Le livre de Bernard Wesphael présenté juste avant le procès
"Assassin" ne sortira qu’après le verdict, mais l’éditeur entend en parler sans tarder.
- Publié le 10-09-2016 à 07h15
- Mis à jour le 10-09-2016 à 09h55
Divers médias ont reçu, ces dernières heures, un courriel les invitant, jeudi 15 septembre, à Liège, à la présentation du livre de Bernard Wesphael, l’ancien député wallon dont le procès pour le meurtre de sa femme Véronique Pirotton, le 31 octobre 2013, commencera devant la cour d’assises de Mons le lundi 18 septembre.
"Assassin" est édité par "Now Future", une nouvelle maison d’édition, dont le propriétaire, Laurent Minguet, entend assurer officiellement le lancement à cette occasion.
Laurent Minguet, qui fit les beaux jours de la société EVS, mondialement connue pour la qualité de ses ralentis sportifs et ses enregistreurs numériques, mais fut aussi professeur de mathématiques dans le cadre de la coopération, ingénieur chez Petrofina ou fondateur de sociétés spécialisées dans le développement durable, s’est lancé voici quelques mois dans l’édition.
Fin 2015 déjà, "Now Futur" annonçait la sortie, à l’issue du procès de Bernard Wesphael, d’un livre écrit par ce dernier et préfacé par son ami Jean Thiel. "C’est un témoignage poignant sur sa condition de veuf, inculpé pour l’assassinat de son épouse, et sur le parcours de vie douloureux de la défunte", indiquait l’éditeur, dans un communiqué. Lequel précisait que l’accusé ne commenterait pas l’ouvrage avant le procès, "afin d’éviter d’influencer le futur jury".
A l’époque, le procès était prévu pour le mois de février 2016. Des problèmes de traduction en ont cependant reporté la tenue à l’automne de cette année. Pour Now Future, ce n’est donc que partie remise. "Nous maintenons le même dispositif", nous a expliqué Laurent Minguet. "Le livre, qui est chez l’imprimeur, ne sera distribué qu’après le verdict, en Belgique mais aussi en France. Mais nous allons en parler dès jeudi."
Wesphael absent
Bernard Wesphael sera-t-il présent ? "Non, bien sûr", répond M. Minguet, "il ne s’agit pas de l’exposer, ni de faire pression sur la cour et le jury." Lorsqu’on lui fait remarquer que, même en l’absence de l’auteur, l’initiative pourrait être considérée comme maladroite, Laurent Minguet ne se démonte pas : "Je suis un éditeur soucieux de faire connaître ma maison d’édition. Je ne suis pas tenu par le secret de l’instruction. Notre démarche vise à donner aux journalistes une grille de lecture qui s’éloigne de celle qu’offrent, par exemple, certaines expertises que les médias se sont appropriées. Quand on les interroge dans la rue, 80 % des citoyens se disent persuadés que M. Wesphael est un assassin. Ce livre montre une autre vérité et rien ne m’interdit de présenter l’opinion d’un observateur privilégié de l’affaire…"
Mais, au fait, que dit de tout cela Me Jean-Philippe Mayence, le conseil de M. Wesphael ? "Je ne l’ai jamais rencontré", répond calmement M. Minguet. Et Bernard Wesphael lui-même ? "Il est un peu nerveux et il a évidemment peur d’affronter son procès mais je vais lui téléphoner pour le rassurer", poursuit l’éditeur.
Retour de bâton ?
Nous avons cherché à atteindre Me Mayence, sans succès. Certains de ses confrères se disaient toutefois étonnés de la démarche de Now Future. En droit, nous confiait Me Pierre Chomé, "sauf si des propos diffamatoires devaient être tenus jeudi, il n’y a rien à dire de particulier. Rien n’interdit une prise parole de ce type, même trois jours avant un procès d’assises. Mais l’initiative risque d’être considérée comme une tentative d’influencer les jurés et le risque de retour de bâton est réel. Pour la partie civile, c’est du pain bénit."