«Intellectuel brillant», «érudit», «homme d’écoute», «modeste», «bon vivant»: au sein de l’institution, les qualificatifs de louange pleuvent au sujet de Pascal Balmand, nommé mardi secrétaire général de l’Enseignement catholique. Il prendra la succession d’Éric de Labarre en septembre 2013. Ce normalien et agrégé d’histoire âgé de 52 ans a fait toute sa carrière dans l’enseignement. Après avoir fréquenté -comme élève- les bancs des classes préparatoires du lycée Henri-IV puis ceux de la rue d’Ulm, il a enseigné une douzaine d’années à Sciences-Po et à Saint-Michel de Picpus, chic établissement de l’est parisien dont il a pris la tête en 2000. En 2006, il accepte à la demande de l’évêque de Seine-Saint-Denis de «faire le grand écart» en devenant le directeur diocésain de l’Enseignement catholique du 93. «C’est sans doute un hasard? Mais au moment où le Pape est nommé, nous allons avoir à la tête de l’Enseignement catholique quelqu’un de très sensible à la doctrine sociale de l’Église», commente Catherine Leduc-Claire, déléguée générale du Snceel qui l’a côtoyé amicalement au sein de ce syndicat de chefs d’établissements catholiques. «Lorsque ce poste lui avait été proposé dans le 93. Il avait répondu très favorablement car pour lui l’enseignement catholique doit s’implanter davantage auprès de populations diverses. L’ouverture à l’autre, aux cultures différentes est pour lui une évidence», explique un responsable de l’enseignement catholique.

Dans La Croix en 2010, Pascal Balmand rappelait ainsi qu’en Seine-Saint-Denis, les établissements catholiques comptent bien souvent un tiers d’élèves de culture musulmane, voire davantage. «On ne relève aucun problème de communautarisme ni de contestation de l’enseignement», assurait-il affirmant que leur présence posait la question «d’une pastorale digne de ce nom». Cela passe souvent, en primaire notamment, par la connaissance de l’autre, la découverte du calendrier liturgique, la comparaison des fêtes religieuses. «S’il ne s’agit pas d’imposer à des élèves musulmans une célébration catholique, on peut l’inviter à un partage de la parole ou à la visite d’une église. Une occasion d’expliquer la statuaire, les vitraux, les rites», expliquait-t-il.

Un fin politique et habile négociateur

Alors directeur de Saint-Michel de Picpus, il avait fait parler de lui en 2003, pour avoir écrit aux parents d’élèves sur la «culture de la consommation» des élèves et «obsession de l’apparence» transformant «la salle de classe en concours de mode» ou encore «le rapport à l’argent» de certains élèves. Pascal Balmand est aussi un «fin politique et habile négociateur», affirme-t-on. Des qualités nécessaires à un poste complexe. Il s’agit en effet pour lui d’animer l’ensemble des établissements scolaires catholiques du territoire, de porter la parole des évêques de France, tout en négociant des postes d’enseignants avec le ministère de l’éducation nationale. Mais pas seulement. «Il s’agit aussi de faire en sorte que l’enseignement catholique soit associé au service public d’éducation dans toutes ses composantes, des rythmes scolaires, au contenu des programmes scolaires, etc», détaille Philippe Delorme, directeur du diocèse de Créteil qui a côtoyé l’homme en voisin ces dernières années. Bien entendu sa ligne de conduite s’inscrira dans la continuité de celle d’Éric de Labarre même si leurs personnalités sont différentes». Et de s’interroger si ce père de trois enfants, «bon vivant» et fumeur de pipe va continuer, comme aujourd’hui, à rouler en motocyclette dans Paris, costume de velours sur le dos.

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