Sigebert III

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Sigebert III
Illustration.
Solidus de Sigebert III frappé à Marseille (639-656). BnF, monnaies, médailles et antiques.
Titre
Roi des Francs d'Austrasie

(17 ans et 13 jours)
Prédécesseur Dagobert Ier
Successeur Childebert III l'Adopté
Biographie
Titre complet Roi des Francs d'Austrasie
Dynastie Mérovingiens
Date de naissance vers 630
Lieu de naissance Clichy
Date de décès
Père Dagobert Ier
Mère Ragnétrude
Fratrie Clovis II
Conjoint Chimnechilde
Enfants Childebert III : adopté[1] ?
Dagobert II
Bilichilde

Sigebert III ou Sigisbert III, également connu sous le nom de saint Sigisbert, né vers 630 et mort le , est le fils aîné de Dagobert Ier. Il règne sur le royaume d'Austrasie de 639 à 656. Il a été reconnu saint par l'Église catholique, et il est fêté le 1er février[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Baptême de Sigebert III. Jacobus De Voragine et enluminé par Richard De Montbaston, Legenda aurea, 1348.

Sigebert est le fils de Dagobert Ier et de Ragnétrude, une concubine. Il fut baptisé en la cathédrale d'Orléans en présence de Dagobert, Éloi, Ega, Dadon, la reine Nanthilde, le trésorier royal Landégisèle ainsi que le référendaire Chadoin en tant que représentant de Burgondie. L'évêque Amand procéda au baptême et Caribert II, frère de Dagobert, parraina Sigebert en le tenant sur les fonts baptismaux. Lors de l'office, Amand récita le pater noster et Sigebert, âgé alors de neuf jours, aurait répondu « Amen »[3].

Sigebert, Ragnétrude et Adalgisel, maire du palais d'Austrasie, rejoignirent Metz où ils logèrent dans la villa royale de Montigny.

Le royaume d'Austrasie avait été conquis en 613 par son grand-père Clotaire II avec le soutien des aristocrates austrasiens, et ces derniers avaient ensuite exigé un roi particulier, qui avait été Dagobert Ier, nommé roi dès sa majorité en 623. À la mort de Clotaire, Dagobert était devenu roi de Neustrie et de Bourgogne, réunifiant le royaume franc et les nobles austrasiens demandèrent à nouveau un roi particulier, qui fut Sigebert III, nommé en 634. À la mort de Dagobert, la Neustrie passe à son frère cadet Clovis II, mais le pouvoir est détenu par le maire du palais Grimoald Ier, fils de Pépin de Landen.

Radulf, duc de Thuringe nommé par Dagobert en 633, s'allie au duc de Bavière Fara, membre de la dynastie des Agilolfinges, afin de préserver son indépendance. En 640, les troupes de Sigebert menées par Grimoald et Adalgisel battent celles de Fara, qui est tué au combat, tandis que Radulf se réfugie sur la rivière Unstrut. En 642, lors d'une nouvelle bataille, Radulf vainc l'armée de Sigebert et prend le titre de rex Thoringiae, consommant son indépendance[4]. Lors de cette expédition, Grimoald sauve la vie du roi et devient son ami. Après avoir fait éliminer le maire du palais en fonction, Otton, par un complice, il devient à son tour maire du palais d'Austrasie en 643[5].

Sigebert épouse Chimnechilde en 647. Après quelques années, ils n'ont toujours pas d'enfants et Grimoald le persuade qu'il n'aura pas d'héritier[6]. Sigebert laisse Grimoald choisir la personne à adopter comme étant son successeur sur le trône d'Austrasie, violant la pratique habituelle qui incombait au choix du conseil des Grands, leudes et évêques approuvé par les Mérovingiens. Grimoald parvient à convaincre le roi d'adopter son propre fils, nommé Childebert. En 651, le roi appose son sceau sur le décret qui fait de Childebert, qui avait alors quinze ans[7], son fils adoptif. Cependant, cette qualité d'enfant adoptif a récemment été remise en cause[1]. Plusieurs mois après, Chimnechilde est enceinte. Elle accouche l'année suivante d'un fils nommé Dagobert. Le royaume d'Austrasie se retrouvant avec deux héritiers, les leudes demandent au roi d'organiser sa succession. Sigebert déclara qu'il avait fait serment. Aucun évêque n'expliqua au roi que, en théologie, un serment allant contre les lois et l'honneur est invalide[8].

Bague de Sigebert III. Musée national du Moyen Âge de Cluny.

De son union avec Chimnechilde sont issus :

Sigebert meurt le à l'âge de 26 ans de maladie[7]. Ses restes, profanés à la Révolution, sont conservés à la cathédrale de Nancy, ville dont il est le saint patron[9].

Le maire du palais Grimoald Ier se sentant menacé, à la mort du roi le , fait alors tondre en secret le jeune Dagobert, alors âgé de trois ans, dans une chambre du palais de Metz. Durant la nuit, ses serviteurs transportent l'enfant à Boulogne puis naviguent jusqu'à York. Ils remettent Dagobert aux mains du saint évêque Wilfrid pour qu'il le place dans un monastère[10]. Exilé en Irlande, celui-ci devient roi d'Austrasie de 676 à 679.

Vénération[modifier | modifier le code]

Vitrail de l'église Saint-Vincent-de-Paul de Clichy, présentant St Sigisbert.

Fondateur de plusieurs monastères bénédictins, dont ceux de Stavelot, Malmedy et Cugnon, Sigebert III portait un intérêt particulier à l'abbaye Saint-Martin-devant-Metz, dont il assura la restauration et où il fut inhumé[11]. D'abord objet d'une dévotion strictement locale, il fut reconnu saint cinq siècles après sa mort[12]. Lors de la destruction de l'abbaye en 1552, ses reliques furent transportées dans la ville de Metz, puis à Nancy[13].

Bien que la ville de Nancy soit apparue postérieurement au règne du roi austrasien, les ducs qui en avaient fait leur capitale honorèrent particulièrement le saint roi qui les avait précédés en Lorraine, et en firent le saint patron de la capitale ducale. De ce lien établi entre Nancy et saint Sigisbert subsistent de nombreuses traces. Outre l'usage du prénom par les sculpteurs de la famille Adam, le saint a donné son nom au lycée Notre-Dame Saint-Sigisbert, et est particulièrement honoré à la cathédrale de Nancy.

Sculpture de St Sigisbert sur la façade de la cathédrale Notre-Dame-de-L'Annonciation de Nancy.

Si la cathédrale de Nancy est consacrée à Notre-Dame de l'Annonciation, un culte particulier y est rendu à saint Sigisbert. Dans la niche du chœur, ses reliques, profanées pendant la Révolution, ont été remplacées sous le Premier Empire par une statue de la Vierge à l'Enfant de 1669, due à César Bagard. Cependant, quelques débris, dont une côte, ont été sauvés et enfermés dans un nouveau reliquaire en bois doré surmonté d'une couronne, rappelant la condition royale du saint.

Une statue du saint roi orne la façade, une chapelle latérale — où est actuellement conservé le reliquaire — lui est dédiée, et les deux tableaux du chœur dépeignent l'un son couronnement, l'autre le souverain servant les pauvres. La chapelle absidiale de gauche est ornée d'un autre tableau de Saint Sigisbert représentant son apothéose.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b La qualité de fils adoptif pour Childebert a d'abord été remise en cause par Richard Gerberding qui considère qu'il n'est pas vraisemblable que Sigebert, âgé de 21 ans, ait craint de ne pouvoir avoir d'enfant, puis par Matthias Becher qui remarque qu'aucun texte contemporain ne dénie à Childebert la qualité de mérovingien. C'est seulement le Liber Historiae Francorum, soixante ans plus tard, qui le premier qualifie Childebert d'adoptif, mais dans un sens qui semble dire que son père adoptif est Grimoald. Pour plus de détails, voir l'article Childebert III l'Adopté.
  2. Saint Sigebert III, fils de Dabogert Ier, fête le 1er février, Nominis.
  3. Bouvier-Ajam 2000, p. 185.
  4. Antoine Eugène Genoud 1845, p. 68-70.
  5. Antoine Eugène Genoud 1845, p. 70.
  6. Gobry 2012, p. 14.
  7. a et b Gobry 2012, p. 15.
  8. Gobry 2012, p. 16.
  9. Butler 1866.
  10. Gobry 2012, p. 16-17.
  11. Jung 2004, p. 161-162.
  12. Jung 2004, p. 162.
  13. Jung 2004, p. 163-164.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Maurice Bouvier-Ajam, Dagobert Roi des Francs, éditions Tallandier, coll. « Figures de proue », .
  • (en) Alban Butler, Lives of the Fathers, Martyrs, and Principal Saints, (lire en ligne), « Saint Sigebert II, French King of Austrasia, Confessor ».
  • Antoine Eugène Genoud, Histoire de France. (2e série, Revolution Française.), (lire en ligne).
  • Ivan Gobry, Pépin le Bref, Pygmalion, coll. « Histoire des rois de France », , 248 p. (lire en ligne).
  • Paul Guise, Saint Sigisbert Roi d'Austrasie (630-656), Paris, Librairie Victor Lecoffre - J. Gabalda, coll. « Les Saints », , 182 p..
  • Jean Verseuil, Les rois fainéants : de Dagobert à Pépin le Bref 629-751, Paris, édition Critérion, (ISBN 2-7413-0136-0).
  • François Jung, « Iconographie de saint Sigisbert », Mémoires de l'Académie nationale de Metz,‎ , p. 207-226 (lire en ligne).
  • François Jung, « Le culte de saint Sigisbert en Lorraine », Mémoires de l'Académie nationale de Metz,‎ , p. 161-173 (lire en ligne).
  • Étienne Martin et Pierre-Hippolyte Pénet, « D'une châsse à l'autre, les tribulations de saint Sigisbert, patron de la ville de Nancy », Le Pays lorrain,‎ , p. 323-336
  • Saint Sigisbert de Metz à Nancy en Lorraine, par Kévin Goeuriot, sur Groupe BLE Lorraine

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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