Le site hospitalier de Sainte-Ode, futur centre pour réfugiés ?
Corsendonk Hôtels qui possède les Fourches à Herbeumont s’intéresse au site du Celly pour le louer à la Croix-Rouge et en faire un centre pour réfugiés.
- Publié le 26-08-2015 à 06h00
Le site de l’ancien hôpital de Sainte-Ode – situé au Celly et qui compte 3 hectares de terrains dont une bonne partie de parkings, les bâtiments de l’ancien hôpital, la séniorie et le château – est à vendre depuis mars 2013 pour un million d’euros. Il s’agit de la valeur bilantaire, c’est-à-dire sa valeur comptable après amortissement. Et il y a urgence.
Les choses, une fois de plus (lire ci-contre) vont-elles se décanter? Et cette fois-ci sera-t-elle la bonne? Toujours est-il que le groupe hôtelier flamand Corsendonk Hôtels & Clubs basé à Turnhout (à l’est d’Anvers) a rencontré hier après-midi des responsables de Vivalia.
Ce groupe, qui possède déjà notamment l’Eurovillage aux Fourches à Herbeumont (lire ci-dessous), aurait l’intention d’acheter le Celly pour le louer ensuite à la Croix-Rouge.
L’idée serait alors d’en faire, comme à Herbeumont, un centre pour demandeurs d’asile.
Quand on entend les dirigeants européens qui multiplient les discours ces derniers jours, on comprend tout de suite que cet afflux massif de réfugiés vers l’Europe va s’inscrire dans la durée. Le groupe hôtelier flamand, qui a déjà de l’expérience dans le domaine, a-t-il flairé un beau coup à jouer?
Encore faut-il que le projet soit réaliste. Accueillir des demandeurs d’asile dans des conditions décentes va nécessiter de sérieux travaux dans ces bâtiments vétustes déjà jugés en bout de course quand l’hôpital a déménagé à Libramont.
Corsendonk Hôtels risque d’être refroidi par le montant à injecter pour mettre tout aux normes?
466 réfugiés à Herbeumont mardi prochain
Olga Dounskaia est la directrice du centre pour réfugiés des Fourches à Herbeumont. Cet ancien village de vacances appartient à Eurovillage et est géré par Alexandre Gillet.
Eurovillage loue depuis 5 ans les infrastructures à la Croix-Rouge. M. Gillet est un employé du groupe Corsendonk Hôtels & Clubs.
Son bureau est voisin de celui de Mme Dounskaia: «Nous, à la Croix-Rouge, nous organisons l'accueil des demandeurs d'asile et nous nous occupons d'eux. Eurovillage assure le suivi technique. Dès qu'il y a un souci, son gérant, M. Gillet intervient dans les minutes qui suivent. Il loge sur place; nous pouvons faire appel à lui à tout moment. Depuis 5 ans, nous travaillons avec Eurovillage et cela se passe très bien. »
Les Fourches, modèle du genre
Quand on demande à la directrice en quoi par exemple, les relations avec Eurovillage se passent bien, elle explique: «Voici trois ans, notre propriétaire a accepté de transformer les cuisines en une sorte de magasin. Les réfugiés – et nous sommes le seul centre qui propose cela –, peuvent préparer leur repas eux-mêmes dans leur kitchenette personnalisée. Ils viennent " acheter "» les denrées de base au magasin et se préparent à manger. On ne fait donc plus 400 plats à chaque repas; on ne gaspille plus rien.» Le système fonctionne avec des points: «Chaque famille reçoit chaque semaine un capital en points. Ceux-ci sont échangés au magasin. Tous les résidents doivent donc gérer leur consommation sur toute la semaine », précise Mme Dounskaia.
«Besoin de vêtements et de chaussures pour hommes »
Le centre d'Herbeumont est aussi le premier à avoir proposé des lits temporaires au gouvernement fédéral dès le mois de juillet. «Nous tournions avec 320 réfugiés. Quand il y a eu urgence, on s'est proposé. Nous accueillons maintenant 439 personnes, surtout des hommes seuls arrivés ici avec un tee-shirt et des sandales aux pieds. C'est dire si nous avons besoin de vêtements et de chaussures pour eux. Je lance un appel ici. Après des travaux à la cuisine, nous pourrons atteindre notre capacité maximale, soit 466 réfugiés. Ce devrait être fait mardi prochain », complète la directrice.
Sur l’ensemble des demandeurs d’asile, on compte une quarantaine d’enfants en âge scolaire. Ceux qui ont entre 2,5 et 12 ans fréquenteront l’école communale maternelle et primaire d’Herbeumont. Les autres, plus âgés, seront scolarisés à l’IND (Institut Notre-Dame) à Bertrix où l’école a mis en place, depuis quelque temps déjà, une classe passerelle.
Le centre de la Croix-Rouge employait jusqu'il y a peu, 26 temps plein. Quatre personnes ont été engagées et la directrice cherche surtout des infirmiers: «On est en pénurie. Toute personne intéressée par un job chez nous peut se rendre sur le site de la Croix-Rouge où elle trouvera toutes les démarches à suivre pour déposer sa candidature ».