Louis-Joseph de France

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Louis-Joseph de France
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Louis-Joseph Xavier François, Dauphin de France, attribué peut-être à Pierre-Louis Dagoty ou un membre de la famille Dagoty, vers la fin des années 1780.

Titre

Dauphin de France


(7 ans, 7 mois et 13 jours)

Prédécesseur Louis-Auguste de France
Successeur Louis-Charles de France
Biographie
Titulature Fils de France
Dauphin de France
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louis-Joseph Xavier François de France
Surnom Monsieur le dauphin ou le dauphin
Naissance
Château de Versailles (France)
Décès (à 7 ans)
Château de Meudon (France)
Sépulture Nécropole de Saint-Denis
Père Louis XVI
Mère Marie-Antoinette d'Autriche
Fratrie Marie-Thérèse de France
Louis-Charles de France
Sophie Béatrice de France
Religion Catholicisme

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Louis Joseph Xavier François de France ( - ), fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette, deuxième enfant du couple royal, est dauphin du Viennois et héritier du trône de France. Il est le frère aîné du futur Louis XVII.

Enfant de santé fragile, il meurt à l'âge de sept ans et demi à Meudon, le , pendant les États généraux.

Naissance, baptême et éducation[modifier | modifier le code]

Illumination de l’Arc de Triomphe élevé dans le jardin de M. le Commandant de la Marine le à l’occasion de la naissance de Monseigneur le Dauphin.

Naissance et baptême[modifier | modifier le code]

La naissance tardive du dauphin bouleversa la famille royale, ruinant les espoirs du comte de Provence, futur Louis XVIII, jusque-là héritier du trône de France.

Louis Joseph de France est baptisé le , jour de sa naissance, dans la chapelle du château de Versailles par Louis René Édouard de Rohan, grand aumônier de France, en présence d'Honoré Nicolas Brocquevielle, curé de l'église Notre-Dame de Versailles : son parrain est l'empereur Joseph II d'Autriche, représenté par Louis Stanislas Xavier de France, futur Louis XVIII, et sa marraine est Marie Clotilde de France, princesse de Piémont, représentée par Madame Élisabeth, sœur du roi Louis XVI.

Le docteur Pierre-Édouard Brunier, médecin des Enfants de France, lui choisit comme nourrice principale Geneviève Poitrine, qu'on accuse de lui avoir transmis la tuberculose. En effet, selon un témoignage, plusieurs de ses enfants ont été victimes de cette maladie et le docteur lui-même était au courant[1]. Il est vrai que le portrait que tracent du docteur Brunier Marie-Antoinette et Madame Royale n'est pas des plus flatteurs[2]. Le roi Louis XVI choisit de nommer un gentilhomme du Dauphiné comme son premier valet de chambre : Pierre-Jean de Bourcet, ancien lieutenant de l'armée royale, qui lui sera dévoué jusqu'à sa mort.

À la naissance du dauphin, seul le futur Louis XVIII ne semble pas s'en réjouir car ainsi il perd sa qualité d'héritier présomptif du trône. Quant aux textes et chansons relatant l'événement, il y a, comme pour la naissance de Madame Royale, les deux extrêmes, mais, dans l'ensemble, le peuple se réjouit de cette naissance. Le cérémonial se déroule normalement et la maison du dauphin est constituée. Une multitude de cadeaux sont offerts aux époux : entre autres une pendule à musique et automates ainsi qu'un coffre à layette offerts par la ville de Paris.

La famille royale réunie autour du dauphin Louis-Joseph né en 1781. Anonyme, 1782.

Éducation[modifier | modifier le code]

Buste du dauphin par Louis-Pierre Deseine, posthume, fin 1789, début 1790, Musée de la Révolution française.

Comme sa sœur, Marie-Thérèse, le dauphin est très proche de ses parents. Le roi inculque à ses enfants une certaine « simplicité de vie » : lorsque des visiteurs, arrivent à Versailles, il leur demande d'appeler Louis-Joseph « Monsieur le Dauphin » à la place de « Monseigneur »[3]. Louis XVI, qui surveille de très près son éducation, commande au géographe Mancelle un globe terrestre transformable, montrant ainsi les terres émergées et immergées, ainsi que tout ce qui pourrait parfaire ses connaissances, comme toute une série de peintures sur peaux de bison. Le jeune prince est décrit par tous ses contemporains comme un enfant intelligent, qui étonne par ses reparties et par sa bonté ; un jour le petit prince joue avec un camarade de jeu, qui casse une porcelaine, le coupable s'en va et le Dauphin est puni. Quand l'enfant revient pour se dénoncer, on demande à Louis-Joseph pourquoi il n'a pas dit la vérité, le petit prince répond[4] : « Est-ce à moi d'accuser quelqu'un ? ».

Il est aussi conduit dès son plus jeune âge à l'hospice des Enfants-Trouvés[5]. Néanmoins Louis-Joseph est éduqué pour régner et montre également un certain goût pour le pouvoir et l'autorité. Enfin, le roi fait faire un petit jardinet pour son fils près de ses appartements ; dès le printemps 1785 (il a alors 3 ans) Louis XVI vient lui-même jardiner avec son fils et lui apprendre le maniement des outils[4]. Cependant, Louis XVI et Marie-Antoinette sont trop optimistes en ce qui concerne la santé du Dauphin : la reine imagine déjà lui donner en mariage sa nièce Marie-Amélie de Sicile, née en 1782.

Il eut pour compagne de jeux Adèle d'Osmond (future comtesse de Boigne, connue aujourd'hui pour ses mémoires), celle-ci résidait à Versailles, sa mère étant dame d'honneur de Madame Adélaïde[6].

Maladie[modifier | modifier le code]

Marie Antoinette et ses enfants en 1787, par Élisabeth Vigée Lebrun. Le jeune Louis Joseph Xavier François est déjà très malade pendant la réalisation de ce tableau, le berceau vide appartenait à la petite Sophie, morte peu de temps avant.

Vers , le dauphin est pris de fortes fièvres. Il est transporté à la Muette, où il guérit vite.

En , il subit une variolisation à la Muette. Les suites sont sans gravité, mais sa santé en reste altérée.

En , les fortes fièvres recommencent. Le dauphin est secoué de mouvements fébriles, qui n'inquiètent que très peu son entourage. Ce sont pourtant les premiers symptômes de la tuberculose. On constate que son épine dorsale commence à se courber. En , le dauphin passe aux hommes (c'est-à-dire lorsque l'enfant atteint environ l'âge de 7 ans et qu'il quitte le monde des femmes pour celui des hommes). Lors du cérémonial, on constate qu'il a du mal à marcher et que son corps porte des traces de vésicatoire.

Durant les années 1786 et 1787, on veut redresser l'épine dorsale du dauphin au moyen de corsets en fer.

Dès , il est consumé par une fièvre lente. La maladie progresse rapidement. Le Dr Petit diagnostique une carie vertébrale. Le dauphin a des vertèbres gangrenées et ne peut survivre longtemps. Selon le marquis de Bombelles, on a beaucoup trop attendu et le dauphin est perdu. « Si mon fils était celui d’un particulier, il se porterait bien », déclare la reine.

Le , il assiste au défilé des députés des États Généraux depuis un balcon, allongé sur un fauteuil. Il est peu après transporté à Meudon, en espérant que l'air qu'il y respirerait lui serait profitable[7] ; la maladie, comme le note la reine, fait alors chez lui des « progrès effrayants »[8].

Louis-Joseph-Xavier(-François) meurt le au château de Meudon à l'âge de 7 ans et demi, au grand désespoir de ses deux parents et de sa sœur, durement éprouvés par cette perte.

Le , des délégations de la noblesse, du clergé et du tiers état viennent s'incliner devant la dépouille mortelle du dauphin au château de Meudon.

Son inhumation a lieu le  : son corps est alors transporté dans la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France, pour y être enterré, en présence de Louis-Joseph de Montmorency-Laval, cardinal et évêque de Metz, grand aumônier de la cour, d’Albert Séjan, curé de l’église royale et paroissiale de Meudon, de François-Henri d'Harcourt, gouverneur du prince défunt et d’Henri-Évrard de Dreux-Brézé, grand-maître des cérémonies[9], mais en l'absence du couple royal puisque l'étiquette interdisait au roi et à la reine d'être confrontés à la mort d'un tiers (et d'accompagner la dépouille jusqu'à l'enterrement)[10]. Et son cœur fut porté à la chapelle Sainte-Anne (nommée la « chapelle des cœurs » renfermant les cœurs embaumés de quarante-cinq rois et reines de France) de l'église du Val-de-Grâce[11].

Le début de la Révolution[modifier | modifier le code]

Louis XVI demanda qu'on reculât la demande d'audience de la délégation du tiers état de quelques jours, le temps de faire son deuil. Les députés refusèrent.

« N'y a-t-il donc pas de pères, parmi ces gens-là ? » demanda-t-il alors[12].

« À la mort de mon cher petit Dauphin, la Nation n'a pas seulement eu l'air de s'en apercevoir. À partir de ce jour-là, le peuple est en délire et je ne cesse de dévorer mes larmes », écrit le Marie-Antoinette à son frère Léopold[13].

Son frère cadet, le duc de Normandie, 4 ans, lui succède comme dauphin de France et sera reconnu par les royalistes comme Louis XVII de France après l'exécution de son père le , malgré l'abolition de la monarchie le .

Berline du petit Dauphin, durant sa maladie.

Titulature[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

Représentations[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Reynald Secher et Yves Murat, Un Prince méconnu - le dauphin Louis-Joseph, fils aîné de Louis XVI, Éditions RSE, 1998.
  • Philippe Delorme, Les Princes du malheur - Le destin tragique des enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette, Éditions Perrin (Paris), 2008.
  • Alphonse Daudet (Marie-Claude-Monchaux représente là le jeune dauphin Louis joseph) illustré de 33 aquarelles de Marie-Claude Monchaux, édition Clovis, 2007.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Louis-Joseph de France est un personnage de plusieurs films portant sur la période révolutionnaire.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Docteur Cabanès, Les Morts mystérieuses de l'histoire, tome II, p. 226-227 (éd. de poche)
  2. lire en ligne sur le Forum de Marie-Antoinette
  3. Philippe Delorme, Les princes du malheur, Perrin, , page 80
  4. a et b Philippe Delorme, Les princes du malheur, Perrin, , page 116
  5. Philippe Delorme, Les princes du malheur, Perrin, , page 109
  6. Huguette Krief et Valérie Van Crugten-André, Dictionnaire des femmes des Lumières, (ISBN 978-2-7453-2487-0 et 2-7453-2487-X, OCLC 907561948, lire en ligne).
  7. Philippe Conrad, Louis XVII : l'énigme du roi perdu, Du May, , p. 17.
  8. Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Paris, Perrin, 2005.
  9. Registre paroissial (1789) de Meudon, Archives municipales de Meudon.
  10. Bernard Vincent, Louis XVI, Folio Gallimard biographie, 2006, page 232.
  11. « Les coeurs et entrailles des reines, princes et princesses au Val-de-Grâce (avant 1793) » Accès libre, sur Les Tombeaux de Saint-Denis, (consulté le ).
  12. Reynald Sécher et Yves Murat, Un prince méconnu: le Dauphin Louis Joseph, fils aîné de Louis XVI, éditions RSE, 1998.
  13. Reynald Secher et Yves Murat, Ibid.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]