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COP 21 : Emmanuelle Cosse dénonce le « double discours » de la France

La patronne d’EELV dénonce les incohérences du chef de l’Etat sur l’environnement.

Propos recueillis par 

Publié le 02 novembre 2015 à 23h17, modifié le 03 novembre 2015 à 16h32

Temps de Lecture 4 min.

La patronne des écologistes, Emmanuelle Cosse, lundi 2 novembre, au siège d'EELV à Paris.

A quatre semaines de la conférence mondiale sur le climat qui débute le lundi 30 novembre au Bourget (Seine-Saint-Denis), Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts et tête de liste aux régionales en Ile-de-France, dénonce un « double discours » de la France.

A un mois de la COP21, se dirige-t-on vers un échec ?

Emmanuelle Cosse : Je suis inquiète parce que nous sommes sortis des négociations de Bonn avec un texte qui reste bloqué sur les financements. Si on ne règle pas cette question des 100 milliards de dollars pour aider les pays en voie de développement à s’adapter au dérèglement climatique, ce sera un échec car ces pays ne voudront pas signer l’accord. Pour l’instant, le compte n’y est pas.

En voyage officiel en Chine, François Hollande s’est félicité, lundi 2 novembre, du soutien de Pékin qui s’engagé sur le principe d’« un accord juridiquement contraignant » sur le climat. Que pensez-vous de son action ?

Je ne remets pas en cause la sincérité de François Hollande mais il n’est pas cohérent. Il manque des actes et de la constance. Le cas de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est le parfait exemple du double discours tenu au même moment. Le président de la République est en Chine pour expliquer la nécessité d’une trajectoire de réduction des gaz à effets de serre à 2 degrés et convaincre Pékin de rehausser ses engagements. Pendant ce temps, le gouvernement annonce la reprise des travaux d’un nouvel aéroport dont on n’a pas besoin et qui va aggraver la question climatique. Où est la cohérence ?

La France n’est donc selon vous pas exemplaire en la matière ?

J’aimerais qu’elle le soit. François Hollande prône l’exemplarité, mais si nos politiques nationales ne traduisent pas un engagement très fort, comment voulez-vous que nous puissions l’exiger d’autres Etats ? Je ne vais pas m’en tenir à des opérations de communication. La lutte contre le climat exige des actes très concrets mais la France est incapable de traduire des principes énoncés en mesures réelles.

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Ségolène Royal a promis, lundi, qu’à l’avenir si la région et la Ville de Paris le demandaient, la circulation alternée serait mise en place automatiquement en cas de pic de pollution. Est-ce suffisant ?

Preuve en est que cela n’a pas suffi pour cette fois-ci. Lassée des annonces, j’attends de voir les actions réelles. Dès l’annonce samedi d’un pic de pollution pour dimanche, les écologistes ont demandé la circulation alternée. Dimanche, Jean-Paul Huchon et Anne Hidalgo l’ont demandée… Depuis des années nous en réclamons le déclenchement automatique. Une fois de plus on nous a alors répondu : « On verra demain » alors que cette automaticité avait déjà été annoncée par la ministre de l’environnement.

Il faut que ces mesures soient mises en place automatiquement sans que ça passe par une demande des élus ! Mais dès lors qu’il faut agir fortement pour l’environnement, les socialistes ne répondent pas présents, voire agissent en contradiction avec l’écologie. Ségolène Royal en particulier s’abrite en permanence derrière le refus d’une pseudo-écologie punitive mais c’est son absence de cohérence qui est punitive pour les Français. C’est toujours l’intérêt des constructeurs automobiles qui priment sur la santé des Franciliens.

Si les écologistes étaient encore au gouvernement, cela permettrait-il de pousser plus fortement ces politiques ?

C’est quand nous étions au gouvernement qu’il y a eu les attaques les plus fortes à Notre-Dame-des-Landes avec des mesures policières ahurissantes. Certes, elles se sont arrêtées car Pascal Canfin et Cécile Duflot ont dit très clairement leur désaccord. Mais je rappelle que nous avons un premier ministre qui défendait cet aéroport et qui n’a jamais lâché. En matière de politique environnementale, on voit bien que celles et ceux qui sont aux responsabilités flanchent face aux lobbys. L’abandon de l’écotaxe face aux manifestations des bonnets rouges en est un des meilleurs exemples.

Vous avez fait de la qualité de l’air un axe majeur de votre campagne en Ile-de-France. Quelles sont vos propositions ?

J’ai présenté avant même le scandale Volskwagen un plan à 3 milliards d’euros pour restaurer la qualité de l’air en Île-de-France et sortir complètement du diesel. Pour cela la région aidera les particuliers, les entreprises, les artisans à abandonner leur véhicule diesel pour des alternatives moins polluantes et nous convertirons toute la flotte de bus francilienne dès 2020. Ce plan sera financé par l’instauration d’une taxe poids lourds et par un redéploiement de crédits de la région. Pour les pics de pollution, la région doit être chef de file pour enclencher automatiquement la circulation alternée le contournement par les poids lourds et la gratuité des transports en commun.

Pourquoi les écologistes ne sont-ils pas plus entendus ? A cause de leurs divisions ?

Je n’ai pas fait le choix de la division. Mon objectif reste la réussite des régionales et de la COP21. Mais certains ont pu avoir la volonté de brouiller les messages pour que l’on parle plus de divisions sur les stratégies politiques que d’écologie. Mais qui gagne à la fin ? Est-ce que, aujourd’hui, celles et ceux qui nous ont quittés sont heureux des déclarations de leurs nouveaux alliés sur Notre-Dame-des-Landes ? C’est à eux que je pose la question.

Notre-Dame-des-Landes a de nouveau opposé socialistes et écologistes lors du conseil municipal lundi à Nantes. Vos élus pourraient-ils quitter la majorité municipale ?

Pascale Chiron, la chef de file des écologistes locaux, a annoncé que les écologistes ne participeraient pas au débat d’orientation budgétaire du conseil municipal.A Nantes, si on veut que nous participions à la majorité, il faut mener une politique écologique. Nous ne jouerons pas les alibis du renoncement environnemental. Que chacun prenne ses responsabilités.

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