Attroupés autour d’un camarade, des jeunes du lycée Henri IV (5 ème arrondissement de Paris) prennent connaissance des mots qui sont touchés par la réforme de l’orthographe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont du mal à en croire leurs yeux. «Non sérieux, ognon écrit comme ça c’est un fake, ce n’est pas possible, c’est ridicule» s’offusque l’un d’eux. «Franchement je trouve que ça ne sert à rien. Je peux comprendre que notre orthographe soit parfois piégeux, mais il ne faut pas abuser, nénufar avec un F vous rendez-vous compte?», ajoute Louis, étudiant de 18 ans en prépa littéraire. Baptiste, 17 ans, étudiant dans la même classe est encore plus sévère que ses camarades: «On supprime le latin, le grec et on s’étonne après que les gens ne comprennent plus rien à la langue française!».

«On ne va quand même pas sacrifier notre culture au nom de la simplification?»

Votée en 1990, la réforme orthographique s’appliquera dès la rentrée prochaine dans tous les manuels scolaires. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette réforme est très loin de satisfaire les étudiants. Selon notre sondage Twitter du Figaro Étudiant, plus de 90% des votants sont contre son application. Pour Vincent, 16 ans et élève de terminale S, plus que l’orthographe en elle-même, c’est la culture française qui est attaquée: «C’est stupide et irrespectueux. Notre orthographe est quelquefois un peu illogique, je le concède. Mais on ne va quand même pas sacrifier notre culture au nom de la simplification, non?»

«C’est la boîte de Pandore, ça va être quoi après? Une réforme de la conjugaison?»

Le corps enseignant n’est pas non plus en reste. Christophe Seraglini, professeur agrégé de l’Université Paris Sud craint une refonte complète de la langue française: «C’est la boîte de Pandore, ça va être quoi après? Non franchement ça ne résout pas les problèmes. Les étudiants font beaucoup de fautes d’accord, peut-être même plus que des fautes d’orthographe. Alors que fait-on? Une réforme de la conjugaison?»

Voici une sélection de tweets des «anti-réforme» de l’orthographe:

«J’aime la langue française, mais il ne faut pas non plus être réactionnaire»

D’autres, comme César, 34 ans, principal adjoint en formation, trouvent que cette réforme est un signe encourageant. «Je trouve que c’est une bonne chose. Il faut vivre avec son temps. Moi aussi j’aime la langue française, mais il ne faut pas non plus être réactionnaire. Je suis un progressiste donc je vois ça d’un bon oeil». Si le contenu de la réforme fait réagir plutôt négativement les Français, d’aucuns fustigent le timing des protestations comme l’illustrent ces tweets.