Le projet Bacquelaine qui va faire trinquer les petites pensions

Un projet de Daniel Bacquelaine pourrait coûter jusqu’à 113 € aux pensionnés touchant entre 833 et 1.041 €.

Julien Thomas
Le projet Bacquelaine qui va faire trinquer les petites pensions

Un projet de Daniel Bacquelaine pourrait coûter jusqu’à 113 € aux pensionnés touchant entre 833 et 1.041 €. "C’est scandaleux et injuste. Ce sont de nouveau les petits pensionnés qui vont payer. Avec les nouvelles règles que le gouvernement pourrait mettre en place, les économies se feront en grande partie sur le dos de ceux qui touchent le moins" , souligne le secrétaire fédéral de la FGTB, Jean-François Tamellini, alors que le ministre fédéral des Pensions Daniel Bacquelaine (MR) souhaite modifier le calcul de la pension des travailleurs belges. Une mesure qui, selon une étude préliminaire du service fédéral des pensions dévoilée fin de semaine par la FGTB, pourrait faire perdre jusqu’à 114 € aux personnes touchant entre 833 et 1.041 €.

Permettre aux Belges ayant travaillé plus que les 45 années légalement nécessaires pour l’obtention d’une pleine pension de gagner davantage, tel est l’objectif affiché par Daniel Bacquelaine. L’idée de base est simple : le calcul d’une pension se fait aujourd’hui sur 45 années, et les travailleurs ayant été sur le pont 46 ou 47 ans, car ayant commencé à travailler très jeunes, ne voient pas ces années supplémentaires entrer en ligne de compte pour le calcul de leur pension. Une injustice à laquelle s’attaquerait donc le fédéral. "On veut récompenser le travail et permettre à ces gens de gagner plus ", résume le porte-parole du ministre, Koen Peumans.

Si l’intention est louable sur le papier et alors que le principe remporte l’adhésion de tous les partenaires sociaux, le système imaginé par le ministre pose question et pourrait finalement se retourner contre ceux que le libéral affirme vouloir aider. Celui-ci souhaite que la pension ne se calcule plus comme aujourd’hui sur les 45 années les plus rémunératrices, mais sur les 45 premières années de carrière. Au-delà, chaque jour de travail presté en plus permettrait au travailleur d’engranger un bonus en vue de sa pension. "Or, les premières années, on gagne beaucoup moins qu’à la fin de sa carrière. Surtout quand on a 16 ou 17 ans et qu’on commence en dessous du salaire minimum. Les fameux bonus ne compenseront pas souvent, car quand les travailleurs sont vieux, il y a toute une série de jours où ils seront malades ou indisponibles. Bref, ces 100 millions d’économie se feront sur le dos des plus faibles", constate Hugo Van Lancker, du syndicat libéral CGSLB.

Alors que des chiffres du service fédéral des pensions sortis dans la presse jeudi tendent à montrer que le projet de Daniel Bacquelaine pénaliserait de nombreux petits pensionnés, le sujet a été discrètement retiré de l’ordre du jour du Conseil des ministres de ce vendredi. "Oui, il était question de l’évoquer, mais cela n’a jamais été sûr", a commenté le cabinet du ministre.

Pour la FGTB, "Bacquelaine n’a aucun respect de la concertation sociale"

"Il y a près d’un mois et demi, juste après que l’accord interprofessionnel a été approuvé, on a fait parvenir un courrier au ministre des Pensions Daniel Bacquelaine (MR) pour lui signaler que représentants syndicaux et patronaux étaient d’accord pour négocier les mesures sur le calcul des pensions. Au lieu de laisser les partenaires sociaux se mettre d’accord, il préfère déposer le texte ce vendredi. Il n’a aucun respect de la concertation sociale", s’indigne le secrétaire fédéral de la FGTB, Jean-François Tamellini. "

On était effectivement prêt à discuter du texte", s’étonne Hugo Van Lancker, du syndicat libéral CGSLB. Du côté des patrons, on confirme également que le ministre n’a pas laissé le temps à la concertation sociale. "Il nous a sans doute laissé un temps insuffisant pour ce dossier précis. La concertation sociale est un exercice qui prend du temps", indique la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB). Au cabinet de Daniel Bacquelaine, on assure en revanche ne pas comprendre le reproche. "Le comité de gestion du service fédéral des pensions, où siègent les syndicats, avait rendu un avis positif. Dire qu’ils n’ont pas été consultés est bizarre", réagit le porte-parole du ministre, Koen Peumans.

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