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Alain Brunet, le psy qui répare les mémoires après les attentats

A l’origine d’un traitement novateur pour les états de stress post-traumatique, ce psychologue québécois est venu proposer son aide à la France après les attentats du 13 novembre 2015. Une étude de grande ampleur est lancée. Portrait.

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Publié le 01 juin 2016 à 19h57, modifié le 07 juin 2016 à 03h15

Temps de Lecture 5 min.

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Alain Brunet, psychologue, le 24 mai, à l’hôpital de la Pitié-Salpetrière, à Paris.

Sa distraction, dit-il, est légendaire. « J’ai tout oublié, sauf mes enfants, mais cela pourrait arriver », sourit Alain Brunet. Distrait peut-être, mais incontestablement brillant. A 52 ans, ce psychologue clinicien et chercheur québécois est devenu l’un des grands spécialistes des états de stress post-traumatique (ESPT), pour lesquels il a mis au point un traitement étonnant. Son principe : associer une psychothérapie brève avec réactivation du souvenir traumatique et du propranolol, un médicament qui diminue l’intensité des émotions associées à un souvenir.

Les médias français ont découvert la « méthode Brunet » mi-avril, quand le chercheur de l’université McGill de Montréal est venu dans la capitale présenter le projet « Paris MEM », une étude qui va tester cette stratégie chez des centaines d’individus souffrant d’ESPT, principalement dans les suites des attentats du 13 novembre 2015.

« Une riposte au terrorisme »

« L’état de stress post-traumatique est un trouble de la mémoire émotionnelle », justifie Alain Brunet. D’où l’idée d’apaiser cette mémoire trop vive, cause de tous les maux dans l’ESPT : flash-back, cauchemars… En pratique, le patient prend un comprimé de propranolol avant chaque session de psychothérapie. La première fois, il écrit le récit de son trauma. Il va le lire à l’intervenant à chacune des six séances. En fin de traitement, le ressenti lié au texte doit avoir perdu de son intensité.

L’ampleur de l’étude parisienne – qui vise 400 participants – est inédite ; l’enthousiasme et la fébrilité du professeur Brunet, perceptibles. Pour le clinicien et humaniste qu’il est, c’est « la possibilité de remettre des gens sur pied en un temps record après un événement de grande envergure ». « Une riposte de la psychiatrie au terrorisme » aussi. Et, pour le chercheur universitaire qu’il est tout autant, c’est « l’opportunité de valider à grande échelle le blocage de la reconsolidation mnésique ». L’aboutissement de vingt ans de recherches, celui d’un long chemin semé d’embûches.

Sa première rencontre avec les traumas psychiques est brutale. Alain Brunet est étudiant en psychologie quand le Québec connaît la pire tuerie scolaire de son histoire, le 6 décembre 1989. Un homme de 25 ans tue quatorze élèves filles de Polytechnique Montréal au nom d’un combat antiféministe, avant de se donner la mort. « J’ai été frappé par le peu de connaissances que l’on avait du stress post-traumatique, qui était pourtant répertorié dans le DSM [la classification nord-américaine des maladies mentales] depuis 1980 », se souvient-il.

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