Georges Habache

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Georges Habache (ou Habash) (جورج حبش), de son nom de guerre Al-Hakim الحكيم, né le dans la ville de Lydda (actuelle Lod) et mort le à Amman (Jordanie)[1], est un nationaliste palestinien, fondateur et ancien secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

Sa jeunesse[modifier | modifier le code]

Georges Habache en 1951

Georges Habache est né dans la ville palestinienne de Lydda. Il est issu d'une famille de commerçants arabes de religion grecque orthodoxe. Il fait une partie de ses études secondaires à Jérusalem puis quitte la Palestine pour aller poursuivre ses études de médecine à l'université américaine de Beyrouth. Pendant la guerre israélo-arabe de 1948, sa famille fuit Lydda suivant les combats entre les armées arabes et l'armée israélienne. Habache savait parler arabe, anglais, et français. Retournant vers Lydda pour voir ce qui s'y passe, il se retrouve au milieu de Palestiniens venus y chercher refuge et il se met à porter secours aux blessés.

Il reprend ses études de médecine à l'Université américaine de Beyrouth. Il fonde avec Hani al-Hindi les Phalanges du Sacrifice, un groupe voué à l'action clandestine contre les dirigeants arabes qui se montrent conciliants avec Israël. Il est diplômé en 1951 et part dans les camps de réfugiés à Amman en Jordanie pour y ouvrir une clinique.

Il fonde la même année le Mouvement nationaliste arabe avec Constantin Zureik, Hani al-Hindi et Wadie Haddad. Il s'agit d'un parti, socialiste, nationaliste et panarabe, fortement influencé par le nassérisme et qui a pour but l'unification du monde arabe. En 1952, il crée l'Organisation pour s'opposer à la paix avec Israël. En 1955, il publie aussi avec Wadie Haddad la revue al-Rai. Cette revue sera interdite quelques mois plus tard. La revue reparaît à Damas sous la direction d'un jeune écrivain palestinien Ghassan Kanafani qui fera son succès.

En 1957, il est impliqué avec certains cadres palestiniens de la garde républicaine jordanienne[réf. nécessaire] dans une tentative de coup d'État contre le roi Hussein de Jordanie. Au moment de la création de la République arabe unie, il s'enfuit vers Damas, mais Haddad est arrêté et condamné à trois ans de prison.

Le Front populaire de libération de la Palestine[modifier | modifier le code]

Yasser Arafat, Mahmoud Darwich et Georges Habache en Syrie vers 1980.

Le nassérisme est très affaibli par l'échec de l'union syro-égyptienne en 1958, et l'arrivée au pouvoir du baathisme en Syrie en 1963. En 1964, Georges Habache et son ami Haddad fondent à Beyrouth un Commandement ami régional pour la Palestine, une branche militaire du Mouvement nationaliste arabe. À la suite de la défaite égyptienne de la guerre des Six Jours en 1967, le nassérisme s'effondre. Le mouvement d'Habache fusionne alors avec le Front de libération de la Palestine d'Ahmed Jibril, pour former le Front populaire de libération de la Palestine, qui se définit comme un mouvement armé palestinien, nationaliste et marxiste. En 1968, Georges Habache est brièvement emprisonné en Syrie, mais parvient à s'échapper de prison.

Le FPLP se rend célèbre en appliquant sa stratégie des détournements d'avions, pouvant causer la mort d'innocents, comme à Orly en 1978. Le premier détournement revendiqué par le FPLP a lieu le , contre un avion de la compagnie israélienne El Al.

En Jordanie, il appelle à la chute du régime hachémite jordanien, ce qui entraîne l'OLP dans les événements du Septembre noir[2]. L'organisation reste néanmoins basée à Damas et poursuit pendant plus de 20 ans sa lutte armée contre l'État d'Israël et les intérêts occidentaux. D'après le journal français Le Monde, les Israéliens accusent le FPLP d'être impliqué dans la réalisation de l'attentat qui eut lieu en 1980, à la synagogue de la rue Copernic, à Paris, et qui fit quatre morts et quarante-six blessés[3]. Au milieu des années 1970, Habache aurait participé activement à la création de l'Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie (Asala)[4], à Beyrouth.

Marxiste, le FPLP de Georges Habache représente une tendance qui se distingue du Fatah de Yasser Arafat, plus à droite, cette différence étant notamment symbolisée par la couleur des keffieh qu'ils portent, les damiers étant rouges pour l'un, et noirs pour le second. Depuis les années 1980, et la popularité croissante des courants islamistes, et en particulier du Hamas, les rivalités entre les mouvements d'Habache et d'Arafat se sont adoucies en réaction à ces nouveaux concurrents dans l'espace politique palestinien.

En raison de ses relations étroites avec la Syrie[5], Ahmed Jibril se sépare de Georges Habache, alors en conflit avec la Syrie. En 1968, Ahmed Jibril fonde une scission du FDLP, le Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG). Ce groupe s'est fait remarquer pour ses captures de militaires israéliens pendant la guerre du Liban. Musulman, Ahmed Jibril est plus proche de divers gouvernements arabes et mouvements islamistes que Georges Habache, arabe chrétien et militant pour l'indépendance de la Palestine, y compris vis-à-vis des régimes arabes de la région[6].

En 1992, Georges Habache est victime d'une attaque cérébrale. Il est soigné en France, ce qui provoque de vives réactions dans le monde politique français[7] et déclenche une véritable affaire Habache. À cette occasion, Israël proteste contre l'accueil d'un « chef terroriste aussi cruel »[8]. À la suite de cette affaire, le secrétaire général du Quai d'Orsay, François Scheer, quelques hauts fonctionnaires et la Présidente de la Croix-Rouge française, Georgina Dufoix, démissionnent. Confrontée aux attaques de la droite, la Première ministre Édith Cresson écarte le la tenue d'élections anticipées[9].

En décembre 2000, Georges Habache démissionne de son poste de secrétaire général du FPLP. Quelques mois plus tard, son remplaçant et ancien adjoint, Abou Ali Mustafa, est assassiné par l'armée israélienne. Son idéologie révolutionnaire, sa détermination et ses actions de "résistance" font de Georges Habache un nationaliste palestinien qui conserve une forte popularité dans les territoires contrôlés par l'Autorité palestinienne.

Le , à l'âge de 81 ans, il meurt d'une crise cardiaque dans une clinique d'Amman.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Andrews, Edmund L. & Kifner, John. "George Habash, Palestinian Terrorism Tactician, Dies at 82", The New York Times (27.01.08); Lucien, George. "Georges Habache, le fondateur du Front populaire de libération de la Palestine, est mort", Le Monde (26.01.08); Gresh, Alain. "Arafat-Widersacher George Habasch gestorben", Neue Zürcher Zeitung (26.01.08)
  2. « Cent ans d’un royaume improbable : la stabilité à tout prix – II », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  3. Lucien, George. « Georges Habache, le fondateur du Front populaire de libération de la Palestine, est mort », in Le Monde, 26/01/08
  4. Gaidz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, PUF, 2002, p. 29.
  5. interview donnée à al Quds Al Arabi, c'est également un ancien officier de l'armée Syrienne, réseau voltaire. Israel Versus Jibril: The Thirty-Year War Against a Master Terrorist, Samuel M. Katz, Universal Sales & Marketing, mai 1993. (ISBN 978-1557784339)
  6. Le Monde
  7. Favier, Pierre, 1946-, La décennie Mitterrand. 4, Les déchirements (1991-1995), Ed. du Seuil, (ISBN 2-02-029374-9, 978-2-02-029374-7 et 2-02-014427-1, OCLC 41340549, lire en ligne)
  8. Pierre Haski, La mort en exil de Georges Habache, éternel rival d'Arafat, rue89, nouvelobs.com, 28 janvier 2008.
  9. INA, Assemblée nationale discours politique d'Édith Cresson, 19/20, - 07/02/1992 - 1 min 47 s

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Œuvres de collaboration
  • Avec Georges Malbrunot, Les révolutionnaires ne meurent jamais : conversations avec Georges Malbrunot, éditions Fayard, coll. « Témoignages pour l'histoire », Paris, 2008, 326 p. + 12 p. de planches illustrées, (ISBN 978-2-213-63091-5), (BNF 41193777).

Articles connexes[modifier | modifier le code]