Le sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (LR) a été élu lundi 9 novembre à la tête de la métropole Aix-Marseille-Provence au terme d’une séance particulièrement agitée. M. Gaudin a recueilli 119 voix sur 169 votants.
La première réunion de l’assemblée de la métropole s’est en effet déroulée dans une totale confusion au palais du Pharo de Marseille, prolongeant un week-end déjà rocambolesque, où l’assemblée a été plusieurs fois annulée avant d’être finalement maintenue. Après près d’une heure de débats tendus entre élus de la droite départementale, la présidente de l’EPCI du Pays d’Aix, Maryse Joissains (LR) a annoncé, lundi matin, qu’elle « levait la séance ». La maire d’Aix-en-Provence, qui présidait l’assemblée en tant que doyenne des présidents d’EPCI, a refusé de procéder à l’élection du premier président de la métropole. Pressée par une partie des élus de son camp, Mme Joissains a tenu bon avant de quitter la salle, entraînant dans son sillage la plupart des élus de sa communauté de communes et quelques maires des petites villes du département.
« Un coup de force »
Ce départ n’a pas mis fin à la séance. Guy Teissier, président (LR) de l’EPCI Marseille-Provence-Métropole a pris la succession de Mme Joissains au micro, et demandé un nouvel appel des présents. Le premier acte de création de la métropole Aix-Marseille-Provence, dont la constitution a été un long combat entre élus marseillais et élus du reste du territoire, a alors pris un tour totalement inattendu. « Je considère que nous vivons là un coup de force » a estimé le maire PC de Martigues, troisième ville du département, Gaby Charroux. Le député a retiré sa candidature, annoncée fin octobre, à la présidence de la future métropole.
La confusion autour de cette élection a commencé vendredi 6 novembre, lorsque le tribunal administratif de Marseille saisi par le maire UDI d’Eguilles (Bouches-du-Rhône), Robert Dagorne, a suspendu deux arrêtés du préfet des Bouches-du-Rhône, pris en septembre et en octobre 2015. Ces deux arrêtés définissaient la composition du conseil métropolitain et la répartition des 240 sièges d’élus entre les 92 communes de la future EPCI.
« Certains maires contestent la représentation qui est la leur dans cette métropole. D’autres contestent la loi devant le conseil d’Etat. C’est leur droit », a expliqué Mme Joissains en préambule. Pour la maire d’Aix-en-Provence, la décision du tribunal administratif a rendu impossible l’organisation de l’élection à la présidence : « Les juges considèrent qu’il y a un problème de constitutionnalité dans la création de la métropole. Il m’appartient de dire : il y a une décision de justice, elle doit être respectée ».
Après une courte suspension de séance, Jean-Claude Gaudin, qui avait demandé à ses soutiens de prendre tour à tour la parole pour demander la tenue du vote, s’est exprimé pour la première fois : « Faisons en sorte que demain nous puissions nous mettre au travail, a prêché le sénateur et maire de Marseille qui a confirmé sa candidature. Rassurons le personnel et les 7500 fonctionnaires que la métropole devra payer fin janvier 2016. Si le président élu est contesté après (l’élection)… On verra, je prends le risque »
« Un sentiment d’impunité »
L’opposition socialiste, largement minoritaire dans l’assemblée, avait de son côté annoncé son intention de s’abstenir. Le matin même une partie des parlementaires PS avaient reçu une note de la ministre de l’Aménagement du territoire, expliquant que la décision du tribunal administratif ne remettait pas en cause la légalité de l’assemblée, ni la répartition des conseillers communautaires par communes « qui est prévue dans la loi ». Hervé Fabre-d’Aubrespy, maire de Cabriès (LR), une petite commune du pays d’Aix qui a, lui aussi, déposé un recours devant le tribunal administratif, a présenté sa candidature contre Jean-Claude Gaudin.
A l’extérieur du Palais du Pharo, alors que le vote venait de débuter, Maryse Joissains ne décolérait pas : « On ne se fait pas élire après que la séance soit levée. On venait avec l’idée de voter pour Jean-Claude Gaudin, mais il fonctionne avec un sentiment d’impunité. J’ai raison de ne pas vouloir travailler avec des gens qui ne respectent pas la justice ».
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