« Deux quinquennats, c’est suffisant. » C’est avec une pointe d’humour que Christophe Barbier commente son départ de la direction de L’Express, annoncé lundi 10 octobre. En 2006, à 39 ans, le journaliste politique avait pris la succession de Denis Jeambar à la tête de l’hebdomadaire de Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber. Dix ans plus tard, le titre a été avalé par un opérateur téléphonique, SFR, dont le projet est de le distribuer à ses abonnés.
Célèbre pour l’écharpe rouge qui l’accompagne de plateaux télé en éditoriaux vidéo, M. Barbier ne quitte pas pour autant L’Express, où il demeure conseiller éditorial et éditorialiste. Un rôle qu’il joue désormais également sur les antennes de BFM-TV et de RMC, deux médias membres de la galaxie SFR construite par Patrick Drahi. « Je ne me sens pas mis à l’écart, plutôt mis en vitrine », assume l’amateur de théâtre.
« Remobiliser autour d’un projet éditorial »
Son remplaçant à la direction éditoriale du titre devrait être Guillaume Dubois, déjà directeur général chargé des contenus, de la stratégie éditoriale et du numérique de SFR Presse (qui inclut notamment Libération). Cette nomination doit être avalisée par un vote de la Société des journalistes (SDJ). « La rédaction a besoin d’être remobilisée autour d’un projet éditorial », constate Pascal Ceaux, de la SDJ.
Venu de BFM-TV, dont il a longtemps été le directeur général, ancien journaliste économique, Guillaume Dubois avait pris la tête du pôle presse de SFR en juillet, aux côtés de François Dieulesaint. Sa nomination avait été perçue comme le signe d’une accélération à venir dans les synergies entre les différents médias du groupe, amenés à se retrouver en 2017 dans le même immeuble parisien.
Racheté en 2015 par le magnat des télécoms Patrick Drahi, actionnaire principal de SFR, L’Express a notamment connu un sévère plan de 90 départs, qui avait provoqué de vives tensions entre M. Barbier et les salariés. Confronté, comme la plupart des magazines d’information, au recul de sa diffusion payée (– 22 % en 2015-2016, à 300 000 exemplaires), il reste sur une perte de 4 millions d’euros. Le format « newsmagazine » a-t-il encore un avenir ? « Oui, s’il se concentre sur l’approfondissement et l’anticipation », croit le résilient M. Barbier.
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