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Patrimoine/Bolivie

En Bolivie, le danger plane au-dessus du Cerro Rico de Potosi

Le Cerro Rico de Potosi, un fabuleux gisement d’argent inscrit au patrimoine mondial de l’humanité a été récemment placé par l’Unesco sur la liste des sites en péril. Le sommet de la montagne menace de s’écrouler, alors que des milliers de mineurs continuent d’opérer dans ses entrailles. Reportage.

Le Cerro Rico de Potosi, un fabuleux gisement d’argent inscrit au patrimoine mondial de l’humanité a été récemment placé par l’Unesco sur la liste des sites en péril.
Le Cerro Rico de Potosi, un fabuleux gisement d’argent inscrit au patrimoine mondial de l’humanité a été récemment placé par l’Unesco sur la liste des sites en péril. RFI/Reza Nourmamode
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« On voit bien que ça s’effondre petit à petit », témoigne Marcial, qui opère depuis six ans comme mineur de fond à l’intérieur du Cerro Rico. Et ajoutant : « c’est vrai qu’on a peur, surtout quand on vient travailler tout seul à l’intérieur ».

Avec sa forme de triangle presque parfait, et culminant à près de 4 800 mètres d’altitude, le Cerro Rico, qui signifie « Montagne Riche » en espagnol, domine l’ancienne cité impériale, la protège des vents glacés du Sud, et surtout, continue de la faire vivre.

Près de 500 ans après sa découverte et le début de son exploitation par les colons espagnols, le gisement d’argent, de plomb, de zinc et d’étain est toujours exploité. Résultat, des centaines de kilomètres de galerie qui ont transformé l’intérieur de la montagne en un dangereux gruyère. Entre 3 et 5 morts surviennent chaque semaine dans ses entrailles, généralement à cause d’un éboulement.

Récemment, une partie du sommet s’est écroulée, laissant craindre un effondrement plus important. Les autorités ont interdit toute opération minière au-dessus de 4 400 mètres et tentent, sans succès pour l’instant, de consolider définitivement la structure.

Face à ce début de catastrophe, les habitants de la ville et les défenseurs du patrimoine se mobilisent : « Dès 2006, l’Unesco a demandé de ralentir le volume de travail dans les mines », explique Johnny Llally, le président du comité civique de Potosi, « mais apparemment les mineurs ont compris l’inverse car ils ont accéléré les opérations et ont même apporté des machines de grande capacité, ce qui contribue à détruire encore plus le Cerro Rico. Nous sommes très inquiets, pas seulement pour la morphologie de la montagne, mais surtout pour la vie des hommes qui travaillent à l’intérieur ».

Au cœur du Cerro Rico, ils sont en effet environ 15 000 mineurs à opérer, répartis en une quarantaine de coopératives. Malgré les accidents à répétition, et une espérance de vie bien moindre que la moyenne nationale, certains, comme Marcial, espèrent encore tomber sur le plus gros filon d’argent de la montagne, celui dont la légende affirme qu’il reste à découvrir, et rechignent à quitter les lieux : « Ceux qui travaillent ici sous la montagne sont là pour gagner leur pain quotidien. C’est pour cela qu’on ne peut pas partir comme ça du jour au lendemain. Moi ça me mettrait en colère de devoir partir. La seule solution, ce serait qu’on nous envoie dans une autre montagne comme celle-ci, remplie de minerais ».

Un lieu unique au monde

Sauf qu’un gisement comme celui-ci, il n’en n’existe nulle part ailleurs. Le Cerro Rico est l’un des plus forts symboles existants de la colonisation européenne sur l’ensemble des Amériques. On raconte ainsi que les Espagnols auraient extrait assez de métal de la montagne pour construire un pont d’argent entre le Nouveau Monde et le Vieux Continent, tandis qu’entre six et huit millions d’esclaves indigènes y seraient morts durant la Colonie.

Un trésor dont n’a jamais profité la population locale, Potosi étant aujourd’hui la région la plus pauvre du pays, alors même que l’exploitation minière se poursuit. Pour Johnny Llally, « le Cerro Rico a beaucoup donné, et surtout aux Européens qui se sont enrichis grâce à lui et ne nous ont rien laissé. Le monde entier a l’obligation de payer sa dette envers notre montagne. Le monde entier devrait être ici et nous aider à préserver le Cerro Rico de Potosi ».

Le Cerro, c’est enfin la principale attraction touristique de cette ville coloniale, avec environ 70 000 visiteurs chaque année. Martin Arce, qui possède une agence de voyage à Potosi, est inquiet : « Tous les touristes viennent ici pour voir le Cerro Rico. Ce serait une catastrophe que la montagne s’écroule ou perde sa forme. Le tourisme est en hausse constante dans la ville et c’est une véritable alternative pour parvenir à un développement économique durable. On ne croit pas à un effondrement complet de la montagne. Mais en attendant, on a quand même commencé à diversifier notre offre pour les touristes, en cherchant de nouveaux sites d’intérêt dans la zone ».

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