Entretien avec Lionel Genetelli, responsable développement au Service commun de formation continue de l'Université Lille-I (Sudes)

Dans quel contexte le projet Minerv a-t-il vu le jour ?

Le projet Minerv a été sélectionné dans le cadre de l'appel à propositions “Capital humain : gagner en compétences pour gagner en compétitivité", lancé par le ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, fin 2006. L'appel comportait trois thèmes parmi lesquels la validation des acquis de l'expérience (VAE) associée à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC).

Dans le Nord-Pas-de-Calais, la VAE a été mise en place dès 2002, d'abord sous la forme de réponse à des demandes individuelles, puis sous celle d'outil de GRH pour les entreprises. Au moment du lancement de l'appel à propositions, nous étions donc prêts, compte tenu d'une expérience forte de travail avec plusieurs partenaires. Cela nous a permis de prendre du recul par rapport aux démarches mises en place jusque-là, de les modéliser et d'affirmer le rôle de la VAE dans la construction des parcours des salariés. Cela nous a également donné la possibilité d'anticiper le glissement de compétences qui s'opère, au sein des organismes de formation, du champ de la formation proprement dit à celui de l'accompagnement des publics de la formation tout au long de la vie. L'appel à propositions posait entre autres conditions celle de cibler un secteur d'activités. Nous avons préféré proposer une approche interprofessionnelle et interbranches, d'où notre partenariat avec le Medef Nord-Pas-de-Calais et Opcalia Nord-Pas-de-Calais.

Comment cette initiative s'est-elle déployée ?

L'objectif du dispositif Minerv consistait tout d'abord à sensibiliser 100 entreprises (PME-PMI de l'industrie et services à l'industrie) via un rendez-vous et en accompagner 50 dans le dispositif, à savoir intégrer la VAE dans leur stratégie. Ce qui a été le cas puisque 50 d'entre elles ont signé une charte d'engagement et d'entrée dans le dispositif. Au-delà des expérimentations, l'autre objectif était de modéliser une démarche d'approche et d'accompagnement des entreprises dans la mise en place de dynamiques de GPEC susceptibles de mobiliser la VAE.
Une fois la phase de sensibilisation réalisée, nous avons mis en place une phase de type diagnostic. Celle-ci consiste à analyser la situation globale de l'entreprise (environnement concurrentiel, clients, projets, gestion RH, etc.) afin de mettre en évidence ses principales problématiques RH et de déterminer si la VAE peut constituer une réponse à ces problématiques, en complémentarité des autres dispositifs mobilisables par l'entreprise. Si la VAE est la bonne réponse, l'entreprise est accompagnée dans la concrétisation du projet, si elle ne l'est pas, l'entreprise est orientée vers les acteurs pouvant l'accompagner dans une réponse adaptée. Dans le premier cas qui nous intéresse, il y a alors co-construction du plan d'actions avec le chef d'entreprise et détermination des priorités (quel public, totalité des salariés ou non, mobilisation de l'encadrement de proximité, identification des certificateurs, etc.). Sur la base des expérimentations menées dans chaque entreprise, nous avons créé une boîte à outils et un guide d'utilisation de celle-ci, qui devrait être disponible sur le site du Minefi (portail du ministère de l'Économie) en début d'année.