Catherine Frot : «Je n’avais plus envie d’être actrice»

Catherine Frot, 62 ans, est de retour dans « Qui m’aime me suive » après une parenthèse d’un an et demi.

 Dans « Qui m’aime me suive » de José Alcala, Catherine Frot incarne Simone, une ex-soixante-huitarde écartelée entre son mari et son amant (interprétés par Daniel Auteuil et Bernard Le Coq).
Dans « Qui m’aime me suive » de José Alcala, Catherine Frot incarne Simone, une ex-soixante-huitarde écartelée entre son mari et son amant (interprétés par Daniel Auteuil et Bernard Le Coq). Sylvère Petit

    Elle n'avait pas tourné depuis 2016 et « Momo » de Sébastien Thiéry et Vincent Lobelle. Catherine Frot revient en grande forme avec « Qui m'aime me suive » de José Alcala, qui l'avait déjà dirigée dans « Coup d'éclat » en 2011. Dans cette comédie romantique, elle incarne Simone, une ex-soixante-huitarde écartelée entre son mari et son amant (interprétés par Daniel Auteuil et Bernard Le Coq). Rencontre avec une comédienne très enjouée, qui a trois films prévus cette année et rêve de revenir au théâtre en 2020.

    Vous vous reconnaissez dans le côté « baba cool » de Simone ?

    CATHERINE FROT. Oui. J'avais 12 ans en mai 1968, mais j'ai vécu la « queue » du mouvement. Le Peace and love, les idéaux communautaires, j'y croyais complètement. Je me voyais plus ou moins vivre comme ça : je travaillais dans une compagnie de théâtre, j'ai participé à des communautés d'été dans des grandes maisons où on jouait de la guitare… Je viens de cette époque.

    Et deux hommes qui se battent pour vous, ça vous est déjà arrivé ?

    Oui, ça m'est arrivé (rires) ! Plus que deux, même…

    C'est la première fois, à 62 ans, que vous apparaissez nue dans un film. Jusqu'à présent, vous aviez toujours refusé ?

    Oui, parce que je ne m'y retrouvais pas. Là, ça avait sa raison d'être. Et puis, c'est discret, bien fait. Il faut vraiment chercher pour voir quelque chose…

    Vous avez quand même demandé à José Alcala de ne pas mettre cette scène dans la bande-annonce…

    Oui, il n'y avait aucune raison que ça devienne quelque chose d'alléchant (rires). Quand j'en ai parlé à José, il m'a dit Mais Catherine, pour qui tu me prends ? Mais ce n'est pas intéressant, hein, on ne va pas en faire tout un fromage !

    Avant « Qui m'aime me suive », vous n'aviez pas tourné depuis dix-huit mois. Vous aviez besoin de faire un break ?

    Oui. Après la pièce « Fleur de cactus » (NDLR : qu'elle a jouée en 2015-2016), j'étais fatiguée, je ne savais pas vers où aller… Je n'ai pas vécu de dépression, mais j'avais envie de me retrouver avec mes affaires personnelles, avec ma fille, mes amis. J'avais envie d'être disponible. De ne plus être actrice pendant un petit moment.

    Vous trouvez que votre métier vous a rendue peu disponible pour votre vie privée ?

    Il faut une énergie colossale dans ce métier, que ce soit au théâtre ou au cinéma : quand on tourne, la vie privée, c'est un peu difficile… Au final, je crois que j'ai à peu près réussi à concilier mon métier et ma vie. Notamment parce que je n'ai jamais voulu tourner à l'étranger pour rester toujours près de ma famille. J'ai eu quelques occasions, au Japon par exemple, mais j'ai préféré me concentrer autour de chez moi.

    Qu'avez-vous fait pendant votre année et demie de break ?

    J'ai beaucoup lu, je suis allée au théâtre, j'ai vu des expositions de peinture, j'ai un peu voyagé et j'ai été chez moi, en Corse…

    Et vous avez refusé des rôles sans aucun regret ?

    Oui, au théâtre, j'ai refusé pas mal de choses. Quand on est acteur, on se dit toujours Combien de temps ça va durer ? Moi, si ça doit s'arrêter aujourd'hui, ça me serait égal… Je me demande si je suis sincère en disant ça, mais je le pense : j'ai l'impression d'avoir fait pas mal de choses bien concentrées ces vingt dernières années.

    C'est donc pour « Qui m'aime me suive » que vous avez mis un terme à cette parenthèse ?

    Oui. Je connaissais bien José Alcala et un jour, il m'a dit Je crois que j'ai une idée. Je l'ai encouragé et il a réécrit un scénario qu'il avait imaginé au départ pour des personnages de 80 ans.

    Vous avez confié récemment qu'on vous avait proposé de jouer dans « Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? »

    Oui, il en a été question, mais je ne pouvais pas le faire à ce moment-là. J'ai adoré ce film. Et elle est parfaite, Chantal Lauby ! J'ai vu la suite : c'est sympathique, mais ça m'a un peu moins fait rire.