Alain Decaux

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Alain Decaux
Alain Decaux en 2011.
Fonctions
Ministre de la Francophonie
-
Fauteuil 9 de l'Académie française
-
Président
Société des Amis d'Alexandre Dumas
-
Directeur
Historia
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Alain Paul Henri DecauxVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Père
Francis Decaux (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Louise Tiprez (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Micheline Pelletier (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Distinctions
Vue de la sépulture.

Alain Decaux, né le à Lille et mort le à Paris, est un historien, journaliste, essayiste, biographe, scénariste, homme de radio et de télévision français.

Membre de l'Académie française, il a occupé le devant de la scène médiatique pendant près d'un demi-siècle avec ses émissions de vulgarisation historique et ses nombreuses publications. Il est considéré comme l'un des pionniers des programmes d'histoire dans les médias.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et études[modifier | modifier le code]

Originaire du Nord de la France[1], Alain Decaux est le fils de Francis Decaux (1888-1958), avocat, et de Louise Tiprez (1896-1983)[2]. Son grand-père, Henri Decaux, instituteur, donnera à Alain Decaux sa vision de l'Histoire de France comme celle de la construction d'un « roman national » qui mythifie le passé[3].

Enfant, il va à l'école à Wattignies ; ensuite, il étudie à Lille au lycée Faidherbe, puis à Paris au lycée Janson-de-Sailly et à la faculté de droit. Influencé par les romans d'Alexandre Dumas qu'il a dévorés et la Petite histoire de G. Lenotre, il s'intéresse dès l'adolescence à l'histoire. Par la suite, il entame des études de droit puis s'oriente vers le journalisme de presse écrite. Il suit quelques cours d'histoire en auditeur libre à la Sorbonne après la Libération, notamment sur la Révolution française.

Dès l'âge de 13 ans, il voue une grande admiration à Sacha Guitry et fait sa connaissance après lui avoir demandé l'autorisation de jouer une de ses pièces de théâtre avec ses camarades. En 1944, alors qu'il est mobilisé comme secouriste aux Équipes nationales[4], Alain Decaux apprend l'arrestation du « maître » et s'arrange pour faire partie des militaires chargés de garder la maison de ce dernier, située au 18, avenue Élisée-Reclus à Paris. En souvenir de ce geste, Guitry invita Decaux à revenir régulièrement, ce que Decaux fit quotidiennement durant plusieurs années, jusqu'au moment de la rencontre de Guitry avec Lana Marconi. Celle-ci lui offrit l'émeraude que le maître portait et qui orna par la suite la poignée de son épée d'académicien[5].

Carrière[modifier | modifier le code]

Journaliste en 1944, il publie ses premiers articles en 1946. Passionné d’énigmes historiques non résolues, il publie son premier ouvrage d'histoire à 22 ans. Son premier livre édité en 1947, Louis XVII retrouvé, soutient la thèse survivantiste — ou naundorffiste —, qui perd par la suite tout crédit chez les historiens[6]. Il rencontre à cette occasion André Castelot qui vient d'écrire un livre sur le même sujet. Son deuxième livre Letizia : Napoléon et sa mère est récompensé par le prix d'histoire de l'Académie française[7].

Le , il crée pour la radio Paris-Inter La Tribune de l'Histoire, avec André Castelot et Jean-Claude Colin-Simard, remplacé en 1963 par Jean-François Chiappe. Le programme est diffusé jusqu'en sur France Inter. C'est un grand succès populaire qui dure 46 ans sur les ondes de la radio. Avant 1951, la voix et le visage d'Alain Decaux sont inconnus du grand public, il a su s'imposer rapidement grâce à son charisme et son talent de conteur. Il souhaite rendre l'histoire accessible au plus grand nombre et communiquer sa passion de l'histoire par le biais de la radio. Cela représente un média moderne et très populaire en 1950, tout à fait compatible avec l'évocation du passé.

En 1957, pour la télévision, avec Stellio Lorenzi et André Castelot, il crée la série historique La caméra explore le temps, pour RTF Télévision, devenue la première chaîne de l'ORTF. Les 39 épisodes de la série sont diffusés du au .

Il fonde en 1960 la revue L'Histoire pour tous et devient directeur d'Historia-Magazine de 1969 à 1971. Il collabore aussi à Miroir de l'histoire, Les Nouvelles littéraires[7].

En 1966, il coécrit avec Bernard Borderie et Francis Cosne (en) le scénario du film Angélique et le Roy réalisé par Bernard Borderie et adapté du roman d'Anne et Serge Golon.

Connu pour ses talents de conteur et d'« historien populaire »[8],[9], il crée en 1969, pour l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF), l'émission Alain Decaux raconte, diffusée sur la deuxième chaîne de l'ORTF puis sur Antenne 2. Chaque mois, entre le et le (durant quinze minutes, puis trente minutes en 1970 et enfin pendant quarante-cinq minutes à partir de 1971) il traite en direct d’un personnage ou d’un événement de l’Histoire[10]. Cette émission forge le style Decaux : avec ses lunettes d'écaille carrées et ses costumes sobres, il « parle assis, se lève pour présenter des cartes, des photos, des croquis »[11]. Son travail de vulgarisateur permet « à une génération entière de se réapproprier des personnages et des événements, pas toujours faciles, grâce à sa faconde et à son sens de la dramaturgie. De façon simpliste et biaisée pour certains, qui lui ont reproché de donner dans la facilité, parfois, l'inexactitude en mettant plus en avant le roman national et ses grands hommes que l'exégèse du métier »[12].

En 1974, il signe l'« appel de chrétiens pour la libération de tous les hommes », en faveur de la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle.

Parallèlement, il poursuit l'écriture d'ouvrages historiques, de pièces de théâtre et de films. Il est élu à l'Académie française le , le même jour qu'Henri Gouhier. Il succède à Jean Guéhenno au 9e fauteuil. Il est reçu sous la coupole en 1980 par André Roussin. Il reçoit Bertrand Poirot-Delpech en 1987 et Max Gallo en 2008.

Du au , sous la présidence de François Mitterrand, il est ministre délégué, dans le deuxième gouvernement Rocard, auprès du ministre d'État et des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie. Lorsqu'il présente sa démission au président, celui-ci s'en émeut : « - C'est politique ? -Non Monsieur le Président, c'est parce que je ne peux pas me passer d'écrire. -Bon, mais vous restez de gauche ? - Oui, monsieur le Président. - Bien, quel courant ? -La gauche hugolienne »[13].

En 1999, la fondation de Lille crée le prix Alain-Decaux de la francophonie qui se déroule tous les deux ans et récompense des nouvelles d'écrivains francophones. Alain Decaux en est le parrain à partir de 2003.

En 2005, il est avec Frédéric Beigbeder, Mohamed Kacimi, Richard Millet, Daniel Rondeau et Jean-Pierre Thiollet, l'un des participants du Salon du livre de Beyrouth et contribue au renouveau de cette manifestation.

Le , il reçoit, dans l'enceinte de l'UNESCO, le 34e prix de la fondation Pierre-Lafue pour l'ensemble de son œuvre.

Il est membre du comité d'honneur du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), président-fondateur de la Société des amis d’Alexandre Dumas (SAAD) et membre étranger de l'Académie roumaine.

Il est membre de l'Académie Alphonse-Allais.

Vie personnelle[modifier | modifier le code]

Il épouse en premières noces, en 1957, Madeleine Parisy, puis se remarie, en 1983, avec Micheline Pelletier, journaliste et photographe[2], proche d'Anne Sinclair[14],[15]. Il a deux filles et un fils : Laurent Decaux[2].

De confession catholique, il se réclame de la « gauche Victor Hugo »[16].

Mort[modifier | modifier le code]

Tombe au cimetière du Père-Lachaise.

Il meurt le , jour de Pâques, à l'âge de 90 ans, à l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP)[17], dans le 15e arrondissement parisien. Ses funérailles sont célébrées le suivant en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides. Son éloge funèbre est prononcé par le président François Hollande[18]. Il est ensuite inhumé dans la tombe familiale au cimetière du Père-Lachaise (10e division)[19].

Décorations[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Étranger[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

- Prix Montyon 1950 de l’Académie française
  • 1952 :
  • 1953 : La Castiglione : Dame de Cœur de l'Europe, Amiot et Dumont Réédité en 1964 à la Librairie académique Perrin et, en 1967, à la Bibliothèque du Club de la Femme.
  • 1954 :
    • De l’Atlantide à Mayerling, Perrin
    • La Belle histoire de Versailles, Perrin
  • 1957 : Cet autre Aiglon, le Prince impérial, Perrin
  • 1958 : L'Empire, l'amour et l'argent, Perrin
  • 1961 :
    • Les Grandes Heures des châteaux de France (en collaboration avec J.-F. Chiappe)
    • L'énigme Anastasia, La Palatine
  • 1964 : Les Heures brillantes de la Côte d'Azur, Librairie académique Perrin, réédité en livre de poche chez Presses Pocket en 1969, no 708
  • 1966 :
    • Grands secrets, grandes énigmes, Perrin
    • Offenbach, roi du second empire, Perrin
  • 1967 : Nouveaux dossiers secrets de l'Histoire
  • 1968 :
    • Les Rosenberg ne doivent pas mourir, Perrin
    • Grandes aventures de l'Histoire, Perrin
  • 1969 : Le Livre de la famille impériale, Perrin
  • 1971 : Dumas le magnifique
  • 1972 : Histoire des Françaises, Perrin
  • 1977 : Le Face à Face de l'Histoire, Perrin
  • 1979 : Danton et Robespierre (en collaboration avec S. Lorenzi et G. Soria)
  • 1981 :
    • Dictionnaire d'histoire de France, Librairie académique Perrin
    • La France, 48 lithographies originales par Urbain Huchet et Rolf Rafflewski, 250 exemplaires numérotés, Éditions des maîtres contemporains, Robert Mouret
  • 1984 : Victor Hugo, Perrin
  • 1986 : Les Assassins, Perrin
  • 1987 :
    • Destin fabuleux, Perrin
    • La Curieuse histoire du Vésinet préface du livre de Georges Poisson, réédité en 1998
    • Alain Decaux raconte l'Histoire de France aux enfants, Librairie académique Perrin (réédité en 1995)
  • 1988 : Alain Decaux raconte la Révolution française aux enfants, Perrin (réédité en 2001)
  • 1991 :
    • Alain Decaux raconte Jésus aux enfants, Perrin (réédité en 1997)
    • Jésus était son nom
  • 1992 : Le Tapis rouge, Perrin (livre de souvenirs)
  • 1993 : Mille neuf cent quarante quatre, Perrin
  • 1994 : Nouvelles histoires extraordinaires
  • 1996 :
    • Alain Decaux raconte la Bible aux enfants, Perrin
    • L'Abdication, Perrin,
  • 1996-1999 : C'était le XXe siècle (4 tomes), Librairie académique Perrin et Pocket
  1. 1996 : De la Belle Époque aux Années folles
  2. 1997 : La Course à l'abîme
  3. 1998 : La Guerre absolue
  4. 1999 : De Staline à Kennedy

Télévision et radiodiffusion[modifier | modifier le code]

Spectacles[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. http://www.morinie.com/J&E_7.pdf.
  2. a b et c Jacques Lafitte et Stephen Taylor, Qui est qui en France, Jacques Lafitte, , p. 681.
  3. Philippe Joutard, Histoire et mémoires, conflits et alliance, La Découverte, , p. 75.
  4. « Alain Decaux, le passeur d'histoire », sur lefigaro.fr, 27 mars 2016
  5. « Decaux raconte... ses plus belles heures avec Guitry », sur canalacademie.com (consulté le ).
  6. Thomas Wieder, « Mort de l’académicien Alain Decaux, inimitable conteur d’histoire », sur lemonde.fr, .
  7. a et b Les noms de famille de l'Eure, Archives & culture, , p. 82.
  8. Romain Lecler, « Naissance et mort d'une direction aux Affaires étrangères : l'administration de l'audiovisuel extérieur au prisme de ses entrepreneurs en bureaucratie », Politix, no 112,‎ , p. 211 (lire en ligne).
  9. Isabelle Veyrat-Masson, « L'histoire télévisée entre culture et science », Hermès, La Revue, no 21,‎ , p. 218 (lire en ligne).
  10. Ce qui lui a valu d'être imité par l'humoriste Guy Montagné.
  11. Étienne de Montety, « Alain Decaux raconte », l'histoire au naturel », sur lefigaro.fr, .
  12. Marc Fourny, « Alain Decaux : mort du prof d'histoire des Français », sur lepoint.fr, .
  13. Cité dans : Pierre Assouline, Alain Decaux, la voix de l'histoire, L'Histoire, no 423, mai 2016, p. 98
  14. « La galaxie d'Anne Sinclair », sur lexpress.fr.
  15. « DSK-Anne Sinclair. S'il n'en reste qu'une », sur parismatch.com.
  16. « L'écrivain et académicien Alain Decaux est mort », sur lemonde.fr, 27 mars 2016.
  17. « Alain Decaux, écrivain et académicien, est mort », sur lexpress.fr, 27 mars 2016.
  18. Obsèques d'Alain Decaux, historien préféré des français
  19. Bertrand Beyern, « Alain Decaux au cœur de l’Histoire » (consulté le ).
  20. Décret du 31 décembre 2013 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier dans l'ordre national de la Légion d'honneur
  21. Alain Decaux commandeur du 28 novembre 1991
  22. Décret du 15 novembre 2004 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier dans l'ordre national du Mérite
  23. a b et c In biographie Who's Who in France
  24. Alain Decaux nommé officier de l'ordre du Mono, 21 septembre 1990

Liens externes[modifier | modifier le code]

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