Voix rocailleuse, bandana et ‘tiags... Tel est l'image que s'est forgée Renaud, le chanteur énervant comme il aime à se surnommer lui-même. Tout au long de sa carrière d'artiste engagé, le parisien a su s'adapter au temps sans jamais renier ses convictions. Né le 11 mai 1952 à Paris, Renaud Pierre Manuel Séchan est issu d'une famille intellectuelle du côté de son père, professeur d'Allemand et de néerlandais qui a reçu le Prix des Deux Magots en 42 pour Les Corps ont Soif. Sa mère, ouvrière, est quant à elle issue d'une famille de mineurs du Nord dont le père est un ancien membre du Parti Communiste et du mouvement anarcho-syndicaliste. C'est vers 10 ans que Renaud a son premier contact avec le monde de la musique avec la vague des yéyés et les Beatles, puis les chanteurs dit à texte comme Bob Dylan, Joan Baez ou Leonard Cohen. Il commence la guitare en 1966 en écoutant les tribulations d'Antoine dont les sujets qu'il aborde le touche particulièrement. Peu intéressé par le monde de l'école, Renaud intègre le lycée Montaigne en 1967 suite à ses résultats médiocres. C'est là qu'il fait ses premiers pas dans les mouvements politiques, et plus particulièrement maoïstes et trotskystes. En mai 68, il est sur les barricades avec son frère Thierry et occupe la Sorbonne avec les étudiants grévistes. Il a alors 16 ans. C'est dans les amphithéâtres de l'université qu'il rédige ses premières chansons, avant de partir fonder une communauté anarchiste dans les Cévènnes. Expérience de courte durée puisqu'il revient rapidement à Paris pour tenter de reprendre ses études. En vain. En avril 69, il quitte définitivement le monde de l'éducation et s'installe dans une chambre de bonnes. Durant plusieurs années, il va vivre de petits boulots et pousse à l'occasion la chansonnette pour ses amis. Avec ses premiers salaires, il se paie une moto et s'acoquine avec ceux que l'on appelle les « loubards ». C'est là qu'il aborde le look cuir et tâte avec la délinquance.