Publicité

R. Saadé : « CMA CGM devient numéro un sur les lignes maritimes entre l’Asie et l’Amérique »

Le numéro trois mondial du transport maritime de conteneurs, CMA CGM, signe ce lundi un accord avec le fonds souverain de Singapour Temasek pour acquérir sa participation majoritaire dans Neptune Orient Lines. Il lance une offre sur la totalité du capital. L’opération, explique Rodolphe Saadé, le vice-président directeur général délégué de l’armateur marseillais, lui donne une position de nu méro un sur les lignes entre l’Asie et l’Amérique.

021538222400_web.jpg
CMA CGM lance une OPA sur la totalité des actions de Neptune Orient Lines (NOL) explique son directeur général, Rodolphe Saadé.

Par Antoine Boudet

Publié le 7 déc. 2015 à 08:19

Vous avez signé ce lundi un accord avec les autorités de Singapour portant sur l’acquisition de l’armateur singapourien Neptune Orient Lines. En quoi consiste cette opération ?

CMA CGM lance une offre publique d’achat sur la totalité des actions de Neptune Orient Lines (NOL), payables entièrement en cash à 1,30 dollar singapourien par action, soit une prime de 35% sur la moyenne annuelle du cours du titre coté à la Bourse de Singapour. Temasek, le fonds souverain de la Cité-Etat, a un engagement d’apporter sa part de 67% du capital à l’opération. Le reste du capital est très éparpillé. Dès lors que nous détiendrons au moins 90% du capital, nous engagerons le retrait de la cote de NOL. Cette opération est soumise à l’approbation des autorités de la concurrence que nous espérons obtenir dans le courant de l’année 2016.

Comment est financée cette offre publique ?

Notre offre est de 2,4 milliards de dollars. Elle est financée pour partie par la trésorerie de CMA CGM et pour partie par un crédit de 1,65 milliard de dollars signé avec six banques internationales, HSBC, JP Mogan et BNP Paribas étant chefs de file, suivis par ING, UniCredit et Société Générale. Nous avons le sentiment que notre note devrait rester inchangée à B+. Compte tenu des synergies opérationnelles que nous avons identifiées et des cessions d’actifs de NOL dans les terminaux portuaires, pour un montant global d’au moins 1 milliard de dollars, nous estimons pouvoir retrouver un ratio de dettes nettes sur fonds propres de 0,8 d’ici à 18 à 24 mois. En permettant à NOL de se brancher sur notre réseau, il va bénéficier d’économies d’échelle.

Publicité

Quel est l’intérêt stratégique de cette opération ?

Avec NOL, CMA CGM va constituer un groupe pesant 22 milliards de dollars, avec une flotte de 553 navires et 29.000 salariés dans le monde. Sa part de marché dans le transport maritime de conteneurs va passer de 8,9% à 11,6%, nous rapprochant ainsi de MSC à 13,3% et de Maersk, le numéro un mondial avec 14,5%. Ce qui nous intéresse dans NOL, c’est d’abord les parts de marché significatives qu’il détient dans des zones en croissance. Sur les lignes transpacifique, vers les Etats-Unis où il opère sous la marque APL, société américaine très connue dans le secteur, et sur les lignes intra-Asie. APL est opérateur de navires sous pavillon américain et transporte de la marchandise pour le compte de l’armée américaine.

Avec cette opération, CMA CGM devient le numéro un sur les lignes transpacifique. Nous sommes par ailleurs déjà très présent en intra-Asie, avec notre filiale CNC, et nous voyons de grandes complémentarités avec NOL, qui opère aussi en Inde et au Moyen-Orient. Enfin, NOL est peu exposé en Europe ce qui, compte tenu de la conjoncture, est appréciable. Cependant, étant donné les très grands navires que nous faisons entrer dans la flotte de CMA CGM sur les lignes Asie-Europe, nous pensons pouvoir faire charger à bord des marchandises transportées par NOL.

NOL apparaît comme une cible idéale pour les géants du transport maritime européen. Qu’est-ce qui fait que vous l’avez emporté ?

A ma connaissance, MSC n’a pas fait d’offre. En revanche, Maersk et des armateurs asiatiques ont bien regardé le dossier. Mais pour les uns, les pertes de NOL ont pu paraître un obstacle, quant à Maersk il n’est rentré que très tardivement dans la « data room ». Pour ma part, cela fait un an que je travaille sur ce dossier avec le banquier d’affaires Jean-Marie-Messier, notre avocat Daniel Hurstel de chez Willkie Farr & Gallagher et les équipes du groupe.

Nous avons consacré beaucoup de temps à rencontrer non seulement la direction de NOL mais également les autorités de Singapour. Car notre volonté est de nous y installer de manière pérenne. Nous avons l’intention d’établit une coentreprise avec l’autorité portuaire de Singapour, PSA, pour développer notre hub en Asie du sud-est à partir de Singapour, alors que jusqu’ici la plate-forme de transbordement de CMA CGM est en Malaisie. Nous allons enfin pouvoir constituer un véritable bureau dans la région en transférant nos équipes de Hong Kong à Singapour. En vingt ans, c’est la neuvième acquisition réalisée par le groupe. Autant dire que nous avons cette expertise pour intégrer NOL dans le monde de CMA CGM.

Propos recueillis par Antoine Boudet

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité