« Paradise Lost » :« Pablo Escobar était un vrai monstre » **

Benicio Del Toro incarne le célèbre narcotrafiquant, tueur impitoyable mais père de famille modèle.

« Paradise Lost » :« Pablo Escobar était un vrai monstre » **

    Il avait déjà incarné Che Guevara. Benicio Del Toro se glisse cette fois dans la peau de Pablo Escobar dans « Paradise Lost », d'Andrea Di Stefano. Regard d'acier, physique imposant, le comédien de 47 ans impressionne dans ce portrait du narcotrafiquant colombien, patron du cartel de Medellin, abattu par des tireurs d'élite le 2 décembre 1993. Mais Del Toro, de passage à Paris, confie qu'il a bien failli refuser le rôle.

    « D'abord, j'en ai un peu marre des méchants, même s'ils sont toujours intéressants et que le public les adore. Ensuite, j'ai vraiment hésité, parce que l'histoire d'Escobar me semblait très compliquée à raconter dans un biopic classique. Puis, devant l'insistance de Dimitri Rassam, le producteur, je me suis documenté sur la vie de Pablo Escobar car je ne connaissais que le côté superficiel de cet homme. ». Et l'acteur de préciser : « Il faut savoir que ce film ne raconte pas sa vie. Ce sont des bribes de son existence, relatées à travers les yeux d'un jeune Canadien qui sort avec sa nièce, Maria. Tout le monde sait qu'il était un gros trafiquant, mais moins qu'il fut un père attentionné, un mari aimant, qu'il était dingue de Frank Sinatra et avait rencontré Elvis Presley à Las Vegas. Mais il était aussi d'une cruauté, d'une paranoïa et d'une folie incroyables. Et surtout, avant tout un vrai monstre ! C'était forcément très excitant à jouer pour l'acteur que je suis et qui aime les défis. »

    De nombreux projets de biopics sur le narcotrafiquant, dont un d'Oliver Stone, ont longtemps circulé à Hollywood, mais aucun n'a abouti. C'est donc le Français Dimitri Rassam, fils de Carole Bouquet, qui a réussi à monter le film sur le baron colombien de la drogue. « Escobar devait être interprété par Benicio Del Toro, affirme le producteur. Il n'y avait aucun doute possible, c'était lui. Une réponse négative de sa part, et le film ne se serait pas fait. Il fallait un acteur capable de dégager une présence à l'écran comparable à celle de Marlon Brando dans Apocalypse Now. »

    Tourné au Panama pendant près de deux mois, notamment dans la luxueuse villa reconstituée de Pablo Escobar, l'hacienda Napoles, « Paradise Lost » commence au moment où le narcotrafiquant est perçu en Colombie comme un bienfaiteur, construisant logements, écoles et hôpitaux. Jamais la drogue, qui pourtant gangrène le pays, n'est montrée à l'écran. « A l'époque, la cocaïne n'est pas considérée comme quelque chose de mal. En Colombie, mais aussi au Pérou, en Bolivie, elle était même utilisée comme un médicament, souligne le réalisateur, Andrea Di Stefano. J'ai été fasciné par la lecture d'une interview d'une soeur d'Escobar qui racontait qu'à ses yeux, son frère se contentait juste d'exporter un produit national. »

    Dans une séquence étonnante du film, Pablo Escobar est assis dans la voiture du célèbre couple de gangsters des années 1930, Bonnie et Clyde, criblée de balles. « Il avait vraiment acheté le véhicule dans lequel ils ont été abattus, confirme Benicio Del Toro. L'un de ses hommes a raconté qu'il restait des heures assis à l'intérieur. Je pense qu'il songeait au fait qu'ils avaient été trahis par une tierce personne. »

    Film historique franco-espagnol d'Andrea Di Stefano avec Benicio Del Toro, Josh Hutcherson...

    Durée : 1 h 54.

    * Un peu ** Beaucoup *** Passionnément ° Pas du tout