Boukout

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La foule converge vers Baïla
Démonstration de bravoure des anciens
Masques rituels et colliers multicolores
Les futurs initiés après le rasage

Le boukout (ou bukut ou futampaf) est un rite d’initiation diola pratiqué en Basse-Casamance (Sénégal).

L’origine[modifier | modifier le code]

L’existence de ce rite est connu depuis le XIIe siècle. De fait, avant l’ère de la colonisation, c’était la seule école de formation, un enseignement à la fois généraliste et spécifique préparant le jeune homme à prendre sa place dans la société, mais aussi à la défendre.

Les enjeux[modifier | modifier le code]

Organisée par les Anciens qui détiennent le pouvoir sur les villageois et contrôlent tous les moyens de production, la cérémonie permet à une nouvelle classe d’âge d’accéder à l’indépendance politique, économique et religieuse. Tant qu’ils n’auront pas satisfait à cette exigence, les jeunes gens ne pourront ni se marier ni recevoir de la terre et s’excluent de fait de la communauté. Le non initié n’est pas considéré comme un homme. Les valeurs masculines s’en trouvent renforcées.

La cérémonie[modifier | modifier le code]

Initiation masculine[modifier | modifier le code]

Le temps d’attente est long. Dans le même village, il peut s’écouler une vingtaine d’années entre deux cérémonies, voire beaucoup plus comme ce fut le cas à Baïla en août 2007, où la précédente édition s’était déroulée il y a 36 ans. Le village de Diégoune a lui aussi connu une longue attente de 39 ans avant d'organiser son boukout en l'an 2000. La périodicité n’étant pas connue avec précision, il faut attendre que les sages annoncent l’événement, deux ou trois ans auparavant, après avoir constaté dans le village une série de phénomènes insolites qui constituent autant de signes.

Les préparatifs durent plusieurs jours, alors que futurs initiés, proches et habitants des villages voisins convergent en grand nombre vers le village. Les membres de la diaspora étant également concernés, ce rassemblement draine des centaines ou de milliers de personnes. L’événement s’accompagne de danses masquées et de diverses démonstrations de bravoure. Finalement les crânes des futurs initiés sont rasés.

Les épreuves initiatiques proprement dites se déroulent dans le bois sacré à l'abri des regards. Autrefois les jeunes gens y séjournaient plusieurs mois, mais depuis l'arrivée des « religions révélées », cette durée a été significativement raccourcie[1]. En particulier, ceux qui poursuivent des études peuvent n’y passer que quelques jours.

Initiation féminine[modifier | modifier le code]

Dates et lieux de Boukout depuis 1970[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Abdou Badji, « L’influence des religions révélées sur le BUKUT DIOLA », Ziglôbitha, no 4,‎ , p. 139-152 (ISSN 2708-390X et 2709-2836, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b « Cérémonie d’initiation : Le village de Kartiack, 33 ans après la dernière édition », Rewmi, 10 juillet 2012 [1]
  3. « « Boukout »... Le village de Mlomp entre dans la danse cette année » 20 janvier 2016 [2]
  4. « Bukut, foutampaf garur de thionck essyl 94, part 1 », 57 min 32, vidéo en ligne [3]
  5. « Bukut de Djimande : Les futurs initiés entrent dans le bois sacré, samedi », Le Soleil, 17 juillet 2001
  6. « Tendouck 15 juillet 2006. Le chemin de Boutagneunde vers le bois sacré », 18 min 15, vidéo en ligne, [4]
  7. « Cabrousse à l'heure du Boukout depuis jeudi matin », Agence de presse sénégalaise, 9 juillet 2009 [5]
  8. Boukout de Tendième, vidéo en ligne [6]
  9. «  Boukout Diounoung du 17 aout 2013 » [7]
  10. « Au cœur du Boukout à Bessire et Bagaya. Images exclusives du Bois Sacré (reportage Xibaaru) », [8]
  11. « Boukout 2015 du Village de Diatok en Casamance dans les bois sacrés Les futurs initiés natifs de Dakar préparent le Boukout dans moins de deux mois » [9]
  12. « Drame au boukout de Mlomp… 4 initiés tués dans le bois sacré par… », 2 août 2016 [10]
  13. « Boukout 2017,les initiés du village de Mandégane sont sortis du bois sacré ce samedi », 26 août 2017 [11]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Girard, Genèse du pouvoir charismatique en Basse-Casamance, Sénégal, Dakar, IFAN, 1969, 364 p.
  • (en) Peter Mark, « Ejumba: The Iconography of the Diola Initiation Mask », Art Journal, vol. 47, n° 2, Object and Intellect: Interpretations of Meaning in African Art, été, 1988), p. 139-146
  • (en) Peter Mark, Ferdinand de Jong et Clémence Chupin, « Ritual and Masking Traditions in Jola Men's Initiation », African Arts, vol. 31, n° 1, hiver 1998, p. 36-47 + 94-96
  • (en) Peter Mark, « The Wild Bull and the Sacred Forest. Form, Meaning, and Change in Senegambian Initiation Masks », African Arts, vol. 26, n° 2, ), p. 22 + 25-26 +28-30
  • Louis-Vincent Thomas, « Bukut chez les Diola-Niomoun », Notes africaines, n° 108, Dakar, IFAN, - p. 97-119
  • Louis-Vincent Thomas, Les Diola. Essai d’analyse fonctionnelle sur une population de basse-Casamance, Dakar, IFAN, Université de Dakar, 1958, 821 p. (Thèse d’Etat publiée)

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Tigguy (Guy Garçon), L’appel du Bukut, 52 min
  • Pierre Meynadier, Le secret des masques, 55 min

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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