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Le «parrain» du vélo prêt à s’éteindre

Après une vie dans le cyclisme, Jean-Yves Labonté en est à son dernier tour de piste

Le «parrain» du vélo prêt à s’éteindre
Photo Le Journal de Québec, Jean-François Desgagnés


Certains connaissent Jean-Yves Labonté, l’infatigable directeur d’équipe qui a contribué à lancer la carrière de cyclistes de renom. D’autres reconnaissent le bourru et flamboyant personnage qui organise des courses depuis toujours. Aujourd’hui, celui que plusieurs surnomment le «parrain» du vélo est confronté à son inévitable décès... mais le mourant est encore bien en vie!

Admis à l’hôpital Jeffery-Hale lundi, Jean-Yves Labonté n’en sortira plus.

Les médecins lui donnent trois mois à vivre. «Mais il y a des exceptions et j’ai été une exception toute ma vie», s’empresse de spécifier le loquace monument du cyclisme régional et provincial.

Le diabète, qui n’a jamais su saborder ses plans auparavant, a entraîné chez lui d’incurables problèmes rénaux qui finiront tôt ou tard par avoir raison de celui qui a consacré sa vie à son sport, depuis ses premiers coups de pédale, en 1954.

Souriant et toujours fier comme un paon dans sa chambre d’hôpital, qu’il a affectueusement rebaptisée son «petit condo», l’homme de 77 ans souffre, pourtant. Pas tant physiquement que mentalement, à l’idée de voir filer le sport qu’il a tant chéri. Pour le reste, pas question de quémander la pitié.

«Ce qui fait mal, c’est de devoir quitter le cyclisme, mais pas nécessairement de mourir. On doit tous connaître la fin. Quand la vie décide de t’emporter, t’as pas le choix», philosophe-t-il.

 

Le «parrain» du vélo prêt à s’éteindre
Photo Le Journal de Québec, Jean-François Desgagnés

Du bagage

Quand il a délaissé son guidon en 1968, Jean-Yves Labonté n’a certainement pas quitté le cyclisme. Gagnant une bonne part de sa croûte comme mécanicien vélo, il a aussi lancé équipe par-dessus équipe: Le Marché de Sainte-Foy, le club Québec Métro, Léon Les Saules, Nordcycle et finalement, Élicycle, dont il tire encore certaines ficelles à ce jour.

Les Marc Blouin, Gaétan Boucher, Michel Lacouline, David Veilleux et Hugo Houle sont tous passés sous sa férule.

«J’ai toujours réussi à créer une belle ambiance entre coureurs, malgré quelques mésententes inévitables. Pourtant, j’ai été une tête forte, il n’y a rien qui pouvait m’arrêter. On a souvent voulu me mettre les bâtons dans les roues. Mais moi, les bâtons, je les casse», raconte-t-il, l’air moqueur.

Pas de compromis

Même dans son petit condo depuis quelques jours, il a rapidement établi la hiérarchie. C’est lui, le boss! Lors de la rencontre avec Le Journal, celui qui a toujours refusé les ordres s’est même permis de rejeter catégoriquement le repas qui lui était servi, lançant au préposé: «Tu vas aller me chercher un sandwich!»

Après tout, Jean-Yves Labonté, à l’hôpital comme sur tout parcours, aime demeurer bien en contrôle.

«Quand je suis arrivé, je leur ai tout de suite dit: Je ne serai pas plogué à des machines, je ne serai jamais réanimé et vous ne me mettrez pas de couche. C’est tout!», tranche-t-il.

 

Le «parrain» du vélo prêt à s’éteindre
Photo Le Journal de Québec, Jean-François Desgagnés

Tout est prêt...

Fidèle à ses convictions jusqu’au bout, le coloré bonhomme affirme vivre ses derniers mois en toute sérénité.

«Ma fierté, c’est l’ensemble de ce que j’ai fait pour le cyclisme. Des gens vont continuer mon œuvre, parce que Jean-Yves Labonté, c’est un immortel!», clame-t-il.

Tout est maintenant prêt pour le grand voyage, même les funérailles. Faut-il s’étonner qu’un amoureux de la bécane ait choisi d’être conduit à son dernier repos sous l’air de la chanson Les bicyclettes de Belsize?

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