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Défigurée par un pitbull, elle ne veut pas bannir ces chiens

La Montréalaise croit qu’il faut rendre obligatoires la muselière et les cours d’obéissance

Emmanuelle Cossette, femme qui s'est faite attaquer par un pitbull en 1988
Il y a 30 ans, Emmanuelle Cossette se faisait défigurer par un pitbull qui lui a arraché la joue gauche. Elle avait alors fait la une du Journal qui annonçait que le gouvernement promettait d’agir. Photo Le Journal de Montréal, Ben Pelosse


Défigurée violemment par un pitbull il y a 30 ans, Emmanuelle Cossette a appris à vivre avec ses cicatrices et s’oppose maintenant à une interdiction de cette race de chiens.

«J’écoute ce qui se dit aujourd’hui, les solutions que les gens et les politiciens présentent pour gérer les pitbulls, et c’est presque la même chose, mot pour mot, que ce qu’on disait il y a 30 ans. C’est hallucinant parce que les drames se succèdent, mais rien ne change», raconte Emmanuelle Cossette, la voix teintée d’émotion.

« Les solutions que les gens présentent pour encadrer les pitbulls sont presque les mêmes, mot pour mot, que ce qu’on disait il y a 30 ans » – Emmanuelle Cossette

Celle-ci venait tout juste de fêter ses sept ans en 1986 quand le pitbull de son oncle l’a attaquée au visage sans annonce.

L’événement fut bref, mais le chien a tout de même réussi à lui arracher la joue et la laisser avec une cicatrice de greffe – et les séquelles de l’attaque – pour le reste de sa vie.

Pour illustrer «l’inaction» de Québec et des villes envers les chiens dangereux, elle a ressorti Le Journal de Montréal du 16 mars 1988, qui faisait un retour sur l’événement.

Sur la une, on pouvait lire: «Emmanuelle, dernière victime d’un pitt-bull?» et «Vers une législation sur les chiens d’attaque».

«La semaine dernière, une femme est encore morte d’une attaque de pitbull. Et à l’automne dernier, Vanessa Biron a aussi été défigurée par ce type de chien. Elle avait sept ans à ce moment-là, et maintenant elle va vivre exactement l’horreur que j’ai vécue il y a des décennies. Quand est-ce que ça va arrêter?» demande Mme Cossette, la voix tremblante.

Muselières et permis

Si elle a longtemps espéré que les pitbulls soient bannis de la province, Mme Cossette croit maintenant qu’une telle loi serait «inutile» et quasi inapplicable.

«C’est vrai, après l’attaque, j’en voulais à tous les pitbulls. Je voulais presque prendre un fusil et tous les tuer. Mais à un moment, j’ai compris que le problème est beaucoup plus large que juste la race des pitbulls. Je serais très déçue si on pointait juste ces chiens du doigt et on les bannissait», soutient la Montréalaise.

Elle encourage plutôt les politiciens à obliger tous les propriétaires de chiens à avoir des permis et à faire suivre des cours d’obéissance à leurs animaux. Les pitbulls devraient également porter des muselières à l’extérieur de la maison.

De plus, elle souhaite que tout propriétaire dont le chien attaque et blesse une personne puisse être poursuivi au criminel par la victime.

«En ce moment, les victimes d’attaques ont très peu de recours contre les propriétaires des chiens et ne sont presque jamais indemnisées», déplore-t-elle.

Groupe de pression

Déplorant l’absence d’organisation regroupant les victimes d’attaques animales, Mme Cossette a également fondé dernièrement le Mouvement pour un Québec canin sécuritaire.

Le but du groupe est de mettre de la pression sur les politiciens pour qu’ils encadrent mieux toutes les races de chien, et non pas seulement les pitbulls.

 

Interdits partout au Québec ?

 

Le gouvernement Couillard songe à bannir les pitbulls comme en Ontario et annoncera de nouveaux règlements d’ici la fin de l’été.

Hier, le ministre des Affaires municipales et ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a indiqué que le gouvernement et les municipalités québécoises comptent trouver d’ici août une solution pour encadrer les chiens dangereux, dont les pitbulls.

Québec

D’ailleurs, le maire de la Ville de Québec, Régis Labeaume, n’a pas tardé à agir contre cette controversée race de chiens. Alors qu’il avait promis la semaine dernière de se pencher sur le problème, il a annoncé hier que tous les pitbulls seraient interdits dans la municipalité dès le 1er janvier 2017.

Cette décision lui a d’ailleurs valu une pluie d’insultes sur les réseaux sociaux, où certains internautes l’ont même menacé de mort. «Mon chien va tmange (sic) mon sale trou cul (sic) a (sic) marde», a écrit Francis Gingras.

Les Montréalais devront, eux, rester patients, car le maire Denis Coderre n’a toujours pas annoncé s’il agirait prochainement pour encadrer les animaux dangereux.

– Avec la collaboration de Stéphanie Martin et Marc-André Gagnon

 

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