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Carine Galli, Géraldine Pons, Clémentine Sarlat, Laury Thilleman et Laurie Choléwa, toujours plus de femmes sur Eurosport: "On est là pour nos compétences!"

Anne Ruwet sur RTL-TVi pour l’Europa League et les Diables, Christine Schréder sur VOO/BeTV, Gaëtane Vankerkom sur la RTBF pour une émission automobile… Et puis ? C’est tout, ne cherchez plus… Vous ne trouverez plus de présentatrices/journalistes qui officient, en TV, dans le sport en Belgique francophone. A cause de la frilosité des responsabilités des chaînes ? Peut-être… Chez nos voisins français, par contre, la situation est toute autre.

C’est d’ailleurs une femme, en la personne de Céline Géraud, qui présente le « Week-end sportif » français. Et sur Eurosport (disponible gratuitement pour tous les abonnés de Belgacom TV, VOO ayant supprimé la chaîne de son offre l’été dernier…), la gente féminine domine quasiment l’antenne. Rugby, foot, tennis, natation, athlétisme, sports d’hiver…, impossible de les louper ! Parmi elles, on compte Géraldine Pons, Carine Galli, Clémentine Sarlat, et Laurie Choléwa. Comment ont-elles réussi à s’imposer dans ce monde de machos ? Voici leurs confidences recueillies depuis un cadre idyllique : l’Ile, un pavillon Napoléon III, devenu un restaurant de style colonial, caché dans une végétation verdoyante, en bord de Seine, près de Paris. De quoi aborder idéalement la place de la femme, à la télé, et dans les rédactions sportives.

Géraldine Pons, vous êtes la plus « ancienne » journaliste femme présente sur les antennes d’Eurosport. Pas trop difficile de s’imposer ?

Géraldine : « J’y suis depuis 2001, avec la présentation du journal. Le sport m’a toujours attirée, je voulais évoluer dans ce milieu ! Et sur Eurosport, il y avait clairement un créneau dans lequel je pouvais m’investir, puisque la chaîne faisait confiance aux femmes. D’ailleurs, en 2004, la chaîne a intensifié son recrutement féminin. Avec un grand casting. Après, c’est vrai, il y a eu petit creux, avec moins de femmes à l’antenne. Jusqu’en 2010… Pour ma part, en tout cas, ça se passe très bien. Mes patrons m’ont toujours proposé des choses différentes. Et j’ai leur confiance depuis le début ».

Carine : « Et on garde leur confiance… même si ça ne se passe pas toujours bien. Ma première sur le « Grand Plateau Ligue 2», c’était terrible. La prise d’antenne était prévue à 19h30. Et visiblement, ma montre n’était pas bien réglée. Et alors que je pensais avoir encore 7-8 minutes pour me préparer psychologiquement, on m’a dit : « Carine, dépêche-toi, on y va dans moins d’une minute ! ». Bref, le carnage. Mes directeurs auraient pu revoir leur choix et prendre quelqu’un d’autre. Mais ils m’ont gardée ! »

Et dans cette rédaction essentiellement masculine, ça se passe comment?

Géraldine : « Il y a une vraie ambiance de mecs ! (rires)… On est tous des bons potes. Et puis, avec eux, si on n’est pas bien coiffée, c’est pas non plus la fin du monde ! Il y a vraiment un côté « cool ». Après, il faut aimer cette ambiance de mecs… »

Il paraît que sur antenne, vos collègues n’hésitent pas à vous « baptiser », ou à essayer de vous faire un croche-pied…

Clémentine : « Ah oui, ils nous testent en direct! Certains vont nous poser une question ultra-technique pour voir si on est vraiment compétente. Alors, forcément, au début, ça peut déstabiliser, surtout qu’on est déjà stressée et mal à l’aise. Mais si on répond correctement, et que le test est réussi, alors on est adoptée ! C’est un petit bizutage… non pas dirigé contre nous, mais plutôt pour s’assurer que l’on ne va pas faire baisser le niveau et la qualité de l’antenne. »

Vous pensez qu’Eurosport vous laisse à l’antenne parce que vous êtes jolie ?

Clémentine : « Non ! Nous avons été recrutées pour nos qualités ! Je suis trilingue, diplômée d’une école de journalisme… C’est pour ça que nous sommes sur antenne ! Et si on reste, c’est parce que nous sommes compétentes.»

Carine : « Et je n’ai à convaincre personne que j’ai été engagée pour mes compétences ! Je ne suis pas dans la revendication. J’ai la chance d’avoir pu réaliser mon rêve, et d’en faire mon job. Je sais qu’on ne peut pas faire l’unanimité. Mais je fais tout pour que le public soit conquis par mon travail. Et pour répondre aux attentes de mes patrons ! »

Géraldine : « Ce serait une faute professionnelle de nous laisser sur antenne simplement parce qu’on serait jolie. Personnellement, je commente le patinage artistique. Ce qui représente 5 heures d’antenne quotidiennement. Si je n’avais pas un minimum d’expertise sur le sujet, je ne pense pas qu’on me laisserait faire… »

Laurie Choléwa, contrairement à Carine, Géraldine et Clémentine, vous n’êtes pas journaliste sportive. Vous venez du divertissement…

Laurie : « Oui, Eurosport m’a contactée pour présenter Watts. C’est un programme qui diffuse des images insolites de sport, avec des invités qui peuvent venir du milieu sportif, mais aussi culturel… La chaîne souhaitait une présentatrice qui apporte un ton plus divertissant. Cette émission, c’est un peu la version sportive des Enfants de la télé.

Et que répondez-vous à ceux qui disent que vous n’avez pas votre place sur une chaîne comme Eurosport, même pour un programme sportif divertissant ?

Laurie : « Vous savez, le contenu sportif de cette émission, je ne le découvre pas en direct. Je travaille dessus avant. Je ne débarque pas en studio les mains dans les poches. Mais je sais qu’on ne peut pas faire l’unanimité. En tout cas, je pense être à ma place dans Watts ».

Et pas de souci avec des journalistes d’Eurosport qui pourraient se dire : « C’est qui cette bimbo qui débarque et qui pique ma place » ?

Laurie : « Absolument pas ! Toute l’équipe m’a très bien accueillie… Je n’ai jamais ressenti de la compétition. Même avec Laury Thilleman, qui joue dans la même « catégorie » que moi. »

Quels sont les retours des téléspectateurs? Sont-ils ravis de voir des femmes à l’antenne pour du sport ou, au contraire, ça les déstabilise ?

Carine : « Sur la radio RMC, où j’anime une émission de foot très pointue, mon arrivée a provoqué des réactions positives et négatives. Sur Eurosport, l’approche est différente. On met en avant la Ligue 2 et ses acteurs avec « Le Grand Plateau ». Les téléspectateurs qui suivent ce championnat sont donc ravis. Et leurs réactions sont très positives».

Géraldine : « Ils sont adorables ! On nous demande des photos dédicacées. Et je reçois aussi des messages de téléspectateurs soulignant mon expertise sur le patinage. Ça fait plaisir… »