Thomas pendant quatre cent cinquante-quatre ans. A la fin du XVIème siècle, on le trouva insuffisant, malgré de nombreux accroissements apportés en 1576 et les années suivantes » (M. Michel, Monographie de l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo, 28) ; aussi en 1579 songea-t-on à sa translation. On commença à cet égard des études qui n'aboutirent qu'en 1607. On choisit pour l'Hôtel-Dieu projeté l'emplacement qu'il occupe à la fin du XIXème siècle. A cette époque il était pris en partie par l'ancienne Maison de ville de Saint-Malo, qui fut donnée par Messieurs de la Communauté, par une maison de Santé qui fut transportée au Talard, et par un logis qui devint celui des Filles de la Passion. Ce fut en ce lieu qu'on construisit de nouveaux bâtiments, dont l'inauguration eut lieu en 1607. La chapelle en fut dédiée à Saint-Sauveur, et sa fête patronale fut fixée à la Transfiguration de Notre-Seigneur. Quant au vieux sanctuaire de Saint-Thomas, il subsista jusqu'en 1789, entretenu par l'Hôtel-Dieu ; il fut même remis presqu'à neuf en 1652 et 1676. Très-fréquenté par les marins, il était rempli d'ex-voto, et en 1755 on y érigea une congrégation d'hommes. Nous avons vu précédemment que le Chapitre s'y rendait processionnellement dans les circonstances solennelles. Cette chapelle perdit sa destination religieuse à l'époque de la Révolution et elle vient d'être rasée. Dès 1734, la chapelle Saint-Sauveur menaça ruine et fut mise en interdit ; on s'occupa alors d'en construire une nouvelle sur le même emplacement, et la première pierre en fut posée solennellement le 1er septembre 1738. Cinq ans plus tard, M. Nouail, vicaire général, fit la bénédiction de l'édifice le 19 octobre 1743. Cette église, qui existe encore, « a son portail sur la rue Saint-Sauveur et une autre porte sur la cour de l'hôpital. Elle a 101 pieds de long sur 34 de large. Sa voûte est à une hauteur de 50 pieds au-dessus du sol. Elle est éclairée à vingt-deux vitraux. Les chapelles sont au nombre de six. Le choeur est pavé de marbre et contient trente-deux stalles. Il existe une tribune au-dessus du portail et deux tribunes dans les tours. Un caveau a été creusé sous le choeur et sous une partie de la nef » (Monographie de l'Hôtel-Dieu, 120). Vers 1687, la Communauté de ville appela les Hospitalières de Saint-Thomas de Villeneuve pour soigner les malades de l'Hôtel-Dieu ; ces religieuses y sont demeurées depuis, sauf lorsque la Révolution les en chassa en 1794 ; mais elles reprirent leur service dès 1795. Nous ne pouvons raconter ici l'histoire de l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo, qui nous entraînerait trop loin, mais nous renvoyons volontiers nos lecteurs à l'intéressante Monographie que lui a consacrée M. le président Michel. Disons seulement en terminant que le prieur de Saint-Thomas avait sous sa dépendance un ou plusieurs chapelains pour le service spirituel de l'Hôtel-Dieu. Les familles distinguées de Saint-Malo, telles que les Le Fer, Le Gouverneur, Magon, Mellet, de la Fresnaye, de l'Isle, Jazier de la Garde, Nouail, etc., se firent honneur de compter parmi leurs membres des prieurs de Saint-Thomas ; le dernier d'entre eux fut l'archidiacre Jacques Meslé de Grandclos. Enfin, à l'approche de la Révolution, les administrateurs de l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo déclarèrent en 1790 que les rentes de cette maison étaient de 12.118 livres 4 sols 7 deniers, avec 6.112 livres 7 sols 5 deniers de charges, ce qui donnait un revenu net de 6.005 livres 17 sols 2 deniers (Pouillé de Rennes) ;

l'ancien Hôpital-Général. En septembre 1680, Louis XIV donna des lettres patentes pour l'établissement d'un Hôpital-Général à Saint-Malo. Comme il n'y avait pas de local disponible dans l'enceinte des murs, la Communauté de ville acheta en Saint-Servan la propriété du Grand-Val et y fit construire un hospice en 1685 mais l'église, dédiée à saint Yves et commencée en 1713, ne fut terminée qu'en 1724 (nota : le Grand-Val se trouvant en la seigneurie de Châteauneuf, le marquis de ce nom prétendait en 1760 avoir les droits de seigneur fondateur à l'Hôpital-Général. Le curé de Saint-Malo se réserva aussi et se réserve encore à la fin du XIXème siècle la juridiction spirituelle sur cet établissement, quoiqu'il soit situé sur le territoire de Saint-Servan). Dès l'origine de l'Hôpital-Général les Hospitalières de Saint-Thomas de Villeneuve furent appelées pour soigner les pauvres qu'on y recueillit et elles le font encore. La direction de cette nouvelle maison fut confiée à un bureau composé de l'évêque, d'un député du Chapitre, du sénéchal et du connétable de Saint-Malo, du recteur de cette ville et de douze bourgeois élus par la Communauté. Défense expresse fut faite de mendier désormais en Saint-Malo, Saint-Servan et Paramé. Par ses lettres patentes, le roi accorda à l'Hôpital-Général le droit exclusif de débiter de la viande pendant le carême ; il lui donna, de plus, la jouissance de toutes les aumônes auxquelles étaient tenus le Chapitre et les abbayes ou prieurés du lieu, ainsi que la moitié des amendes de police et plusieurs autres avantages (Abbé Manet, Grandes recherches ms. - Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, C, 1269). En 1790, l'Hôpital-Général déclara posséder 14.123 livres 13 sols 9 deniers net de toutes charges. Le revenu brut était de 15.779 livres 17 sols 5 deniers, mais les charges montaient à 1.656 livres 3 sols 8 deniers (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). L'Hôpital-Général de Saint-Malo n'offre rien de bien intéressant ; l'église, fort grande, est un édifice régulier, mais du style froid et effacé du XVIIIème siècle (Pouillé de Rennes) ;

l'ancien Sanitat du Talard. Nous venons de voir qu'une maison de santé ou sanitat existait jadis à Saint-Malo, là même où se trouve aujourd'hui l'Hôtel-Dieu. Ce sanitat, encombré par les pestiférés en 1583, fut transporté hors des murs, dans les solitudes de la grève du Talard. On construisit en ce lieu un hospice « consistant en une grande cour avec fontaine et lavoir et plusieurs corps de logix construits autour de cette cour, et à l'Orient une petite chapelle dédiée à saint Roch ». Le Chapitre donna le terrain nécessaire, c'est-à-dire un journal en 1583 et un second journal en 1585, n'exigeant qu'une rente de 5 sols « en signe de sujétion ». Les bâtiments furent élevés par la Communauté de ville et au moyen de quêtes. Mais en 1707 l'Hôpital-Général consentit à se charger des malades soignés au Talard moyennant une indemnité de 2.000 livres. La chapelle Saint-Roch avait été cependant restaurée en 1697 et bénite de nouveau le 15 avril de cette année-là par messire François Loquet, en présence d'un grand nombre de personnes, parmi lesquelles se trouvait M. Aumaistre, maire de Saint-Malo (Abbé Manet, Grandes recherches ms.). De même que le Sanitat, la chapelle Saint-Roch n'existe plus depuis longtemps (Pouillé de Rennes) ;

l'ancienne préceptorerie et le collège. D'après l'abbé Manet, la première école de Saint-Malo fut l'oeuvre de saint Jean-de-la-Grille en 1162. Ce grand évêque ayant appelé des chanoines réguliers pour desservir sa nouvelle cathédrale, leur confia le soin, dans leur cloître même, d'une école publique ou « pédagogie », comme on disait alors. Nous savons peu de chose de cet établissement scolaire, qui est signalé comme existant encore en 1350 par M. Buisson dans son Dictionnaire de Pédagogie (p. 279). Plus tard, en 1561, Charles IX régla, par ordonnance royale, qu'à l'avenir le revenu d'une prébende de la cathédrale de Saint-Malo serait affecté au traitement du précepteur chargé d'instruire gratuitement les enfants de cette ville. En conséquence, le canonicat de Laurent du Bouays étant venu à vaquer en 1565 par la mort du titulaire, les revenus en furent consacrés à perpétuité à l'entretien de la préceptorerie de la ville. Cette nouvelle école dut avoir trois classes : l'une pour l'étude de la langue latine, l'autre pour l'écriture et les mathématiques, et la troisième pour apprendre à lire aux petits enfants. Le précepteur fut soumis à l'élection de l'évêque, du Chapitre et de la Communauté de ville réunis en la salle capitulaire ; il fut tenu d'avoir à ses frais deux sous-maîtres. Le 4 novembre 1566, l'évêque François Bohier étant absent, ses vicaires généraux, le Chapitre et les principaux bourgeois de Saint-Malo se réunirent et élurent précepteur Jean de Léon, prêtre, « pour instruire gratuitement et sans salaire les jeunes enfants de Saint-Malo, aux profils et émoluments des fruits d'une prébende en l'église dudit Saint-Malo, vacante par le décès de Laurent du Bouays, et destinable audit de Léon » (Registre des insinuations ecclésiastiques du diocèse de Saint-Malo). Ce premier précepteur fut remplacé le 3 octobre 1578 par Jean Couvert, élu « pour instruire gratuitement et sans faillance les jeunes enfants de cette ville de Saint-Malo, de l'enclos d'icelle et non d'ailleurs ». Comme à cette époque le protestantisme essayait de s'implanter en Bretagne, les Malouins firent prêter serment au nouveau précepteur « de bien, duement, soigneusement et diligemment instruire et enseigner les jeunes enfants de ceste ville ès bonnes lettres, moeurs, vertus et religion catholique, apostolique et romaine, et de ne lire ni souffrir estre lus en son escole doctrine ny livres qui sont censurés » (Registre des insinuations ecclésiastiques du diocèse de Saint-Malo). En 1611 arrivèrent à Saint-Malo des Bénédictins anglais conduits par un homme supérieur, Guillaume de Gifford, qui ne tarda pas à gagner toute la confiance de l'évêque, Mgr Le Gouverneur. L'établissement de ces religieux dans l'enceinte même de la ville et la juste renommée de savoir et de piété qui les accompagnait engagèrent les Malouins à leur confier l'école qu'ils possédaient. Le Bénédictin D. Jean Barmez fut donc élu précepteur ; il fut plus tard remplacé par les Pères D. Boniface de Monsavat, D. Romain Grossier (1629) et D. Bède Forster (1655). Malheureusement pour l'école de Saint-Malo, les Bénédictins anglais s'agrégèrent dès 1638 à la congrégation française des Bénédictins de Saint-Maur ; puis ils cédèrent peu à peu la place à ces derniers, qui finirent par occuper seuls le nouveau monastère malouin, dont ils prirent possession en 1669. D. Forster retourna en Angleterre, et les Bénédictins de Saint-Maur refusèrent formellement de se charger de la préceptorerie ; de sorte qu'il fallut songer à relever l'enseignement interrompu à Saint-Malo par ce changement. A cet effet, Mgr de Villemontée, le Chapitre et la Communauté de ville se réunirent et résolurent de nommer un précepteur séculier jouissant des revenus d'une prébende. Ils divisèrent à cette occasion ces revenus en trois portions : « La première et plus considérable pour le principal précepteur, lequel recevrait le total de ladite prébende et serait tenu d'en payer deux portions (chacune de 120 livres par an) à ses deux assistants, nommés comme lui par les co-seigneurs (c'est-à-dire l'évêque et le Chapitre) et gens de Saint-Malo, l'un pour apprendre à lire à la jeunesse, l'autre à écrire, lire l'écriture de main et les mathématiques » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Saint-Malo). Il fut aussi convenu que le précepteur enseignerait lui-même la langue latine et ferait tous les samedis, après midi, un catéchisme auquel devraient assister tous les écoliers des trois classes. L'ancien règlement fut, au reste, conservé : les classes durent se faire tous les jours, excepté les dimanches, jours de fêtes chômées et jeudis, de huit à dix heures et demie du matin et de deux à quatre heures et demie du soir ; « pendant lesquels exercices les trois précepteurs ne peuvent être divertis de leurs fonctions par aucun sujet, pas même sous prétexte d'assister aux enterrements ». Comme la préceptorerie de Saint-Malo était essentiellement religieuse, il fut encore réglé que « lesdits exercices commenceraient par l'invocation du Saint-Esprit, et que les escoliers seraient tenus assister à la messe avant l'ouverture des classes » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Saint-Malo). L'école rétablie de cette façon, Jacob Lagoux, prêtre et promoteur de l'officialité diocésaine, fut nommé précepteur le 16 septembre 1669 ; il eut pour sous-maîtres deux autres prêtres, Guillaume Mesnage et Jacques Dudouet. Après la mort de M. Lagoux, décédé en 1698, vinrent les précepteurs François Chanteau, Jean Chardevel (en 1707) et Jean Cottard (en 1711), tous prêtres. Sur les entrefaites, un arrêt du Conseil d'Etat, en date du 4 octobre 1727, décida que « le précepteur de Saint-Malo jouirait de tous les fruits de son bénéfice, comme les chanoines de la cathédrale, sans être tenu à l'assistance du choeur ; que, s'il était dans les Ordres sacrés, il porterait à l'église le costume des chanoines, tout en marchant après eux ; qu'enfin, il serait destituable pour atteinte aux moeurs ou négligence grave ». François Guichard, prêtre, élu précepteur le 11 avril 1738, fut remplacé en 1763 par Pierre Rousselin du Rocher, qui résigna en 1769 et eut pour successeur Pierre Engerand, dernier précepteur de Saint-Malo. Dès 1590, la ville de Saint-Malo avait donné à son précepteur une maison d'assez pauvre apparence, semble-t-il, qu'elle releva en 1620. Cette habitation renfermait, entre autres appartements, trois salles : une à l'étage supérieur pour l'enseignement du latin, et deux au rez-de-chaussée pour les classes inférieures ; l'agrandissement de l'enceinte de Saint-Malo, en 1737, fit disparaître cette première maison préceptorale. Des difficultés surgirent à cette occasion et obligèrent le précepteur de Saint-Malo à louer des appartements pour y faire ses classes. Mais en 1784 la générosité du Chapitre permit la construction d'une nouvelle maison d'école. Le chanoine Antoine de Monnoye étant venu à mourir, sa maison prébendale fut donnée à M. de Carheil de Launay, aussi chanoine. Cette maison était située « rue du Gras-Mollet, au joignant de la rue Saint-Aaron » ; elle plut au précepteur d'alors, Pierre Engerand, qui la demanda à M. de Carheil ; celui-ci l'accorda d'autant plus facilement qu'un autre chanoine de Saint-Malo, Nicolas du Resnel de Bolconte, habitant ordinairement Rouen, lui offrit sa propre maison prébendale de Saint-Malo s'il cédait la sienne au précepteur (Registre des insinuations ecclésiastiques du diocèse de Saint-Malo). L'évêque, Mgr des Laurents, approuva de grand coeur ces arrangements le 9 juin 1784. Selon l'abbé Manet, qui vivait à cette époque, la maison prébendale affectée à la tenue de l'école de Saint-Malo fut alors reconstruite dans la rue Saint-Aaron, et sur sa porte furent placés les trois écussons de l'évêque, du Chapitre et de la ville. La préceptorerie devint en même temps un vrai collège, comprenant toutes les classes jusqu'à la rhétorique inclusivement. La Révolution détruisit cette institution, mais le vénérable M. Engerand survécut à la tempête, et c'est à lui qu'est due en partie la fondation du collège de Saint-Malo. En effet, lorsque la Révolution eut cessé ses ravages, ce savant et saint prêtre essaya d'ouvrir de nouveau une école ecclésiastique à Saint-Malo. « Cette institution, fondée en 1802, fut tout à la fois collège, Petit-Séminaire et Grand-Séminaire, puisqu'on y enseignait même la théologie. La tempête révolutionnaire avait tout emporté. La jeunesse française presque tout entière avait été appelée sous les armes. Les collèges étaient devenus déserts, les Séminaires avaient disparu. Le clergé persécuté avait vu ses rangs s'éclaircir. Le collège de Saint-Malo fut une de ces institutions appelées à régénérer la France, en ressuscitant, en faisant comme renaître de ses cendres un clergé que ses ennemis croyaient anéantit » (Abbé Dinard, Vie de M. Bachelot, 26). Autour du principal, M. Engerand, se groupèrent des professeurs distingués tels que MM. Jean-Marie de la Mennais et Vielle. Ce dernier, — après la mort de M. Engerand, arrivée dès 1805, — fut mis à la tête de la maison et eut aussi d'excellents collaborateurs dans MM. Hay, de Léhen, Bachelot, Levêque, etc. En 1808 cet établissement acquit, moyennant une modique rente viagère, de M. Le Fer de Beauvais, un bel hôtel situé près la chapelle de Saint-Aaron (nota : François Le Fer, sieur de Beauvais, avait acheté cet hôtel en 1714 de Joseph de la Haye, seigneur de Plouër) ; c'est encore à la fin du XIXème siècle le corps-de-logis principal du collège de Saint-Malo. L'école ecclésiastique de Saint-Malo fut supprimée en 1812, par suite des rigueurs de l'Université. Jean-Marie de la Mennais en était alors supérieur depuis quelques années. Il résista tant qu'il put aux ordres tyranniques du gouvernement impérial. Obligé de céder et voyant son institution changée en un collège municipal, il réussit au moins à faire nommer directeur de cette maison un homme dont il connaissait la foi et les bons principes, M. Querret. Ce dernier tint le collège de Saint-Malo depuis 1812 jusqu'en 1823 ; à cette dernière époque il y fut remplacé par l'abbé François Manet, savant auteur de plusieurs ouvrages historiques sur la Bretagne. Mais cet établissement perdit ensuite peu à peu son importance, et il était presque réduit à néant quand la ville de Saint-Malo eut la bonne pensée d'en confier la direction, en 1849, à l'évêque de Rennes. Mgr Saint-Marc s'empressa aussitôt d'y envoyer des Prêtres de l'Immaculée-Conception, ayant à leur tête le P. Le Mené. A partir de cette époque, le principal du collège de Saint-Malo appartient à cette congrégation, qui en a fait une des meilleures institutions scolaires du diocèse de Rennes. La chapelle de ce collège n'offre aucun intérêt ; bâtie en 1858 par la ville, dont elle est la propriété, et dédiée à l'Immaculée-Conception, elle a été bénite par Mgr Saint-Marc en 1859 (Pouillé de Rennes) ;

l'ancienne école tenue par les Frères. En 1744, Jean-Baptiste Goret de la Tandourie et Mlle Le Goff projetèrent d'installer à Saint-Malo une école charitable tenue par les Frères de Saint-Yon, et firent une fondation de 300 livres de rente en leur faveur. Sur la requête que lui présenta à ce sujet Servan Thumbrel, grand-curé de Saint-Malo, l'évêque, Mgr de la Bastie, s'empressa d'approuver cette fondation le 24 juin 1745. Dès la fin de cette année-là arrivèrent à Saint-Malo deux Frères, qui commencèrent leurs classes le 2 janvier 1746. Ils s'établirent dans une maison située proche le Grand-Placitre. Ils étaient au nombre de trois en 1790, et ils déclarèrent à cette époque avoir 916 livres de rente et 138 livres de charges, ce qui ne leur donnait que 778 livres pour tenir leur école et vivre, car ils faisaient gratuitement toutes leurs classes. La Révolution ferma cet établissement scolaire le 5 janvier 1793 et chassa de Saint-Malo, le 19 du même mois, ces Frères, vrais amis du peuple, « à cause de leur conduite incivique » (Abbé Manet, Grandes recherches ms. sur Saint-Malo). Après la Révolution, la ville de Saint-Malo fut l'une des premières à rappeler les Frères des Ecoles Chrétiennes, dont elle gardait bon souvenir. Aussitôt que Napoléon Ier eut rendu le décret du 17 mars 1808 qui consacrait l'existence légale de leur Institut, le maire de Saint-Malo, M. Aug. Thomas, demanda trois Frères ; mais le supérieur général, accablé de semblables requêtes, eut le regret de ne pouvoir les lui envoyer. Ce ne fut que quatorze ans plus tard, le 21 mai 1822, que l'établissement projeté fut ouvert, grâce à un legs de 696 fr. de rente fait en 1810 par Mlle Auffray de la Gâtinais, et grâce surtout aux instances des principaux habitants de Saint-Malo, tels que M. de Bizien, maire de cette ville, l'abbé Félicité Robert de la Mennais, M. de Châteaubriand, l'illustre auteur du Génie du Christianisme, Robert Surcouf, le célèbre corsaire, et Mgr de Pressigny, alors archevêque de Besançon, jadis évêque de Saint-Malo. La nouvelle école, divisée en trois classes, compta dès le début plus de deux cents élèves ; mais il fallut bientôt doubler le personnel des maîtres et multiplier les classes. A la fin du XIXème siècle, les Frères sont à Saint-Malo au nombre de seize ; ils y dirigent dix classes élémentaires, une école supérieure et des cours du soir pour les adultes (Pouillé de Rennes) ;

Voir   Ville de Saint-Malo (Bretagne) " Frère Maurice Martinet (1750-1794), natif de Mézières (Ardennes) et guillotiné à Rennes en 1794".

les anciennes écoles tenues par les religieuses. A. Maison des Ursulines. — Les Ursulines s'établirent à Saint-Malo en 1622 et y fondèrent un pensionnat et une école pour les jeunes filles de cette ville. B. Maison de la Passion. — Cet établissement, tenu par des soeurs, offre un intérêt tout particulier comme école de pauvres, aussi entrerons-nous dans quelques détails à son sujet. Ce fut en 1623 qu'un charitable et pieux bourgeois malouin, Jean Salmon, sieur des Chesnayes, fonda, de concert avec sa femme, une école charitable pour les petites indigentes de Saint-Malo. Quelques membres d'autres familles de cette ville, les Magon, les Goret et les des Bas-Sablons voulurent aussi participer à cette bonne oeuvre et méritèrent d'être placés au nombre des principaux bienfaiteurs de l'école (M. Michel, Monographie de l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo, p. 29). Le Bureau de l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo se chargeant de l'administration des biens du nouvel établissement, la maison d'école fut construite dans l'enceinte même de l'hôpital Saint-Sauveur. Du reste, cette fondation n'eut jamais de grosses rentes ; elle avait de quoi subvenir aux besoins de l'école et des institutrices, mais c'était tout. En 1790, la déclaration de ses revenus nets fut de 3.191 livres 19 sols 1 denier (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). Pour instruire les pauvres petites admises à cette école, on choisit de bonnes filles dévotes et d'âge mûr qui se mirent tout particulièrement sous la protection de Notre-Seigneur souffrant pour les hommes ; aussi les appela-t-on Filles de la Passion. Nous avons retrouvé un exemplaire manuscrit et original des règles de ces pieuses maîtresses des pauvres (nota : ce manuscrit est approuvé et signé propria manu par Mgr des Maretz, évêque de Saint-Malo de 1702 à 1739) ; à l'aide de cet intéressant document nous allons voir ce qu'étaient ces institutrices vraiment chrétiennes et comment elles tenaient les classes qui leur étaient confiées. Remarquons tout d'abord que les Filles de la Passion n'étaient pas des religieuses proprement dites : « Elles ne font aucun voeu et ne s'engagent dans aucune confrérie, tiers-ordre ou autre pratique de dévotion dont elles ne pourraient s'acquitter à cause des continuelles occupations de leur état » (Règlement ms. précité). Toutefois, il fallait bien une règle à ces bonnes filles ; voici donc quelques détails sur leur costume, les qualités qu'on réclamait d'elles et leur manière de vivre : « Leurs coiffures et leurs habits doivent être uniformes, simples, modestes, convenables à leur état de servantes des pauvres : elles n'useront ni de soie, ni de dentelles, ni de toile, ni d'étoffes fines et peintes. Lorsqu'il vaquera quelque place dans la maison, soit par mort ou autrement, la soeur en chef sera la première à se donner tous les soins pour trouver une fille capable de remplir cette place : une fille qui ait de la piété et de la douceur, de la force et de la santé, un âge mûr, l'esprit solide, qui soit sociable et docile, qui sache bien lire, et qui soit dans la résolution de renoncer pour toujours au monde et au mariage. Ensuite elle la présentera aux supérieurs pour être admise dans la maison ; et après un certain temps d'épreuve de sa vocation, dont les soeurs rendront témoignage, le Bureau la recevra et inscrira son nom sur le registre des délibérations » (Règlement ms. précité). Les Soeurs de la Passion se levaient chaque jour à cinq heures, faisaient leur prière en commun avec une demi-heure d'oraison mentale, entendaient ensuite la sainte messe et commençaient leurs classes à huit heures ; elles dînaient à onze heures, après avoir fait un examen particulier, recommençaient leurs classes à une heure après midi, se réunissaient ensuite pour une lecture spirituelle et soupaient à six heures ; pendant les repas, l'une d'elles lisait toujours quelques livres de piété. Elles n'avaient qu'un quart-d'heure de récréation après dîner et une demi-heure après souper, et devaient employer à travailler pour les pauvres tout le temps libre entre les classes et les exercices de piété. A huit heures et demie elles récitaient leur chapelet et leur prière en commun, et préparaient par une sainte lecture leur méditation du lendemain ; enfin, elles se couchaient à neuf heures et demie et observaient un grand silence jusqu'après la prière du matin (Règlement ms. précité). Voilà quelle était la règle de vie observée par les Filles de la Passion ; voyons maintenant comment elles tenaient leur école. Elles devaient « s'occuper uniquement de l'instruction des enfants pendant cinq heures par jour, savoir depuis huit heures du matin jusqu'à dix heures et demie, et depuis une heure après midi jusqu'à trois heures et demie ». Elles réunissaient toutefois les enfants dès sept heures du matin, afin de pouvoir les conduire à la messe en l'église de Saint-Sauveur et leur donner à déjeuner avant la classe. En effet, non-seulement l'école des filles pauvres de Saint-Malo était gratuite : « les soeurs n'exigeront et ne recevront rien des enfants ni de leurs parents sous quelque prétexte que ce soit », mais on nourrissait encore en partie les écolières ; la messe dite et les enfants rentrées à la maison, une soeur faisait dire la prière du matin par deux petites filles et donnait ensuite « à déjeuner à tous les enfants ». L'après-midi, avant de renvoyer les mêmes écolières, une soeur donnait un morceau de pain à chacune d'elles pour son goûter [nota : « Après la classe du soir on fera dire aux enfants en commun la prière du soir, on leur donnera du pain et on les renverra chez leurs parents » (Règlement me. précité)]. Mais comment était faite la classe? C'est maintenant ce que nous allons voir : « A huit heures, les soeurs commenceront à dire aux enfants leurs leçons ; à neuf heures on fera lecture de dix ou douze versets du Nouveau-Testament, et les enfants en diront leurs remarques ». Tous les mercredis et vendredis « une soeur fera le catéchisme à tous les enfants depuis dix heures jusqu'à onze, et au jeudi toutes les soeurs feront dire la prière à chacune de leurs écolières pendant toute la matinée ». Enfin, « tous les jours, à la fin des classes, on dira des prières particulières pour les fondateurs et bienfaiteurs de la maison ». Mais ce n'était pas assez d'instruire et de nourrir ces petites indigentes, il fallait encore leur apprendre à travailler pour qu'elles pussent gagner leur vie. Aussi fut-il réglé que « la soeur en chef fera travailler les enfants aux chaussettes, leur donnera les aiguilles et le fil, après l'avoir pesé, ramassera l'ouvrage, en paiera la façon, vendra les chaussettes et en tiendra un fidèle compte au Bureau » (Règlement ms. précité). Les enfants pauvres de Saint-Malo étaient élevées, comme l'on voit, par les Filles de la Passion dans l'amour de Dieu et du prochain et dans la pratique du travail intellectuel et manuel. Chaque petite fille était reçue pendant trois ans à cette école [nota : l'école n'avait chaque année que quinze jours de vacances : « Les soeurs auront quinze jours de vacance par an dans le mois de septembre, pendant lesquels elles ne tiendront point l'école ; mais elles n'y seront point exemptes de leurs autres devoirs » (Règlement ms. précité)] ; au bout de ce temps elle était habillée des pieds à la tête par la maison, et, suffisamment instruite, elle pouvait dès lors gagner honorablement sa vie. Pendant près de deux siècles les bonnes Soeurs de la Passion instruisirent ainsi les indigentes malouines, ce qui ne préserva pas ces saintes filles d'être jetées en prison en 1793 ; emportées par la tourmente révolutionnaire, elles disparurent complètement alors. Leur local, annexé à l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo, en dépend encore à la fin du XIXème siècle ; il sert alors de demeure aux Dames Hospitalières de Saint-Thomas de Villeneuve qui desservent cet établissement (M. Michel, Monographie de l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo, p. 29 ; Pouillé de Rennes) ;

le minihy de Saint-Malo était de beaucoup le plus important de tous les lieux d'asile de Haute-Bretagne ;

la tour Solidor (XIVème siècle), édifiée par le duc Jean IV de Bretagne entre 1364 et 1382. Solidor, composée de trois tours juxtaposées et ornées de mâchicoulis, abrite aujourd'hui le musée des Cap-Horniers. La toiture a été ajoutée lors de la restauration de 1884 ;

Saint-Malo : tour Solidor.

la tour Notre-Dame (XIVème siècle), surnommée tour du Bez ou Beys en 1495. Cette tour est percée en 1884 de la porte des Beys. Elle doit le nom de Notre-Dame à la chapelle Notre-Dame de Grande Puissance. La tour était aussi appelée la Decouvrance ;

la cale et l'embarcadère (XVIIème siècle) ;

Voir aussi   Saint-Malo "Les améliorations du port de Saint-Malo, sutout au XVIIIème siècle

le fort du Petit-Bé (XVII-XVIIIème siècle), situé sur l'îlot du Patit-Bé. Commencé en 1690 sur l'emplacement d'un fortin ;

le fort National ou Royal (XVII-XVIIIème siècle-1849), situé sur l'îlot l'Islet. Ce fort est construit de 1690 à 1743 sur les plans de Vauban et de Siméon Garangeau. Le mur de fusillade qui l'entoure partiellement ne date que de 1849 ;

l'échauguette du cavalier des Champs-Vauvert (1654) ;

la porte en bois sculpté (1652), située au n° 2, rue Mahé-de-la-Bourdonnais ;

le portail (fin du XVIIème - début du XVIIIème siècle), situé au n° 7, rue Mahé-de-la-Bourdonnais ;

le portail (XVIIIème siècle) situé au n° 2, rue Saint-Vincent ;

le portail (1710), situé au n° 2 rue de la Victoire. Il s'agit des restes déplacés et remontés du cloître du monastère des Bénédictines et ancienne chapelle Notre-Dame de la Victoire (1622) ;

le portail (XVIIIème siècle) situé au n° 8, rue Saint-Benoit ;

la porte (1670) située au n° 4, rue Chateaubriand ;

la porte de Dinan (1718). Cette porte remplace l'ancienne poterne Brevet. Elle est d'abord appelée Porte de la Marine ou Porte de la Mer ou Porte de l'Evêque. Elle est surnommée en 1794 la Porte de l'Egalité. Elle possédait en 1840 des douves et un pont-levis démolis de 1869 à 1871 ;

la porte Saint-Thomas (1737-1740). Il y eut successivement trois portes Saint-Thomas : la première (XIIème siècle) est l'entrée actuelle du Château, la seconde (1500) se trouvait entre la tour Quic-en-Groigne et le café Continental, la troisième (1737) est au nord de la même tour. Cette dernière reçut en 1794 le nom de Porte de la Montagne. Elle est dotée en 1848 de douves et d'un pont-levis qui ont été supprimés en 1869-1871 ;

la porte Saint-Pierre, ouverte en 1871 ;

la porte de Bon-Secours est ouverte en 1775, puis supprimée en 1871. Elle est encore surnommée en 1794, la porte de la Surveillance ;

la porte des Champ-Vauvert, ouverte en 1879 ;

la porte Saint-Louis, ouverte en 1874 ;

le bastion du Fort La Reine ou du Cheval-Blanc (1694 et 1759) ;

la grande batterie Saint-Vincent (1708-1709) ;

la porte Saint-Vincent (1709-1890). Cette porte a remplacé la poterne de la Croix du Fief ou de la Blâtrerie. L'arcade située au nord est édifiée en 1709. L'arcade située au Sud date de 1890. Les armes de l'Empire y sont placées en 1807 et disparaissent en 1814. En 1717, la porte Saint-Vincent remplace la porte Saint-Thomas comme principale entrée de la ville de Saint-Malo. Elle reçoit en 1794 le nom de porte des Sans-Culottes. La porte Saint-Vincent possédait jadis un pont-levis et des douves supprimés de 1869 à 1871 ;

Ville de Saint-Malo.

le bastion Saint-Philippe (1715-1718). Ce bastion porte le nom de Philippe d'Orléans. Il est d'abord appelé Bastion Saint-Michel , puis en 1794 Bastion de la Vaillance ou de la République ;

la tour Bidouane (XVème siècle-1652), encore surnommée la tour des Champs-Auvert. Elle est édifiée en partie en 1652. Ses merlons sont supprimés en 1749. La tour de Bidouane remplace la tour des Cloches qui servait comme elle de poudrière : elle a cessé d'être affectée à cet usage en 1889. De la tour Bidouane au fort de Reine, le mur d'enceinte date de 1855 à 1864 ;

la Grande-Porte (XVème siècle), restaurée aux XVIème et XVIIIème siècles. Cette porte semble datée du XVème siècle et a été reconstruite de 1582 à 1583 par les frères Desnos. Elle est surnommée en 1794 Porte de la Liberté. Une poterne, percée dans la tour nord, est datée de 1808. On établi en 1585 au-dessus de la porte un corps de garde qui est remplacé vers 1590 par un beffroi carré. On édifie devant la cale, en 1598, un éperon qui est transformé en 1644 en un ravelin ou demi-lune. Le ravelin est démoli vers 1840. Les pont-levis et les douves sont supprimés en 1869 ;

Saint-Malo : la grande porte.

le fort de la cité d'Alet ou Aleth (1759-1761), modernisé en 1942 par l'organisation Todt dans le cadre des fortifications du mur de l'Atlantique. On y trouve aujourd'hui un Mémorial 1939-1945 ;

le Grand Donjon ou Donjon Central (1424). Il a été édifié en 1424 par le duc Jean V et l'architecte Jean Prévin, avec le consentement du pape, malgré les protestations de l'évêque Guillaume de Montfort et du peuple le 29 mai 1424. Il a 40 mètres de hauteur et présente un rez-de-chaussée et trois étages avec une seule salle par étage. Cette tour est l'actuel Grand-Donjon d'un nouveau château que le duc François II obtient d'édifier par bulle du 1er mai 1475 après s'être plaint au pape Sixte IV de l'infidélité des habitants. Le donjon sert de lieu de détention pour les prisonniers politiques au XVIIème et au XVIIIème siècles ;

la courtine de Chartres (1721-1723) ;

la courtine Saint-Thomas (1737-1744) ;

la courtine du Château-Gaillard (1855-1864) ;

le tombeau de Chateaubriand (1848), situé sur l'îlot du Grand-Bé ou Grand-Bey. Châteaubriand est inhumé au Grand Bey le 18 juillet 1848 près de l'emplacement de l'ancienne chapelle de Saint Ouen. C'est, semble-t-il, au Grand Bey que prit naissance la première commune de Saint-Malo. Une assemblée du peuple s'y réunit en 1308. Des ermites édifient vers 1360 à sa pointe nord une chapelle dédiée d'abord à Notre-Dame du Laurier puis à Saint Ouen (évêque de Rouen au VIIème siècle) ;

l'ancien bastion de la Hollande, édifié en 1674 par le duc de Chaulnes sur l'ancienne butte des Moulins Collin. La butte était surmontée à l'origine de trois moulins à vent : au sud le Moulin Collin (1364), au milieu le Moulin Bisaut et au nord le Moulin Macé. On l'appelait aussi parfois Bastion des Pendus. Il devient, pendant la Révolution, le Bastion de la Force. Surélevé en 1793, restauré en 1866 et désarmé en 1889 ;

l'ancienne Maison de l'Abbaye Saint-Jean, siège de la Confrérie des Hommes Blancs et située rue des Cordiers. Il s'agit d'un ancien hôtel appartenant au XIVème siècle à Guillaume Picaut seigneur de Morfouace (Ploërmel, Morbihan) et donné en 1376 à la Confrérie des Hommes Blancs, érigée vers 1240 en l'honneur de saint Jean-Baptiste. Cet hôtel reçut le nom d'Abbaye Saint-Jean. L'abbaye était jadis accostée d'une tour et recouvrait au XVIème siècle toute la place de la Halle. La confrérie des Hommes Blancs disparut en 1785 et ses biens furent attribués à la Marmite des Pauvres. La Marmite des Pauvres fut installée en 1719 au n° 5 de la rue Maupertuis (sa porte est datée de 1712) ;

la rue André-Desilles possédait jadis trois cimetières : - le Grand Cimetière ou Cimetière du Dieu de Pitié, du nom de la Chapelle qu'il renfermait. Ce cimetière est supprimé de 1672 à 1676, puis remplacé en partie par l'hôtel du Flachet ou de Plouer qui devint en 1714 l'Hôtel le Fer de Beauvais. Cet hôtel servit de prison en 1793 - le Cimetière d'A-Haut - le Petit Cimetière ;

l'ancien hôtel d'Asfeld ou de la Ville-Gille, situé jadis n° 8, rue d'Asfelf. Il sert de prison pour femmes en 1793 ;

l'ancien hôtel Baude de la Vieuville, situé jadis n° 9, rue du Boyer ;

l'ancien château des Bigorneaux (XVIème ou XVIIème siècle), situé jadis n° 28, rue du Boyer ;

l'ancienne Maison en Argent ou du Dais d'argent, située au n° 14, rue et place Broussais. Elle a été édifiée vers 1680 par Guillemette Bélin, fille d'un riche armateur, devenue marquise de la Marzelière ;

l'ancien Hôtel de la Blinais (1670), situé au n° 6, rue de Chateaubriand. Il a appartenu à la famille Magon de la Blinais ;

le cimetière dit de la Hollande. Créé au milieu du XVIIIème siècle, il longeait les Petits Murs jusqu'à la Montée Notre-Dame ;

la fontaine appelée la Pompe. Cette fontaine amenait les eaux potables de la Fontaine Blanche, en Saint-Servan à travers la Petite Grève. Ses auges en granit datent de 1811 ;

l'ancien cimetière des Protestants, édifié en 1602 sur l'emplacement de la banque Samuel Sire, rue d'Estrée. On en construit un nouveau en 1758 et on lui donne jusqu'en 1792 le nom de Cimetière des Ecailles ;

l'ancien hôtel de la Saudre, situé au n° 2, rue Feydeau ;

l'hôtel Grandville, situé rue de la Fosse. Propriété au XVIIIème siècle de la famille Blaize de Maisonneuve ;

l'hôtel de Bizien, situé au n° 5, place du Grand-Placitre. On y voit un puits daté de 1591 et chargé de deux écussons. Propriété jadis de la famille Bizien ;

l'ancien hôtel Magon de la Villebague, situé au n° 3 et 5 de la rue de la Harpe. Une porte est surmontée de la date de 1671. La maison située au fond de la cour est datée de 1654 ;

l'ancien hôtel Grandville, situé rue de la Motte. Le proconsul Le Carpentier l'occupe pendant la Révolution ;

l'ancien hôtel Marion du Fresne, situé au n° 5 de la rue Saint-François. Sa porte d'entrée est datée de 1675 ;

l'ancien hôtel Eon de Carman, situé au n° 3 de la rue Saint-Vincent et transformé en magasin en 1896 ;

Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier

ANCIENNE NOBLESSE de SAINT-MALO

L'origine de la ville de Saint-Malo est purement ecclésiastique ; saint Aaron construisit le premier un monastère, au VIème siècle, sur le rocher qui porta longtemps son nom. Ce monastère, augmenté par saint Malo, prit plus tard le nom de ce grand évêque et le donna à l'île tout entière ; mais au Xème siècle des moines et de pauvres pêcheurs habitaient seuls encore cette solitude baignée par les flots.

Lorsque les habitants d'Aleth abandonnèrent leur ville jusqu'alors importante, une partie de cette population ravagée par les Normands se réfugia dans l'île de Saint-Malo ; quand plus tard l'évêque saint Jean-de-la-Grille transféra le siége épiscopal d'Aleth dans le monastère fondé par saint Aaron et saint Malo, l'accroissement de cette dernière localité devint promptement considérable ; on peut dire qu'à cette époque, c'est-à-dire vers 1152, la ville de Saint-Malo fut fondée.

L'évêque et le Chapitre se partagèrent naturellement la seigneurie de cette nouvelle cité, née à l'ombre d'un monastère et prospérant sous le gouvernement de la houlette pastorale. Exagérant même un peu leurs droits, les évêques de Saint-Malo, soutenus en cela du reste par leur peuple, imaginèrent de se déclarer complètement indépendants des ducs de Bretagne ; en 1382, l'évêque Josselin de Rohan refusa de faire hommage et serment de vassal au duc Jean IV, et prétendit que la ville de Saint-Malo, bâtie sur un terrain ecclésiastique, ne devait reconnaître d'autre supérieur que le Pape. Le Souverain-Pontife Clément VII, entrant dans cet ordre d'idées, céda à Charles VI, roi de France, en 1394, tous les droits qu'il pouvait avoir sur Saint-Malo ; le roi accepta d'abord et prit, en 1397, cette ville sous sa protection, mais, en 1415, il rendit Saint-Malo au duc de Bretagne. Au reste, les Malouins voulaient encore moins de la domination française que du gouvernement breton ; ils finirent donc par accepter la suzeraineté de ce dernier, et leur vassalité fut amplement tempérée par de larges franchises qu'ils eurent soin de faire renouveler par chaque nouveau souverain. Lorsque la Bretagne perdit son indépendance, Saint-Malo fit confirmer tous ses privilèges par le roi de France Charles VIII en 1488 (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 427, 435, 626, 679, 924, 925, etc...).

Parmi ces privilèges, notons l'exemption pour les habitants de toute imposition : « Les évesques, Chapitre, bourgeois et habitants dudit Saint-Mallo sont tenus perpétuellement francs et exempts de payer toutes impositions, gabelles, fouages, tailles, quartages, treiziesmes et tous aultres aides quelconques qui ont cours dans notre royaume » ; — la sauvegarde et la franchise pour les étrangers : « Tous marchands estrangers, de quelque nation que ce soit..., qui viendront en ladite ville de Saint-Mallo et au port d'icelle, avec leurs familles, biens et marchandises, sont en notre protection et sauvegarde, ....... et sont aussi tenus francs et exempts à toujours de payer impositions, gabelles ny aucun des aides dessus dits ayant cours en notre royaume » ; — le privilège d'arrêt, « qui est tel qu'il est loisible à un chacun de faire arrester en ladite ville de Saint-Mallo toutes personnes soit estrangères ou aultres, de quelque nation ou pays qu'elles soient, pour dette ou délit », et de les traduire devant « les juges de la juridiction dudit Saint-Mallo, comme s'ils en estoient justiciables » ; — enfin, le droit d'asile, qui rendit Saint-Malo si célèbre au moyen-âge : « Tous hommes et femmes, de quelque nation qu'ils soient, qui se retirent en ladite ville de Saint-Mallo et requèrent et demandent la franchise d'icelle, jouissent de franchise et immunité en manière que, pour quelque homicide par eux commis hors ladite ville et mettes d'icelle, ils ne peuvent estre prins, arrestés ny detenus » [Lettres de franchises des rois Charles VI (1395) et Charles VIII (1488) - Déclaration du Chapitre en 1682].

Comme dans le reste de la Bretagne, ce droit d'asile avait pour origine le séjour de saints religieux dans l'île de Saint-Malo ; aussi l'appelait-on droit de minihy ou de la maison des moines (menec'h moines, ty maison). Dans l'origine, ce lieu d'asile comprenait l'enceinte de l'église et du monastère de l'île d'Aaron, puis il embrassa cette île tout entière. Plus tard, d'après une note que nous avons trouvée aux Blancs-Manteaux, confirmée d'ailleurs par l'abbé Manet, le minihy de Saint-Malo s'étendit bien au-delà de l'enceinte de cette ville ; il fut reculé jusqu'aux limites de la seigneurie, c'est-à-dire jusqu'au cap de la Varde, en Paramé, où se trouve un village portant encore le nom de Minihy (Bibliothèque Nationale, Mémoire de Bretagne, 22322, p. 561).

On comprend combien fut favorable au développement de Saint-Malo cette insigne prérogative d'être un abri inviolable pour les fugitifs qui pouvaient y pénétrer [«Asylum quod in ea urbe (Sancti Maclovii) est inviolatissimum » - Polydore Virgile, Histoire Ang., lib. XXIV]. On y accourait donc de toutes les contrées de l'Europe, et c'est dans cette ville que le jeune comte de Richemont, Henri de Lancastre, depuis roi d'Angleterre, prit refuge, en 1475, pour échapper aux poursuites de son ennemi et compétiteur Richard d'Yorck (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, I, 751).

Sur les plaintes formulées par les ducs de Bretagne au sujet des minihys, le pape Martin V ordonna une enquête dans le duché ; quelque temps après, son successeur Nicolas V restreignit, par sa bulle du 29 octobre 1453, le droit d'asile à la seule enceinte des églises et autres lieux pieux ; enfin, par son ordonnance de 1539, le roi François Ier porta aux minihys un dernier coup en les proscrivant de ses Etats. Cependant, dit l'abbé Manet, on connaissait encore en 1590, à Saint-Malo, un nommé Guillaume de La Lande, homme de petite considération, qui achevait d'y jouir du bienfait de cette immunité.

L'évêque et le Chapitre de Saint-Malo se partageaient le gouvernement de cette ville, et c'était là ce qu'on appelait la seigneurie commune. Pendant tout le moyen-âge ils ne cédèrent aucune de leurs prérogatives ; mais en 1496 les habi­tants cessèrent tout à coup de comparaître au Chapitre, comme ils avaient coutume de le faire, pour régler avec l'autorité ecclésiastique les affaires de la Communauté de ville. Ces bourgeois s'assemblèrent à l'abbaye Saint-Jean (nota : on appelait ainsi la maison où se réunissaient les membres de la confrérie de Saint-Jean), s'attribuèrent le droit de Maison de ville, et dressèrent un Mémoire des griefs qu'ils reprochaient à l'administration du Chapitre.

De leur côté les chanoines, en l'absence du cardinal Briçonnet, évêque de Saint-Malo, se défendirent devant le Parlement et devant le Conseil du roi et présentèrent à leur tour un Mémoire renfermant en trente-neuf articles les diverses attributions, droits et coutumes de la seigneurie de Saint-Malo ; voici, d'après l'abbé Manet, le résumé des principaux privilèges de l'évêque et du Chapitre mentionnés par les chanoines et alors en usage à Saint-Malo : Droit de ville close et murée avec tours et pont-levis ; — droit de voirie (villicatio), consistant dans le pouvoir de faire des ordonnances pour l'alignement des édifices, le pavage et nettoiement des rues et places publiques, pour le bon état des chemins, etc. ; — droit de guet et de garde, confirmé en 1374 et 1594, par suite duquel les officiers de la milice bourgeoise s'établirent dans l'usage de porter l'épée intra muros (usage qui leur fut vainement contesté en 1767) ; en conséquence de ce même droit, aucune garnison étrangère ne pouvait être régulièrement admise à Saint-Malo, et les habitants de cette ville ne contribuaient point au logement des troupes ducales et royales et étaient exempts du ban et arrière-ban convoqués par le prince ; la raison en était qu'ils concouraient essentiellement au salut commun en veillant à la sûreté de leur place ; — droit d'assise et règlement : l'assise était à l'origine une séance extraordinaire que tenaient les seigneurs pour s'assurer de la conduite des officiers de leur juridiction, pour recevoir les plaintes portées contre eux et les appels qui avaient été interjetés de leurs sentences ; — droit de bris sur les côtes dépendant de Saint-Malo, c'est-à-dire droit de s'approprier tous les restes des vaisseaux qui y naufrageaient, lorsque les patrons de ces vaisseaux n'étaient pas munis d'un brevet de sûreté ; — droit d'aide et de taille, par lequel les roturiers habitant sous la juridiction du Chapitre devaient contribuer, par argent ou par corvées, aux travaux d'utilité publique faits dans la seigneurie ; — droit de fortune, permettant de s'approprier une part des trésors enfouis dans la terre ; — droit de bâtardise, c'est-à-dire d'hériter des bâtards qui ne laissaient ni femmes ni enfants ; en retour de ce droit, le Chapitre était chargé de pourvoir à la subsistance des enfants exposés dans l'étendue de sa juridiction ; — droit d'aubaine, ou de recueillir la succession des étrangers qui ne s'étaient pas fait naturaliser à Saint-Malo ; — droit de déshérence, c'est-à-dire de se mettre en possession des biens d'un défunt dont les héritiers n'apparaissaient point ; — droit d'oblations et de sépulture dans toutes les églises de Saint-Malo ; — droit de champart ou de dîmes dans les marais de la mouvance du Chapitre susceptibles d'être desséchés ; — droit de pâturage dans les autres marais restés communs ; droit de truages ou d'impositions sur tous les navires étrangers qui, sans être forcés par la tempête, venaient mouiller à Saint-Malo ; — droit de transit ou de passe-portes sur toutes les marchandises qui ne faisaient qu'entrer dans la ville pour en ressortir au-delà de deux lieues ; — droit de coutumes sur les grosses et menues denrées introduites dans l'enceinte des murs pour la consommation des habitants ; — droits d'étalage, d'échoppe et de tonlieu sur tous les marchands drapiers, merciers, etc., qui avaient boutiques ouvertes à Saint-Malo ; — droit de cohuage dans les cohues ou halles à blé, à pain, à toile, à viande et à poisson ; — droits de poids publics, d'aulnage, étalonnage, minage et mesurage ; — droit de pêcheries et de sécheries, de fours et moulins banaux ; ce droit de fournage, borné à l'enceinte de la ville, fut aboli par Mgr de Pressigny en 1787 (nota : Voici en quoi consistait, en 1667, le droit de four banal qui suscita de nombreux procès au siècle suivant : « Droit et devoir de four à ban, auquel four tous les manans et habitans de la ville sont tenus d'aller cuire leurs pastes et, en deffault, y sont contraints ; sinon que chaque particulier peut faire en sa maison un four pour cuire le pain de sa famille ». Il était donc seulement défendu aux particuliers de vendre du pain cuit à leur four et aux boulangers de s'établir sans payer une taxe annuelle à la seigneurie) ; — droits de pipage et bouteillage, c'est-à-dire levée de deniers sur les boissons tant en pipes qu'en bouteilles ; au moyen-âge, on récoltait du vin dans le pays de Saint-Malo comme dans le reste de la Haute-Bretagne ; les coteaux de la Rance étaient couverts de vignes depuis son embouchure jusqu'à Dinan, et en 1174 la dîme des vins de Plouër rapportait au Chapitre 30 livres de rente ; — droits de passage, batelage et pontonage, levés pour l'entretien des ponts établis sur les grèves ; — droit d'épaves, varechs et autres choses rejetées naturellement par la mer ; — droit de poissons royaux, c'est-à-dire de s'approprier les dauphins, esturgeons, saumons, truites et autres poissons délicats échoués sur les grèves ; — droit de fuie, colombier, garenne et chasse dans toute l'étendue de la seigneurie commune ; — droit de lods et ventes au sixième denier sur toutes les mutations d'héritages (ce droit fut confirmé au Chapitre en 1560) ; — droit d'amortissement sur les biens-fonds qu'on retirait du commerce ordinaire pour en gratifier à perpétuité les lieux pieux et les gens de main­mortes — droit de rachapt et de retrait lorsque la propriété vendue pouvait convenir à la seigneurie ; — droit de mortuage sur les biens-meubles des défunts ; en 1572, le Chapitre, sede vacante, renonça à ce droit moyennant une rente de 300 livres que la Communauté de ville lui constitua ; — droits de juridiction, haute justice, création d'officiers, supplices, etc.

A tous ces privilèges, ajoutons, avec Dom Morice, que « les chanoines de Saint-Malo donnaient des lettres de naturalisation et de bourgeoisie, accordaient des rémissions en matière criminelle, et donnaient des attestations ou déclarations de noblesse » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 24).

Tels étaient les grands et nombreux droits de la seigneurie commune ; on voit facilement quelle importance ils donnaient à l'évêque et au Chapitre de Saint-Malo, véritables souverains dans leur île ; mais on comprend aussi les réclamations des bourgeois, chez lesquels perçait déjà l'esprit d'indépendance moderne.

A la suite de la discussion éclatée entre le Chapitre et les habitants de Saint-Malo, la reine-duchesse Anne de Bretagne rendit un édit en 1513 réglant définitivement leurs rapports entre eux, enlevant certains droits à la seigneurie commune et affermissant l'établissement de la Communauté de ville.

L'évêque et le Chapitre, nous apprend cet édit, conserveront la totale juridiction de Saint-Malo avec ses revenus, ses mouvances et ses officiers, mais ils ne pourront plus exercer le droit de grâce et rémission, réservé désormais au roi ; — les étrangers venant à Saint-Malo avec des navires demanderont au gouverneur de la ville et non plus à l'évêque et au Chapitre le droit d'entrer dans le port ; — les assemblées de ville se feront doresnavant à la Maison de ville ou ailleurs, par la convocation du gouverneur, et y seront appelés les gens d'église pour y assister, s'ils le veulent ; — les tenues de compte des deniers de la ville se tiendront à l'avenir en ladite Maison de ville, et les gens d'église y pourront venir s'il leur plaît ; — le serment de conserver les libertés de l'Eglise de Saint-Malo continuera d'être fait par le capitaine ou gouverneur de cette ville à l'évêque et à son Chapitre, après le serment prêté d'abord au roi (nota : on trouve la formule de ce serment, prêté en 1433 par Bertrand de Tréal, dans D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 1257) ; — l'institution des portiers et le choix des chiens dogues destinés à la garde de la ville sera désormais réservé au roi ; — l'inventaire des biens des navires ne sera plus fait par le Chapitre, etc. (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, III, 909 - la charte originale de cet édit, magnifique parchemin, existe encore aux Archives municipales de Saint-Malo).

Cet édit réglait aussi les autres droits en litige, tels que droits de sceau, de coutumes, de four banal, etc. ; mais ce qui précède suffit pour nous faire maintenant bien comprendre la Déclaration que firent au roi l'évêque et le Chapitre de Saint-Malo, en 1679 et 1682, pour leur seigneurie commune.

Les limites de ce regaire, dont saint Jean-de-la-Grille avait donné les deux tiers et l'évêque Raoul les trois quarts au Chapitre, s'étendaient non-seulement à toute l'enceinte de la ville, sauf le manoir épiscopal, mais encore aux îles et rochers adjacents, depuis les pierres de la Porte et Césambre inclusivement jusqu'à la pointe de la Varde ; elles renfermaient, en outre, le Sillon, les Talards et toutes les grèves et marais, tant couverts que découverts, depuis la Varde jusqu'à la Flourie, en Saint-Servan.

« Confessent lesdits évesque, doyen, chanoines et Chapitre tenir en franc regaire et fief amorty le rang des rochers nommés les Portes par lesquels les vaisseaux, venant de la mer, entrent pour venir dans la rivière de Rance et au port dudit Saint-Malo, avec l'isle de Cezambre, et rochers adjacents des Boyers, autrement dits le Grand et le Petit Bé et l'isle Rebours (aujourd'hui l'île Harbourg), et depuis iceux environ le lieu nommé la Hoguette du costé vers la mer et en ladite rivière de Rance jusqu'au port et hâvre nommé le Port Saint-Pierre, iceluy compris, jusqu'à l'endroit du lieu appelé la Flourie qui est entre l'ancienne cité de Quidalet [nota : Quidalet (de guic, bourg), ancien nom d'Aleth, considérée comme ville, par opposition au Pou-Alet ou Poulet (pagus Alethi)] et le port de Jouvente du costé vers Poulet, et de laize en ladite rivière jusqu'aux rochers nommés Bizeul, la Mercière et la Pierre de Rance, iceux compris, et depuis lesdits lieux autour de ladite ville, les desports et estendues jusqu'aux lieux de la Hoguette, les Talards et les Maretz adjacents jusqu'aux moulins de Routoüan inclusivement » (Déclaration du Chapitre en 1677 - Archives départementales).

Voici comment est décrite en 1677 la ville de Saint-Malo : L'évêque et le Chapitre reconnaissent tenir en franc regaire « la ville et cité de Saint-Malo ; la clôture et ceinture de laquelle, ensemble le chasteau, forteresse et fortifications, garde et guets appartiennent au roy notre souverain seigneur et duc dudit pays et duché de Bretagne, lequel y peut mettre et establir tels capitaines, connestables, compagnies de soldats et morte-paye que bon lui semble pour la défense et garde d'icelle ville et cité ; lesquels capitaines et connestables après le serment fait et presté audit seigneur roy et duc, sont tenus de faire, en second lieu, le serment à l'évesque, doyen, chanoines et Chapitre de ladite Eglise de Saint-Malo, dans la grande chambre capitulaire (nota : cette salle capitulaire existe encore au-dessus de la sacristie de Saint-Malo), de garder et défendre les droits et privilèges de ladite Eglise ». Quant au château qu'avaient bâti le duc François II et Anne de Bretagne, sa fille, sur les terrains appartenant à l'Eglise, le Chapitre déclare qu'il se contente d'avoir la promesse du roi « de récompenser ladite Eglise en assiette de la vraie valeur d'iceux terrains ».

Le Chapitre entre ensuite dans la nomenclature des maisons sur lesquelles il perçoit des rentes dans la ville de Saint-Malo ; il suffit de noter que ces rentes montaient ordinairement, « tant pour les termes de Saint-Gilles que Noël et Pasques, par deniers à la somme de 143 livres 14 sols 4 deniers monnaye, et, par froment, à 4 boisseaux ».

Dès cette époque, les moulins à vent du Sillon existaient, car il était dû « de rente auxdits évesque, doyen, chanoines et Chapitre, sur les moulins à vent tant en la ville que sur le Sillon, le Talart et le Nest, 4 mines 1 boisseau 2 godets de froment ».

L'évêque et le Chapitre possédaient aussi un devoir appelé « cens ancien qui se paie par chacun an, au terme de Pasques, sur les maisons, place et jardins de la ville, à raison de 8 deniers par place ».

De la seigneurie commune dépendaient tous les droits, revenus et émoluments casuels conservés en 1513, tels que « successions de bastards , déshérences, débris de navires, espaves, gallois, poissons royaux, pescheries, lods et ventes, droit de sceaux, taux, amendes et aultres adventures ».

N'oublions pas encore « quelques autres droits et debvoirs accoustumés, entrepris et levés en ladite ville et cité de Saint-Malo, comme les menues coustumes, le bouteillage, la boucherie, l'aulne à toile, la boulangerie, boisseaux à mesurer le bled, poids public, la poissonnerie, les fours à ban, la cohue et les étaux en icelle avec les greniers audessus [nota : « La boucherie, composée de trois allées où les bouchers estalent la viande, au bout de laquelle sont un grand cellier et deux étages de greniers à mettre le blé des dixmes de l'Eglise... ladite boucherie joignant vers le Nord à la rue de la Victoire » (Déclaration de 1679)], la halle aux toiles et les celliers et boutiques au-dessous [note : « La halle aux toiles consiste par le bas en un grand cellier et huit boutiques, ledit cellier appelé Enfer, et dans un premier étage et un grenier en ravalement qui servent à loger les toiles » (Déclaration de 1679)], les ouvroirs des drappiers et merciers, la foire de la Mi-Carême, les marchés ordinaires aux mardi et vendredi de chaque semaine, etc. » (Déclaration de l'Evêque en 1682 - Archives départementales).

Cette foire de la Mi-Carême, appelée anciennement « la foire ès sublets », à cause des sifflets et autres objets de bimbeloterie qu'on y vendait, fut fondée vers 1194 ; elle durait huit jours et se tenait dans la Grand'Rue et aux environs de la Grand'Porte. Le marché du vendredi fut établi en 1192 par la duchesse Constance ; celui du mardi a une origine inconnue, mais il en est fait mention dès 1382 (Abbé Manet, Grandes recherches ms.).

Les divers droits et devoirs dont nous venons de faire en dernier lieu l'énumération s'affermaient « communes années 3.500 livres, de laquelle somme la quarte partie appartient aux évesques et le surplus auxdits doyen, chanoines et Chapitre, et sur le surplus ledit seigneur évesque prend sa part comme chanoine outre ladite quarte partie » (Déclaration de 1682).

Par le concordat passé en 1219 entre l'évêque Raoul et son Chapitre, il avait été convenu que, l'évêque de Saint-Malo se trouvant dans sa ville épiscopale, l'exercice de la juridiction de la seigneurie commune lui serait dévolu à lui et à ses officiers ; dans ce cas, le doyen du Chapitre ou son représentant pourrait toutefois assister à la discussion des causes, s'il le voulait. Mais pendant l'absence de l'évêque, c'est-à-dire dès que lé prélat aurait franchi le pont situé entre Saint-Malo et Saint-Servan, et appelé Pont-l'Evêque, il appartiendrait au doyen ou à son représentant de tenir les plaids de la juridiction commune.

Cet état de choses persista jusqu'à la Révolution, comme le prouve ce qui suit : « Touchant la juridiction de ladite ville et cité de Saint-Malo, plaids généraux, délivrance ordinaire et autres exploits de justice... ledit évesque, lorsqu'il est présent, tient et exerce la totale juridiction temporelle ou la fait exercer en son auditoire situé au pourpris de son manoir épiscopal, par ses officiers sur les bourgeois, manants et habitants et délinquants tant de ladite ville et cité que dudit château, fors en ce qui est des habitants, garnison et morte-paye dudit chasteau de ce qu'ils auraient commis et malversé en la garde dudit chasteau et ville et autres cas que pourraient commettre les subjects de ladite juridiction contre les droits souverains du seigneur roy et duc... Mais en l'absence dudit évesque, ladite juridiction et justice est gardée, exercée et administrée sur lesdits bourgeois, manants et habitants desdits ville et chasteau par lesdits doyen, chanoines et Chapitre ou par leurs officiers, et lors ledit évesque ne prend que la quarte partie des profits, revenus et émoluments d'icelle juridiction » (Déclaration de 1682).

A cause de leur seigneurie commune, l'évêque et le Chapitre avaient les « droits d'auditoire et de prison, de sceau et papier de greffe, de création d'officiers pour l'exercice de la justice et de la police dans toute l'étendue de leur ressort ».

Ces officiers étaient un sénéchal, un alloué et un lieutenant, formant le tribunal de la juridiction seigneuriale ; puis, au-dessous, des greffiers, notaires, procureurs, sergents, geôliers, etc. Tous étaient ordinairement nommés à vie (sauf le cas de forfaiture) par l'évêque et le Chapitre réunis en assemblée capitulaire. La juridiction commune connaissait en général de toutes sortes de causes [note : « Lesdits évesque, chanoines et Chapitre ont connaissance de tous cas de crimes, fors des crimes de leze-majesté et cas privilégiés, et l'appel des sentences de leurs sénéchaux et autres juges ressort directement en Parlement de ce pays et duché de Bretagne » (Déclaration du Chapitre en 1677)], même, dans l'origine, de celles qui emportaient peine capitale ; de là les pilori, ceps et collier, l'échelle et les fourches patibulaires à quatre poteaux dépendant de la seigneurie ecclésiastique de Saint-Malo.

Le pilori (pilaricium) était un pilier mobile, ayant en haut l'écusson seigneurial et garni de chaînes et d'un collier de fer ; on y attachait le coupable par les pieds et par les mains avec les ceps, on lui enlaçait le cou avec le carcan ou collier, et on le faisait tourner sur lui-même, de façon à le donner en spectacle à la foule. Le pilori se trouvait à Saint-Malo au milieu d'une place appelée Martroy, du vieux latin martyretum, qui signifie supplice.

 Sur cette même place se trouvait l'échelle, que le peuple malouin appelait la chaire ; sur une estrade élevée de quelques degrés en forme d'échelons était placé le criminel, et, derrière le siège qu'il y occupait, « estaient cinq pertuis ronds pour y enserrer le chef, les deux bras et les deux pieds du condamné et exposer son infamie et vergogne aux yeux de tous les regardans ». Comme l'on voit, l'échelle était un vrai pilori fixe.

Dans l'Islet, appelé aujourd'hui l'île du Fort-Royal, se dressaient les poteaux de la justice seigneuriale de Saint-Malo. C'était primitivement deux pièces de bois fichées en terre, chacune d'elles formant par le haut une fourche sur laquelle reposait une poutre transversale ; de là le nom de fourches patibulaires donné à ce gibet, à la poutre duquel on pendait les condamnés à mort. Plus tard ces fourches furent remplacées par quatre piliers de pierre nommés « pots ou posteaux » ; à ces piliers étaient attachés des licols destinés au même usage que la poutre dont nous venons de parler. En face de la justice s'élevait dans l'Islet une croix devant laquelle les patients faisaient leurs dernières prières.

Outre tous ces droits, rentes et privilèges de la seigneurie commune dans l'enceinte même de Saint-Malo, l'évêque et le Chapitre possédaient également en commun, dans la campagne, un certain nombre de dîmes, dont voici l'énumération : « Dans l'archidiaconé de Dinan : les dîmes de Saint-Jouan-des-Guérets, — de la Croix-de-Pierre, du Val-ès-Cerfs et de la Cité, en Saint-Servan, — de Paramé, du Val de Paramé et de Rotesneuf, en Paramé, — de Saint-Père-Marc-en-Poulet, — de Saint-Suliac, — de Limonnay, en Saint-Méloir, la Gouesnière et Saint-Benoît-des-Ondes, — de la Ruaudaye, en Saint-Jouan-des-Guérets, Saint-Père et Saint-Méloir, — de la Bellière, d'Entre-deux-Douets, des Fretais, de Créhen, de Capiltais, etc., en Pleurtuit [note : En 1287, Raoul de Dinan, vicomte de la Bellière, donna au Chapitre les dîmes qu'il possédait en Pleurtuit « pour cent sols de monnoye courante » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 1081)], — du Pontbriand, en Saint-Lunaire, — de Saint-Ydeuc, — de Bonaban, — de la Québriochais, en Saint-Coulomb. Dans l'archidiaconé de Porhoët : les dîmes de Beignon, comprenant quatre traits, — celles de Lohéac, — les huit traits de Guipry, — les quatre traits de Saint-Malo-de Phily » (Déclarations précitées).

On voit par les détails précédents quelle physionomie toute particulière offrait Saint-Malo avant la Révolution. Sa seigneurie, partagée entre l'évêque et le Chapitre, lui donnait un cachet religieux qu'on retrouvait rarement ailleurs dans les mêmes conditions. Cette ville prouvait une fois de plus la vérité de l'adage du moyen-âge, « il fait bon vivre sous la crosse », car son régime politique ecclésiastique ne l'empêcha pas de prendre de grands développements et de devenir célèbre par ses expéditions maritimes, par les richesses de ses habitants et par la pittoresque et formidable enceinte de ses murailles. Le gouvernement paternel des évêques et du Chapitre de Saint-Malo produisit d'assez beaux fruits pour faire taire les frivoles ou coupables détracteurs de nos vieilles institutions religieuses (abbé Guillotin de Corson).

Voir Filleuls de Bretagne " Filleuls de la ville de Saint-Malo

Dans la liste des feudataires (teneurs de fief) des évêchés de Saint-Malo et Dol en 1480, on comptabilise la présence de 25 nobles de Saint-Malo :

Pierre AOUSTIN : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Pierre BLANCHET :  excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Jehan BOUT : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Estienne BRILLAND : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Guillaume BRUGALLE : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Veuve BUSON feu Jehan : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Pierre DE PORCON : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Perrin DES GRANGES : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Pierre DES NOES : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Thomas DES RUES : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Gallois DRUILLET : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Guillaume DU ROCHIER : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Jacquette LACQUEROUS : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

François LADVOCAT : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Jocelin LAMBERT : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Georges LE BOEUFF : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Maître Guillaume ou Guyon LE BRET : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Lucas LE BRETON : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Guillaume LE CONTE : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Jehan LE SACHIER : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Hamon MARTIN de la Rivière : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Jehan PHILIPPES : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Pierre PICOT : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Jehan SAUDRES : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Collas LEVESQUE : excusé comme gardant la ville de Saint-Malo ;

Dans la liste des feudataires (teneurs de fief) des évêchés de Saint-Malo et Dol en 1480, on comptabilise la présence de 6 nobles de Saint-Servan (rattachée à Saint-Malo en 1967) : voir l'ancienne commune de Saint-Servan-sur-Mer.

Dans la liste des feudataires (teneurs de fief) des évêchés de Saint-Malo et Dol en 1480, on comptabilise la présence de 12 nobles de Paramé (rattachée à Saint-Malo en 1967) : voir l'ancienne commune de Paramé.

 

Différentes montres faites à Saint-Malo le 14 décembre 1495, 19 février 1575 et le 5 octobre 1583 : Le parchemin intact rempli par la montre de 1495 mesure 62 centimètres de haut sur 57 de large ; le sceau en cire de Guillaume Rolland y est encore attaché ; Guillaume Rolland, commis par le Roi, et Guillaume Le Clerc, commis de Tanneguy de la Gaubertière contrôleur général des mortes-payes de Bretagne, y apposèrent leur signature. Les deux autres montres, ayant servi de couvertures à des registres de l'état-civil de 1799 et de 1801, sont un peu mutilées. Celle de 1575 mesure 51 centimètres de haut sur 43 de large ; elle est revêtue des signatures de Jacques de Launay de Talvert, lieutenant, de Jean de la Chapelle de Vausalmon, commissaire extraordinaire des guerres, et de Louis de la Motte, contrôleur extraordinaire des guerres, commis par Mathias de Roussillon contrôleur ordinaire des guerres ; il n'est pas question de sceau. La montre de 1583 mesure 52 centimètres de haut sur 40 de large ; elle est signée par François Moreau de la Perraudière, lieutenant (qui écrit simplement MOREAU), par Jean de la Chapelle de Vausalmon, commissaire extraordinaire des guerres, et par Mathias de Roussillon, conseiller du Roi et contrôleur général provincial des guerres et mortes-payes de Bretagne ; le sceau de Moreau de la Perraudière a disparu. J'ai identifié le plus grand nombre possible de noms appartenant ou semblant appartenir à la noblesse ; pour beaucoup, mes recherches furent vaines ; pour d'autres, ils se réclamaient de plusieurs familles homonymies, et, dans le doute, l'abstention s'imposait. Un nom et un prénom illisibles sont remplacés par des points. Quelques noms prêtent à deux versions, je les ai indiquées. En 1495, on passa en revue 156 soldats, tandis qu'il n'y en eut que 67 en 1575, comme en 1583. La solde est versée pour deux quartiers d'année : le 14 décembre 1495, on paie les trimestres avril à juin et juillet à septembre le 19 février 1575, ce sont les trimestres juillet à septembre et octobre à décembre 1574 ; le 5 octobre 1583, on acquitte les trimestres janvier à mars et avril à juin. En 1495, le commis Le Clerc assiste à la revue ; les soldats lui affirment que le notaire Leonnet de Saint-Martin les a payés exactement. En 1575, le commis Touzelin verse la solde, en présence du lieutenant de la Chapelle ; et en 1583, Touzelin accomplit la même besogne, en présence du lieutenant Moreau de la Perraudière. La solde est invariable, du moins pour les mortes-payes ; en 1495, chaque homme d'armes touche 60 livres et chaque archer morte-paye, 30 livres ; en 1575, chaque homme de guerre morte-paye reçoit 30 livres ; en 1583, il est versé à chaque homme de guerre morte-paye 10 écus en quarts d'écu ; or, le quart d'écu valant 15 sols, l'écu était de 60 sols, ce qui faisait 600 sols par tête, c'est à dire 30 livres. La paye journalière était donc d'à peu près 3 sols 30 et suffisait aux dépenses des soldats. Remarquons que les officiers touchaient exactement la même solde que les hommes. Jean Bodin, François Blesnes, Pierre Blesnes, Guillaume de Brest, Mathurin Cadiot, Antoine Courtin, Antoine Dacier, Georges Gareau, Robert Gareau, Jean Gautier, Jacques Geofray, René Lancelot, Raimond de la Lande, François de Launay, Julien Le Marchand, Mathurin Savary, et François de la Touche figurent dans les moontres de 1575 et de 1583. Dans la première, on trouve Jean Jacotard, l'aîné, et Jean Jacotard, le jeune ; dans la seconde, Jean Jacotard et André Jacotard. Bernard de Tourmassin, dit Cheminant, paraît en 1575 ; Briant Cheminant du xmassin (sic), en 1583. Mathurin Chappon, Chrétien Renard et Servan du Rocher, inscrits en 1575 et morts depuis, sont remplacés en 1583 par Hector Riec, Raoul Renard et Alain Noel. Enfin le commissaire Jean de la Chapelle et le commis Touzelin paraissent sur les deux actes ; il en est de même de Mathias de Roussillon ; seulement, en 1575, on le qualifie « contrôleur ordinaire des guerres et mortepaies » tandis qu'en 1583, outre qu'il ajoute à son nom sieur du Plaisir, il est dit « conseiller du Roi et contrôleur général provincial des guerres et mortepaies ». (B. G de Wismes)

MONTRE DU 14 DÉCEMBRE 1495.

C'est le rolle de la monstre et reveum faicte à Sainct-Mallo de l'Isle [Note On sait que la célèbre cité bretonne formait jadis une île, et qu'elle n'est réunie aujourd'hui encore à la terre ferme que par une étroite langue de terre, appelée Le Sillon] le xiiije jour de decembre l'an mil iiijc iiijxx quinze de quarente ung homme d'armes du nombre de quarente deux [Note : C'est une erreur ; la montre ne donne que 40 noms, plus celui du capitaine, soit 41, et non 42. En outre, la somme payée indique bien 41 en tout, y compris le capitaine ; en effet, 41 hommes d'armes à 60 livres font 2.460 livres, et 116 archers à 30 livres font 3.480 livres, soit en tout 5.940 livres ; or, c'est justement la somme payée par Leonnet de Saint-Martin] et cent seize archiers à la morte-paye [Note : Les morte-paye ou archers morte-paye étaient des vétérans chargés de la garde d'une place peu importante. Il en est fait mention même à l'époque de Louis XIV. Le cardinal de Retz parle des mortes-payes qui, en 1652, avaient la garde du fort de Vincennes. Lorsque Louis XIV commença à gouverner par lui-même (1661), il les supprima] ordonnez par le Roy nostre Sire à la garde seurté et deffence de ladite ville de Sainct-Mallo, estans soubz la charge et conduite de hault et puissant Seigneur Loys Seigneur de Graville de Marcoussis Seez et Bernay, admiral de France [Note : Issu de la maison normande de Malet, qui remonte au XIème siècle, Louis Malet, sire de Graville, de Marcoussis, de Séez, de Bernay, de Montagu, amiral de France, gouverneur de Picardie et de Normandie, chevalier de l'ordre du Roi et capitaine des 100 gentilshommes de sa maison, fut l'un de ceux qui eurent le plus de crédit et d'autorité à la cour de Louis XI, Charles VIII et Louis XII. Louis XI le combla de dons, lui accorda, en 1470, toute justice à Chastres, et, en 1471, à Graville « en considération des bons, grands, louables et vertueux services que Jean Malet, Louis, son fils, et leurs prédécesseurs avaient de longtemps rendus à l'Etat et à la Couronne de France ». Par lettres de Plessis-lez-Tours, du 20 août 1476, le Roi le qualifie son amé et féal cousin. Nommé amiral en 1486, il se démit de ses fonctions en 1508. Il mourut au château de Marcoussis, le 30 octobre 1516] leur cappitaine, par nous Guillaume Rolland, escuyer, seigneur de la Heugue ( ou de la Heugue) commis par le Roy nostre Sire à faire ladite monstre et reveue, icelle monstre et reveue servant à l'aquict de maistre Leonnet de Sainct-Martin, notaire et secrétaire du Roy nostredit Seigneur, et par luy commis à tenir le compte et faire le paiement desd. mortepayes pour deux quartiers d'an, c'est assavoir avril may et juing et juillet aoust et septembre derreniers passez, desquels hommes d'armes et archiers les noms et seurnoms enssuyvent. HOMMES D'ARMES : Costentin Cears ; Colinet Desmaretz ; Robert de Sainte-Marie ; Anthoine Dagens ; Françoys de Brethemont ; Jehan Dorme ; Guillaume Le Bigot ; Caule de Lescallié ; André Dufay [Note : De ou du Fay : ancienne famille du pays de Saint-Brieuc, que l'on rencontre en Bretagne dès le commencement du XVème siècle et qui portait « de gueules à sept macles d'argent » ; elle comparut aux anciennes réformations de l'évêché de Saint-Brieuc, de 1499 à 1513, fut déclarée noble d'extraction en 1669 et s'éteignit au début du XIXème siècle. Guillaume, prisonnier à Dinan en 1488, fut gouverneur de cette ville en 1490 ; on rencontre aussi Pierre, homme d'armes en 1488, et Mathurin, archer à Dinan en 1490] ; Jehan Pellet ; Hector Fromentin ; Guillaume Gallon ; Françoys Roques ; Guillaume Tillart ; Jehan de Beaufort ; Thomas de la Brosse ; Remont Percontaz ; Robert Le Champenoys ; Richart le jeune ; Regnault de Clamorgan (Note : De Clamorgan, en Normandie, porte « d'argent à l'aigle éployée de sable, onglée et becquée d'or ») ; Christofle de Sainte-Mesme (Note : Sainte-Mesme : terre dans la Beauce, que Louise de Puisieul porta, le 8 mars 1516, à son mari Aloph de l'Hôpital) ; Jehan de Porcon (Note : Porcon, sgr. de Bonne-Fontaine, en Bretagne, porte « d'or à la fasce d'hermines, accompagnée de trois fleurs de lys de gueules, 2 en chef et 1 en pointe ») ; Jehan Mazeline ; Jehan de Saint-Cler (Note : De Saint-Clerc porte « d'azur à la barre d'argent ») ; Estienne de Sainte-Marie ; Yvon du Teil (Note : L'illustre maison du Tell était connue en Provence dès le XIIème siècle ; elle porte « d'or au chevron de gueules accompagné en pointe d'un tilleul de sinople, au chef de gueules chargé d'une fleur de lys d'argent accostée de deux étoiles du même ») ; Jehan du Grippon (Note : Françoise Le Mintier épousa, en 1575, Hervé Boschier, écuyer, sgr. d'Oursigné, fils de Julien Boschier et de Catherine du Gripon) ; Pierre de Frageul ; Guyon-Maligneau ; Raoulin de Cordey (Note : Kerviler (Bio-bibi. br.) cite la famille de Cordé, qui, en 1694, fit enregistrer les armes suivantes « de gueules à une croix ancrée d'argent ») ; Loys de Moulniblot ; Gilles Le Mareschal ; Hellye de Guybour ; Guillaume Kermerien ; Jaques de la Roche [Note : La Chesnaye des Bois cite deux familles de ce nom pour la Bretagne : l'une porte « d'or à la fasce d'azur » ; l'autre porte « d'or au chef endenché d'azur, chargé de 3 besants d'or ». Peut-être Jacques de la Roche descendait-il de Geoffroy de la Roche, qui prit part au Combat des Trente et qui, suivant le comte De Laigue, appartenait à la famille de la Roche en Lancieux, portant « deux léopards passants, une bande sur le tout »] ; Jehan Coulon ; Jehan Dortognes ; Anthoine Moreton ; René Coulouvrine ; Jehan Patriz. ARCHIERS : Le Bastart Ruffier ; Glaude Vinet ; Richart Cherité ; Jehan de Lallier (Note : Lallier, en Beauce, porte « d'azur au lion d'or ») ; Martin Villetz ; François de Lescallié ; Macé Auffroy ; Guillot de Lestre (Note : De Lestre porte « d'or au chevron d'azur, au chef de gueules chargé d'un soleil d'or entre deux étoiles d'argent ») ; Loys de Guingant ; Martin Barate ; Jehan de Saint-Martin ; Baudichon Laoumousnier ; Jehan Le Gascon ; Pierre Hus ; Huguet Sansavoir ; Guillaume de Saceville ; Cardin Guerin ; Jehan Blanchart ; Pierre de Mornay l'aisné (Note : De Mornai, ancienne et illustre maison, originaire de Picardie, qui porte « fascé de huit pièces d'argent et de gueules au lion morné de sable, couronné d'or, brochant sur le tout ») ; Guillaume Le Beaupère ; Allain Coulombel ; Guinan (ou Guenan) Guischart ; Maistre Michel Marye ; Jehan Regnault ; Michaut Cecille ; Charles Danceton ; Pierre de Noytre ; Pierre Perrié ; ........ ; Jehan de Dyne ; Chretien Couldroy ; Jaques Gratart ; Marin Blandin ; Jaques Le Vasseur ; Jehan Le Filleul ; Job Abretany ; Pierre Couldroy ; Jehan Martin ; Bertran Millon ; Pierre Pelloquin ; Charles de Noyers ; Nicollas Faielle ; Alardin Le Galloys ; Gilles de Bourgneuf [Note : Bourgneuf, puis de Bourgneuf, nom d'une puissante famille de Rennes, qui remonte à Perrinet Bourgneuf, créé monnayeur à Rennes en 1390, qui fut anoblie en 1490, porta depuis les titres de baron d'Orgères et de marquis de Cucé et produisit deux évêques de Nantes, des premiers présidents aux Parlements de Paris et de Bretagne et s'éteignit avant la Réformation de 1668. Elle portait « d'argent au sautoir de sable, au franc-quartier de gueules chargé de deux poissons d'argent rangés en fasce ». Le monnayeur Perrinet Bourgneuf fut père de Jean, monnayeur du droit d'estoc, de Gilles, maître des monnaies, qui fut député des bourgeois de Rennes vers le Duc en 1458 et eut pour fils Jehan, prévôt de la monnaie et anobli en 1490, et de Jacques. Est-ce ce Gilles qui est cité dans la montre ?] ; Jaques Rouzée ; Guillemin Gloire ; Guillaume Vipart ; Estienne de Bruyères [Note : L'illustre maison de Bruyères, originaire du Languedoc, portait « d'or au lion de sable, la queue fourchée, nouée et passée en sautoir »] ; Jehan de Montrecy ; Mery de Signy [Note : De Signy, sgr. de Rogny, en Picardie, portait « d'azur à l'épervier d'argent, tenant en ses serres une perdrix du même »] ; Jaspar Guenoufle (ou Quenoufle) ; Pierre Martin ; Pierre Mynart ; Hanibal de Lescallié ; Laourens Dallières ; Colinet Lyont ; Gillet Cochin ; Guillaume Feillet ; Henry Barniet ; Jehan Dutaz ; Gauthier de Marennes ; Jehan Buot ; grant Jehan Le Clerc : le grant Houellequin ; Pierre Frizé ; Jehan Colin ; Mathurin Buysson ; Nicollas Vendosmoys ; Rogier Hanoque ; Jehan de la Croix [Note : Nom de famille, dit Kerviler, emprunté à un grand nombre de terres ou de seigneuries des paroisses de Cornillé, Fougeray, Mérillac, Sautron, Saint-Armel-des-Bochaux Saint-Père, etc., qui a été porté en patronymique depuis 1232, par plusieurs titulaires des montres du XVème et du XVIème siècles, dont on ne retrouve plus la postérité, puis par une famille d'échevins de Rennes et de députés aux Etats de Bretagne, au XVIIIème siècle] ; Pierre Chardon ; Thomas Fouquet ; Jehan Donniée ; Onastre de Beaufort ; Jehan Le Chevallier ; Loys de Vaugelle (ou de Vangelle) ; Lenée Pec ; Raoul Roussel ; Guillaume Hamon ; Phelippot Trenet ; Jehan Mallet ; Girard de Charron [Note : Il y a de ce nom une famille noble de l'Orléanais, qui porte « d'azur au chevron d'or accompagné de trois étoiles du même » et une autre famille, celle des sgrs. de Saint-Ange-Ormeilles, qui blasonne « de gueules au chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles du même et en pointe d'une roue aussi du même »] ; Guillaume de Saint-Martin ; Jehan Bailleul ; Guillaume Chantereau ; Guillaume Le Franc ; Bernard de la Roque (Note : De la Roque, dans le comté d'Armagnac, porte « d'azur au sautoir d'or ») ; Guillaume Raoul Biliart ; Jehan Crestin ; Michau Choulet ; Geoffroy Jamart ; Richart Jullienne ; Jehan du Vallet ; Pierre Terrien ; Guischart Murdrac (Note : Murdrac, en Normandie et en Angleterre, porte « de gueules au lion d'or ») ; Charles Callo ; Allain de Montallaiz (Note : La maison de Montalais, dite en latin de multis legibus, était une des plus nobles et anciennes de l'Anjou et portait « d'or à trois chevrons de gueules et à la fasce d'azur en devise ») ; Pierre Trotey ; Ambrays de Voulves ; Jehan du Chesne [Note : Nom de famille, dit Kerviler, emprunté à un grand nombre d'anciennes terres ou seigneuries en Guer, Loroux-Bottereau, Maure, Malansac, Saint-Gravé, Monteneuf, et porté, en patronymique, par une famille de la paroisse de Guer, maintenue d'ancienne extraction par arrêts de 1669 et de 1671, qui blasonne « d'argent au chêne de sinople » ; alias « d'argent à trois coeurs de gueules couronnés d'or » ; ailas « de gueules à trois pals d'argent accompagnés de deux chênes de sinople ». Dom Morice signale un Jehan du Chesne, marié à Thomine Le Breton, écuyer du maréchal de Lohéac en 1473, homme d'armes de Pierre de Rohan, à Dinan, en 1489 ; dans les anciennes réformations de l'évêché de Saint-Malo on rencontre un Jehan du Chesne, à Guer, en 1442, et un Jehan du Chesne, à Caro, en 1513] ; Pierre de Gaigney ; Pierre Sohier ; ............ ; du Pont ; Guyon Subgist ; Jehan Brossart ; Estienne du Courtiau ; Colin Thouroulde ; Phelippes de Berville (Note : Porte « de gueules au chevron d'or accompagné de trois molettes d'éperon du même, 2 en chef et 1 en pointe ») ; Laourens Flament ; Pierre Tonquery ; Michel Maingart ; Estienne Briet ; Jehan Lermithe ; Janet Roussel ; Donquan Marie ; Jehan Morin.

Nous, Guillaume Rolland, escuyer sieur de la Heugue, commissaire dessus nommé, certiffions à nos seigneurs les gens des comptes du Roy nostre dit Sire à Paris et autres qu'il appartiendra avoir veu et visité par forme et manière de monstre et reveue tous les dessusdits quarante ung hommes d'armes et cent seize archiers de mortepaye en ladite ville de Saint-Mallo lesquels nous avons trouvez en bon et souffi sant estat en habillement de guerre habillez ydonnes [Note : Pour idoines (du latin idoneus), en bon état] et souffisans pour servir le Roy nostre dit Seigneur à la garde seurté et deffence de ladite ville de Saint-Mallo et ailleurs où il luy plaira ordonner ou (Note : Pour au) fait de ses guerres, cappables (Note : C'est à dire ayant le droit de) d'avoir et prendre ung chascun d'eulx, c'est assavoir chascun homme d'armes la somme de soixante livres tournois] et chascun desdits archiers la somme de trente livres tourn[oisj eulx ordonnée par ledit seigneur pour leurs gaiges et souldes desdits quartiers d'avril, may et juing et juillet, aoust et septembre derreniers passez. En tesmoing de ce, nous avons signé ce present mile de nostre main et fait sceller du scel de nos armes les an et jour dessusdits. GUILLE ROLLAND. En la presence de moy Guillaume Le Clerc, commis de Tanneguy de la Gaubertière [Note : Kerviler cite Tanguy de la Gaubertière, payeur des gages de la Chambre des Comptes en 1492 ; c'est, sans doute, le même que le contrôleur général des mortes-payes de Bretagne, de 1495] contrerolleur général des mortespayes de Bretagne à assister et estre présent aux monstres et revues, contreroller et veoir faire les payemens desdites mortepayes . Tous les dessusdits quarente ung hommes d'armes du nombre dessusdit et cent seize archiers de mortepaye ordonnez par le Roy nostredit seigneur pour la garde et deffence de ladite ville de Saint-Mallo estans soubz la charge et conduite des susdits ont confessé avoir eu et receu de maistre Leonnet de Saint-Martin notaire et secrétaire du Roy nostredit Sire et [commis] par luy à tenir le compte et faire le payement desdites mortepayes la somme de cinq mil neuf cens quarente livres tournois qui est au feur [Note : Feur : vieux mot qui signifie for, forum. A feur veut dire à raison de, à mesure. Au feur signifie à proportion, au prorata ; c'est à dire fori more Feur signifie aussi prix, valeur : un tel a affeuré son cheval au feur, c'est à dire qu'il a acheté son cheval au prix (Dictionnaire de Trévoux, III). C'est de ce mot qu'est venue notre locution moderne au fur et à mesure] de dix livres tournois chascun hommes d'armes et cent soulz tournois chascun archier par moys, à eulx ordonné par ledit seigneur pour leurs gaiges et souldes desdits quartiers d'avril, may et juing et juillet, aoust et septembre derreniers passez, de laquelle somme de Vm IXc XLl tous les dessusdits quarente ung hommes d'armes et cent seize archiers de mortepaye et chascun d'eulx particullièrement se sont tenuz et tiennent pour contens et bien payez et en ont quitté et quittent le Roy nostre dit Seigneur, ledit maître Leonnet de Saint-Martin et tous autres. Tesmoing mon seing manuel cy mis le XVIIe jour de décembre l'an mil CCCC quatre Vings et quinze. G. LECLERC.

 

MONTRE DU 19 FÉVRIER 1575.

Roolle de la monstre veue et reveue faicte au Chasteau de St Malo le dix neufiesme jour de février l'an mil cinq cens soixante quinze des soixante dix hommes de guerre ordonnez par le Roy nostre sire pour la garde seureté et deffence dudit chasteau Soubz la charge de Monsieur de Toré cappitaine, de Monsieur de Bouillé en son absence, leurs personnes et celle du sieur de Talvert lieutenant y comprinses pour deux quartiers [commencez le] premier jour de juillet et finiz le dernier jour de décembre derniers passez mil cinq cens soixante quatorze, desquelz soixante dix hommes les noms et surnoms ensuivent : Monsieur de Toré, cappitaine ; Monsieur de Bouillé [Note : De Bouillé, en Normandie, porte « d'argent à la fasce de gueules frettée d'or et accompagnée de deux filets aussi de gueules »], aussi cappitaine, en l'absence dudit sieur de Toré ; Jacques de Launay seigneur de Talvert, lieutenant ; François Moreau ; François de Launay ; Bastien de Seravoire ; Guillaume de Langourlan [Note : Ne serait-ce pas plutôt Langourla ? La maison bretonne de ce nom parut aux réformations du XVème et du XVIème siècles de l'évêché de Saint-Brieuc et fut reconnue noble d'ancienne extraction en 1669 ; on rencontre Tanguy de Langourla, homme d'armes, dans une montre de 1420 et François de Langourla, homme d'armes de la garde de la Reine en 1498. Cette famille porte « d'azur à trois bandes d'or »] ; Baltazart Derien ; Jacques Geouffray ; Pierre Saillart ; Nicollas Macon ; Gilles Girart ; Michel Audiebure ; Jean Bodin ; Jan La Choue ; Mathurin Chappon ; Tristan Le Bret ; Thomas Sabault ; Anthoine Courtin ; Guillaume de Brest ; Jerosme de Miniac [Note : Cette famille parut aux réformations des XVème et XVIème siècles et fut reconnue noble d'ancienne extraction en 1670 ; elle porte « de gueules à l'aigle éployée d'argent accompagnée de sept billettes du même, 4 et 3 »] ; Pierre Garnier ; .Jap Saillart ; Heutroppe Le Lardeux ; Mathurin Savary ; Guillaume Marais ; Thomas Ruffier ; Francois Blesnes ; René Lancelot ; René Biou ; Chretien Renart ; Jan Ruffier ; Jan Michel ; Lancelot de Charnières [Note : Famille du pays de Dol, qui portait « d'argent à trois merlettes de sable ». Jean de Charnières parut en 1513, à la réformation de l'évêché de Saint-Malo ; un autre Jean de Charnières fut conseiller au Parlement de Rennes en 1588 ; dom Morice cite René de Charnières comme archer du sire de Bouillé en 1573] ; Phelippes Malmain ; Roger Pillavoyne [Note : Madeleine Pilavoine, dame de Villarceaux, épouse Jacques de Mornay, en 1512] ; Vincent Gouin ; Jullien Le Marchant ; Jan Gaultier ; Jullien Paris ; Guillaume Le Bert ; Robert Gareau ; Servan du Rocher [Note : Pol. de Courcy distingue 6 familles bretonnes de ce nom ; Servan du Rocher appartenait probablement à celle qui parut aux réformations des XVème et XVIème siècles dans les évêchés de Saint-Malo et de Dol, qui fut reconnue noble d'ancienne extraction en 1669 et qui portait « d'azur à la bande d'argent, accostée de deux molettes du même »] ; Jan Jacotart le jeune ; René Auvrain ; Morice Hust ; Christofle Perret ; Remond de la Lande ; Mathurin Cadiot ; Pierre Cruchon ; François Le Varvaseux ; Jan Morel ; Bernard de Tourmasin dit Cheminant ; Allain Menart ; Pierre Pillavoyne ; Louis Le Marié ; Georges Garreau ; Jan Carré ; Artur Raoul ; Salvator Artigues ; Guyon Leurs ; Pierre Outin ; Pierre Gronazier ; Pierre Blesnes ; Jan Jacotart lesné (l'aîné) ; Jan Bouillon ; Françoys de la Tousche [Note : Pol de Courcy enregistre plusieurs familles de ce nom ; notre personnage appartenait, sans doute, aux de la Touche-Limouzinière, qui parurent aux réformations et montres des XVème et XVIème siècles dans l'évêché de Dol, furent reconnus nobles d'ancienne extraction en 1668 et portaient « d'or à trois tourteaux de gueules »] ; Anthoine Dacier ; Pierre Pellant ; Charles Le Go.

Nous, Jan de la Chappelle, seigneur du Vausalmon [Note : Kerviler s'exprime ainsi « De la Chapelle ; en patronymique, ce nom figure quatre fois à l'Armor. gén. ms. de d'Hozier et six fois au Nobil. de Gourcy ; mais plusieurs de ces anciennes familles, en particulier la plus importante, celle de Ploërmel, qui remontait aux Croisades, s'étaient éteintes ou fondues avant la Réformation de 1668, en sorte que deux seulement y comparurent, celle de Vausalmon, en Paramé, qui fut maintenue, et celle du Verger, en Plurien, qui se désista. Les de la Chapelle du Vausalmon, en Paramé, comparurent aux Réformations de l'évêché de Saint-Malo au XVème siècle. Ils portaient " d'argent à trois gresliers de sable ". Jean de la Chapelle du Vausalmon rendit aveu, à Rennes, en 1539, pour la terre de la Ville-Saliou, en Paramé ; Jean de la Chapelle, sgr. du Vausalmon et du Gast, épousa Jeanne Dubot et en eut une fille, Louise, baptisée à Paramé en 1584 »], Commissaire extraordinaire des [guerres] ordonné par M. de Bouillé, Lieutenant général pour le Roy au Gouvernement de Bretaigne, et Loys de la Mothe contreroolleur extraordinaire desdites guerres, commis par Maistre Mathias de Roussillon, contrerolleur ordinaire desdites guerres et des dites mortepayes, Certiffions a nos seigneurs les gens des comptes du Roy nostre Sire audit pays de Bretaigne et tous aultres qu'il appartiendra Scavoir nous Commissaire avoir veu et visité par forme de monstre veue et reveue tous les soixante dix hommes de guerre mortespayes cy dessus [nommés] enroollez establiz à ladite mortepaye en ladite place et chasteau de St-Malo pour la garde, tuition (Note : Du latin tuitio, garde, protection), seuretté et deffence d'icelle soubz la charge de M. de Toré, cappitaine, et de M. de Bouillé en son absence, leurs personnes et celle du sieur de Talvert, lieutenant, y comprinses au nombre desdits soixante dix hommes qui nous ont estez presentez par ledit sieur de Talvert [et] après les avoir trouvez en bon et suffizant estat et equippaige pour faire service à ladite Majesté à la garde de ladite place amplement { ...... } les ordonnances enjoinct de ne les enfreindre en aucune manière et d'iceulx prins et receu le serment de fidellité en tel [cas] accousturné. Les avons particullièrement faict paier en nos presences par M. Phillebert Demerveilles, tresorier des guerres mortespayes de cedit pais par les mains de M. René Touzelin, son commis, de la somme de deux mil cent livres tournoiz [pour leur] paiement solde et entretenement de deux quartiers commancez le premier jour de juillet et finiz le dernier jour de decembre [derniers] passez mil cinq cens soixante quatorze dont leur avons faict ladite monstre qui est à raison de XXX livres tournoiz à chascun desdits soixante dix hommes pour lesdits deux quartiers. Et moy, Contreroolleur extraordinaire susdit, ay à tout ce que dessus assisté et faict au vray le [ ...... ] tant de ladite monstre veue et reveue que du paiement ainsi particullièrement faict auxdits soixante dix hommes. Lesquelz ainsi pa [....] paiez chascun en son regard se sont tenuz et tiennent pour contens et bien paiez et de ladite somme de deux mil cent livres [ont] quicté et quictent le dit Demerveilles sondit commis et tous aultres. En tesmoing de quoy nous avons signé ces présentes [.......]. Le dix neufiesme jour de février, l'an mil cinq cens soixante quinze. Jacques de Launay, Jehan de la Chapelle, Loys de Lamotte.

 

MONTRE DU 5 OCTOBRE 1583.

Roolle de la monstre veue et reveue au chasteau de St-Malo le cinquiesme jour d'octobre l'an [mil cinq] cens quatre vingtz trois du nombre de soixante dix hommes de guerre establiz et ordonnez à la mortespaie par le Roy nostre Sire pour le service [......] garde seureté et deffence dudit chasteau soubz la charge de Monsieur de Fontaines [Note : La famille de Fontaine comparut aux Réformations et Montres des XVème et XVIème siècles dans les évêchés de Saint-Malo et de Dol et fut reconnue noble d'ancienne extraction en 1669 ; elle portait « d'azur à la fasce nouée d'or, accompagnée de trois coquilles d'argent »] leur cappitaine et de messieurs de Vallaines et de la Perraudière lieutenans, leurs personnes comprisses audit nombre desdites soixante dix hommes pour la dernière année commencée le premier jour de janvier dernier M Ve quatre vingtz trois et finie, le dernier jour de juing ensuivant. Desquelz soixante dix hommes les noms et surnoms ensuivent : Monsieur de Fontaines, cappitaine ; Monsieur de Vallaines, lieutenant ; Monsieur de la Perraudière, soubz lieutenant ; François de Launay ; René de Charnières ; Yves de Charnières ; Baltazart de Riec ; Jacques Geofroy ; Pierre Le Sac ; Michel Elievre (?) ; Jan Bodin ; Hector Riec enroollé en la place de Mathurin Chappon mort ; Pierre Gerno ; Françoys Lancelot ; Anthoine Courtin ; Guillaume de Brest ; Vincent Boistel ; Gilles Herodin ; Jaques Hues ; Maturin Savary ; Françoys de la Touche ; Jacob Dupuis ; Bastien Gaultier ; Françoys Blesnes ; René Lancelot ; Raoul Renart enroulé en la place de Chrétien Renart mort ; Pierre Chevauchard ; Loys Pillavoyne ; Jullien Le Marchant ; Jan Gaultier ; Jan Le Vert ; Robert Gareau ; Jan des Prez [Note : Des Prez, de Bretagne, porte « d'argent à huit losanges de gueules, quatre en chef et quatre en pointe, au croissant de sable montant en abîme » ; cette famille comparut aux Réformations et Montres des XVème et XVIème siècles, dans l'évêché de Saint-Malo] ; Remon de la Lande ; Jehan Moret ; Briant Cheminant du xmassin ; Georges Gareau ; René Orry ; Pierre Groysel ; Pierre Blesnes ; Jan Jacotard ; André Jacotard ; René Bergeot ; Guillaume Launay ; Mathurin Cadiot ; Gilles Vivien ; Anthoine Dacier ; Bastien Emy ; Jullien Renard ; Denis Panyer en la place de Vincent Genou ; François Hux ; Gilles Baucher ; Jullien Rebouleau ; François Petit ; René Le Corre ; Michel Blanche ; André Le Peschoux ; Pierre Ousoni (?) ; Jaques Barbette ; Alain Noel enroollé au lieu de Servan du Rocher mort ; René Aurain ; Charles Morillon ; Maturin Simoneau ; Jean Morineau ; Michel Bourdays ; Blaize Corbin ; Jaques Rocherean ; Jan Chevauchard ; Jan Hardy ; Jaques Renard.

Nous François Moreau sieur de la Perraudière, pentionnaire [Note : « On désignait sous le nom de pensionnaires, au XVIème siècle, dit Chéruel dans son Dictionnaire historique des institutions, moeurs et coutumes de la France, les commensaux de la Maison du Roi, qui formaient un corps de troupes et figuraient dans les armées aussi bien que dans les cérémonies »] du Roy en Bretaigne et Lieutenant ès ville [et] chasteau de St Malo, noble homme Jan de la Chapelle sieur de Vausalomon, commissaire extraordinaire des guerres, et Mathias de Roussillon sieur du Plaisir, conseiller du Roy et contreroolleur général provincial desdites guerres et morte-paies audit pais. Certifiions à nossieurs les gens des comptes du Roy nostredit seigneur en iceluy pais et à tous autres qu'il appartiendra ce qui ensuict. Scavoir nous lieutenant avoir présenté en bataille les soixante dix hommes de guerre mortespaies entretenuz audit chasteau de St Malo soubz la charge de M. de Fontaines leur cappitaine, de celle de M. de Vallaines, lieutenant, et de [ ...... ] y comprinses, auxdits sieurs commissaire et contreroolleur pour en faire la monstre veue et reveue pour la dernière année commencée le premier jour de janvier dernier et finie le dernier jour de juing ensuivant. Et nous commissaire et contreroolleur avons veu et visité lesdits soixante dix hommes par forme de monstre veue et reveue qu'avons trouvé capables dignes suffizant et bien armez pour faire service à Sa Majesté à la garde et conservation desd. ville et chasteau de St Malo ; et auxquelz après avoir brins et receu d'eulx le serment de fidellite en tel cas requis et confirmer notre injonction de servir [......] les avons faict paier [......] comptant en nos présences par René Touzelin commis au paiement des mortespaies de Bretaigne la somme de sept cens escuz en quarts d'escuz qui seroit à chascun d'iceulx soixante dix hommes la somme de dix escuz et ce pour leur paiement et solde de ladite dernière année finie le dernier jour de juing dernier passé [.....] et de laquelle dite somme de sept cens escuz iceulx dits soixante dix hommes chascun particullièrement en son regard se sont tenuz et tiennent pour contens et bien paiez et de ladite somme en ont quicté et quictent le Roy nostredit seigneur, ledit Touzelin commis susdit et tous aultres. En tesmoing de quoy nous avons ensemblement et à leurs requestes signé ce présent roolle de noz mains et faict mettre le cachet de noz armes de commissaire audit chasteau, le cinquiesme jour d'octobre l'an mil cinq cens quatre vingtz trois.

 

BOSSINOT. Armes (d'après l'Armorial général de 1696) : d'azur à trois grenouilles d'or. La famille Bossinot, originaire des confins de la Bretagne et du Poitou, vint au cours du XVIème siècle se fixer à Saint-Malo et ne cessa depuis lors d'occuper un rang distingué dans la haute bourgeoisie de cette ville. Trois de ses membres firent enregistrer leur blason à l'Armorial général de 1696. MM. Bossinot de Vauvert, Bossinot fils et François Bossinot furent députés du Tiers État de Saint-Malo aux États de Bretagne, le premier en 1762, le second en 1768, le troisième en 1780, 1783, 1786. La famille Bossinot paraît avoir eu pour dernier représentant Victor Bossinot-Ponphily, né à Saint-Malo en 1807, décédé sans postérité en 1877, qui fut président du tribunal civil de Saint-Malo et conseiller genéral de l'Ille-et-Vilaine (Chaix d'Est-Ange).

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