Photo non datée de Anna Marly (1917-2006), auteur de la musique du "Chant des Partisans", hymne de la Résistance.

Photo non datée d'Anna Marly (1917-2006), auteur de la musique du "Chant des Partisans", hymne de la Résistance.

AFP

La première version du

À l'origine, c'est Anna Marly -une guitariste d'origine russe, réfugiée à Londres pour fuir l'invasion de la France par le régime nazi d'Hitler- qui compose la musique du Chant des Partisans, en 1942. Dans sa première version, l'hymne des résistants s'appelle Le Chant de la Libération et les paroles sont en russe, parfois précédé d'une traduction lorsqu'Anna Marly le chante à la BBC.

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Une mélodie sifflée pour passer outre le brouillage allemand et se reconnaître dans le maquis

Le refrain du Chant des Partisans a, au début, été sifflé par hasard, par "réflexe". Mais les alliés se rendent rapidement compte que contrairement aux paroles, les sifflements restent audibles en France occupée malgré le brouillage allemand. Siffler devient indispensable, obligatoire.

"Je sifflais (Le Chant des Partisans, ndlr) d'abord parce que lorsque vous jouez de la guitare, le réflexe normal est de siffloter (...) j'ai donc sifflé le refrain (à la radio) et on a découvert que c'était justement l'air qui traversait le brouillage ennemi", explique Anna Marly lors d'une interview en 1964 (voir ci-dessous). C'est également pour cette raison que, sifflées, les premières mesures du Chant des Partisans deviennent, dans le maquis, un signal de ralliement, de reconnaissance.


Maurice Druon, Joseph Kessel et Germaine Sablon amènent le Chant à sa forme finale et en font un succès international

En 1943, la mélodie est repérée par Maurice Druon et Joseph Kessel mandaté par André Gillois, directeur de la radio Honneur et Patrie qui recherche un air pouvant "habiller" la radio du Général de Gaulle. Druon et Kessel gardent l'air mais modifient le texte original et le traduisent en français.

Les deux auteurs, fraîchement débarqués en Angleterre, travaillent aussi avec une autre réfugiée, Germaine Sablon (qui a eu une longue relation avec Kessel) sur Le Chant des Partisans. D'après La chanson française et son histoire, édité par Dietmar Rieger (page 325), elle le chante pour la première fois le 30 mai 1943, puis dans le film de "propagande" d'Alberto Cavalcanti (Trois chansons de la résistance, tourné à Londres) et contribue largement à son rayonnement international.

Les paroles ont été imprimées pour la première fois le 24 septembre 1943

Les paroles sont ensuite larguées par l'aviation anglaise sur la France occupée, comme des bombes culturelles. Récupérées par la résistance, elles sont publiées pour la première fois dans le numéro 1 de la revue Les cahiers de Libération, le 25 septembre 1943... il y a 70 ans.

(Pour télécharger ou visualiser tous les tomes de la revue Les cahiers de Libération, rendez-vous sur le site de la BNF).

Un chant de résistance international

Entre-temps, Le Chant des Partisans est devenu l'emblème de la résistance dans le monde entier. Il est entonné par les soldats viet-minhs en 1954 face à l'armée française à Dien Bien Phu. En 1960, il est cette fois repris, paradoxalement, par les partisans de l'Algérie française.

L'une des versions les plus célèbres reste celle d'Yves Montand, interprétée en 1986 lors d'un concert en Israël pour soutenir le combat des Juifs soviétiques, qui n'avaient pas le droit de quitter l'URSS pour se rendre en Israël.


Johnny Hallyday l'a lui aussi repris en 1998 dans La nuit des hommes libres de Daniel Rondeau. Une version qui a d'ailleurs "beaucoup plu" à Anna Marly:


Plus récemment, en 2000, c'est le groupe Zebda qui l'a réinterprété avec les membres du collectif des Motivés.

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