BRIGITTE MARIN
LA TOPOGRAPHIE MEDICALE DE NAPLES
DE FILIPPO BALDINI, MÉDECIN HYGIÉNISTE
AU SERVICE DE LA COURONNE
En 1787, Filippo Baldini, médecin attaché à la Cour, met ses talents et connaissances au service du gouvernement de Ferdinand IV, en rédigeant une topographie médicale de la ville de Naples ou Ricerche fisicomediche sulla costituzione del clima della città di Napoli. Description minutieuse, quartier par quartier, des nuisances de la ville, de la pathologie urbaine, des maladies endémiques et des remèdes susceptibles de garantir santé et longévité aux napolitains, l'essai de Baldini se présente comme un rapport détaillé de la situation sanitaire à Naples sur lequel fonder une véritable politique de médecine préventive, ou du moins une série d'interventions efficaces en matière d'hygiène publique1. Du reste, l'auteur, dans sa dédicace au monarque, fait valoir les raisons qu'a un chef d'État éclairé de prendre soin de la santé de ses sujets :
«Egli è certo, che questa città di Napoli sotto il soave dominio, e mercé le paterne cure della Maestà' Vostra ritrovasi ora nel più florido stato [. . .]. Per colmo di tanta felicità uopo era, che si pensasse al modo, onde conservare in perfetta salute gli abitanti di questa capitale. Egli è certo, che formano i cittadini il nerbo principale, e costitutivo dello stato : e quindi ben si comprende, che quanto sieno maggiori in numero, ed in robustezza, altrettanto lo stato cresce nella potenza, e nella forza. Per ottenere un tale intento dovea darsi loro una norma, onde evitare le malattie corporali, ο guarir quelle che si fossero già contratte : e tal norma dovea esser diversa, a seconda de' climi, e delle diverse circostanze de' quartieri, onde la città è composta»2.
1 À notre connaissance, les historiens de la ville de Naples se sont peu intéressés à ce texte, dont l'intérêt pourtant dépasse largement le simple témoignage historique sur l'état sanitaire de la capitale à la fin du XVIIIe siècle. La topographie médicale de Naples de Filippo Baldini est signalée dans la Storia di Napoli, t. 8, Naples, 1971, p. 89-92, sous la date erronée de 1737, et par C. De Seta, Napoli, Naples, 1981, p. 201.
2 II nous a semblé préférable de citer les sources en langue originale. La traduction française des citations les plus importantes est portée en note. «Il est cer-
MEFRIM - 101 - 1989 - 2, p. 695-732.
