Saint-Denis : dans la cité minée par le trafic, les gardiens seront plus visibles

    Saint-Denis, le 22 octobre.  Sylvie, gardienne à la cité Pablo-Neruda depuis 4 ans, dans sa nouvelle loge
    Saint-Denis, le 22 octobre. Sylvie, gardienne à la cité Pablo-Neruda depuis 4 ans, dans sa nouvelle loge LP/Thomas Poupeau

      « Les locataires restent. C'est le trafic qui doit partir ! » La punchline est signée Stéphane Peu, maire-adjoint (PCF) de Saint-Denis et président de l'Office public Plaine-Commune Habitat, qui inaugurait ce week-end la nouvelle loge des gardiens de la cité Pablo-Néruda — un quartier gangrené par le trafic de drogue. Une initiative qui veut montrer que l'OPH s'engage à « maintenir un service de qualité aux locataires, en dépit d'un contexte particulièrement difficile », explique l'élu. Fin août, deux enfants étaient touchés par des balles perdues, tandis que deux mois plus tôt, 50 kg de cannabis étaient découverts par la police.

      « Nous sommes des agents de proximité »

      « La précédente loge était sous un porche, difficilement visible et moins accessible. Désormais, nous sommes à l'entrée de la cité, dans un local plus grand, plus propre », résume Sylvie, gardienne depuis quatre ans dans le quartier. Son rôle est essentiel : « Faire le ménage dans les parties communes, mais surtout, régler les soucis quotidiens des locataires : fuites d'eau, ampoule grillée… ou bien discuter avec ceux qui sont un peu seuls ! » Manu, son collègue embauché il y a six mois, confirme : « Nous sommes des agents de proximité, le premier interlocuteur entre le bailleur et les gens. »

      Désormais, la loge est à l'entrée de la cité, qui est gangrenée par le trafic. LP/T.P.

      Comme beaucoup d'habitants, les deux gardiens regrettent de voir leur cité réduite à l'image d'une plaque tournante de la drogue : « Je ne me sens pas en danger. Et c'est un quartier où il y a de la vie, de belles initiatives », assure Sylvie. Julien Colas, maire-adjoint, confirme que la ville cherche des solutions : « Cette année, la fête du sport se tient à Pablo-Neruda, c'est un choix délibéré. Par ailleurs, nous venons de mettre en place un médiateur social dans le quartier. Et il y aura bientôt une annexe de la régie de quartier… On essaie de se réapproprier le terrain. » De son côté, Stéphane Peu indique qu'une réunion sur les difficultés de ce quartier est prévue avec le préfet de police d'ici quelques semaines.

      Mais certains habitants n'en peuvent plus. Comme Eugénie, 79 ans, qui habite la cité Pablo-Néruda depuis 20 ans. « On m'a fracturé ma voiture quatre fois, alors l'assurance ne veut plus de nous. Récemment, j'ai été cambriolée, ils ont tout pris, sauf le canapé ! Ici, ce sont les dealeurs qui font la loi… » Même son de cloche chez Marie*, venue dire à Stéphane Peu, lors de l'inauguration, qu'elle s'apprête à « quitter la ville ». « C'est plus une vie ! Cela fait 38 ans que je vis ici, j'en ai assez. Ma famille et mes amis ne viennent plus me voir. »

      * Le prénom a été changé