Germaine Dulac

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Germaine Dulac
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Charlotte Élisabeth Germaine Saisset-SchneiderVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Albert Dulac (d) (de à )
Marie-Anne Colson-Malleville (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Germaine Dulac, née Charlotte Élisabeth Germaine Saisset-Schneider le à Amiens et morte le dans le 17e arrondissement de Paris, est une réalisatrice, productrice et scénariste française.

Dulac a réalisé plus de trente films de fiction, dont beaucoup marquent de nouvelles tendances cinématographiques, de l'impressionnisme à l'abstraction. Elle est une des pionnières du cinéma de la première avant-garde[2].


Biographie[modifier | modifier le code]

Née en 1882 à Amiens[3], Germaine Saisset-Schneider est la fille du général Maurice Saisset-Schneider et Madeleine Claire Waymel, et la nièce du conseiller d'État Raymond Saisset-Schneider.

Sa vie professionnelle commence en 1906 au journal féministe La Française dirigé par Jane Misme où, jusqu'en 1913, « elle rédige principalement des portraits de femmes et des critiques de théâtre »[4]. Ces portraits de «femmes d'action», romancières, artistes et militantes sociales, préparent son point de vue de réalisatrice sur le genre[5].

Entre 1907 et 1915, elle écrit une dizaine de pièces de théâtre[6] parmi lesquelles : Le Bonheur est chose légère, Le Fantôme, Les Pieuvres, Le Jardin magnifique, et L’Emprise, lui donnant une assise théâtrale qui lui servira lors de la réalisation de ses premiers films.

Elle se consacre au cinéma dès 1915, en pleine première guerre mondiale, où le titre de son film Les Sœurs ennemies fait écho aux préoccupations féministes secouées par le conflit. La même année, elle devient secrétaire-générale de l'organisation La Croisade des femmes françaises et soutient plusieurs comités de veuves de guerre[7].

Ses premiers efforts cinématographiques ayant été réalisés pendant cette période, beaucoup de pellicules ont disparu et sont considérées comme des films perdus.

En 1916, elle fonde avec Irène Hillel-Erlanger une maison de production, la « DH Films »[4].

Après avoir manifesté ses dons émotionnels et plastiques, dans des films écrits par Irène Hillel-Erlanger tels Les Sœurs ennemies (1915), Géo le mystérieux (1917) et Venus Victrix (1917), elle réalise, d'après un scénario de son ami Louis Delluc, La Fête espagnole (1919), et devient une des fortes personnalités de la première avant-garde[4].

En 1918, elle écrit, produit, et réalise une série de six épisodes, Âmes de fous, avec Ève Francis.

Dès 1920, elle publie de nombreux écrits historiques aux vues nouvelles et pénétrantes.

Après La Mort du soleil (1921), elle accomplit son chef-d’œuvre avec La Souriante Madame Beudet (1923), critique de la vie conjugale petite-bourgeoise ou, en termes modernes, de « l'incommunicabilité du couple ».

Après 1924, elle milite aussi avec ardeur pour répandre l'amour du cinéma et contribue à développer les ciné-clubs[4]. Plus tard, elle rejoint la « seconde avant-garde », avec La Coquille et le Clergyman (1928) (d'après Antonin Artaud), puis elle réalise des symphonies d'images, alliées à la musique, avec Disque 957 (1927) (d'après Chopin) ou Thèmes et Variations (1928).

Quand le cinéma sonore empêche dorénavant une production totalement indépendante, elle préfère se consacrer aux actualités. Elle entre chez Gaumont en 1931[8]. De 1933 à 1940, elle est directrice adjointe des Actualités Gaumont[9],[10]. Présidente de la section Cinéma du Conseil national des femmes françaises dans les années 1930[11], elle meurt à Paris le 20 juillet 1942[9].

Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (74e division)[12].

Théoricienne du cinéma[modifier | modifier le code]

Elle est parmi les premières en France à envisager le cinéma comme un grand art. Résolument féministe, Dulac se démarque par sa défense du cinéma comme puissant outil visuel et socio-politique.

Des années 1900 à 1930, Germaine Dulac publie des articles sur le cinéma et contribue à en donner une vision d'un art à part entière, parmi lesquels «Comment je suis devenue ‘metteur en scène’ cinématographique»[13], «Le Mouvement créateur de l’action»[14], ainsi que des entretiens et des critiques[15].

Elle laisse inachevé un manuscrit inédit à la ligne d'enquête socio-esthétique. Elle y décrit son approche du cinéma en tant que forme transcendantale de musique visuelle, capable de réelles transformations sociales. Son introduction, «Qu'est-ce que le cinéma ?», fait écho à ses premiers écrits critiques[16], jusqu'à ses textes des années 1930 sur le potentiel du film d'actualité en tant que «cinéma pur», «préfigurant à certains égards le célèbre traité en quatre volumes du même nom du théoricien du cinéma réaliste esthétique André Bazin (1958-1962)»[17].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Elle épouse en 1905 Albert Dulac, agronome socialiste et futur romancier[9]. Ils se séparent en 1920.

Pendant son mariage, Dulac eut une relation professionnelle et intime avec la danseuse, pantomime et actrice Stacia Napierkowska qui influenca fortement son rapport à l'image et au cinéma.

Dans les années 1920, Germaine Dulac s'installe dans une relation avec la réalisatrice Marie-Anne Colson-Malleville (née Mareau), qui dure jusqu'à la fin de sa vie[18],[19]. À sa mort, celle-ci fait don des archives professionnelles et personnelles de Dulac à la Cinémathèque française.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Réalisatrice[modifier | modifier le code]

Scénariste[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Évènementiel[modifier | modifier le code]

Billet pour la séance du documentaire Le Cinéma au service de l'Histoire du à la Cinémathèque française, dans le cadre de la rétrospective Germaine Dulac.

Durant l'année 2005, le musée d'Orsay présente une rétrospective de Germaine Dulac[22].

En , la Cinémathèque française lui dédie une rétrospective, proposant des séances de l'intégralité de ses films.

Galerie[modifier | modifier le code]

Source et références[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.cineressources.net/repertoires/archives/fonds.php?id=dulac »
  2. Tami Williams, Germaine Dulac: A Cinema of Sensations, University of Illinois Press, (ISBN 978-0-252-03847-1, DOI 10.5406/j.ctt7zw5h6?turn_away=true, lire en ligne)
  3. Brigitte Rollet, « Dulac, Germaine (née Saisset-Schneider) [Amiens 1882 - Paris 1942] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 1337
  4. a b c d e f et g Dictionnaire du cinéma français des années vingt : Germaine Dulac, p. 137-166.
  5. Williams, Tami. “ʺHow I Became a Film Directorʺ: Dulacʹs Early Life and Pre-Filmmaking Career.” Germaine Dulac: A Cinema of Sensations, University of Illinois Press, 2014, pp. 9–44.
  6. Catherine Silberschmidt, « Germaine Dulac, mythe et rythme », Cahiers du cinéma, no 602, juin 2005, p. 80.
  7. Aide aux réfugiés belges, Aide aux femmes des combattants (1914–1915)
  8. a b c d e f g h i et j « Germaine Dulac », sur lightcone.org (consulté le ).
  9. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Caroline Hanotte, « Germaine Dulac », sur cineartistes.com, (consulté le ).
  10. Pascal Manuel Heu, « Oubliés et méconnus : Quelques figures féminines », La lettre du SFCC, Paris, Imp. Grafik Plus (Rosny-sous-Bois), no 49,‎ , p. 7 / 17 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  11. Archives nationales, cote 19940495/21, dossier 1534, dont est extrait sa signature.
  12. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 299.
  13. «Comment je suis devenue ‘metteur en scène’ cinématographique.» Ève, 31 Août 1924
  14. "Aux Amis du cinéma.” Cinémagazine, December 19, 1924. Reprinted as “Le Mouvement créateur de l’action” in Écrits sur le cinéma, 46–50.
  15. Pour une bibliographie sélective, voir : Williams, Tami. Germaine Dulac: A Cinema of Sensations. University of Illinois Press, 2014.
  16. «Mise-en-scène» (1917)
  17. Williams, Tami. “Negotiating Art and Industry in the Postwar Context.” Germaine Dulac: A Cinema of Sensations, University of Illinois Press, 2014, pp. 77–123. JSTOR, http://www.jstor.org/stable/10.5406/j.ctt7zw5h6.7. Accessed 16 Mar. 2024.
  18. Philippe Azoury et Elisabeth Lebovici, « Germaine Dulac sauvée des eaux », sur liberation.fr, .
  19. Barbara Marty, « Germaine Dulac, une cinéaste féministe et avant-gardiste oubliée », sur France Culture, (consulté le ).
  20. a b c d e f g h et i Dictionnaire du cinéma français des années vingt : Germaine Dulac, p. Filmographie.
  21. Selon un article de la revue Archives (Institut Jean-Vigo - Cinémathèque de Toulouse - novembre-décembre 1991), la datation de ce film en 1927 résulterait d'une erreur de Charles Ford dans son Anthologie du cinéma, qui cite ce film sans l'avoir visionné. Or la présentation corporative aurait bien eu lieu en 1935.
  22. Rétrospective Germaine Dulac : Au-delà des impressions (version du sur Archive.today) Musée d'Orsay, du 3 au (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Charles Ford, Germaine Dulac, Anthologie du cinéma tome IV, L'Avant-scène, Paris, 1968
  • Marie-Jo Bonnet, « Germaine Dulac, l'audace des années 1920 », Gai Pied Hebdo no 57, 18 février 1983.
  • Alain Virmaux et Odette Virmaux, Artaud-Dulac : La Coquille et le Clergyman : essai d'élucidation d'une querelle mythique, Éditions Paris Expérimental, 1999
  • L. B. Danou, Le cinéma de ma mémoire ; en hommage personnel à Germaine Dulac telle que je l’ai connue, 1932-1939, Paris, Danou Édition, 2005
  • Germaine Dulac, au-delà des impressions, numéro spécial de la revue 1895, sous la direction de Tami Williams, Paris, 2006
  • Tami Williams, Germaine Dulac: A Cinema of Sensations, University of Illinois Press, 2014

Liens externes[modifier | modifier le code]

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