Matériaux : Carlos Tavares de PSA en demande toujours plus à ses ingénieurs

Simulation de materiaux composites 

VOS INDICES

source

85.4 =

Mars 2024

Cours des matières premières importées - Pétrole brut Brent (Londres) en dollars

$ USD/baril

138.6 =

Décembre 2023

Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 29.10 − Véhicules automobiles

Base 100 en 2015

4149 =

Juin 2023

Alliages d'aluminium primaire - Calypso - 67R et 67R1

€/tonne

Tous les indices

Développer un nouveau véhicule, c’est faire des compromis. Mais les compromis, Carlos Tavares ne veut plus en entendre parler. C’est du moins dans cette direction que le Président du directoire de PSA Peugeot-Citroën pousse ses équipes de chercheurs. "Pourquoi être obligé de choisir entre sécurité passive et réduction des émissions, alors que les automobilistes veulent les deux ? Pourquoi ne peut-on avoir des véhicules électriques avec à la fois une grande autonomie et un vaste espace à bord ?" Autant d’interrogations qu’il a lancées à l’occasion du World Materials Forum, dans lequel il intervenait mardi 23 juin, à Nancy.

Pour Carlos Tavares, la solution passera par de nouveaux matériaux. L’automobile a besoin de châssis toujours plus légers et plus résistants, pour des véhicules à la fois sûrs et peu polluants. De matériaux électrolytiques toujours plus énergétiques, pour des batteries à la fois puissantes et peu encombrantes. "Je souhaite que mes ingénieurs se débarrassent de la tyrannie du "ou", et découvrent la magie du "et"", explique-t-il.

Les pistes de réflexion

Quels sont les axes de recherche pour les matériaux automobiles de demain ? Carlos Tavares avait invité plusieurs experts à participer à ce premier forum mondial des matériaux, afin de présenter leurs travaux. Dans le domaine des batteries, le défi consistera à développer des matériaux à matrice métallo-organique, selon Elizabeth Rowsell, directrice R&D chez Johnson Matthey, spécialiste britannique de la chimie des matériaux. "Il s’agit de matériaux hybrides, entre le métallique et l’organique, qui apportent des fonctions inédites particulièrement intéressantes pour le stockage de l’énergie ou du gaz", précise l’experte.

En matière d’allègement, on sait déjà que le futur passera par les composites. Pas de matériau révolutionnaire à espérer. En revanche c’est vers la simulation que les ingénieurs devront se tourner pour développer des couples renforts/matrices toujours plus légers et plus sûrs. "La simulation quantique, notamment, permettra de prédire plus finement le comportement de matériaux complexes", souligne Nicola Marzani, directeur du laboratoire théorie et simulation des matériaux à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Un matériau piézoélectrique imprimable

Enfin, Piezotech, filiale du groupe Arkema, a développé un matériau auquel l’industrie automobile s’intéresse déjà pour ses véhicules du futur. Il s’agit d’un polymère électroactif fluoré qui, une fois imprimé sur une surface, peut convertir l’énergie mécanique en électricité, et inversement. "Ce polymère pourra servir à réaliser toutes sortes de capteurs, on pense par exemple à des capteurs de proximité directement intégrés aux pare-chocs", promet Fabrice Domingues dos Santos, directeur général de l’entreprise.

Le matériau est également utilisé dans le cadre du projet Happiness (Haptic printed and patterned interfaces for sensitive surfaces), lancé dans le cadre du programme européen Horizon 2020 et qui réunit entre autres le groupe Bosch et le CEA. "Etant donné que notre polymère est capable de vibrer lorsqu’il est soumis à un courant électrique, nous travaillons à l’intégrer à l’intérieur de panneaux de plastique afin de créer la sensation de boutons sur une surface lisse",  explique le dirigeant de Piezotech. Avoir des commandes de tableau de bord qui soient plus agréables à l’œil que des boutons, aussi faciles à nettoyer qu’un écran tactile mais plus ergonomiques car utilisables sans quitter la route des yeux, voilà un parfait exemple de matériau pour des voitures sans compromis.

A Nancy, Frédéric Parisot