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Le Grain et l’Ivraie : l’invasion du soja prédateur en Argentine

Dans la province de Salta, la culture intensive et l’épandage aérien chassent les Indiens Wichi de leurs terres et les privent des fruits indispensables à leur alimentation. Nour Films

Dans son documentaire, le grand cinéaste argentin Fernando Solanas prend fait et cause contre Monsanto et la destruction programmée de la bio-diversité.

Alors que les documentaires sur les questions de l’écologie et de l’environnement se multiplient (comme récemment L’Illusion verte de l’Autrichien Werner Boote), le grand cinéaste argentin Fernando Solanas se lance à son tour dans le combat contre Monsanto et les multinationales avec Le Grain et l’Ivraie, dédié au pape François pour son encyclique Laudato si. À 83 ans, le vieux lion n’a pas fini de rugir.

Né en 1936 à Buenos Aires, il joint dès ses débuts cinéma et militantisme politique. Le mouvement Cine-

L’affiche du documentaire. Le Grain et l'ivraie

Liberacion, dont il est l’un des fondateurs au début des années 60, veut faire du cinéma un instrument de contestation sociale et politique dans un pays où la seule parole est celle du pouvoir. Son premier grand documentaire, L’Heure des brasiers, en 1968, tourné clandestinement, est une vaste fresque révolutionnaire (qui s’achève sur la célébration de Che Guevara, c’était la mode, alors). Exilé en France pendant la deuxième dictature militaire (1976-1983), il a évoqué ce déracinement dans un très beau film, Tangos, l’exil de Gardel (1985), qui sera suivi de Sur (1988), le film du retour, avec les blessures et l’espoir. En 2004, Mémoire d’un saccage témoigne du désastre économique de l’Argentine d’après la dictature. Parallèlement, Solanas mène une carrière politique comme député de centre gauche, aujourd’hui sénateur. Toutes ses œuvres sont de vastes voyages qui scrutent la réalité à travers l’histoire et les peuples d’Amérique latine.

Le Grain et l’Ivraie ne fait pas exception. Alors qu’il tournait son film Oro negro, Solanas découvre par une de ses actrices la situation de la province de Salta, dans le nord. «Malgré la loi de protection de la forêt primaire, la déforestation se poursuit, pour permettre la culture intensive du soja, du colza, et autres céréales.» Des milliers d’hectares sont en déboisement. Et les Indiens Wichi, chassés de leurs terres, sont «parqués comme des animaux», privés des fruits des arbres sauvages dont ils se nourrissaient, exposés à l’épandage aérien. Le film s’ouvre sur un paysage de dévastation.

Cultures polluées

Avec son énergie combative, Fernando Solanas parcourt sept régions de l’Argentine. Dans la province de Buenos Aires, deux experts en éco-agriculture dénoncent l’invasion du soja massivement imposé par Monsanto sur des millions d’hectares, qui a détruit toute la biodiversité et entraîné la disparition d’innombrables petites exploitations qui se partageaient entre culture et élevage et permettaient aux populations de vivre sur place. De là déracinement, chômage et destruction de tout lien social dans les zones rurales désertées. Mais aussi de graves problèmes de santé pour ceux qui sont exposés aux épandages aériens toxiques. Solanas visite aussi bien les hôpitaux que l’énorme complexe pétrolier qui assure les transports et l’exportation du soja transgénique, ou les abattoirs industriels. «Plus de 60 % des légumes contiennent des agro-toxiques. Et la viande est refusée par l’Europe.» Le panorama est très noir, mais le dernier chapitre, «alternatives écologiques», lui apporte une note d’espoir. La résistance à la toute-puissance des multinationales s’organise peu à peu.

Le Grain et l’ivraie Documentaire de Fernando Solanas. Durée: 1 h 37.

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Roundup : Monsanto condamné à 80 millions de dommages et intérêts - Regarder sur Figaro Live

Le Grain et l’Ivraie : l’invasion du soja prédateur en Argentine

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10 commentaires
  • Champilou

    le

    Encore un peu et j'écrasais une larme.

  • Kerango

    le

    Je ne connais pas ce producteur de films mais les sa...peries produites par Monsanto et Bayer, alors là, je connais ...

  • Biquette35

    le

    Un ecolo-gauchiste. C’est-à-dire un menteur professionnel.

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