Pablo et Marion ont tout perdu

Pablo et Marion ont tout perdu

    PABLO EST HEUREUX mais il culpabilise d'avoir survécu. Pablo et son amie Marion sont des miraculés. Par deux fois, ce couple d'internes en médecine en vacance à New York a échappé au chaos. « C'était irréel, raconte Pablo, qui logeait dans un appartement à moins de 200 mètres du World Trade Center. Quand la première tour s'est effondrée, tout le quartier s'est mis à trembler. Il y avait de la fumée partout. En fait, c'était une poussière épaisse. Nous ne voyions plus rien, nous ne comprenions rien. Nous nous sommes fait des masques avec des tee-shirts. L'air était irrespirable. Nous avons juste appelé notre famille pour dire que nous étions vivants. C'était l'apocalypse. Nous avons couru vers ce que nous pensions être le nord de la ville. » Ils rejoignent ainsi tant bien que mal le coeur de Manhattan. « C'était l'exode » , reprend Pablo. Très vite, la solidarité s'organise. « On nous a proposé à boire, à manger, de l'argent, un hébergement. C'était touchant. » Le lendemain, le couple retourne vers l'enfer. « Nous n'avions que mon passeport », explique Pablo. Après des heures de marche et des dizaines de barrages, ils sont de retour à l'appartement. « C'était terrible », poursuit Pablo. C'est alors que le quartier vacille à nouveau. Les vestiges de la tour sud s'effondrent. « Les pompiers nous ont évacués manu militari, témoigne le jeune homme. Nous nous sommes remis à courir vers le nord, totalement démunis. » Jeudi, ils se sont rendus au consulat de France pour tenter d'obtenir un laissez-passer pour Marion, dont le passeport est resté dans l'appartement. « Comme nos billets d'avion, notre argent, nos vêtements », précise Pablo. « En tant que médecins, nous sommes censés être forts, mais ce que nous avons vécu est tellement horrible », s'excuse Marion avant d'expliquer qu'ils prévoient de se porter volontaires.