Marie-France Garaud

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Marie-France Garaud
Illustration.
Fonctions
Députée européenne

(4 ans, 11 mois et 29 jours)
Élection 13 juin 1999
Législature 5e
Groupe politique NI
Biographie
Nom de naissance Marie-Françoise Quintard[1]
Date de naissance (90 ans)
Lieu de naissance Poitiers (France)
Nationalité Française
Profession Avocate

Marie-France Garaud, née Marie-Françoise Quintard le à Poitiers, est une avocate, haut fonctionnaire et femme politique française.

De 1969 à 1974, avec Pierre Juillet, elle est une influente conseillère du président Georges Pompidou.

Soutien du jeune Jacques Chirac, elle est avec Pierre Juillet une « éminence grise » dans la fondation du Rassemblement pour la République (RPR) en 1976 et rédige en 1978 l'appel de Cochin contre la droite pro-européenne incarnée par l'Union pour la démocratie française (UDF). Tous deux quittent l'entourage de Jacques Chirac après l'échec relatif du RPR aux élections européennes de 1979.

Sans l'investiture du RPR, elle se présente à l'élection présidentielle de 1981, où elle obtient 1,33 % des voix. L’année suivante, elle fonde et prend la présidence de l'Institut international de géopolitique (IIG). Élue sur les listes du Rassemblement pour la France, elle est députée européenne de 1999 à 2004.

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Famille et formation[modifier | modifier le code]

Marie-Françoise Quintard est la fille de Marcel Quintard, avoué et conseiller général de la Vienne.

Elle suit une scolarité religieuse à Poitiers et étudie le latin, le grec ancien et le piano. Elle est diplômée d’études supérieures en droit privé, en droit public et en histoire du droit de l'université de Poitiers en 1954[2] .

Le , elle se marie avec Louis Garaud (1929-2001)[3], avocat aux conseils, fils du juriste Marcel Garaud, originaire de L'Absie (Deux-Sèvres) et professeur à la faculté de droit de Poitiers. Le couple acquiert, entre autres, le château des Moulières à Saint-Pompain, où Marie-France Garaud demeure encore.

Ils ont deux enfants, Jean-Yves et Christophe[2].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Inscrite au barreau de Poitiers en 1954, elle commence sa carrière professionnelle dans un cabinet d'avocats de la ville, où elle enchaîne des petits dossiers. Elle est ensuite, de 1957 à 1960, attachée juridique au ministère de la Marine[2].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Conseillère ministérielle et présidentielle[modifier | modifier le code]

Sa carrière politique débute en 1961. Jean Foyer, qui avait été son professeur de droit à l'université, a été nommé ministre de la Coopération. Il la recrute comme attachée parlementaire[2]. Chargée d'assurer les relations entre le ministre et les parlementaires, elle se crée un réseau extensif dans les deux chambres. Lorsque Foyer devient garde des Sceaux, elle devient chargée de mission, et se lie d'amitié avec Simone Veil[4].

En 1967, Foyer est démis de ses fonctions. Le président de l'Assemblée nationale Jacques Chaban-Delmas ayant refusé de l'embaucher, Garaud essaie de se faire embaucher par le conseiller du Premier ministre Georges Pompidou, Pierre Juillet, qui accepte. Elle ne reste qu'un an à Matignon, et suit Pompidou boulevard de La Tour-Maubourg pour préparer l'élection présidentielle de 1969. Elle aide l'ancien Premier ministre à désamorcer les rumeurs de l'affaire Marković. Elle coécrit un livre au sujet de Pompidou, Georges Pompidou, un portrait, sous le nom de Gérard Aubray, afin de modeler l'image publique du candidat. Avec Pierre Juillet, elle prend sous son aile Jacques Chirac[2].

Lorsque Georges Pompidou est élu président de la République en 1969, elle est nommée conseillère politique au cabinet du président et agit comme une « éminence grise ». Pompidou lui propose en 1972 de la nommer au gouvernement, ce qu'elle refuse. Le président s'irrite de son contrôle sur l’Élysée à partir de cette année-là et nomme René Galy-Dejean comme chef de cabinet pour qu'il reprenne la main sur la maison. Elle occupe son poste jusqu'à ce que, peu avant sa mort, Pompidou la nomme à la Cour des comptes[2]. Elle subira l'influence marquée de Georges Albertini.

Lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 1974, Garaud et Juillet manigancent pour empêcher Jacques Chaban-Delmas de représenter la droite, jugeant dangereux son projet de Nouvelle société. Ils poussent Pierre Messmer à se présenter[5]. Une fois Valéry Giscard d'Estaing élu, celui-ci lui propose de devenir ambassadrice, ce qu'elle refuse pour devenir conseillère politique officieuse de Jacques Chirac à Matignon. Elle gère son agenda, ses rencontres, et est présente à presque toutes les réunions[2].

Lorsque Chirac démissionne de son poste de Premier ministre, Garaud l'incite à se présenter à l'élection municipale à la mairie de Paris[2]. Marie-France Garaud et Pierre Juillet sont également réputés être les inspirateurs de l'Appel de Cochin (). Mais après l'échec relatif de la liste RPR aux élections européennes de 1979, qui voit la liste gaulliste passer derrière celle de l'UDF, Marie-France Garaud et Pierre Juillet sont tous deux évincés par Jacques Chirac de son entourage, notamment par l'intervention de Bernadette Chirac[6]. Cette version de l'éviction de Marie-France Garaud par Jacques Chirac est contestée par plusieurs autres témoins. Elle quitte en fait son entourage de son propre chef, doutant des capacités de Jacques Chirac à assumer la fonction de président de la République[7].

Candidate à la présidence de la République[modifier | modifier le code]

Marie-France Garaud décide, dès 1980, de se présenter à l'élection présidentielle de 1981. Elle prend la première fois la parole à la radio sur Europe 1 et attaque Chirac sur le thème du reniement aux idéaux. Son directeur de campagne est Pierre Arpaillange[8]. Sa campagne est en partie financée par Sir Arthur Forbes, un investisseur britannique, qui gère parallèlement les intérêts de l'empire pétrolier Texaco et du biscuitier Nabisco[2].

La candidature ne prend cependant pas d'ampleur. Garaud a du mal à récolter les parrainages nécessaires, jusqu'à ce que le candidat socialiste François Mitterrand demande à Daniel Vaillant de s'assurer que les maires lui donnent les parrainages nécessaires[2]. Michel Debré, gaulliste historique, se porte également candidat sans l'appui du RPR, mais tous deux échouent. Marie-France Garaud obtient finalement 1,33 % (386 623) des voix au premier tour de l'élection, arrivant avant-dernière du scrutin, devant Huguette Bouchardeau et 0,3 point derrière Michel Debré.

L'après-1981[modifier | modifier le code]

En 1982, elle fonde et prend la présidence de l'Institut international de géopolitique (IIG), qui publie la revue trimestrielle Géopolitique. Elle se rapproche du pouvoir socialiste et est reçue à deux reprises en 1982 par le président de la République[2].

Elle décide de se remettre en selle en vue des élections législatives de 1986. Elle se présente sur sa propre liste. Se trouve en deuxième place Gilberte Beaux, et en dernière position, Pierre Juillet. La liste obtient 2,57 % des voix et n'envoie aucun député à l'Assemblée[9],[2].

Elle décide de s'engager dans la bataille contre le traité de Maastricht lors du référendum français. Elle s'allie avec Philippe Séguin, Pierre Marie Gallois, Jean Foyer, Jacques Kosciusko-Morizet, Alain Griotteray et Philippe de Villiers[2]. Elle s'engage également treize ans plus tard, lors du référendum relatif au traité établissant une Constitution pour l'Europe.

Elle passe conseiller-maître à la Cour des comptes en 1998, puis conseiller-maître honoraire en 1999. Après le décès de son mari, elle lui succède brièvement comme avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation[10],[11].

Lors des élections européennes de 1999, elle est élue députée européenne sur la liste RPF, menée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Elle siège au Parlement européen jusqu’en 2004, faisant partie des non-inscrits. Assidue, elle siège à la commission des affaires juridiques. Elle décide de ne pas se représenter[2].

Prises de position[modifier | modifier le code]

Relations internationales[modifier | modifier le code]

Lors de sa campagne présidentielle de 1981, elle se montre atlantiste et appelle à renforcer l'alliance avec les États-Unis pour contrer les menaces extérieures, notamment l’URSS.

Elle soutient la Serbie lors de la guerre du Kosovo[2].

Soutien politique[modifier | modifier le code]

Elle est mendésiste dans sa jeunesse et vote contre l'instauration de la Ve République lors du référendum constitutionnel de 1958[2]. Elle évolue ensuite vers le gaullisme.

Elle vote blanc à toutes les élections depuis 1981. En 1982, elle affirme au sujet de la présidence de François Mitterrand qu'« il y a de très bonnes choses qui sont faites actuellement »[2]. Elle hésite à voter pour Jean-Luc Mélenchon en 2012 mais se ravise. Elle vote pour Marine Le Pen en 2017[2],[12].

Elle est proche du Club de l'horloge[2].

Autres[modifier | modifier le code]

Elle est en faveur de la peine de mort[2].

Elle est très critique envers Jacques Chirac après l'avoir soutenu pendant plusieurs années. Elle aurait dit à son propos : « Je pensais que Jacques Chirac était du marbre dont on fait les statues, il est en fait de la faïence dont on fait les bidets[13] », allusion à Bernadette Chirac, artisan de son éviction et fille de Jean-Louis Chodron de Courcel, le directeur commercial des Émaux de Briare[14].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michel Bracquart, Le vrai nom des stars, Paris, M.A. Éditions, , 433 p. (ISBN 2-86676-463-3), p. 154.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Olivier Faye, La Conseillère, Paris, Fayard, , 256 p. (ISBN 978-2213700908)
  3. « Cour de cassation », sur courdecassation.fr via Wikiwix (consulté le ).
  4. Marie-France Garaud, « "C'était ma plus vieille amie, nous avons tant ri ensemble" », Paris Match, semaine du 6 au 12 juillet 2017, page 63.
  5. Guillaume Tabard, « Giscard conjugue changement et continuité », Le Figaro, vendredi 23 décembre 2016, page 4.
  6. Anne Sinclair, Deux ou trois choses que je sais d'eux, Grasset, (lire en ligne), p. 113.
  7. Morvan Duhamel, Entretiens confidentiels de Georges Albertini, éditions Amalthée, 2013, p. 475.
  8. Voir sur lemonde.fr.
  9. « Interview de Mme Marie-France Garaud, présidente de l'Institut international de géopolitique, à RTL le 5 janvier 1986, sur le programme de sa liste "La France en tête" pour les élections législatives 1986. », vie-publique.fr, interview du 5 janvier 1986.
  10. Voir sur legifrance.gouv.fr.
  11. Voir sur legifrance.gouv.fr.
  12. Emmanuel Galiero (auteur de l'interview) et Marie-France Garaud, « Marine Le Pen a le sens de l'État », lefigaro.fr,‎ (lire en ligne).
  13. Voir Le Canard enchaîné du .
  14. Patrick Girard, Chirac : Petits meurtres en famille, Grasset, , p. 139.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Radiographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]