Vendredi - 29 Mars 2024

Jean-François Beltran / Cuxanais et Entraîneur de rugby


Enfant, il contemplait les maillots que sa tante faisait sécher dans son jardin au soleil de Cuxac, et se mettait à rêver qu’un jour, lui aussi, comme son père et ses oncles, porterait la parure des « Rouge & Bleu »…

Et bien sûr, les Dieux du Rugby, qui voient tout et savent tout ici-bas, exaucèrent son rêve, et bien plus encore… Non seulement Jean-François Beltran portera le maillot de Cuxac, mais aussi celui du grand Castres Olympique, d’Espalion, et du voisin Audois, Ouveillan. Et comme pour lui le Rugby est un lieu d’émotions, de rêve et de partage, c’est en « Entraîneur entraînant » qu’il poursuivra son chemin en Ovalie… Avec une feuille de route élaborée au rythme des rencontres et des affinités, et qui aura pour étapes les cités de Sigean, de Narbonne, de Castres, de Bayonne, de Béziers, de Bourgoin-Jallieu, de Carcassonne et de Leucate. Mais dans tous ces voyages, son village natal restera toujours le QG ovale de Jean-François… Ca fait 75 ans maintenant que dans la lignée d’Alban, les Beltran vivent une belle histoire d’amour avec le Rugby de Cuxan, réuni aujourd’hui avec le voisin d’Ouveillan sous le sigle « AOC XV »… Une Appellation d’Origine Contrôlée, sur laquelle veillent désormais aussi Renaud, Romain, Tom et Hugo… Merci Sisquet !

 

Bonjour Jean-François, dans quelles circonstances le rugby est-il entré dans ta vie ?


Cuxac d’Aude, Aude (11)


panneau cuxac d-audeDès mon plus jeune âge, j’ai très vite été imprégné par le rugby… J’ai poussé à Cuxac d’Aude, et mon père (Alban) et mes 2 oncles (Henri et Guy) portaient tous les 3 les couleurs du club de rugby du village. J’ai commencé à jouer à 10 ans et mon premier éducateur fut ballon rugbyun de mes oncles, Henri Sarrail… C’était dans le début des années 60 et à l’époque il n’y avait qu’un ballon dans tout le club… Un ballon en cuir, et c’est le tonton qui avait le suprême honneur de veiller sur ce trésor !

 

logo cuxacLes entraînements avaient lieu le jeudi après-midi à 16h00… Mon oncle travaillait à la vigne, et on attendait impatiemment qu’il rentre du travail pour pouvoir jouer. Et de temps en temps, on partait faire des tournois le samedi… Prendre le bus pour aller jouer et voir « en vrai » la Cité de Carcassonne, c’était tout un monde qui s’offrait à nous, car en ce temps là, on n’avait pas trop l’occasion de sortir du village ! Je me souviens que c’est ma tante qui lavait les maillots des Seniors, et quand je les voyais, bien alignés sur l’étendage de son jardin, je me mettais à rêver, espérant que moi aussi, je porterais un jour le maillot « Rouge & Bleu » Cuxanais !

 

A partir de là, quel a été ton parcours de joueur ?

Formé au départ comme ½ de mêlée et ½ d’ouverture, c’est finalement au poste d’arrière que je me spécialiserai sous le maillot de Cuxac, dont j’intégrerai l’équipe 1ère à l’issue de mes années Cadets.

jef beltran cuxan 66-67

1967 : Jean-François (3ème accroupi à gauche) est Champion du Languedoc 2ème série avec Cuxac

Puis je pars jouer la saison 69/70 au Castres Olympique, en 1ère division (8 poules de 8 à l’époque). Fonctionnaire des Impôts, je suis professionnellement nommé à Espalion, dans le Nord-Aveyron. Les trajets pour Castres me compliquant pas mal la vie, je signe au Rugby Club Espalion, avant de revenir jouer à Cuxac, suite à une nouvelle affectation, à Saint-Pons-de-Thomières.

jef beltran castres 1969

1969 : Jean-François (4ème accroupi à gauche) est n°15 au Castres Olympique, dans l’équipe de Gérard Cholley (1er debout à droite)

jef beltran 76 Cuxan ouverture

76 : Jean-François à l’ouverture de Cuxan

Je jouerai donc à nouveau à l’US Cuxac de 71 à 83, en 3ème division, et c’est à ce moment là que je vais commencer à mettre un pied dans l’entraînement. Puis je pars jouer à Ouveillan, le village voisin… De nos jours, les 2 clochers, distants de 6 kms, ont réuni leurs destinées ovales sous le sigle de l’« Entente Cuxan-Ouveillan AOC XV », mes 2 fils, Renaud et Romain y sont éducateurs, et mes 2 petits-fils, Tom et Hugo, y jouent… Depuis 75 ans, le nom des Beltran est associé au rugby Cuxanais. Ici, dans mon village, tout le monde m’appelle « Sisquet », c’est un surnom qui me vient de mon grand-père, et je suis Président de l’Amicale du Rugby de Cuxac depuis… 20 ans ! Mon père avait démarré en Ovalie en 41, en pleine guerre, et aujourd’hui, c’est la 4ème génération des Beltran qui est à pied d’œuvre… Je t’avoue que je suis assez fier de ça !! J’adresse aussi un grand “Merci” à Aline, mon épouse, qui m’accompagne depuis 45 saisons… Un soutien sans faille qui m’a permis de m’épanouir pleinement dans mon aventure ovale.

beltran pères et fils 2008

Jean-François avec son père, Alban, et ses fils, Renaud et Romain… Tous 4 ont porté le maillot de Cuxan !

 

C’est ensuite comme entraîneur que tu as emprunté la « Nationale Rugby », sur laquelle tu as fait jusqu’à ce jour de belles étapes… Tu nous racontes ce parcours ?

logo narbonneDepuis tout jeune, j’ai toujours aimé organiser les choses, proposer des activités aux copains, arriver à les convaincre de faire des choses ensemble… C’est sans doute déjà de là que me vient la vocation d’entraîner les autres ! Quand en 71 je suis revenu à Cuxac en provenance d’Espalion, je me suis occupé des Cadets du club, et c’est comme ça que j’ai commencé ma carrière d’éducateur… il y a 45 ans ! Puis des Cadets, je suis passé aux Seniors Cuxanais, avant d’aller m’occuper des voisins d’Ouveillan.

De 85 à 89, j’entraînerai le Club Olympique de Sigean, alors en 2ème division, puis les Juniors Reichel de Narbonne… C’est cette expérience là qui a été le véritable déclencheur de ma carrière d’entraîneur, car dès la saison suivante (90/91), les dirigeants Narbonnais me proposent de rejoindre Henri Ferrero et Robert Bru (qui arrivait du Stade Toulousain) aux manettes de l’Equipe 1ère, dans laquelle on retrouvait à l’époque les Eric Blanc, Didier Codorniou, Henri Sanz, Francis Dejean, etc… Et on gagnera le Du Manoir en 91, à Béziers, contre les Béglais d’Yves Appriou, 13 à 12… Des Béglais qui avaient été sacrés Champions de France juste la semaine d’avant.

jef beltran narbonne 91-92

1991 : Jean-François (3ème assis à droite) est dans le staff du RC Narbonne

Je serai ensuite Directeur Sportif du RC Narbonne jusqu’en 96, avant de reprendre l’entraînement des Reichel, puis à nouveau de l’Equipe 1ère, en compagnie de Pierre Bouisset et aux côtés de Pierre Berbizier, de 97 à 2000. Outre les collègues déjà cités, ces années Narbonnaises m’ont également permis de travailler avec, entre autres, Jacques Delmas, Gérard Sutra, Alain Paco

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Jean-François à Bourgoin en 2010 (Photo site csbj-rugby)

De 2000 à 2002, je pars 2 saisons au Castres Olympique, au cours desquelles je travaillerai avec Alain Gaillard, Christophe Urios et Rémi Trémoulet. On jouera en 2001 la ½ finale du Championnat de France, contre Toulouse, et en 2002, grand moment !… La ½ finale de la H-Cup contre le Munster, à Béziers. En 2003, je reviens à Narbonne pour m’occuper du Centre de Formation, et de 2004 à 2006, j’entraîne à nouveau la Une du RCN, aux côtés de Marc Delpoux.

En 2006, Jean-Pierre Elissalde, qui vient d’être nommé Manager à Bayonne, m’appelle, et je pars 2 saisons à l’Aviron, où j’entraînerai les Basques avec Xavier Pemeja. Je reviens ensuite à Cuxac-Ouveillan une saison, puis j’irai à Béziers, qui descendait en Fédérale 1, avant que Laurent Seigne, que j’avais entraîné à Narbonne, ne m’appelle en 2011 pour aller l’épauler au CS Bourgoin-Jallieu, qui venait de descendre en PRO D2 (avec le départ de 27 joueurs !) et dont il prenait le commandement…

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Jean-François (à gauche) avec l’Aviron Bayonnais en 2007

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Jean-François avec Chrisian Labit à Carcassonne (L’Indépendant du 6/3/13)

Je resterai une saison à Bourgoin, avant de partir à Carcassonne (PRO D2), où je rejoins Christian Labit, que j’avais lui aussi entraîné à Narbonne, et en 2014, je pars entraîner le Sporting Club Leucate Corbières Méditerranée avec Mathieu Siro, avec qui je viens de passer 2 belles saisons en Fédérale 2. Cette dernière expérience à Leucate m’a fait comprendre toute la complexité actuelle de cette Fédérale 2, tirée par le haut par la professionnalisation du rugby… Un niveau dans lequel il y a de très grosses différences de moyens entre les clubs, et au bout du compte c’est bien la quantité et la qualité de ton banc qui très souvent fait la différence en fin de saison.

 

logo aoc XVEt la saison prochaine, je reviens à nouveau « chez moi », à l’AOC XV (Association Ouveillan Cuxac), où je vais m’occuper des Juniors, qui sont en entente avec l’Avenir Bleu & Blanc logo comité languedocde Capestang / Puisserguier et le GAOBS Sud Minervois… J’ai encore un peu de gaz et je suis sûr que je vais me régaler avec ces gamins ! Il est également convenu que je m’occupe d’une Sélection (-16 ou -17 ou -18) au niveau du Comité du Languedoc… Bref, le rugby va continuer à occuper une bonne partie de mon temps, et je suis heureux de pouvoir le faire au contact des jeunes!

 

Dans tout ce parcours (de joueur et d’entraîneur), il y a forcément quantité de choses, des « grands moments » particuliers, qui t’ont marqué plus que d’autres, et que tu gardes bien ancrés en toi… Tu pourrais nous en confier 3 ou 4, qui remontent à la surface, juste là ?

yves du manoir

Challenge du Manoir

Un des plus grands souvenirs que je garde du terrain, c’est le titre du Challenge Yves du Manoir en 91, lorsque j’entraînais Narbonne. Nous avions en face de nous les Béglais d’Yves Appriou, qui venaient d’être sacrés Champions de France la semaine précédente… Chez les Béglais, c’était l’époque des fameux « Rapetous » (Simon, Gimbert, Moscato… Et tous les autres !). Nous ça faisait un mois qu’on était éliminés du Championnat de France, et on les a attendus pour jouer cette finale, qui s’est déroulée à Béziers, à 30 kms de chez nous… On était chauds, et on a gagné… 13 à 12 !!

logo castresLe second très « grand moment » que j’évoquerai, c’est en 2002, alors que j’entraînais à Castres (qui comptait dans ses rangs entre autres les Reggirado, Ibanez, Fernandez Lobbé, Lassissi, Costes, Townsend, Berryman, Artiguste, Mola, Sarraméa, etc…) la ½ finale de H-Cup contre Le Munster, encore à Béziers, au Stade de la Méditerranée. Bien sûr, les supporters Castrais étaient venus en nombre pour nous encourager, et quand on a vu aussi débarquer dans le stade « l’Armée Rouge » composée de milliers de supporters Irlandais, je peux te dire que c’était impressionnant et que ce match s’est déroulé dans une ambiance de folie. Au final, nous nous sommes malheureusement inclinés, sur le score de 17 à 25, mais cette rencontre reste un moment très fort dans mon parcours.

 

2001/2002 : Jean-François (1er rang, 7ème à gauche) entraîne le Castres Olympique avec Rémi Trémoulet

 

jef beltran champion fance ouveillan 85

1985 : Jean-François (à gauche), Champion de France avec Ouveillan

Et puis, si je remonte dans mon lointain passé de joueur, je te parlerai du titre de Champions de France de 1ère Série, obtenu en 85 avec Ouveillan, contre les Landais de Habas, qui venaient d’être Champions de France 2 années consécutives… Mais ce jour là on les a fait tomber, car on avait plus faim qu’eux, pour qui soulever le bouclier était devenu une routine ! Tout le village était bien sûr en ébullition, et 5 ou 6 cars nous avaient accompagnés, ce qui était énorme par rapport au nombre d’Ouveillanais, qui étaient moins de 2000 à l’époque.

Un autre bon souvenir de joueur aussi, ce sont les titres de Champions de France obtenus avec l’Equipe des Impôts de l’Aude dans le Championnat de France Corpo du Ministère des Finances… J’avais 39 ans, mais je jouais encore et je manageais l’équipe.

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1987 : Jean-François (2ème accroupi à gauche) est Champion de France ATSCAF avec l’équipe des Impôts de l’Aude.

 

Finalement, que retiens-tu de plus important de ton parcours d’entraîneur ?

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Jean-François avec Alain Gaillard à Castres…

Je ne me serais jamais douté, au début de ma carrière à Cuxac, qu’un aussi riche parcours d’entraîneur m’attendait… J’arrive « d’en bas », à la force du poignet… Je n’ai jamais été international, j’ai toujours fonctionné par bouche à oreille, guidé par des rencontres avec des personnes avec lesquelles le « courant » est bien passé et avec qui j’ai eu de bonnes sensations. Je n’ai jamais eu de plan de carrière, jamais eu d’agent, j’ai toujours privilégié l’affinité personnelle à toute autre forme de considération, et le tout 1er déclic aura été pour moi la rencontre avec André Quilis, ancien International, qui était venu nous entraîner en 71 à Cuxac. Par ses qualités de pédagogue, il a été le premier à me faire entrevoir l’intérêt de la fonction d’entraîneur. Des années plus tard, une autre rencontre très importante pour moi sera celle de Robert Bru, à Narbonne, qui m’a lancé dans le grand bain du haut niveau.

J’interviens également depuis de très nombreuses années dans les « Stages Pierre Villepreux » (Association « Le Plaisir du Mouvement »), dont on vient tout juste de fêter à Noirmoutier le 20ème anniversaire, et cela m’a donné l’occasion de faire de très nombreuses rencontres, qui m’ont permis d’échanger, de m’interroger, et d’apprendre, toujours et toujours… Je crois beaucoup à la fertilisation croisée ! J’ai aussi participé pendant 10 ans aux stages de Marciac, organisés par René Castagnon, qui m’ont permis de côtoyer des personnages de haut vol comme Daniel Herrero, Pierre Villepreux, Raoul Barrière, Jean Devaluez, Pierre Conquet, etc… On était une centaine à se retrouver chaque année, tous plongés dans un incessant fourmillement d’idées et d’échanges d’expériences !

logo stages pierre villepreux

Jean-François intervient depuis de nombreuses années dans les Stages Pierre Villepreux (Photo site lpm-rugby.org)

Je crois qu’un entraîneur doit en permanence être dans cette attitude de « communication » avec les autres. Et même si la professionnalisation de notre sport a tendance à affaiblir cet état d’esprit (notamment dans la relation « entraîneur / joueur » qui aujourd’hui est devenue plus compliquée qu’avant), parce que les gens se protègent pour préserver leur « pré carré » et leurs intérêts, j’essaie pour ma part de continuer à fonctionner comme ça.

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Avec Marc Delpoux à Narbonne…

Pour moi, le plaisir, il est vraiment dans la pratique du rôle d’entraîneur sur le terrain… Préparer un entraînement, l’adapter et le corriger en fonction des circonstances et des aléas… Et aussi dans la relation directe avec les joueurs. Par nature, j’ai plutôt tendance à privilégier des entraînements qui permettent de mettre les joueurs dans des situations nouvelles, avec des choix à faire pour les surmonter… Je ne suis donc pas un adepte de la « robotisation » promue par d’autres nations, notamment britanniques, et comme je le dis souvent à mes joueurs : « Jusqu’à votre jubilé, vous êtes en apprentissage ! ».

Le rugby est un lieu d’émotions, de rêve et de partage…

Ce n’est pas une entreprise. Regarde un stade… Qu’est-ce que tu vois ? Un théâtre, ouvert au plus grand nombre, où les gens viennent chercher de l’émotion. Alors, bien sûr, si je me suis toujours battu pour le résultat, j’accorde surtout une énorme importance à la façon de l’obtenir… Je suis peut-être un rêveur, mais je suis comme ça. Et c’est pour ça que je demande toujours aux joueurs de proposer un maximum de volume de jeu, de prendre des initiatives… Je déteste le « Zéro risque », je laisse ça aux services de comptabilité, et il est toujours temps, quand il pleut ou qu’il neige, de réduire la voilure !

jef beltarn avec xavier Pemeja Bayonne 2007

… Et avec Xavier Pemeja, à Bayonne.

En résumé, je te dirai que pour moi, l’entraîneur est là pour donner un cadre et des repères au joueur, définir des lancements de jeu… Ensuite, c’est à celui qui a le ballon en main d’inventer sa propre liberté. Et souvent, la différence se fait ainsi… Ce sont les équipes qui ont le plus de joueurs capables de cet « élan » là (des gars, presque, capables de désobéir !!) qui sont les plus performantes… Un autre truc que je dis souvent à mes joueurs, c’est ça : « L’action qui nous fera gagner, elle est encore dans les placards, elle n’est pas dans les standards qu’on voit toutes les semaines… On ne la connaît pas encore » !

 

Parmi tous les joueurs que tu as coachés, si tu ne devais nous parler que d’1 ou 2 qui, justement, t’ont apporté cette émotion… ce serait qui ?

Eric Blanc - Eden Park

Eric Blanc (Photo eden-park.fr)

Tiens, par exemple, quand j’ai commencé dans le haut niveau, en 1990… Eric Blanc venait d’être Champion de France avec le Racing quand il a signé à Narbonne… Sur le terrain, Eric était doué d’un pouvoir surnaturel… Il analysait tout, et plus vite que les autres… Un vrai stratège ! Il savait comment les situations de jeu se mettaient en place, et savait trouver les opportunités pour y répondre le plus efficacement possible.

Didier Codorniou - Wiki Narbonne

Didier Codorniou (photo wiki-narbonne)

J’évoquerai ensuite Didier Codorniou, que j’ai eu la très grande chance de coacher la saison suivante (91/92)… Lui, c’était tout le contraire… L’instinct pur… Il allait là où personne ne l’attendait, il avait des coups de génie, ce qui obligeait ses coéquipiers à toujours être en alerte pour aller le soutenir… A lui tout seul il était capable de déséquilibrer les défenses.

Un autre joueur m’a également impressionné, Francis Dejean, ancien 2ème ligne du RC Narbonne. Très posé à la ville où il fréquentait l’Université, c’était cependant un guerrier redoutable sur le terrain… Pour lui, le rugby, c’était le combat (avec un grand C !) et le don de soi… Il fallait s’imposer physiquement sur l’adversaire et son rugby était dur… La dualité de ce « caractère posé » à la ville et de cette « dureté » sur le terrain était quelque chose qui m’impressionnait !

Dans ma période Castraise j’ai également coaché des garçons comme Raphaël Ibanez et Ugo Mola, et je ne suis pas étonné de les voir aujourd’hui aux manettes de prestigieuses équipes… Quand ils étaient joueurs ils avaient déjà un temps d’avance sur la problématique et la stratégie du jeu, qu’ils aimaient partager avec nous, les coachs… Leur investissement était déjà total à ce niveau.

 

Quel a été ton parcours professionnel à côté du rugby ?

J’ai eu une carrière de Contrôleur des Impôts, démarrée en 67, à Lyon, et qui m’a mené ensuite à Espalion, Saint-Pons de Thomières, Béziers et Narbonne où, en 2000, j’ai eu la grande chance de pouvoir me mettre en disponibilité, pour ne me consacrer qu’au rugby, et vivre pleinement ma passion ovale.

 

Tu vis à Cuxac d’Aude, le pays où tu as également poussé… quand des amis viennent te voir chez toi, quels sont les « incontournables » de ta région que tu aimes leur faire découvrir ?

Je les emmène d’abord visiter les Chalets de Gruissan (commune dont Didier Codorniou est maire), constructions sur pilotis qui forment désormais une véritable « ville dans la ville » en bord de plage… C’est un lieu caractéristique de notre région.


ICONE-VIDEOLes Chalets de Gruissan


J’aime ensuite faire visiter notre belle ville de Narbonne, traversée par La Robine, avec entre autre la Cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur (ndlr : la 4ème plus haute de France après Beauvais, Amiens et Metz). Et pour finir, puisque nous sommes une terre de viticulture, j’aime aller du côté des vignobles de la Clape, un petit massif aux abords de Narbonne. Quand, à l’époque des Romains, la Cité était un port, la Clape était une île. Elle recèle aujourd’hui une vingtaine de vignobles, dont le « Château de l’Hospitalet », propriété de Gérard Bertrand, ancien 3ème ligne du RC Narbonne que j’ai eu la chance d’entraîner.

Cathédrale St Just - Wikipedia - Benh Lieu Song - CC BY SA 3.0

Vue de Narbonne et de la Cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur

 

Le Bayonnais Pierre Peytavin t’a joliment qualifié d’ « entraîneur entraînant » quand il t’a invité à venir pousser dans la « Mêlée Puissance 15 »… A qui vas-tu transmettre le ballon à ton tour ?

Je remercie Pierre Peytavin que j’ai connu en 2006 en arrivant à l’Aviron, j’ai toujours eu plaisir à parler de avec lui, c’est quelqu’un qui est très à l’écoute. Il a beaucoup aidé à mon intégration à Bayonne, et je lui rendais très souvent visite dans son magasin de sport, situé en plein centre-ville. Et chaque fois que je retourne là-bas, je ne manque jamais d’aller le saluer.

Et ce ballon, je vais maintenant le transmettre à Christian Grelon, à Anglet… Je connais Christian depuis 1978, quand j’ai passé le 3ème degré à Vichy, et on s’est retrouvé ensuite dans les stages de Marciac. Depuis maintenant 20 ans, il est Président de l’Association « Le Plaisir du Mouvement » (stages Pierre Villepreux). Ancien joueur de Gaillac, il s’occupe également aujourd’hui de la coordination de l’école de rugby de Saint-Jean-de-Luz.

 


ICONE-WEB Site Internet de l’Association Ouveillan Cuxan XV


 

ICONE-CREDITS

Interview : Frédéric Poulet

Photos : Photo de “Une” de Jean-François : JFB / Photos Rugby de Jean-François : Archives de Jean-François / Vue de Narbonne : Wikipedia – Benh Lieu Song – CC BY SA 3.0

Eu égard aux droits qui leur seraient associés, nous nous engageons à enlever les illustrations présentes dans cet article, sur simple demande de leurs auteurs.


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Un commentaire
  1. JB

    27/06/2016 à 06:32

    Lorsqu’en 2004, j’ai été embauché dans une banque où travaillait Aline BELTRAN, j’ai pu participer à un entrainement orchestré par Sisquet à Cuxac. Les exercices simples, ludiques,… qu’il nous a proposés sont restés dans ma mémoire. L'”Entraineur entrainant” est effectivement la meilleure définition et la plus belle image que l’on peut donner à Jean-François!
    Sa présence dans le monde du rugby est rassurante: Les valeurs ancestrales de notre sport n’ont pas encore disparu…

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